cat-right

"Fricadelle" en bahasa Indonesia

Fricadelle« Boulette de viande hachée, mélangée à de la mie de pain ou de la purée, des œufs, du lait, etc., cuite à la poêle ou à la grande friture. » TLF qui donne l’étymologie suivante:

Étymol. et Hist. 1742 cuis. (Cuisinier mod., V, 13 ds Quem. DDL t. 2 : Soupe de Fricadelle à la Royale). Dér. du rad. fric- de fricasser* lui-même interprété à tort comme un dér. en –asser; suff. -ade* et -elle*. »

Voir mon article fricot qui a la même origine.

 Fricadelle est attesté bien avant en néerlandais :frickedilleke  en 1607 chez Kiliaan, le fondateur de la lexicographie néerlandaise.  J’en parle parce que frikadel  était  considéré comme ‘vieux’ en néerlandais, mais le mot était resté vivant en Indonésie et dans  la cuisine indonésienne où il était adapté à la prononciation indonésienne :  perkadel , notamment le f qui devient p. 

A la fin de la colonisation en 1948, beaucoup de Néerlandais sont rentrés aux Pays Bas, tout en gardant leurs habitudes culinaires et gastronomiques indonésiennes,  dont le frikadel.  Sur de nombreux cartes des restaurants « chinois-indonésiens »  on trouve des frikadels. La combinaison syntaxique typique de l’indonésien substantif principal suivi d’un substantif qualificatif  est maintenue, p.ex.    frikadel kabeljauw, frikadel kool au lieu de  kabeljauw-frikadel  « fricadelle de morue », koolfrikadel « fricadelle de choux »  en néerlandais normal.

Copié d’un site

Resep Perkedel Kentang en néerlandais Recept Kentang frikadel  en français  Recette fricadelle Kentang

Perkedel Kentang
Une autre recette:
Perkedel Kornet Fricadelle de boeuf haché (= anglais corned beef)

Actualités "Anguilles"

Les anguilles et l’industrie de la pêche à l’anguille sont  en baisse aux Pays-Bas et le reste de l’Europe depuis plusieurs décennies. L’Union européenne a donc décidé  un programme de redressement.

Il y a certainement des possibilités en Camargue.  Voir mon article  Bouirons « civelles » et la pisciculture des anguilles en Camargue.

Intéressé par les anguilles et la pisciculture? Suivez ce lien si vous comprenez l’anglais ou mieux encore  le néerlandais.

Il y a une vidéo  des  bouirons « civelles » qui rentrent dans une  rivière par un trou percé dans une écluse. Solution à un problème typiquement néerlandais (les polders) qu’on n’aura pas en Camargue.

 


 

Bar(r)aquet

Baraquet, barraquet

  • haricot blanc ;
  • escarole (Tarn; FEW).
  • espèce d’endive
  • poulie (maritime) ;
  • surnom des Espagnols à Carcassonne.

Ce dernier sens m’a été signalé par un visiteur qui l’a entendu à la radio, dans un refrain sur la Trivalle un quartier de Carcassonne situé au pied de la Cité, typique pour sa population majoritaire issue de l’immigration espagnole (les barraquets) et gitane ( voir le site carnaval de Lavalette).

Un autre visiteur me signale : « A Béziers aussi les Espagnols étaient surnommés « los barraquets« , indéniablement « les haricots verts », car après ’36 ils arrivaient minces. Les haricots blancs sont « los favariols« . Voir à propos de ce dernier favasso etc.

« Aquela Trivala, aquel polit quartièr, i a que de gitanas, e de baraquets.
An pas de sandalas, an pas de solièrs. E van far la valsa, aquí jol Pont Vièlh !»

Baraquet n’est pas dans le TLF, mais apparaît dans l’ Arrêté du 4 août 1955 concernant les semences potagères : « Nain extra-hâtif et son synonyme Baraquet « . En surfant j’ai constaté que les jardiniers et les cuisiniers ne sont pas d’accord sur le sens exact des bar(r)aquets. Certains disent qu’ils sont plats et verts, pour d’autres ils sont blancs cernés de jaune, ou gros et verts,     s’ ils n’ont pas été ramassés à temps et bons pour la soupe. Pour le dictionnaire Panoccitan le barraquet nom m. est le « haricot mangetout (vert) ». Cela vient peut-être du fait que la Commercialisation [des semences n’était] possible [que] jusqu’au 31 décembre 1997.(Arrêté du 4 août 1955 ).

Baraquets Rue La Trivalle Carcassonne.

Les noms des fèves et des haricots servent souvent comme surnom. Voir l’article favasso, favalise et Mr Bean. A Fleury d’Aude certaines personnes sont appelés Manja-favas. Voir à ce propos cette page. Voir aussi ci-dessusbajana.

Un visiteur me donne le complément d’information suivant: A Béziers, comme à Carcassonne, les immigrés espagnols étaient los barraquets, « les haricots verts. » Peut-être consommaient-ils ce légume mais je crois surtout que ces malheureux arrivaient fort maigres d’Espagne.

L’étymologie de barraquet   n’est pas enitièrement élucidée.
J’ai rassemblé les mots qui sont dans le FEW et qui pourraient avoir un rapport avec baraquet :

  1. Carcassonne barraquet  » haricot blanc dont on mange les gousses avant la maturité « ; Tarn barrakéto f. « escarole » ( FEW 21/131b Incognita. et FEW21/122a).
  2. Arrens (HtesPyr.) barraquet ‘cheval court  » p.36 dans l’article brakko « chien de chasse « . (FEW 15/1, 237a ).
  3. Mdauph barakéto f. « gourme des petits chats » > barraqueto M. – (FEW 22/1,299b Incognita. suivi de cette remarque: Probable dérivé de Basses Alpes braquet  » furoncle  » ici 15/1,237b *brakko1. (Chauveau)
  4. Vaux (Ain) barkadolà adj.  » bariolé de couleurs diverses..  » p.ex. la robe d’un animal; Drôme baraca  » bariolé « , Puyb bouraka , -edo  » qui a plusieurs couleurs « ; Yonne baraque « pie ». ( FEW 23/187b Incognita et p.224)

C’est le dernier groupe qui a fait sonner une petite clochette dans ma tête.

Dans l’article barrakan « tissu en poil de chameau » (mot arabe), sont mentionnés : occitan barracan « gros camelot qu’on façonnait autrefois avec des raies blanches » (tiré du Dictionnaire d’Azaïs), ailleurs à Marseille, Alès, Toulouse, et en Limousin avec des défintions moins préces « étoffe de laine, camelot ». L’abbé de Sauvages donne Baracan « sorte d’étoffe qui rejette la pluie ». L’espagnol barragán « sorte d’étoffe qui rejette la pluie »  a la même définition que celle de l’abbé Sauvages. Dans le même artcle du FEW sont cités les dérivés occitans barracaná v.tr. « barioler de blanc«  ou adj. « bariolé » , languedocien bracaná « bariolé » (Sauvages)  attesté depuis 1060! , Velay braccanoda « se dit d’une vache qui a deux couleurs tranchantes sur le pelage ».

Je pense que le groupe mots d’origine inconnue n° 4 ci-dessus , appartiennent à la famille barrakan. C’est la définition précise donnée par Azaïs « avec des raies blanches » qui permet d’y attacher également le mot de l’Yonne baraque « pie ».

Pour la même raison je pense que le baraquet « haricot blanc » de Carcassonne devenu « sobriquet des Espagnols » fait également partie des dérivés de l’arabe barrakan.. Une autre possibilité est que les travailleurs espagnols étaient habillés de » tissus grossiers bariolés imperméables » (barragános), quand ils sont arrivés à Carcassonne.

On peut penser qu’un « cheval court  » appelé barraquet à Arrens est également comparé à un « haricot » et non pas à un braque. En ce qui concerne la « gourme des petits chats » je dois avouer mon ignorance. Je n’ai trouvé des renseignements que sur « la gourme des chevaux ». Il faudra consulter un vétérinaire. Mais si la gourme des chats est identique à  » des vers » ( français gourme < germanique worm « vers ») , qui ressemblent à des petits haricots, alors la conclusion s’impose. Le sens « poulie » (Alibert) reste un mystère. Peut-être à cause de sa forme qui ressemble à un haricot blanc : ?

L’arabe barrakan a donné en allemand Barchent [arab. Barrakan ==> grober Wollstoff] einseitig der beidseitiggerauhte Baumwoll- oder Viskosefasergewebe mit Flanellcharakter.

Barchent

Le dictionnaire de Grimm donne les formes Barchat, Barchet et pour le moyen allemand barkan. Comme origine il cite une forme du latin médieval barchanus, parchanus. que je n’ai pas retrouvé, mais DuCange donne barracanus :

Petrus Venerab.  est Pierre de Montboissier dit Pierre le Vénérable, né entre 1092 et 1094 et mort en 1156,  était le neuvième abbé de Cluny dès 1122. Il  interdit aux moines de porter des tissus barracanos ou des burellos pretiosos.
Sur bouracan attesté depuis 1150, espagnol barragan depuis le IXe siècle, voir bouracan! (TLF et pour le moyen français le Godefroy.) Ce dernier donne les deux formes bouracan et barragan.

Espagnol: barragán2. (Del ár. hisp. bar[ra]kán[i], este del ár. barkānī, tipo de paño negro indio, y este del persa pargār o pargāl).

1. m. Tela de lana, impenetrable al agua.

2. m. Abrigo de esta tela, para uso de los hombres.

Bar(r)aquet est aussi un nom de famille. « Mangeurs d’haricots » ou « d’origine espagnole » ?

Breilh

Breilh. La dormeuse de Mirepoix me demande d’éclairer le mystère des « breilhs, breils ?, la zone de mares, bras vivants ou morts, eaux dormantes, sables mouvants, petites résurgences, bref la zone humide, intermédiaire entre le cours principal de la rivière et la terre ferme. »
Le lendemain elle me donne une précision : « Une habitante du village  Arvigna, cultivatrice, me donne une définition plus précise du breilh : »c’est l’espace planté d’arbres amis de l’eau, qui se situe entre les terres labourables et la rivière. On ne parle pas de breilh s’il n’y a pas d’arbres ».Il semble qu’à Mirepoix, on insiste davantage sur la qualité de terre humide. »

Ci-dessous les images qu’elle m’a fait parvenir. Avec le commentaire suivant: photo à gauche : prise depuis le lit du Douctouyre (Arvigna), le breilh, c’est la zone de taillis, bordée d’arbres, que l’on voit au fond, au centre; photo de doite : A Mirepoix, le breilh, c’est plutôt comme sur la photo, au fond, sous la cathédrale, la zone mi-terre, mi-eau :

     

Arvigna                                                                                                    Mirepoix

En cherchant l’étymologie de ce mot, je tombe sur le mot brül qui dans la région Oberhessen (Darmstadt, Allemagne) signifie « pré bas, humide, à l’origine genre plus ou moins marais, de nos jours asséché ou endigué ». (W. Crecelius, Oberhessisches Wörterbuch. Darmstadt, 1897-1899).

Vous allez me dire, c’est loin de Mirepoix.ça, et je vous réponds : et Puschlav (Graubünden, Suisse) brölu « jardin avec des arbres », et Catalogne brolla « formacio vegetal més o menys densa on predominen arbusts o mates de fulla persistent » et en Normandie broil « bois ». Le mot a surtout survécu dans la toponymie.
Le Pégorier  ‘est  de nouveau  gratuit.  Il donne : breil, breille « petit bois; forte haie » (Languedoc); breil, breuil « petit bois » (ancien français) Variantes : breille, breuille. Breil, broil « buisson » (Champagne).

Il s’agit du mot d’origine gauloise *brogilos un dérivé de broga « frontière, limite; champ » qui nous avons  rencontré à propos de broa « bord, orée, talus ».  Suivant la configuration du terrain le type broga peut désigner une « haie », une « bordure de rivière », un « bord gazonné au pied d’une terre » etc., mais la notion de « limite » est toujours présente. C’est exactement cette notion de limite, bordure qui est présente dans le mot breilh de Mirepoix et à Arvigna. Voir aussi le mot français breuil « Petit bois clos, servant de retraite au gibier; ,,pré établi sur un ancien bois marécageux«  (Zél.) »dans le  DMF.

Le mot se trouve dans toutes les régions où les Celtes ont vécu.

Von Wartburg écrit dans le FEW I, 555 b, que breuil a pris pendant la féodalité le sens secondaire de « terre défriché dont le seigneur restait quand même le propiétaire ». Ce sens a été conservé en ancien lorrain bruel « pré seigneurial que les habitants d’un village étaient obligés de faucher ».          Et dans une note il ajoute que ce sens secondaire se retrouve dans le domaine allemand voisin: ancien alsacien brügel « un pré destiné à l’utilisation privé du seigneur ». En France il serait limité à la zone qui a fait partie du Royaume Allemand.

En ancien occitan brolh signifie « jeune bois, bosquet, breuil », en occitan moderne un bruiet est un « petit bouquet de bois ». le mot prend par métonymie le sens de buissons, jeunes pousses : par exemple bruei « rejeton , jet d’une plante qui sort de terre », ancien occitan brolha s.f. (à partir du pluriel) « feuillage, multitude », bruioun  » bourgeon, rejeton de chou; bouton sur la peau » et le composé debruià « arracher les mauvaises herbes »

J’ai signalé mon article à un collègue allemand ,   qui m’a répondu que le nom de famille Brel a la même origine. Ceci est confirmé par le site Généanet : « Le nom est une variante de Breuil (= bois clôturé, gaulois brogilo). On le rencontre surtout dans le Sud-Ouest (46, 82), mais aussi bien sûr en Belgique. »

Et il m’a aussi incité à consulter le dictionnaire de Grimm, s.v.Brül, qui donne : « BRÜL, m. campus aquis irriguus, pratum palustre, aue, buschigte wiese, mlat. brogilus, brüel, breuel, bruwel, bruhel, brühl. BEN. 1, 267b. franz. breuil, it. broglio. freier brüel. weisth. 1, 458. 2, 257; die saw in briel jagen. FRANK spr. 2, 47a. hirschbrül, statio cervorum circa loca aquosa et virgultis amoena. STIELER 251. STALDER 1, 233. In den städten heiszen straszen oder andere plätze oft noch brül « . Je traduis cette dernère phrase : Dans les villes, certaines rues ou d’autres endroits s’appellent souvent brül. Et un BRÜLING, m. est un porcus anniculus, un proc d’un an qu’on lâche dans le brül.   Si quelqu’un veut approfondir cette histoire, il y a de la matière!

Aux Pays Bas il y a la villeDen Briel. Etant néerlandais vivant en France, je ne peux m’empêcher de vous rappeler l’histoire de Den Briel. La Prise de Den Briel, le 1er avril 1572, par des rebelles protestants est à la base de la République des Provinces Unies. Les Pays Bas sont restés une République de 1581 jusqu’à la création par les Français  du Royaume de Hollande en 1810.  Curieux!

 Le1 avril 1572 Den Briel  est conquis par les Gueux de la mer.

Calanca

A la cale dans une calanque


Une carte amicale reçue ce matin!

En occitan le mot calanca existe depuis la nuit des temps. De nos jours tout le monde connaît les superbes calanques à Cassis et sur la côte près de Marseille. Cela n’a pas été toujours le cas. En français ce mot n’a été adopté que depuis 1690 avec le  sens  «petite crique à l’abri d’un promontoire ».  En occitan la première attestation écrite date du 13e siècle dans un texte provenant d’Arles, où calanca signifie « ruelle étroite ». Dans les patois modernes, nous le trouvons à Champsaur  (Hautes Alpes) chalancha, « éboulis de terre au flanc d’une montagne » et dans le Var, kalanko ou kananko « crevasse de rocher ». Dans l’Hérault à Béziers calanco est « une aspérité d’un terrain raviné » et à Palavas calanca « un petit abri sur la côte ».

            Calanca est connue comme nom de lieu  dans les Alpes au nord de Milan et de Venise, et dans les Grisons en Suisse il y a même une ville  Calanca. On le retrouve  dans les Apennins et dans l’Italie méridionale (Calabria)  ou comme substantif  en Sardaigne, calanca « crevasse » et en Corse

                    

  « petite crique » (voir photo à droite), pluriel calanche (prononcez:  kalanke). La Tour de la Calanca est bien connue des promeneurs. En corse  le mot colônca désigne un « luogo riparato e basso tra monti e poggi ».

colonco

A  Barcelonnette calanca est une « pente raide dépourvue de végetation qui sert de couloir aux avalanches ». D’après Pierre Larousse  on dit aussi carangue,  carangue  ou caranque, mais je n ‘ai pas retrouvé ces prononciations dans les lexiques patois.

Un visiteur me signale qu’en Forez existe le mot chala (le C occitan devient CH chez nous, prononcé comme en français à Lyon, comme le th anglais en Savoie et ts au Val d’Aoste) pour dire « à l’abri ». Il y a aussi le verbe chalar « mettre à l’abri », se chalar ou s’enchalar « se mettre à l’abris. »

Les étymologistes attribuent le mot  à un substrat préroman et même pré-celtique parce qu’il est inconnu dans toutes les autres langues qui sont à l’origine de l’occitan, le latin, le grec, le celtique, l’arabe. Ils pensent aux Ligures qui habitaient la région avant les Celtes et qui ont été repoussés par ceux-ci dans les montagnes. Les Ligures nous ont laissé surtout des noms de lieu qui se terminent par un suffixe en     -oscu , -ascu  ou –uscu, comme par exemple Flayosc (83) Aubignosc (04)  Venasque (  ),  Greasque (13), Blausasc (06). Voir W. von Wartburg, « Evolution et structure de la langue française« . 6e éd. Berne,  Francke,1962.

Calanca serait un dérivé  avec le suffixe -anca d’une racine *cala  « un endroit abrité ».  De nos jours  on dit  dans le Gard : a la kalo  « à l’abri », en français régional  à la cale (du soleil).

L’étymon *cala  se retrouve sous différentes formes, dérivés et composés, dans tout le bassin ouest-méditerranéen, en italien, espagnol et catalan. Comme nom de lieu il est très répandu dans le nord de l’Espagne et en Gaule. Le point le plus au nord en France semble être la ville de Chelles dans l’Oise, appelé Cala au temps des  Mérovingiens.
En français nous trouvons la cale avec le sens « un petit abri pour les navires » depuis 1606, ce qui nous rappelle la calanque.  Au Vigan (Gard) on parlait d’un collobenco « escarpement », un mot composé de cala + benco, et en provençal le verbe acala  veut dire « abriter, tasser , apaiser ».

Le dérivé  de *cala le plus connu et répandu est certainement le mot chalet, à l’origine un « endroit protégé dans les montagnes», ensuite les « bâtiments pour faire le fromage dans les alpages », et de nos jours plutôt une « maisonnette pittoresque dans le style suisse ». En français nous trouvons la cale avec le sens « un petit abri pour les navires » depuis 1606, ce qui nous rappelle la calanque.  Au Vigan (Gard) on parlait d’un collobenco « escarpement », un mot composé de cala + benco, et en provençal le verbe acala  veut dire  » abriter, tasser , apaiser » 

Calada   » rue descendant en galets du Rhône ». Je ne sais toujours pas s’il faut rattacher le mot calade  aux   « galets »,  aux « abris »  ou aux « descentes ».

A Nîmes  la calade est « une rue à galets en pente », d’où  la Place de la Calade . A Avignon se trouve  la rue Petite Calade  et à St.Laurent de Carnols (Gard) La Calade  descendait  vers le cimetière au sud  et le quartier de la Carriérasse. En français régional une calade désigne toute « rue pavée de galets du Rhône ». Le mot calade pourrait être lié à calanque, vue l’attestation la plus ancienne de calanca à Arles avec le sens « ruelle étroite ». Mais dans plusieurs lexiques je trouve le mot calade avec le sens « galet du Rhône ». ». J’ai trouvé une rue de la Calade à Combas (Gard, loin du Rhône) et à Pertuis dans le Luberon…

La rue de la Calade à Baux de Provence.

 En me promenant dans les villages languedociens, je trouve des  rue de la Calade  un peu partout, mais je ne sais si ce sont des dénominations anciennes. 

Un visiteur m’écrit: De plus, pour revenir sur le mot calada, il y a dans la banlieue lyonnaise une ville nommée Caluire (en arpitan: Calury), et qui
s’appelle ainsi parce qu’elle se trouve sur une colline, et que les flancs de cette colline sont couvertes de petites pierres rondes qui descendent jusqu’aux fleuves quand on marche dessus (d’où la recrudescence des murs de soutien le long de ces pentes). Cal– est donc ici dans le sens de « descendre ».

Un autre lecteur vient de me signaler que les habitants: « de VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE sont dits « les caladois ».

D’après A.L.F Rivet & Colin Smith : The Place-names of Roman Britain  on trouve des toponymes  dérivés de cala  dans toute l’Europe. Voici quelques exemples :

Calacum : nom d’une rivière près de Tarente, en Italie du sud ( pour l’étymologie, voir Rivet & Smith, concernant Calacum)
Calacum : probablement le fort romain de Burrow-in-Lonsdale ( = Overborough), Lancashire (selon Rivet & Smith, Place Names of Roman Britain, p 288.
Cala = forme étymologique du nom de Chelles. ( pour l’étymologie, voir Rivet & Smith, concernant Calacum)
Caladuno : aujourd’hui Montealegre, en Léon, Espagne.
Caladunum : aujourd’hui Châlons, France; département de la Mayenne.
Chalaux / CHASLAUS = Chalaus (X°) ; gaulois : préceltique cala – abri / habitation
et avus (gaulois) à Chambolive en Limousin
Cala Figuera, sur l’île de Majorque
CHALLET : Surnom de l’homme qui était originaire de Chalet, l’abri sous roche, puis la maison du latin cala, abri..

Contibutions à une nouvelle approche.

Contibutions à une nouvelle approche pour expliquer certaines étymologies.

Jean-Philippe DALBERA Des dialectes au langage. Une archéologie du sens (Linguistique française, 13). – Paris : Champion, 2006, fournit de nombreux cas où les différents  noms (signifiants) qu’on trouve dans les dialectes occitans pour  le même sens (signifié), s’expliquent par l’ image qui est à l’origine de ces mots.

Un exemple le martinet. Certains noms du martinet  « s’éclairent à partir de faucilh, qui compare l’oiseau à la lame de la faucille, pour la forme de ses ailes déployées et la vivacité tournoyante de son vol. Comparé à un instrument coupant en mouvement, le martinet devient raspalhòu, rasclòu « coupeur, trancheur  » ou « (petit) barbier  » (manieur de rasoir) : barbairòu, barbairon… Ces formes éclairent l’étrange barbajòu, littéralement « barbe de Jupiter »  qu’il faut renoncer à comprendre autrement que comme une variation arbitraire à partir d’une base évoquant le « barbier » (plus l’attraction gratuite de la forme barbajòu désignant la « joubarbe »). (Compte-rendu du livre de J.-Ph. Dalbera, par Patrick Sauzet, Zeitschrift für französische Sprache und Literatur 118.2, 2008, 173-180.).

Cette nouvelle approche de l’étymologie peut nous aider à mieux expliquer certaines évolutions sémantiques et l’apparition de significations inattendues comme barbajou « hirondelle », jusqu’ici mystérieuse.  Le fait que nous avons trouvé des évolutions analogues dans d’autres langues  peut étayer ces hypothèses.

Cascalhar

Cascalhar  « bavarder » et  barjar, barjaquar   « bavarder »  viennent  tous les deux de verbes qui signifient  « faire du bruit en frappant« .

En regardant ce qui se passe ou s’est passé en dehors de nos frontières, nous constatons que non seulement l’espagnol  cascar « casser »a aussi pris le sens « bavarder » dans le language populaire, mais que la même évolution a eu lieu dans les langues germaniques : en néerlandais kletsen  signifie « frapper avec du buit » et « bavarder » et flamand klappen « parler »,  signifie en néerlandais « applaudir », klap « coup; baffe ».   lL’origine  de l’Anglais  to chat  anciennement  to chatter, est une onomatopée , qui imite un bruit. Les Allemands kwatschen « bavardent », et quand un Allemand vous dit  Kwatsch!  , vous avez proféré du « non-sens« , Unsinn.

Espagnol cascar « briser » et « bavarder ».  cháchara « papoter » un emprunt à l’italien chiacchierare  « bavarder, papoter »  une onomatopée basée sur clap clap ;

Barja, barjaqua « bavarder, papoter »   de  brega  » broie » outil pour broyer le chanvre qui fait un bruit rapide.

Ruscle

Un autre cas qui s’explique de cette façon se trouve dans le mot ruscle  « forte pluie » à Nîmes,  et « une faim de loup » ailleurs. L’évolution sémantique n’est pas évidente. Re + ustulare « brûler, roussir, brûler en parlant du froid »  a pu donner > » brûler de faim », > » avoir une faim de loup »,  comme l’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.

Le sens « averse » est expliqué par von Wartburg (FEW14, 81b) par l’image d’un pré après une averse qui ressemble à un pré brûlé , mais je ne trouve cette explication pas très convaincante.

Raspaye

Par hazard je rencontre une évolution similaire qui se trouve dans l’article raspon  » gratter » (FEWXVI,670a + 768b). Dans  plusieurs villages du canton de Vaud le mot rapaye « action de râper, écorchure » signifie aussi  « bruit de forte pluie; grosse averse ». En effet le bruit d’une forte pluie fait penser au bruit quand on met une viande dans la poêle, ou quand on gratte fortement un objet.

A midi ma femme a fait cuire des saucisses au piments d’Espelette. Essayez! Le bruit des petites gouttes de graisse qui sautent et salissent la plaque, imitent bien le bruit d’une forte averse!

    ruscle

C’est également le bruit  que fait l’estomac quand on a faim qui peut expliquer le sens « faim de loup ».   En néerlandais  rammelen van de honger  « avoir une faim de loup »,  littéralement « secouer, cahoter de faim ». (Un rammelaar est un « hoquet »). En familier on dit aussi mijn maag knort « mon estomac grogne ».

Abrasa

L’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.

Ivraie  Lolium temulentum

Nl. dolik dér. de dol  « enragé, fou ».  CF. dolik. , notamment d’autres  herbes qui en allemand s’appellent  Tollhaver

Collins English Dictionary – Complete & Unabridged 10th Edition :

Anglais darnel any of several grasses of the genus Lolium,  esp L. temulentum,  that grow as weeds in grain fields in Europe and Asia. [C14: probably related to French (Walloon dialect) darnelle,  of obscure origin]

dolik zn. ‘soort raaigras (Lolium temulentum)’
Mnl. dolik, dol(e)ke [1305; MNHWS]; vnnl. dolck ‘dolik’ [1599; Kil.].
Het woord is wrsch. een afleiding van → dol 1, omdat de plant verdovende eigenschappen heeft. Het zaad ervan is giftig. De naam behoort in dat geval tot de in het Nederlandse en Noord-Duitse gebied vaker voorkomende planten- en diernamen die gevormd worden met -k, zoals → ganzerik, → wederik. In het Middelnederlands bestond daarnaast ook een andere afleiding: dolre ‘dolik’ [1350-1400; MNHWS].
De plant heet in het Engels (bearded) darnel, wrsch. afgeleid van Frans (dial.) darnelle, darnette, dat verbonden wordt met woorden die een toestand van verdoving aangeven. De Franse naam is ivraie, dat wordt verbonden met ivre ‘dronken’. De Zweedse naam is dårrepe, letterlijk ‘gekkenraaigras’. De extensie van de wetenschappelijke naam, temulentum, betekent ‘beschonken’. Ook andere planten kunnen dergelijke namen krijgen: Duits Tollhafer, Tollkraut ‘dolle kervel’ (Grimm, DW II,641) enz.
Lit.: W. Meid (1967) Germanische Sprachwissenschaft III. Wortbildung, Berlin, par. 153

Trantanel « bourdaine »

Le lien sémantique entre « balancer, vaciller, trembler » et les deux plantes « bourdaine » et « garou » n’est pas évident. Bien sûr il y a le tremol, « tremble » mais c’est un grand arbre dont les feuilles tremblent au vent et que tout le monde connaît. C’est en surfant sur le net à la recherche d’une description de la bourdaine que j’ai lu dans plusieurs endroits que les chevreuils raffolent de la bourdaine, qui pour eux est une drogue.
Dans Wikipedia : « son fruit, très prisé des chevreuils notamment, contient un alcaloïde aux effets psychotropes. Les chevreuils qui en consomment en fin de printemps errent sans conscience des dangers, particulièrement sur les autoroutes. » Autrement dit les chevreuils sont comme des ivrognes, ils vacillent. Peut-être qu’il y a eu un transfert de nom de l’effet vers la cause « la bourdaine ».

Voir le nom en nl. Source : http://www.meertens.knaw.nl/pland/woordenboekartikel.php?term=Sporkehout,%20vrucht

Les noms des fruits de la bourdaine dans les parlers néerlandais sont :  dolbeer composé de  dol  « fou » + beer  « baie », klotskers  compose de klots  »   »  kers « cerise », klots + bes  et   duivelskral   composé de  duivel  « diable » +  kral (=?) . Le verbe klotsen est une onomatopée qui dans le sens moderne  imite le bruit fait par un liquide en mouvement, comme des ondes contre   une digue. Un sens très proche du  trant-

Dans l’article trant- (onomatopée) « balancer, vaciller » du FEW , je trouve, un peu caché il faut le dire:
« languedocien trantanel m. « passerina tinctoria » (1674, Littré). Marseille tartonraire « passerina tartonraira (1570) d’ou le nom scientifique. » Lors de la rédaction de l’article trant- , un paquet de fiches avec trantanel a dû s’égarer et par la suite le lien avec la racine trant- a été oublié, de sorte que toute la famille trantanel « daphne gnidium » ou « bourdaine » a été réunie dans les « incognita ».

La  passerina tinctoria est la Daphne vermiculata Vahl, Daphne vellaeoides
Rodr.
Nomenclaturaux : Stellera tinctoria (Pourr.) Kuntze, Passerina
tinctoria Pourr., Chlamydanthus tinctorius (Pourr.) C.A.Mey.

Vedèou, vedel; sauma; anglais calf; néerlandais afkalven.

Mots utilisés pour « éboulis de terre »  d’un mur qui « fait du ventre »; en anglais « scission d’un glacier ou d’un grand bloc de glace »; néerlandais « terrain affouillis par une rivière ou la mer ». Voir l’article vedel, vedeou.

et Harper calf . Le mot calf  signifie aussi « mollet », sens attesté depuis 1275-1325 , emrunt à l’ancien norvégien  kalfi.

 

Enregistrements mp3 proverbes

Enregistrements

Patois de Taleyrac, commune de Valleraugue (30570)

enregistrés le 15 février 2008

Dictons et proverbes en usage à Valleraugue

Pour les entendre Cliquez sur les textes en occitan.

Sap y faïre, touto peïro li fo contou « Il (sc.un maçon) connaît son métier, de toute pierre il fait une pierre d’angle »

Cal bol de bel tens, cal qué l’espèré « Celui qui veut de beau temps doit l’attendre »

Reboussié coumo Prodet de Gangjé : « sa femme s’étant noyée, Pradet de Ganges remontait le cours de l’eau pour la chercher ».

Pitchot faÏs bien liat es mietch pourtat « petit fardeau bien attaché est à demi porté »

Pescaïré d’aïgo douço é cossaïre dé brousso, djomaï n’ocampo bousso « Pécheur d’eau douce et chasseur de brousse ne deviennent jamais riche ».

 Très poulos é un gal, lou bon Diou béniro lou trébal « Trois poules et un coq, le bon Dieu bénira le travail », ce qui veut dire qu’il faut mettre les oeufs à couver quatre par quatre

Qué poudo lon, béou un on, que poudo court, béou toudjour « Celui qui taille long, boit un an, celui qui taille court, boit toujours »

Lo bigno dis : poudo mi doban qué plouré, fouï mi doban qué bouré, bino mi et agués pa lagui dé bi. « La vigne dit : taille-moi avant que je pleure, laboure-moi avant que je bourgeonne, et n’ai pas peur de manquer de vin.

Lo pès fo l’ordjen, mai l’ordjen fo lo guerro. La paix produit de l’argent, mais l’argent engendre la guerre.

Djomaï piel dé cabro n’o pa estouffat loup. Jamais poil de chèvre n’a étouffé un loup.

Faudal, fandaou

Faudal, Fandaou « tablier » est dérivé du mot gothique  falda « pli ; ourlet ». Cf. l’allemand  falten, anglais  fold « plier », néerl. vouwen, (autrefois vouden), vouw « pli ».  Sens conservé à Lasalle (Gard)   faudo « pli » et Alès  faoudo « poitrine de bœuf » (S).

En ancien occitan  faudas (f.pl) est un « pan d’un habit ». Le mot s’est répandu dans le Midi, en Italie et dans la péninsule ibérique : cat. falda « tablier, giron ». A partir du sens « pli d’un tissu, pan d’un habit » s’est développé le sens « jupe ». Au moyen âge    faudas désigne aussi « la partie de l’armure qui va de la ceinture aux genoux ». Du sens « jupe » on passe à la partie du corps couverte par celle-ci : « giron ». Languedocien  faoudo, fauda  « giron ». Alès  fa faoudito « s’accroupir » (S).

En languedocien il y a deux dérivés concurrents 1)ale  comme fudaou, fandaou « tablier » . 2)ile  comme en Lozère fudyao. Parfois on fait une distinction  entre tablier pour homme ou femme. Autres dérivés : se refaudi « se blottir, se refugier (sous-entendu dans le giron) » et  refaudi  « refuge ».

Les Wisigoths et plus tard les Ostrogoths ont occupé la Septimanie chère à Georges Frêche, de 419 à 711.

Une leçon de géographie linguistique.

La comparaison de la répartition géographique des mots pour désigner le tablier en France et en Italie, nous montre que l’histoire des mots  reflète l’histoire politique et culturel d’un pays. En France, tous les types dialectaux, comme devancièr, escorcuel, fauda et faudère, etc.ne se trouvent que dans la périférie, en Wallonie, Flandres, Gascogne, Languedoc. Le mot adopté par l’Ile de France a remplacé les mots locaux à partir de Paris en suivant les grandes routes. D’abord le type devantier  s’est répandu à partir de Paris et plus tard  le type tablier. La cartographie du progrès des types devantier et tablier  ressemble beaucoup à celle des lignes de la SNCF et des grandes routes. En Italie par contre il n’y a jamais eu un pouvoir central jusqu’à Garibaldi; là on trouve un mot piémontais, milanais, vénitien, etc. Chaque région a sa propre identité.

A la base de cette carte se trouve celle de l’Atlas linguistique de la France (ALF) n° 1274. Les différents types lexicaux sont représentés par un rainurage différend. Voir en haut à droite de la carte.

Nous voyons bien que lors des enquêtes pour l’ALF autour de 1900, le type dominant en France pour désigner le tablier était devantière. Tous les autres types lexicaux comme falder, fauder, escorcuel, banette, ne se trouvent que dans la périphérie du domaine galloroman.

Le type fald- domine en Provence dans l’est du languedocien et en franco-provençal. Ce domaine continue dans le Nord de l’Italie. Mais nous voyons aussi un genre de grande île fald- dans le centre du languedocien. On a le sentiment que le type dominant devantière a fait une percée vers la côte méditerranéenne. C’est ce qui s’est produit. Les textes en ancien occitan prouvent que le type fald- occupait une zone bien plus grande. Sous la pression de la langue officielle qui désignait le tablier avec le mot devantière le falder a reculé. Il est plus chic de porter une devantière qu’un fudaou, ou un fandaou. Parfois ce sont les hommes comme le forgeron qui continuent à porter le dernier.

L’escorcuel est porté dans les dép. du Nord et du Pas de Calais, l’ouest de la Wallonie et des îlots plus au Sud, qui témoignent d’une extension autrefois plus grande. Ces parlers ont le soutien de la région voisine flamande, puisqu’en flamand et en néerlandais le tablier s’appelle schort. Là aussi comme dans le domaine fald-, la devantière a gagné du terrain, surtout dans les Ardennes et le pays de Liège.

La banette dans le Nord du dép. de la Meuse désigne surtout le tablier de travail de l’homme et tablier tout court par extension de sens. Le ceignoir ne se trouve que dans la Somme.

Si onous pouvions refaire le travail de Gilliéron maintenant, nous verrions certainement que le type tablier a fait de grands progrès et a supplanté la devantière dans de nombreux parlers. Pourtant en 1900 tablier n’occupait que Paris, l’Ile de France et des pays avoisinants, mais on voit sur la carte qu’il y a déjà des têtes de pont dans la direction du sud-ouest et le sud-est, vers Bordeaux et vers Lyon-Marseille, en suivant les grandes routes de communication et de commerce. L’histoire se répète : il est plus chique de porter un tablier qu’une devantière.

La France est LE pays de la centralisation.

Quelle différence avec la carte du même concept en Italie où chaque région a gardé son identité: Le Piémont et la Vallée d’Aoste qui continuent la zone occitane du type « FALD-« , qu’on retrouve en Sicile et en Sardaigne!!!, Milan « SCOSSAL », Venise « TRAVERSA » et ainsi de suite. C’est l’histoire politique, économique et sociale qui explique cette richesse lexicale.

 

FEW bandjwan

L’article BANDWJAN « donner un signe »

En consultant les statistiques de mon site, je constate que la page FEW est de plus en plus souvent regardée. Le FEW est

le plus grand DICIONNAIRE ETYMOLOGIQUE qui existe.
Büchi (Eva) / Chambon (Jean-Pierre), 1995.
« « Un des plus beaux monuments des sciences du langage » : le FEW de Walther von Wartburg (1910–1940) », in : Antoine (G.) / Martin (R.) (éd.), Histoire de la langue française 1914-1945, Paris, CNRS-Éditions, 935-963.

Rien de comparable n’a été fait pour aucune autre langue. Voici un deuxième exemple de l’énorme travail qui a été entrepris par Walther von Wartburg et son équipe. Mieux encore sera de suivre ce lien : Une présentation du FEW avec des

  • Aides à la lecture: 1. l’ordre géolinguistique (pour télécharger la carte cliquez! ) 2. bibliographie des sources qui sera publiée en 2008
    3.Un glossaire allemand- français.
  • Projets en cours : 1. la refonte de la lettre B et 2. la possibilité de télécharger 14 articles ! 3. Promesse de publication sur le web d’un index onomasiologique.

Voici ma petite contribution: à gauche l’article du FEW, à droite mes explications. Chaque article du FEW est composé de deux ou trois éléments : après l’étymon 1. les formes et les significations 2. l’histoire de cet étymon du latin jusqu’à nos jours, de ses dérivés et composés, et l’explication de l’agencement des formes et des sens et si besoin 3.des notes à la fin.

Il y a un ordre fixe dans l’ordre des mots donnés, applé le « strich ». L’apprentissage de la consultation du FEW demande quelques efforts, mais cela vaut la peine. La localisation précède la forme et le sens, la date et éventuellement la source la suivent. Les formes du moyen âge en premier, suivi des formes et des sens des temps modernes. Toutes les abréviations, comme Apr., Nice, awaadt. Hérém. sont expliqués dans le Beiheft. Par exemple Béz. = Béziers et la source pour le parlers de cette ville est Jean Laurès, Lou campestre. Montpellier 1878.

 

bandwjan (gotique, burgond) « donner un signe  »

I. Ancien occitan bandir verbe actif …. Nice bandi; ancien occitan bandir …. ancien vaudois, Suisse(avec le même sens), ancien occitan (même forme) « bannir », …(1369  les comptes d’Albi), en Gruyère.  Dans les patois modernes: , Valais bandi ……, Hérémence (Suisse) même forme = bandi …., Vallée d’Aoste même forme, sens « bannir », centre du Dauphiné …..
Dep. des Hautes Alpes même forme, sens « lâcher.. », Nice bandi « bannir; chasser », Béziers, Puisserguier bandi, marseillais bandir « exiler » dans le dictionnaire d’Achard, Aix-en-Provence bandi meme sens, dans le dictionnaire de S.A.Pellas, Alès même forme, sens « chasser… », Puisserguier « meme forme + mêmes sens; bannir », béarnais bandi « bannir ».
Dérivés. Nice ………..Ancien dauphinois (=avant le 16e s.)bandeis ..; Evolène (Valais) …………., Vaudois (= les villages vaudois dans le Piemont) …………………………………..(Source: Roletto; Archivum Romanicum 23, p.414). Ancien béarnais banidor ……………………..Ancien occitan bandimen subst.masc………..
ancien béarnais bandiment « …… », moyen français , même forme « ban » source le dictionnaire de Cotgrave; marseillais bandissament « exil » source Achard.
Latin médiéval (7e-14e s.) ……..(Wallis = Valais); …………………………………………………………Lourties (Valais)
Lallé (un hameau de la commune St.Jacques, Htes Alpes, Gap, St Firmin) Source: D.Martin, Dictionnaire du patois de Lallé. Gap 1907-9. eibandir « ….. ».  ………Ancien occitan ( source : Raynouard M. Lexique....; Levy E. Provenzalisches …; etc.) desbandir « .. ». Ollon (Vaud). …

 

 

 

Composés. Nice, bearnais…………………..Anien occitan forbandir « bannir » (Levy, Petit dictionnaire provençal-français)………………………………….Toulouse ….. ….(G = P.Goudelin Oevres 1887, voir Mistral), Cahors…..Caussade, Agen …….., Aveyron …………Béarn……..
Bayonne ….. L.F = la source, …………..
Rhodanien (= provençal de la vallée du Rhône).
Npr. = ocitan moderne. Source principale : Mistral.

 

II.1. Français moderne bandy subst. masc.. « ………. » ( 1640 d’après Dictionnaire Général; Richelet Dictionnaire de 1759) bandit (depuis le dictionnaire de Miege), le sens « homme…. » depuis le Dictionnaire de l’Académie 1740), Suisse « …. », Vallée d’Aoste « … ». Albertville …
……….Lantigné en Beaujaulais ( J. Descroix Glossaire du patois de L. Paris 1946) ………………….Français moderne… ………………………….(Dictionnaires de l’Académie 1798-…) ……………………………………………………………………………….

…… (depuis le Dictionnaire de l’Académie 1835). Dérivés (en galloroman) Français moderne……..(depuis le dictionnaire français -allemand de Mozin, ed. de 1859). – Metz….
Lorrain (source J.F.Michel Dictionnaire des expressions…)

…2. Nice …………

 

 

 

 

L’étymologie.

Du gotique bandwo  » signe  » est dérivé le verbe BANDWJAN « donner un signe. » Celui-ci vit en occitan et en franco-provençal. (En haut I), en plus en italien bandire, catalan bandir. Espagnol et portugais. bandir, qui sont attestés relativement tard, ont été probablement empruntés au catalan ou à l’ancien occitan. L’extension du mot sur le nord du franco-provençal rend un emprunt au burgond vraisemblable pour cette région.
Le développement sémantique « proclamer » > »exiler » attesté pour la première fois au XIVe siècle , est probablement dû à l’influence du fr. bannir.
En italien, le part. parf. bandito a pris comme substantif la signification « bandits, voleurs ». De là les emprunts II.1. Le subst. fem. bandita signifie « riserva di pascolo ». De là les emprunts 2. – Meyer-Lübke n°930.

FEW présentation et explications

FEW

Walther von Wartburg  « Französisches Etymologisches Wörterbuch. Eine Darstellung des galloromanischen Sprachschatzes ». Leipzig 1922 en cours de publication.

Sont absents de cette photo ; les 2 vol. Index (2370 pages, 3 colonnes sur chaque page), le Beiheft + Supplément qui contient tous les noms de lieu et de régions  avec les références  cités.  Ci-dessous la Tables des matières du FEW.

   

Le dernier comprend la Table des matières des vol. XXI-XXIII, pour ceux qui cherchent du travail, ainsi que  celle de la refonte du premier vol. , lettre A. La refonte d’une partie de la lettre B se trouve dans le site de l’ATILF.

Ci-dessous la carte de l‘Atlas linguisitique de la France avec inscrption des noms de lieu qui sont mentionnés dans le FEW. Cela veut dire que von Wartburg disposait d’un dictionnaire ou d’un lexique du patois de cette localité. Vous constaterez que pour la Provence, il y a encore du travail à faire!

Ci-dessous la carte aveugle du domaine occitan.
Les chiffres sont  les points de l’ALF, les petits cercles indiquent les lieux dont un dictionnaire, un lexique ou une oeuvre sont représentés dans le FEW.

« Strich »: l’ordre des localités dans un article. Un  Tour de France à faire.

Voici un exemple des fiches de préparation d’un article du FEW. Pour le limousin von Wartburg avait dépouillé entre autres le « Lexique limousin d’après les oeuvres de Joseph Roux » Brive 1895-7. D’où cette fiche:

L’article  insula « île ».

L’ étymon  insula  avec la traduction en allemand.

La structure d’un article qui est indiquée par une numérotation précise, est expliquée et commentée à la fin de l’article. Ici :

 I.1.a. Les représentants de l’étymon latin en ancien et moyen français: isle le genre et la signification, la date de la première attestation avec la source si elle n’est pas dans les grands dictionnaires. Suivent les attestations du moyen âge dans les dialectes de la langue d’oïl et de la langue d’oc dans un ordre déterminé ( le « Strich » voirci-dessus), qui commence avec l’Ile de France pour reprendre avec l’ancien wallon et finir avec l’ancien gascon des Landes. Ici: agn. = ancien anglo-normand, le français parlé en Angleterre entre de XIe et le XVe siècle. Suit la forme en moyen français  hyle avec le même sens, attestée dans un texte de 1485 probablement écrit dans les Flandres et la forme en français moderne île. En ancien dauphinois ila et isla, trouvés dans la traduction de la Summa Codicis Justiniani datée du XIIIe s. en dauphinois de la région de Grenoble.  Suivent les différentes formes de l’ancien occitan avec dates et localisations et les formes dans les patois modernes. Elles sont données dans l’ordre du « Strich« , à commencer par les patois de l’Ile de France, suivi  d’un saut vers le wallon, pour finir avec Lesparre dans la Gironde. Les données rassemblées ici proviennent de Giv. = Givet (Ardennes) et Petit-Noir (Jura) iy, Hérémence (Valais suisse), pr(ovençal) (= occitan) isclo, Mars(-eille)  (trouvé dans le dictionnaire du marseillais d’Achard édité en 1785), suivent les formes de Nice, Alès, Lasalle (30), du languedocien, Castres,du Rouergue, etc. etc. Les définitions données sont celles fournies par les sources.  Les sources de ces données sont indiquées dans les Suppléments au FEW.

Tiret « Übertragen » : les attestations du même mot au figuré.

Ablt. « Ableitungen » = dérivés. Les différentes formes et/ou significations sont séparés par un tiret long.

 

Zuss. « Zusammensetzungen » = composés.  Amyot = Jacques Amyot (1513-1593)

b.  (= I.1.b) Le même étymon est à l’origine  de iscla avec le sens « buissons  »  et les sens qui en proviennent. Suivent les attestations avec les significations données dans les sources. Toujours dans l’ordre du « Strich ».

 

 

Ablt. = les dérivés appartenant à ce groupe sémantique. L’ordre des dérivés est alphabétique suivant les formes des suffixes en latin .


islaie f. « lieu planté d’osier » (Est 1549-Oud1660)  : la forme islaie avec le sens « lieu planté d’osier » se trouve dans les dictionnaires français de Robert Estienne publié en 1549 jusqu’à celui d’Oudin de 1660.

2. (= I.2.) Apr.(=ancien occitan)ila. La première attestation de cette signification se trouve dans un texte de 1408 provenant du Puy en Velay, publié dans la revue Archivum Romanicum, vol.3, page 522. (Grâce à Internet vous pourrez le vérifier!).  Mon ami de Vias (Hérault) m’écrit que dans les archives locales du XIXe et XXe s.  le mot ile est souvent suivi d’un nom de personne.

 

II. Tout ce qui suit est basé sur des emprunts.

II.1.a.α. Emprunt à l’italien qui a crée le verbe isolare, emprunté d’abord en occitan.  Attestation de 1517 dans le livre de P.Pansier Histoire de la langue provençale à Avignon du XIIe au XIXe siècle.

II.1.a.β. ensuite à partir de la forme du participe passé isolato,

 

 

Ablt. (=Dérivés) On a créé l’infinitif isoler  à la fin du XVIIe en français, à partir du participe passé  isolé.

L’évolution sémantique du verbe isoler et des dérivés. Notez que l’argot n’est pas oublié.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Intéressant de noter que l’isoloir n’existe que depuis 1914

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

b. (= II.1.b.) Emprunt à l’italien du 16e s.

c. (=II.1.c.) Un autre emprunt à l’italien du 16e s.

2. (=II.2.) Le français a emprunté le mot directement au latin, ce qui explique le –n-.

Le sens du pluriel « les insulaires » espèce de contredanse » attesté dans les dictionnaires de Trévoux de 1752 à 1771 demande une explication.

3. -7.  (=II.3. – II.7.)  .L’explication des groupements suivants se trouve à la fin de l’article.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Latin INSULA est toujours vivant en italien isola, en ancien logudurien (langue de la Sardaigne) iscla, dans l’Engadin (Suisse) iksla, en ancien catalan yla (1291), en catalan illa, espagnol isla, portugais ilha, galicien insua ainsi qu’en galloroman. (Ci-dessus le groupe I.1.a).  Quelques formes n’ont pas suivi une évolution phonétique régulière comme par ex. italien isola mais aussi Ischia). L’allemand Insel est emprunté au latin, le moyen néerlandais ile  (> Lille) et l’ anglais isle ont été empruntés au français, le mot basque irla est emprunté au béarnais.

Dans le latin parlé dans les pays romanisés entre le Ve et le Xe siècle insula a pris le sens « terrain le long d’une rivière, terrain inondable, buissons et petits arbres sur ce terrain », attesté en moyen latin insula (dans un texte publié par C.Nigra); de là albanais iske « buissons sur les rives » (en Calabtre),  sicilien isula « idem », Montferrato (Piémont) isra « idem », Agnone (dans le Molise, sud de l’Italie) « terrain alluvionnaire », Montella iska « terrain près de l’eau », campidanien (un dialecte sarde) « idem », obwaldisch (parler des Grisons, Suisse) isla, Alghero (îlot avec une parler catalan en Sardaigne) iscra « frutteto ». Ce groupe de mots est réuni sous I.1.b. En latin insula a également le sens de « groupe de bâtiments derrière la maison du maître (domus)« . Ce sens existe toujours en galloroman dans les mots réunis dans I.2. II. Ce groupe comprend les emprunts. L’italien a créé le verbe isolare, dérivé de isola. Le groupe II.1.a contient les emprunts, d’abord en occitan (II.1.a.α ) et ensuite le part.passé isolato en français (II.1.a.β). Ensuite le français a emprunté le verbe isoler ainsi que d’autres dérivés, d’abord dans le domaine de l’architecture, ensuite le sens s’est généralisé pour de nouveau se spécialiser dans le domaine de l’électricité. D’autres dérivés italiens ont été empruntés, pendant une certaine période : isoletta « petite île » (II.1.b) et isolano « habitant d’une île » (II.1.c). Le groupe II.2. est emprunté au latin insularis, II.3.a.au latin insularius terme technique de l’archéologie, II.3.b vient de insularius ou bien de l’adjectif insularis; II.4. vient de insula-nus. La medecine moderne a crée deux dérivés (II.5.a et II.5.b). II.6. est un emprunt au latin paeninsula « presqu’île » qui apparaît en même temps que le mot demie île et prequ’île. II.7 est emprunté à l’anglais isleman comme dénomination des habitants des îles dans La Manche. Il est curieux que ce mot composé de isle et man n’est pas attesté en anglais avant le XIXe s.  – Bibliographie.