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Cartagène

Cartagène «mélange de moût de raisin et d’alcool ». Etymologie: du nom de la ville Cartgena dans la province Murcia en Espagne. Il remplace le mot calabre, qui n’existe plus, mais qui d’après Mistral avait exactement ce sens. Un vigneron du coin  m’a appris que la cartagène est faite  comme on faisait le calabre.

Comme il y a des controverses sur l’orthographe du mot : cartagène ou carthagène, l’origine  du  nom  du  produit peut nous éclairer.

Mistral

Entre 1860 et 1870 il y a eu beaucoup de contacts entre le Félibrige et la  Catalogne. En 1867 Victor Balaguer trouve refuge politique en Provence. Pour remercier les félibres provençaux, les
félibres Catalans leur offrent la Coupo Santo qui représente deux sœurs,  la Catalogne et la Provence.  Frédéric Mistral chantera en leur honneur la Cansoun de la Coupo (= ) lors d’un banquet en Avignon le 30 juillet 1867. La Coupo Santo est  devenu l’hymne régional du pays d’oc,.

Prouvençau, veici la Coupo
Que nous vèn di Catalan

En catalan existe le verbe calabriar « couper le vin ». Calabriar a dû être un mot péjoratif car déjà au 17e siècle, il y avait en Espagne  la croyance populaire que Judas, le traître, était un  Calabrese. Un calabrese était un traître ou un bandit.  Le mot calabre avait le sens «vin coupé ».   Déjà à l’époque les lois du marketing s’imposaient.  Vin coupé n’est pas très vendeur. Le nom du produit a été changé à la fin du 19e siècle en  cartagène d’après le nom de la ville de Cartagena dans la province Murcia. Le mot cartagène s’écrit donc sans –h- parce que son origine est Cartagena.

Aigardent

Aigardent, aigarden s.m. »eau-de-vie ». Etymologie:  latin aqua + ardente « eau + brulante, enflammée « . Le type occitan aigarden se retrouve en italien aquardente (1431), catalan aigardent, espagnol aguardiente.

Alambic de Tepe Gawra (Irak) d'après Roget J. et Garreau Ch. 1990

L’histoire de la distillation nous ramène très loin en arrière; il semble que les archéologues ont trouvé en Mésopotamie des alambics qui ont plus de 3500 ans.  La technique était connue en Inde au 3e millénaire avant J.-C.  Comme c’est le cas de beaucoup de connaissances et de savoir, ce sont les Arabes qui, arrivant Alexandrie en 640, découvrent ces techniques et les font circuler dans tout le bassin méditerranéen. Marcus Grachus, dit Marco Graco, un italien du VIIIe sicle, décrit la distillation du vin pour obtenir des eaux de vie, comme Geber (alchimiste arabe qui vécut de 730- 804) à la même époque. L’alambic et l’eau de vie arrivent en Andalousie, puis se diffusent en Europe.

Pour l’histoire régionale:

Arnau de Vilanova, dit Arnaud de Villeneuve (médecin catalan de l’université de Montpellier, mort en 1311) décrit la fabrication de l’aqua ardens (eau ardente : macération de plantes et d’alcool) dans son Tractatum de vinis. Il est le premier à pratiquer le mutage à l’alcool (procédé arabe semble -t-il) pour améliorer la conservation du vin. Les templiers du Mas Deu de Perpignan généralisent ensuite le procédé. D’où le développement de vins doux naturels dans la région. Pour une description approfondie voir le site Viticulture-Oenologie-formation. Voir aussi l’article Cartagène.

Arnau de Villanova (Espagne)(Photo A.Guerrero)

On remarquera que la statue a été amputée des deux mains. (Par qui? pour quoi?) A l’origine, Arnaud tenait un livre dans une main et un alambic dans l’autre. Et pouquoi eau-de-vie en français mais aussi dans une partie du domaine  occitan, notamment en gascon : aygo de bito? Ces parlers ont adopté le calque (= traduction littérale) du latin aqua vitae, sous l’influence de la langue des alchimistes qui  croyaient avoir trouvé l’élixir de longue vie.

Maître Vital Dufour était  vers 1310  prieur franciscain d’Eauze et de St Mont dans le Gers, puis cardinal. Il  a fait des études de médecine à Montpellier. Dans son  ouvrage de médecine, retrouvé la bibliothèque du Vatican, il parle des 40 (quarante !) vertus de l’aygo ardento ou l’aygo de bito, sans oublier de dire que l’abus d’alcool est dangereux.   Je cite: « Elle aiguise l’esprit si on en prend avec modération, rappelle à la mémoire le passé, rend l’homme joyeux au dessus de tout, conserve la jeunesse et retarde la sénilité...  Intéressant à savoir à mon âge!

M.Evin l’a-t-il lu? D’ailleurs, les méridionaux ont l’ aigo boulido à leur disposition. Et « L’aigo-boulido sauvo la vido ». Voir l’article suivant.

Le Bureau National Interprofessionnel de l’Armagnac, installé justement à Eauze, a eu la gentillesse de me faire parvenir des photocopies aussi bien de l’édition du texte latin , de la transcription avec une police moderne et de la traduction en français. Il y a les quarante (40 !) vertus de l’Armagnac, du cognac, du marc de Bourgogne, bref de l’aigardent. Maître Vital doit s’y connaître, il avertit régulièrement que « l’abus d’alcool est dangereux ».
Si vous voulez en savoir plus, n’hésitez pas de suivre ces liens : Pages de titre du livre imprimé en 1531. Traduction du texte latin 1 , suite de la traduction. Si vous voulez le texte en latin, n’hésitez pas à me contacter. Un résumé se trouve ici.
Avec mes remerciements au Bureau National Interprofessionnel Armagnac, à Eauze (32).
L’abbé de Sauvages dans son article aigarden, écrit : « en termes des Halles du coco, du paf , du tagaume etc. Le tafia ou rhum est de l’eau-de-vie du sucre. » Dans les dictionnaires d’argot je ai retrouvé le mot paf « eau-de-vie », mais cette attestation dans le dictionnaire de l’abbé de Sauvages est la première! et dans le Trésor de la Langue Française paf est seulement mentionné comme adjectif « ivre ».

Aigo

Aigo s.f. »eau » du latin aqua. Voir aigardent. La forme aigue a été conservée en français aiguemarine = un béryl qui a la couleur del’eau de mer   et dans les toponymes  gardois   Aigues-Mortes, Aigues Vives.

Agraïo

Agraïo, agralho, s.f., agralhoun s.m. « corneille, choucas » voir gralha

Agyel

Agyel s.m. « vent de l’est  » voir agau

Agreu, grefuèlh

 Agreu,  grefuèlh « houx » vient du latin acrifolium « houx ». La première attestation agrefol  date de 1398 dans le Voyage au Purgatoire de Saint Patrice, récit de Raimon de Perelhos (DOM). En latin médiéval agrifolio comme toponyme en 957 dans le Gard.

Le mot est assez bien conservé dans les patois (Thesoc.)  Il couvre une zone qui va jusqu’à une  ligne  de l’embouchure de  la Loire aux Vosges. Au Nord c’est le type houx < francique *hulis (cf. allemand et néerlandais hulst) qui domine. Cette répartition géographique est un des arguments pour la thèse que la langue d’oc dominait jusqu’à cette ligne Loire/Vosges. Voir à ce propos W.von Wartburg Evolution et Structure de la langue française « > Evolution-et-structure-p-64

Comme beaucoup de noms de plantes, surtout des plantes « peu utiles »,  acrifolium a subi toutes des transformations phonétiques imaginables. Voir Mistral ci-dessous et Pegorier pour les très nombreux toponymes comme Greffuelhe qui se trouve dans le Gard.

Voir aussi l’article bresegon, bresegoun, presegoun « fragon, petit houx ( ruscus aculeatus) ».

agotar, s'-

s’agotar « s’égoutter, se déverser » voir l’article cros.

Cros

Cros « fosse, trou, cavité » et s’agotar « s’égoutter ».
La dormeuse fait le lien entre  la rue Ste Hélène à Pamiers et la dernière épisode de la légende du Bois de la Croix. Son histoire est une illustration parfaite de ma devise Parcourir le temps c’est comprendre le présent. Suivez ce lien avant de continuer votre lecture!

Le point de départ  est le Roman d’Arles, un texte en provençal du XIVe siècle, qui raconte l’histoire de la ville d’Arles depuis la Genèse et la Légende du Bois de la Croix en fait partie. Elle cite les deux derniers vers du texte reproduit ci-dessous. Comme je ne comprenais pas les mots cros et agotavan, j’ai cherché et trouvé avec Gallica l’édition faite par Camille Chabaneau en 1888 dans la Revue des Langues Romanes.RLR32(1888), p473ss

              
La Crucifixion de Taddeo Gaddi                                                               rue Saint Hélène (Pamiers)

Extrait du Roman d’Arles.

Cros « fosse, trou, cavité » a la même étymologie que français creux : « L’aire du mot,  en gallo-roman,  dans les parlers de l’Italie septentrionale et en rhétorom,  rend  l’origine  celtique krosu-,  par l’intermédiaire d’un latin *crosus. « vraisemblable  (TLF).

S’agotar signifie « s’épuiser, devenir sec » en occitan moderne d’après Alibert. C’est un dérivé de  gutta « goutte ».   Le FEW  traduit l’ancien occitan  s’agotar par « s’égoutter » dans  cet article mais c’est plutôt dans le paragraphe goutte « rigole, égout, ruisseau de la rue », qu’il devrait se trouver et la traduction donnée par la dormeuse « se déversent toutes les eaux .. » est la bonne.