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coussou ‘vermoulure’

Coussou ‘artison, calandre; vermoulure’ (Sauvages), cosson, cusson (Alibert) vient d’un dérivé en –one du latin cossus « ver, larve » qui mange le bois, attesté chez Pline. Le mot est aussi français d’après  le CNRTL , mais est surtout vivant dans les parlers locaux.

L’étymologie est peu intéressante, mais l’utilisation de la vermoulure décrite par l’abbé de Sauvages me semble digne d’intérêt:

« …on les met aux écorchures qui viennent aux plis des membres des jeunes enfans dodus, et qu’on desséche par ce moyen. »

La voici:

CoussouSauvagesL’auteur du blog Saint Yrieix la Perche  un village du Limousin, a publié un  article intitulé Les cussous (cussons)  dans lequel il écrit que de nos jours

Les hôpitaux utilisent les asticots pour nettoyer les plaies très graves. C’est l‘asticothérapie: le soin apporté à une plaie des tissus mous par les asticots ..

Allez-y, cliquez!

Il mentionne un dictionnaire de l’occitan limousin, que je ne connais pas:

Dictionnaire d’usage occitan-français (Limousin, Marche, Périgord)

Yves Lavalade

Un vaste dictionnaire de quelques 50 000 entrées, pour le locuteur, en herbe ou confirmé, qui veut comprendre les termes et tournures découverts à l’occasion d’une conversation ou d’une lecture.
Avec une introduction riche et fournie : graphie et « orthographe », prononciation et écriture, formation des mots. On y trouvera également du vocabulaire actuel : subreventa (over-booking), malhum (réseau internet)…

Troisième édition revue et augmentée.

Édition Institut d’Études occitanes du Limousin.

FEW II, 1244 cossus

Théorie des signatures

A plusieurs occasions, notamment à propos de tigno « teigne; engelure; nid de mante religieuse « ,  agassin « cor au pied »,  priapolithes « bijoux de Castres »et de faouterna ,« aristoloche » j’ai parlé de la théorie des signatures.

Guy Ducourthial , Docteur ès Sciences du Muséum National d’Histoire Naturelle, vient de publier  la Flore médicale des signatures
XVIe – XVIIe siècles.
Editions L’Harmattan, 06/2016. 672 p. ISBN : 978-2-343-09472-4.

Le compte-rendu par Michel Chauvet, ethnobotaniste, dans les Actualités de Telebotanica  commence ainsi:

La pivoine signale par la couleur rouge de ses fleurs qu’elle a des propriétés hémostatiques et les noix dont les cerneaux peuvent aisément évoquer le cerveau indiquent par cette particularité qu’elles ont la vertu de calmer les maux de tête. C’est du moins ce qu’affirment les auteurs qui ont rédigé des traités sur la Théorie des signatures appliquée aux végétaux.

Si ce sujet vous intéresse suivez  ce lien

Flore medicale

Priapolithe ou Bijoux de Castres

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Priapolithe « pierres algaires laminées de type stromatolitique* dues à l’activité d’une algue cyanophycée » de la région de Castres. Etymologie est lelatin Priapus « dieu des jardins et des vignes, qui symbolise la force génératrice ».  Une image du Recueil des monumens des catastrophes que le globe terrestre ..Par George Wolfgang Knorr,Jean Ernest Emanuel Walch Neuremberg, 1775 (Google livres) :

Priapolithe2C’était la  première pierre que j’ai coupée après l’achat d’une grande scie diamantée pour lapidaires m’était fournie par mon ami  le Petit géologue de Lacrouzette dans le Sidobre, et c’est lui qui  m’a appris qu’il s’agissait d’une priapolithe. Le mot ne se trouve plus dans le CNRTL, mais il apparaît dans plusieurs dictionnaires anciens1 et notamment dans le Supplément au dictionnaire de l’Académie par Fracçois Raymond (1835).  avec une définition différente:

PriapolitheAcadLa première attestation vient de Goudouli, Pierre Borel 1620?-1671), qui dans Les antiquitez, raretez, plantes, minéraux & autres choses considérables de la ville et comté de … écrit:

PriapoliteBorelCe qui m’a intéressé dans cet article de Pierre Borel est la mention de la théorie des signatures. J’ai l’impression qu’il s’en moque un peu, mais la citation de Crollius, Quercetan et Henri Carrichterius montrent qu’il était au courant et que cette théorie était très répandue à son époque. Je cherche à me renseigner à ce sujet parce que je crois qu’il est important de savoir que cette théorie et des théories analogues comme astrologie, jouaient un grand rôle dans la vie des gens.

Si vous êtes intéressé par la géologie  de la région de Castres, suivez ce lien: Priapolithes

  1.   du Trevoux de 1752 jusqu’au Larousse de 1875

Aliboufier ‘styrax officinalis’

Aliboufier « Styrax officinalis L. ». Alibofis « testicules » grossier.Marseille.

Dans le Flore populaire de la France ou histoire naturelle des plantes dans leurs rapports avec la linguistique et le folklore. d’Eugène Rolland volume 7, p.254 nous trouvons les attestations suivantes:

AliboufierRLFl7_254Le texte de 1605  publié par Ch. Joret se trouve grâce à Gallica ici. Il s’agit de la liste des plantes que Peiresc a envoyé  au célèbre botaniste de Leyde Clusius ( Charles de l’Ecluse) qui devait les récupérer à la foire de Francfort1. Comme il ne connaissait pas très bien les noms scientifiques de l’époque il ajoutait les noms provençaux, parfois habillés  à la française.  Il s’agit des semences que Peiresc a ramassés dans les champs en allant à la chasse, tantôt sur les rivages de la mer, tantôt dans les bois et nommément dans le terroir de Beaugensier2

Joret donne le nom de la plante et des graines :

PeirescStyraxVoir l’image en bas de page pour l’original !

L’étymologie de alibouffier est inconnue selon le FEW XXI,183, mais l’auteur pense qu’il s’agit d’un mot d’origine orientale.  En effet,   d’après l’article de Wikipedia Pline écrit que cet arbuste pousse en Syrie et que là-bas on s’en sert comme parfum et que l’on l’emploie aussi dans la médecine durant l’Antiquité romaine . Le Wiki anglais  ajoute « This species is native to southern Europe and the Middle East. » La plante se trouve peut-être aussi dans la région marseillaise; voir l’extrait de Telebotanica ci-dessous.  Il y a un article Wikipedia en arabe sur le styrax mais il m’est inaccessible.

Ce qui est étonnant  est le fait que le mot semble vivant en français régional de Marseille Dans le Petit lexique commenté du parler Marseillais je trouve :

Alibòfis   » testicules » grossier, et l’auteur donne quelques exemples:

« Arrête de me gonfler les alibòfis…  »
 » Vé Laurent Blanc dans le mur, d’une main il se protège le moure*, et de l’autre les alibòfis…  » *

Trouve sans doute son origine dans aliboufier, nom provençal du Styrax, arbrisseau qui fournit un baume. Ses fruits ont été assimilés, dans la langue populaire, aux parties génitales de l’homme.

La fantaisie  marseillaise n’a pas de limites :

Styrax_officinalis_fruitsstyrax officinalis fruits

Il y a une page dans  Telebotanica consacrée au Styrax  à consulter,  qui se termine ainsi:

Le Styrax officinal, plus connu en Provence sous le nom d’aliboufier, est-il indigène dans le département du Var ? Cette question que s’est posée LEGRE en 1897 n’a toujours pas reçu de réponse satisfaisante à ce jour ; et pourtant il est probable qu’avant LEGRE, lorsque au XVIe siècle Pierre PENA et Mathias DE LOBEL, en voyage d’étude, découvrirent à Solliès ce même Styrax, la question de son indigénat a du leur venir à l’esprit. Peut être même, les Chartreux en s’installant dans la forêt de Montrieux au début du XIIe siècle furent-ils étonnés d’y trouver cette plante, à moins bien entendu qu’elle n’y fût introduite ultérieurement par leur soin.

2e partie de l’inventaire de la boîte envoyée par Peiresc à la foire de Francfort pour Clusius.  La première partie se trouve dans l’article  tartonraire PeirescFicheClusisu2

 

  1. Voir mon article tartonraire sur les relations entre ces deux botanistes
  2. Il pourrait s’agir  de  la ferme de Beaugensiers dans le Var à  83210.Beaugentier. Beaugensier

caoussido ‘chardon’

Caoussido caussido  ‘chardon aux ânes’ (onopordum acanthium) ou « chardon des champs »(cirsium arvense)  est répandu dans tout le Midi de la France. L’étymologie latin *calcita pose quelques problèmes.

Cirsium_arvense0

chardon des champs (circium arvense)

Onopordum_acanthium_002

et chardon aux ânes (Onopordum_acanthium)

Caoussido  comme chardon  en français est utilisé pour des plantes qui appartiennent à des familles différentes.

La première attestation du latin médiéval calcida date du début du XIIe siècle, dans le Liber floridus de Lambertus de Sancto Audomaro. (consultable chez Gallica). Un très bel article avec de magnifiques illustrations dans Wikipedia.

Arbres symbolisant les Huit Béatitudes

Arbres symbolisant les Huit Béatitudes

En latin on ne trouve que les mots chalceos, calcetum et chalca chez Pline qui les a emprunté au grec χαλκειος, χαλκη (chalkeios, chalkè) qui désignent une plante avec des épines.  Le petit problème qui se pose est la terminaison en -ido. Le fait que ce nom ne se trouve que dans le Midi permet de supposer qu’il y a été introduit  directement par les Grecs, surtout parce qu’il était très utilisé en médecine, en particulier pour le traitement des varices.

FEW XXI, 189 chardon