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Baràou, barral

Baràou, baràou d’Alès, barral,. s.m.  L’abbé de Sauvages écrit:

« un barau; un barau de vin: mesure qui change d’une ville à l’autre. Elle contient à Alais 17 pintes,où il égale un solide de trois pieds cubes & un tiers Environ huit de ces baraux font le muid de Paris. De même que 4 baraux en font le demi-muid ou la feuillette ».

Cette définition très précise ne nous avance pas beaucoup. J’ai trouvé pour le muid de Paris des contenus de 288 litres à 18 hectolitres….. Il faudra chercher dans les archives d’Alès …. Pour le moment je ne peux pas déterminer le volume exact du baràou d’Alais.   Dans le site http://krettly.yves.free.fr  il y a les mesures de vin dans le département de l’Hérault et le voisinage. Cela se présente ainsi:

Le MUID de SAUVE ( Gard) de 18 setiers subdivisés en 4 quartals ou en 32 pots. Le muid : 778,95 l. Le setier : 43,27 l. Le pot ou piché : 1,35 l. La feuillette : 0,68 l.
Le MUID d’OCTON de 12 pagelles, la pagelle subdivisée en 25 quartons. Le muid : 740,52 l. La pagelle : 61,71 l. Le quarton : 2,47 l. La feuillette : 0,62 l. Pour l’abbé de Sauvages la feuillette est bien plus volumineuse.

Baràou, & baralë. : « Le baril, le barillet à l’usage des journaliers, qui portent dans ces vaisseaux, sans aucun risque, le vin de leurs repas.
Il donne aussi l’espression suivante : Li parlas dë bouro, vou rëspon dë baràou ‘ il tourne la truie au foin’. Cela veut dire ‘changer brusquement de discours’ expression utilisée par Rabelais. (bouro ‘masse de fer’)

Une racine préromane *barrest probablement à l’origine d’un grand nombre de dérivés dont le sens de base est « sorte de tonneau », comme barril, barral, barrica, etc. (FEW XXII/2, 114b)

Les dérivés en -ale de cette racine *barr- sont attestés très tôt, XIIIe siècle, en ancien occitan et en ancien catalan.  Dans des textes en « latin régional » sont nommées des barralia (Arles) déjà au XIIe siècle . Dans les parlers modernes cette famille de dérivés se trouve surtout dans le Midi et en franco-provençal. Barral est mentionné dans les dictionnaires de Trévoux et de l’Académie jusqu’à 1838 avec le définition: « mesure de choses liquides d’usage en Languedoc, en Provence ».
Le mot baralë « petit baril en bois » se trouve dans un texte d’Avignon de 1397.

Les significations barralet « fraise des bois » et « muscari racemosum » (Alibert) s’expliquent par la forme:

barralet fraise

Calut, caludo, caludasse

Calut, caludo « nigaud », un mot que nous rencontrons à Manduel surtout sous la forme de l’augmentatif caludasse. Alibert donne caluc, caluga adjectif et substantif  « myope; qui a le tournis (en parlant d’un mouton) qui a le vertige; sot imbécile ». L’abbé de Sauvages parle de fedo caludo et décrit cette maladie des moutons appelée en français le « tournis » ou plus scientifiquement la Cénurose. Les moutons qui souffrent de cette maladie, tournent souvent en rond.

cénurose

cénurose

L’étymologie est le latin caligo « brouillard, vapeurs, fumées » mais aussi « ténèbres ». Au figuré le mot latin prend déjà le sens de « aveuglement d’esprit ». Ciceron parle de « la confusion , le désordre de ces temps »: caligo illorum temporum. Les deux sens, au propre et au figuré sont conservés dans la langue d’oc = la langue du Midi.

  1. Au sens propre : « brouillard, brume obscurité » en languedocien dans le dérivé calignada « braise, feu de menu bois » et dans caluga  « muge », un poisson dont les yeux sont à moitié recouverts. Voir l’image dans le site marseillais : http://www.marseille-sympa.com/muge.html. Le sens le plus fréquent en occitan ancien et moderne est « myope ». Le verbe escaludà à Nîmes , mais escalugà à Colognac signifie « éblouir, aveugler ». Le mot a été conservé aussi en ancien français chalin, calin « brouillard, brume, obscurité ». (Cf. Godefroy). En français moderne  caligineux.
  2. Au figuré, calu, calut ou caludasse « aveuglement de l’esprit » > « niais, nigaud ». A Nîmes on prononce de nos jours  calu, calude  « fou, inconscient, idiot(e) » (Mathon), en  francitan à Gignac caluc, caluga subst. « sot, imbécile et même fou » (Lhubac). D’après les exemples qu’ils donnent, le mot est souvent utilisé dans la circulation  pour décrire la façon de conduire des autres.

En Camargue, « certains taureaux calus (fous) bacèlent dans les planches. » (Domergue), qui dans son Lexique de la 2e édition de Avise le biou ajoute : « Un caludas est un gros calu. Au sens premier calu signifie  « myope ».

J’ai l’impression que les formes avec un -d- sont limitées au Gard , Nîmes- Ales.   A Marseille : calu « fou ».

Baou(ch), bau

Baou, bau « fou », provençal bau « plaisant, facétieux », lang. bauch ou  baou « fou » (M), dans l’Hérault tši baou « chien enragé ». C’est Joan Coromines grand connaisseur du catalan, castillan et de l’occitan qui l’a rattaché au germanique *bald « hardi, courageux ».   Une forme gotique *baldius serait passé très tôt en roman.

baou ou boud?

L’évolution sémantique « hardi » > « fou » ne pose pas de problèmes:  quand je veux monter sur le toit pour orienter la parabole ma femme me dit « t’es bàou », moi je me trouve bald, boud, mais je pourrais m’abaouchá.. »tomber sur le visage ».(S).  Le sens originel de *bald existe encore en néerlandais boud prononcez [bàout], boute dans l’expression een boute bewering « une assertion hardie », ou l’adv. boudweg ‘d’une façon hardie, téméraire’, le prénom Boudewijn, Baudewijn « Baudoin », le deuxième élément de Leopold , Archibald. Ancien occitan baut « joyeux, hardi », allemand bald adv. « bientôt », anglais bold « courageux ».

En Occitanie, la forme avec un – c à la fin et ses dérivés sont limités au languedocien, ancien occitan bauc « fou , niais », bau, baudjo adj. (Gard), bauch, -jo (Aveyron),mais on le retrouve en catalan boig, boja adj. »fou, malade mental », se dit aussi d’une aiguille d’une boussole (DIEC). Déjà attesté en ancien occitan bauc adj. « fou, niais ». Mistraldonne pour le languedocien les dérivés bauchas « grand niais », bauchet « petit fou », bauchinard « folâtre », bauchun « extravagance », et spécial à Nîmes baugeso s.f. « fadaise » (XVIIe siècle).
Dans le lexique de Montpellier (XIXe siècle): baug (pron. « baw ») (=) fou, v. fòl, caluc, tímbol « A fauta d’un baug metem un savi en cadièira » (Prov); bauginardàs (=) petit fou.; rire baug (=) fou-rire.
Les Valleraugois (30570) connaissaient un dicton: Longo é primo, booudjo o lo cimo « longue et mince, folle à la cime » (Atger, p.67).

D’autres mots du même champ sémantique, comme brave,  suivent une évolution analogue.

Discussion.

Dans le nouveau dictionnaire étymologique du néerlandais (EWN s.v. boud) , je trouve qu’il y a également des mots celtiques comme ancien irlandais balc « fort » et gallois balch « fier, joyeux » (pour écouter la prononciation clicquez ici ) qui proviennent d’une racine *balk,   un emprunt à une langue pré-indo-européenne. Cette racine avec –k expliquerait les formes languedociennes et catalanes.

Sujet à approfondir! Je crois qu’il faudra revoir l’étymologie de cette famille de mots, et les rattacher plutôt au celtique *balk- qui expliquerait notamment les formes féminines et les dérivés.

Dans un dictionnaire du Proto-celtique je trouve: Proto-Celtic: balko- ‘strong’ [Adjective]
Old Irish: balc [o] ; Middle Welsh: balch ‘fine, proud, strong, brave’ ;Middle Breton: balc’h ;Cornish: balgh ;Proto-Indo-European: *bhel- ‘strength’
Page in Pokorny: 120; IE cognates: OE beald ‘bold’ .

Banédja

Banédja, « montrer les cornes (en parlant des escargots) », dérivé de bano. Sens attesté à Aramon, Pézenas, Clermont l’Hérault et dans le Périgord.  Devenu  banétcher« sortir sans but précis » comme les escargots explique Lhubac.

Lors de la journée des parlers du Gard à Manduel, j’ai lu le texte en patois d’Aramon par l’abbé Brunel publié dans la Revue des patois galloromans, vol. 1(1887).(publiée par Gallica). Dans ce texte se trouvait la comptine suivante:

Cacalàusette,
Sors les banettes
Si les sors pas
Deman pleuvra

Et plusieurs personnes de Manduel m’ont confirmé qu’ils chantaient cela quand ils étaient jeunes. D’autres rimes sur les cacalause.

sort tes banettes

Bandido

Bandido « l’accompagnement des taureaux retournant au bercail par les gardians à cheval» (Camargue), est un « faux ami ». Il ne s’agit pas d’un emprunt à l’espagnol, puisqu’en espagnol bandido signifie uniquement « bandit ». En ancien occitan existait  le verbe bandir « déployer une bannière de façon à ce qu’elle flotte au vent ». Le verbe  bandir  vient du gotique bandwjan  « donner un signe ».  Bandwjan  est dérivé  du substantif  bandwa « signe ».  Bandwa  est à l’origine du mot  bande  « groupe de gens  »  sous-entendu « sous le même signe ». C’est la notion « groupe, bande, troupeau » qui est essentielle.

 Bandido  médiévale

Dans les langues germaniques nous le retrouvons: allemand Bande « troupeau, groupe », néerlandais bende, anglais band, qui avec le sens « groupe de musiciens » est revenu en français. (Pour en savoir plus tapez « etymology band » sous Google.)

En occitan moderne dans les Hautes Alpes bandir est « lâcher, délivrer », dans le  Champsaur bandir les bêtes « leur laisser tout le pré », à  Marseille « exiler » à Alès « chasser, lancer, envoyer ».   

Le sens d’origine du mot bandido a dû  être quelque chose comme « lâcher les taureaux au pâturage ». Je ne l’ai pas trouvé  dans les vieux dictionnaires du languedocien mais il est bien vivant en Camargue.

Les mot francais bandit, néerlandais bandiet  ont la même origine gotique, mais ils nous sont parvenus par l’intermédiaire de l’italien où le part. passé bandito  avait pris ce sens.

Le féminin bandita par contre y a gardé une signification tout près du sens camarguais : « droit d’usage d’un pâturage ».

Le Pégorier mentionne un adjectif bandit  (bos)  avec le sens « bois dont l’exploitation est défendue à cause des avalanches » dans le Briançonnais. S’agirait-il d’une évolution sémantique locale?

Bancel, bancal

Le bancel n’est pas bancal. Christian Lasure écrit :  « Ces deux termes occitans, l’un languedocien (bancèl), l’autre provençal (bancal), ont le sens non seulement de « plate-bande », de « planche cultivée » mais aussi de « banquette de terre », de « gradin de culture ». La forme bancèl est répandue dans les Cévennes ardéchoises, dans la Gardonnenque (Gard), à Vialas (Lozère). L’origine des deux termes est évidente : ils sont dérivés de l’occitan banc, « banc », dont ils conservent le sens, sans changement notable pour bancal, mais avec une idée de diminutif pour bancèl (« petit banc »). »

bancel, bancal, traversier

Là nous avons un petit problème de phonétique historique, un aspect important de l’étymologie qu’on oublie souvent.

Bancal est le résultat régulier en occitan, aussi bien en provençal qu’en languedocien, du mot germanique *bank très tôt passé en latin + le suffixe –ale > bancale. Les premières attestations en ancien occitan datent du XIIe siècle où bancal signifie « bande d’étoffe servant à couvrir un banc ». Dans l’Aveyron bancal est passé de ce sens à l’objet qu’il couvre : « grand banc qui sert de coffre et de siège ». (Ce qui nous rappelle l’histoire du mot bureau en français de burel ‘étoffe’ > ‘table couverte d’un tapis). Comme adjectif, bancal  avec le sens « qui a les jambes tournées comme celles d’un banc » existe en aveyronnais et dans les Cévennes gardoises.

Bancel par contre est un autre dérivé de *bank. Il s’agit du suffixe -ellu. Le[-k-] devant le -e- bref du latin devient régulièrement [ -s- ] comme à l’initiale : coelu > cel ‘ciel’. Des amis m’ont confirmé que le mot bancel pour ‘gradin de culture’ est très répandu en Lozère. Il est également attesté à St-André de Valborgne (30).

Le mot banc a pris plusieurs sens en galloroman, dont celui d’ « ‘amoncellement de sable ou de neige; muraille qui retient la terre d’une vigne en pente » : à Mende bonko ‘rocher’ et en Ariège banko ‘culture en terrasses’. Mistral donne le dérivé bancau (qui vient de bancale) pour le provençal et bancal pour le languedocien avec les sens 1) plate bande de jardin 2) gradin d’un terrain en pente. Le FEW  précise : le mot bancal existe en Rouergue et bankals au pluriel est la ‘culture en terrasses’ en Ariège.

Une question intéressante est de savoir pourquoi les Romains ont emprunté aux Germains un mot comme banc qui désigne un meuble tout à fait banal. En mobilier les Romains avaient des scamnum et des subsellum, mais c’étaient des escabeaux pour les enfants et les esclaves. Monsieur et madame, eux, se reposaient ou mangeaient sur des lits.

Les Germains par contre qui avaient des maisons en bois, faisaient tout autour de la pièce à vivre un bank avec un appui pour le dos contre la paroi, comme on le voit encore dans les Stube en Allemagne, Autriche, République tchèque. Les Romains ont copié la chose et le mot. Dans beaucoup de maisons allemandes le banc fait partie des meubles traditionnels,  c’est standard.


Banasto

Banasto « corbeille en osier ».  Du celtique  benna « chariot », spécialement  « chariot à grande corbeille de treillis ». Cette racine benna se retrouve dans toutes les régions habitées par des Celtes, qui étaient très forts dans la construction des chariots. Les Romains leur ont emprunté pas mal d’idées avec les mots correspondants. Typique pour les chariots des Celtes étaient les énormes paniers en osier pour le transport.

..

Une réproduction moderne d’un chariot celte, mais la banasto manque.

Ancien occitan banasta « grande corbeille d’osier ». également en fr. rég. banaste (Lhubac). Nous le retrouvons dans les parlers gallororomans pour désigner toutes sortes d’objets qui étaient faits en tressant de l’osier, du bois, etc., comme par exemple dans le Vaud suisse banna « ruche », à St Etienne bena « cuvier », français banneton « coffre dans lequel les pêcheurs gardent le poisson pris », occitan banaston « berceau » (Thesoc)etc.


voiture-benne moderne

Alibert donne pour le languedocien s.v. bena f. »panier de bât; verveux »: benon «  »sorte d’auge pour les moutons » et sous banasta les dérives courants en –on, -ada comme banastoun panier en osier”etc.
Le sens « nigaud » (Aveyron)  sous l’influence de fr. benêt ?
Plus tard le mot a été emprunté par les parlers germaniques voisins, comme par ex. le néerlandais ben ou anciennement benne « panier en osier ». Cf. aussi fr. bagnole « mauvaise voiture » dans le TLF.

La fête de la vannerie à Valabrègues

Bano

Bano, « corne d’animal », « bosse » (Lhubac) vient  du gaulois  *bannom « corne ». Cf. cymrique  (langue celtique du pays de Galles) ban. En ancien occitan la bana est le « bois du cerf ».

Mot et dérivés comme par ex. bien embané « qui a de belles cornes », et au figuré se faire embaner sont très répandus dans le Midi. Une banasse est une « grosse corne ».

Banard, banarde adj. ou subst. « qui a des cornes; se dit surtout à propos des ovins » (Camargue).

Banu, « qui a des cornes »  dérivé de bano ci-dessus. En français régional banut (Lhubac). Chot banut « petit duc » (Lhubac). Tavan-banaru « capricorne », cf. tavan.

Voir aussi le verbe banédja, 

Catalan banya.

             

Chot banut