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Abadià

Abadià « abbaye ».Étymologie: latin abbatia qui est aussi à l’origine de l’anglais abbey, l’allemand Abtei, le néerlandais abdij, l’espagnol abadía, etc.
. A Manduel il y a le Chemin de l’ABADIE.
Comme la plaque est écrite en majuscules, j’avais un problème avec la place de l’accent tonique. Pour moi il s’agissait manifestement d’une francisation du mot occitan abadia « abbaye », du latin abbatia. Mais mon informateur pour Manduel, m’écrit: « Abadié (en provençal), abadiè (en languedocien). A Manduel on prononce abadié , le contraire est aussi de pratique courante: beaucoup de noms se terminant par è sont prononcés é. » Je pense que la majorité des Manduellois prononcent [abadí] comme ferait un Français. Cela reste à vérifier.

Petit problème : il n’y a jamais eu d’abbaye à Manduel…. Le sens est peut-être « chapelle » ou « maison du prêtre ». Nous le retrouvons dans d’autres communes du Gard. Voir le commentaire de Michel Wieni ci-dessous.

Source cf.  le paragraphe  Toponymie).

Abajanir

Abajanir « affaiblir; affadir l’estomac en parlant de crudités » ,v.tr. et v.r.

Étymologie : voir l’article  bajana   et FEW I, 205 bajanus

Abajon

Abajon s.m. »airelle myrtille » abajou, ajou (Béarn), anažoun (Aran1 ). Dans les lexiques locaux l’ abajou est toujours défini comme « airelle ». Il est conservé principalement dans les parlers gascons 2 et  de l’autre côté des Pyrénées en aragonais anayón, Rioja enavia, et en catalan abajo, nabiu, nabis. L’étymologie serait le mot basque anabi devenu abi suite à la chute du -n- intervocalique. Le type *anabione devenu ababione par assimilation est à l’origine des formes comme abajou. Abajèro (Mistra,l voir l’extrait) est un dérivé. FEW XXIV, 32a

On peut dire qu’il s’agit d’un mot fossile. Comme toponyme anabi apparaît depuis 835 : pagus Anabiensis aujourd’hui Vall d’Àneu. En basque on trouve les mots correspondants : abi, anabi, arabi, ahabia, afi « airelle myrtille ».

              Mistral    airelle myrtille                                                                                                  Mistral

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  1. Le type avec un -n final n’apparaît que dans le Val d’Aran.
  2. voir le Thesoc s.v. airelle type avajon. Vous constaterez une grande variété des formes locales

Abalhar

Abalhar « gauler, abattre les noix ». D’après le Thesoc abalhar est courant dans les dép.19, 24, 46, 47, 82; abalhaire « celui qui gaule », seulement en Dordogne. L’étymon est le latin baculum « bâton », qui s’est conservé uniquement chez les Ch’ti (mi), baille « barrière » (Flandres, Rouchi, Picard). En occitan existe aussi  le verbe  dérivé abalha « gauler » dans les départements indiqués du sud-ouest.

A Colognac (Gard) a été relevé bacular « suisse, bedeau » nommé ainsi parce qu’il portait la crosse, le bâton de l’évèque. C’est un emprunt au latin d’Eglise bacularius « bedeau »

Français baguette   emprunté à l’italien , a la même étymologie.

abalhaire bacular     

Abaus

Abaus, abalç s.m. « bucher de fagots », abauçar v.tr. « faire un abauç »  voir l’article avaus « chêne kermès »

Abelhana

Abelhana, abélïano s.f. « mélisse, citronnelle » est un dérivé du latin apicula « petite abeille »  > abelha « abeille ». Pour une transcription phonétique  et les localisations voir le Thesoc).

Cette plante est nommée ainsi parce qu’elle est recherchée par les abeilles. En latin, il y a un dérivé analogue de apis « abeille » : apiastrum « mélisse . D’ailleurs le mot mélisse vient du grec et signifie également « abeille ».

              
Le guêpier, abelhièr, abelhòla ou avec aphérèse beïola (Hérault),  est appelé ainsi parce qu’il se nourrit principalement d’abeilles et de guêpes.

Abes, àbet

Abes, àbet s.m.pl. « balles de blé ou d’autres céréales » (St-Pons, Capestang), abets (Aude, Toulouse), a(w)ets (Hte-Garonne). L’accent est sur le a-. L’origine est un mot latin apex, apicem  « sommet, pointe, tout objet de forme conique ». Les attestations sont relativement rares, une vingtaine, et étendues sur une région qui va de l’Hérault au Gers, auxquelles s’ajoutent probablement les mots basques abotz « criblures » et agotz « balle de blé ».1

Grâce au commentaire d’un visiteur,  une attestation  de l’Ariège  et une correction importante du sens. Ci-dessous une image d’ abets sur l’andain, et d’autres de balles d’épeautre et de blé :

 abets sur andain              balle d'épeautre     balle de blé Les balles  volent!

Je me demande toujours comment il a été possible qu’un tel mot latin avec un sens très spécifique a été transmis de génération en génération pendant 20 siècles, dans des villages qui sont tellement éloignés les uns des autres. Mais il est possible que des attestations nous manquent. Si vous connaissez le mot, contactez moi.

Claude Achard2  a eu la gentillesse de me contacter :

Abets : « Les faibles seront aux abets, c’est-à-dire la balle et les barbes qu’on emporte par gros ballots fort peu pesants » Raymond Escholier, Gascogne.p. 68.
“Àbets, abë, balles de céréales, vannures ; balle de grains, menue paille ; ballot de fourrage ; l’abe dou blad, la balle du blé, celle de l’avoine, voy. poussës ”. (DOUJAT, 18 ; LAGARDE, 21 ; CANTALAUSA, 30 ; de SAUVAGES, I.3 ; MISTRAL, I.6. GARY, 2 ; VESTREPAIN, 303 ; ACADEMIA, 3). Aver la clau dels abets, avoir la clé des menues pailles, ne pas être l’homme de confiance à qui on confie la clé du grenier à blé. (ALIBERT, 65).

Le mot apex a été réintroduit dans le milieu des paléontologues pour désigner le sommet des coquilles de certains fossiles, comme les ammonites. Je vois dans le TLF que cette remarque est la conséquence d’une déformation professionnelle et que apex a beaucoup d’autres significations.

                              

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  1. Le spécialiste du basque, M.Morvan, m’écrit :  « Que abotz et agotz soient apparentés en basque cela ne fait aucun doute (alternance b/g classique). En revanche il est plus difficile de les faire venir du latin apex « sommité », sans que ce soit impossible. Le passage du e latin à o basque n’est pas évident, mais ne me choquerait pas trop.  »
  2. Auteur de Les uns et les autres. Dictionnaire satirique pour le département de l’Hérault er quelques contrées d’Occitanie. Ed.Dolmens, 2003. 742 p.

Abetilhá

Abetilhá « faire glisser des sapins de la montagne ». (Gavarnie, Htes-Pyr.)  Un verbe qui ne peut exister qu’en montagne!Voir avet.

Abraser ‘brûler’

Abraser « foncer en parlant d’un chauffard;  mettre le paquet, insister (au sujet d’une femme);  brûler  (en parlant d’un alcool, du piment). »   Raymond Covès, Sète à dire. Montpellier, 1995 suggère l’étymologie abrasif et traduit  « cogner » en parlant d’un alcool, mais l’occitan abrasar vient d’une racine germanique *bras « charbon ardent », que nous retrouvons dans toutes les langue romanes, à l’exception du roumain. Il est vrai que l’élément *bras ne se trouve que dans les langues scandinaves, mais l’ancienneté des attestations dans les langues romanes, permet de supposer qu’il a aussi existé en gotique. FEW XV/1, 257

Le composé abrazar signifie en ancien occitan  « remplir d’ardeur » : Dinz el cor me nais la flama / Q’eis per la boch’ en chantan, / Don domnas e druz abrasou « brûler d’ardeur »:  Abrazar e cremar / Mi fai cum fuecs carbo. (Voir les très nombreux exemples dans le Dictionnaire de l’Occitan Médiéval.) Le deuxième sens donné par Covès  « mettre le paquet »  « Vas y, abrase cousi! » montre que l’ardeur des troubadours est toujours vivante à Sète.

abrase_troubadours

Est-ce que Gustav Klimt a connu cette miniature ?

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Le dernier troubadour de Sète a chanté Les amoureux des bancs publiques

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En occitan moderne abrasa a surtout le sens concret « mettre des braises, embraser » ( Mistral).  D’après  Covès il est vivant dans le français régional  à Sète et environs, avec des emplois figurés originaux, qui s’expliquent tous à partir de la notion « embraser, mettre le feu ». Le sens concret « brûler » se retrouve dans le dernier exemple de Covès :

Aouf. Il abrase  quicon, ce cognac !

Abrigar, abriga; abric

Abrigar, abriga; abric

  • 1. verbe transitif   « abriter »  est une généralisation du verbe latin apricare « chauffer au soleil »  et au figuré « réchauffer quelqu’un sous son toit et à sa table ». Dans l’expression abriga un ëfan « choyer, mitonner un enfant » (S) et l’ancien occitan abriar, abrigar « couvrir, vêtir », le sens est encore tout près de celui du verbe latin.
  • 2. Depuis ca.1200 existe le verbe réfléchi s’abrigar ou s’abriar « se mettre à l’abri ». Le glissement de sens vers  « (se) protéger »  est commun à toutes les langues romanes.
    La forme de l’ancien occitan abriar, abrigar « couvrir, vêtir »  a été formé à partir du substantif abri, abric (Thesoc) 1 .   Cela explique la chute du -c- et l’apparition du -g-. Normalement le -c- aurait dû se maintenir.

Sabine Marterer, Acabailles gerbebaude pampaillet  : les régionalismes viticoles dans les Graves de Bordeaux. Pessac : Presses universitaires de Bordeaux, 2007  décrit très précisément la zone géographique du verber abriguer   « chausser, butter la vigne  à l’aide d’une charrue à chausser ».

 

  1. comme fr. abriter a été céé à partir de abrit.