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arne, arnos ‘mites’

Arne : Mite microscopique qui a une prédilection pour les plumes. Les taxidermistes amateurs qui naturalisaient leurs leurres (Vanneaux, Pluviers, étourneaux et autres limicoles) pour la chasse au poste, mettaient du sel pour conserver la peau et y ajouter du poivre pour protéger les plumes de ces arnes. (Jean Daumas, Marsillargues).

arna

Pierrepiaf; vétérinaire vous explique tout sur les mites des plumes.

Les dictionnaires occitans en ligne ne donnent que les mots arne, arna et arnadura « vermoulure », mais Alibert nous fournit des compléments:

Arna AlibertLe Thesoc dans l’article mite montre que le mot  était vivant  dans une grande partie du domaine occitan. La variante darna est limité aux départements ARDECHE, CANTAL, DORDOGNE, HAUTE-GARONNE, ISERE, HAUTE-LOIRE, LOT, LOT-ET-GARONNE, LOZERE, TARN, TARN-ET-GARONNE. PUY-DE-DOME.et CORREZE,

ans FEW XIII/1, p.122  dans l’article tarmes « ver à bois » nous trouvons des attestations depuis le XIIIe siècle.arnaFEW13-1

L’auteur réunit les 3 types arta, arna et darna dans le même article, mais dans son commentaire il précise que pour le moment il n’a pas d’explications de ces formes, la disparition du t- initial, le -t- devenu -n- dans de nombreux patois et le d- initial.

Par contre les évolutiçns sémantiques ne posent aucun problème. Jetez un coup d’œil sur l’article du FEW XIII/1, p.122   pour vous en rendre compte.

vesc 'gui, glu'

Vesc ‘gui, glu’  vient du latin   vĭscum « gui; glu ». Vous trouverez une recette de glu avec du gui en suivant le lien.  Pour la répartition géographique des différentes formes dans le sud-est de l’occitan  abresc, bresc, besc, bisc  voir le Thesoc.  La première attestation vient du Rouergue et date de 1220. Le sens « glu » des représentants de viscum  n’a été conservé  qu’en occitan.

La forme avec a- :  abresc  doit provenir de l’influence du verbe aviscar, enviscar  « engluer; prendre à la glu ». Les formes avec -i-  font supposer une base vīscum qui s’explique d’après le FEW par l’influence des représentants de  hibiscus, les formes du nord avec gu-  par l’influence d’un mot germanique.

Espagnol et portugais visco. L’ italien vischio et le provençal biscle  viennent d’un dérivé  vĭsculum.

La chasse avec la glu de gui dans la Vaucluse s’appelle  visqueto  La pratique de la glu remonte au temps de l’empire grec. Ils fabriquèrent la glu avec des baies de gui concassées , ainsi ils pouvaient capturer les oiseaux par les ailes. Ce qui est devenu la technique des baguettes tombantes répandue aujourd’hui dans le Vaucluse.

baguettes tombantes

Le nom du  gui  « viscum album » est également utilisé par les médecins pour  une autre plante le « loranthus europaeus » qui ne se trouve pas en France.  Dans l’interprétation de textes anciens de médecine et de botanique  il faut donc  interpréter viscum/gui  avec prudence. Voir RollandFlore 6,227.

      

Viscum  est aussi à l’origine du mot viscosité.

Seden "lasso camarguais"

Seden « lasso camarguais », est dérivé du latin sæta, seta  « soie de porc, de sanglier; poils  du bouc, crinière de cheval ». (Gaffiot) Chez Valerius Martialis  (Martial), un auteur espagnol, on trouve  seta avec le sens « ligne de pêcheur » un sens très proche de « lasso ».

    lasso camarguais 

 « Sont accrochés à l’entrée du Mas, le Seden tressé avec la crinière du cheval et le Bucrane d’un  taureau de la manade qui de ses cornes levées, éloignera le malheur et devenu fétiche , enseignera fierté et bonheur ». (Source).

Le  dérivé seden  est d’après les données du  FEW limité à la Camargue. Mistral également écrit qu’il s’agit d’un lacs camarguais:

seden chez Mistral

Ailleurs dans le domaine occitan nous trouvons principalement le dérivé  sedou avec le sens « lacet, collet, piège, etc. »  Dans le Gers un cedoun ou sedoun  est une « noeud coulant pour prendre les oiseaux », en béarnais on parle d’une  sedade . Dans l’Aude un sedunaïre  est un « braconnier ».

L'(ortho?) graphe  seden(Alibert, Panoccitan) est fantaisiste.  L’article  seda d’Alibert présente un mélange de mots dont une partie vient du latin sæta, seta  « soie de porc, de sanglier; poils  du bouc, crinière de cheval » et une autre parie de sætacium « tamis fait de crin » qui a abouti à siá, seás « tamis » à l »est du Rhône, sedás à l’Ouest. Voir l’article  sedas.

J’ai trouvé le mot seden  dans une exposition à la Chapelle des Jésuites à Nîmes le weekend du 20 oct. 2012 consacrée à Folco de Baroncelli-Javon.

Calhol, rat calhol "loir, lérot"

Calhol, rat calhol « loir ». Jean Crespon le  taxidermiste de Nîmes, écrit que le  loir et le lérot s’appellent  racayé dans le parler local. Un mot introuvable dans les dictionnaires. C’est l’abbé de Sauvages (S2) qui écrit qu’un ra-grioule  ou  ra-taoupié  est un « lérot »  qui m’a fait comprendre que  racayé  est un mot composé : rat + cayé. C’est un nom plutôt rare 1. Deux  attestations dans le Tarn-et-Garonne (Thesoc) et  une  dans le FEW pour Cahors (Lot).   Rolland, dans le  volume sur les  Mammifères sauvages,  cite rat calhol pour Toulouse et rat cayé pour le Gard qu’il a trouvé chez Crespon.

Pour l’étymologie c’est encore l’abbé de Sauvages qui m’a mis sur la bonne voie .   Calié, caliol, calhol, garel  signifie d’après lui « bigarré; bœuf de deux couleurs; bœuf pie, blanc et noir » et j’ai cherché un lien avec l’oiseau la caille.  En effet une caille est bigarrée.

L’étymologie de caille  est un latin tardif quacula « caille », une onomatopée qui a remplacé le latin coturnix. Le mot  quacula a eu beaucoup de succès à l’époque.  On l’a appliqué à d’autres animaux, comme par exemple à Toulon  cailloun « espèce de fauvette » et surtout au figuré  déjà en ancien français quaile  « femme galante » et caillette « femme frivole et bavarde ». (Plus dans  le TLF).

Dans un grande partie du domaine gallo-roman on a comparé des vaches d’une couleur irrégulière, tachetées de noir et blanc ou d’une couleur foncée sur fond blanc » à des cailles,  et le mot caille est devenu un adjectif. En occitan nous trouvons surtout   des dérivés:

  1. Il est incompréhensible que les auteurs du dictionnaire Panoccitan  appellent un loir greule  et un lérot calhol; tandis que le nom le plus fréquent est du type garri.  On a l’impression que les auteurs font un grand effort de réserver l’occitan à une élite et évitent les mots courants et compréhensibles par le plus grand nombre

Redable "tire-braise"

Redable « tire-braise » vient du latin rutabulum « fourgon 1 , râble de boulanger, spatule » surtout avec le sens « tire-braise ».

Dans un site marchand, je trouve la description suivante:

Les outils du boulanger : Râcle, écouvillon, pelles. Vous les connaissez peut-être déjà sous des noms différents de ceux que je donne ici. Pas d’affollement !! Ils ont un nom par village… ou peu s’en faut. Le râcle (râble, etc.). Une plaque de 25 x 6 cm taillée dans les chutes de la tôle qui a servi à fabriquer la porte, 40cm de fer à béton de 8, quelques points de soudure et 2m de bambou. Le râcle sert à étaler les braises pendant la chauffe et à les retirer dur four après la chauffe.

 

La voyelle de la première syllabe varie dans les parlers locaux : ridable, radable, roudable et le -b- devient souvent -p-.

Le FEW suivi par le TLF rattachent le mots râble (surtout en parlant du lièvre et du lapin) à rutabulum.  Le Bloch-Wartburg suivi par A.Rey,  écrit que

le mot  râble (du lièvre) est probablement une extension de rable « fourgon spatule » par analogie d’aspect; certains instruments appelés râbles étant munis de fourchons fixés dans la barre comme l’échine est munie de ses côtes « .

Dans le FEW von Wartburg est beaucoup plus nuancé. Il y suggère la même comparaison, mais les formes occitanes avec -e- au lieu de -a- posent un problème d’ordre phonétique. La forme rièble se trouve déjà dans le Miroir de Phébus (1390) de Gaston comte de Foix.

Von Wartburg pense que râble  en parlant du lièvre est un mot de chasseurs, qui est passé  dans la langue générale au cours du XVIe  siècle. La première attestation en français de râble (1532) vient de l’auteur de Pantagruel et Gargantua! Le mot s’est répandu ensuite dans les dialectes. Il y a donc deux histoires.   Rutabulum > redable en occitan, ou  rouable, roable en ancien français avec le sens « tire-braise » qui a eu une évolution à partir du latin.  D’autre part  râble (de lièvre) qui s’est répandu à partir du XVIe siècle dans tout le domaine galloroman.  Les formes occitanes avec –e- s’expliquent peut-être par une influence du mot rèble(s) « de la blocaille: petites pierres pour remplir entre les parements d’un mur »(S1), du verbe reblar « remplir, garnir de blocaille » (S1) du latin replēre « remplir ». Cette explication ne me convainc pas à 100%. Une autre explication de C. Nigra dans l’Archivio Glottologico 14, p.374.

Pour le moment aucune étymologie est vraiment satisfaisante. Si vous avez une idée…

A Die et à Trièves les formes sont identiques: riable s.m. « dos » et « rivet du boulanger ». (Schook)

  1. Fourgon « Longue barre métallique ou longue perche garnie de métal utilisée pour remuer la braise ou la charge d’un four, d’une forge, d’un fourneau, ou pour attiser un feu. » (TLF). Le fourgon « automobile » doit probablement son nom à cette barre;  même mot que fourgon 1, ce mot ayant dû désigner successivement le « bâton de la ridelle » puis la « ridelle » et enfin la « voiture à ridelle » (ces deux derniers sens étant attestés en prov. mod. : MISTRAL, s.v. fourgoun) TLF