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Les noms du chêne

Cassanus, robur, quercus, carra, blaca ,etc.

Le nom du chêne cassanus  est-il  gaulois?   Von Wartburg écrit dans le FEW (je résume) :

  1. *cássanus (la petite étoile signifie que le mot n’est pas attesté, mais reconstitué!), est peut-être d’origine celtique , mais le mot peut aussi bien être rerpris par les Gaulois aux peuples pré-celtiques. Le problème est que *cassanus ne se retrouve dans aucune autre langue celtique, et d’autre part que la répartition géographique du mot ne correspond pas non plus à celle d’un peuple pré-celtique.
  2. *cássanus est indigène dans toute la France, sauf dans les départements provençaux
  3. La répartition géographique du type *cassanus et des concurrents gaulois *derua, le préroman (?) carr et le latin robur n’est pas restée immuable au cours des siècles. Dans le Midi et notamment dans le Languedoc, le type *cassanus a été concurrencé et remplacé par des mots du type *carr- qui désignaient à l’origine des « taillis de chênes ». Là où nous trouvons le type *cássanus dans les patois modernes, il s’agit d’un emprunt aux patois nord-occitans, comme par exemple l’auvergnat.

Le professeur Henriette Walter écrit dans son « bestseller » L’aventure des mots français venus d’ailleurs », (Paris,Robert Lafont, 1997) p. 42 « Le nom du chêne était cassanos en gaulois, quercus en latin. » Elle a oublié de consulter le FEW , contrairement à Alain Rey pour son « Dictionnaire historique »Le chapitre que Mme Walter consacre à « Le chêne gaulois: présent partout » (p.42) demande quelques remarques.

Même si le chêne était « un objet de culte chez les Gaulois », cela n’implique pas que le nom *cassanus est d’origine gauloise. Le « service publique » est un objet de culte chez les Français, mais cela n’implique pas que les mots service et publique sont d’origine francaise. Et comment expliquer que les Gaulois de la Provence n’ont pas conservé ce mot? ou qu’on le retrouve dans des patois ibéro-romans, là où les Celtes ne se sont jamais installés?

Pourquoi rattacher la Provence au pays de chassaigne, si le mot n’y est pas indigène, mais un emprunt?. D’ailleurs la conclusion de Mme H. Walter, quand on regarde sa carte, que ca- est devenu cha- en Provence est fausse. La ligne qui sépare la zone où ca- s’est maintenu de la zone où ca- a évolué en ts-, ch- suit approximativement la ligne qui sépare le provençal et le languedocien des parlers nord-occitans. Voir la carte ci-dessous, couleur lavande = provençal , ocre foncé= languedocien. Ocre clair = nord occitan. La limite ca-/tsa a été décrite très précisement par Ronjat. ( BDP, voir aussi NVelay).

Lire l’article carr dans FEW!!! = préroman, peut-être basque!

Ci- dessous la carte à gauche : la ligne cassagne/chassaigne.(Mme Walter)                  A droite: au sud de la ligne blanche ca– > ca- en provençal, languedocien et gascon

Gascon: garric. Un des nombreux noms que peut prendre le chêne suivant la région et la variété. Dérivés : garrigar (ne pas prononcer le « r » final), et bien sûr « garriga » (prononcer « garrigo« ), mais ce dernier est plutôt languedocien. Voir l’article  Garriguette, la benjamine de la famille Garric

escós chêne ou autre arbre étêté. Prononcer « escous ou escoup

surrèr « chêne liège » Prononcer « surrè »; surrèda (prononcer entre « surrède » et « surrèdo ») : endroit planté de chênes liège

cassi est plutôt girondin, l’autre forme gasconne est casso (prononcez [cassou] en accentuant la première syllabe), cassiar (masc.), cassia o cassièra (fem.), et cassanha « chênaie ».

tausin « chêne tauzin » variante : taudin. Dérivés tausiar (prononcer « tawzia »), taudinar, tausièda (prononcer entre « tawziède » et « tawzièdo »)…, qui sont les forêts de chênes tauzins

Languedocien

Garric « chêne; chêne kermès ». Voir l’article Garriguette, la benjamine de la famille Garric

Le chêne blanc lo rore, lo roire, lo rove (prononcez [rouré], [rouiré], [rouvé]) « Quercus humilis subsp. lanuginosa, autrefois Quercus pubescens »

Comme nom de lieu le type robur est très répandu. Dans le site de l’IGN (Les chiffres donnent le nombre de lieux en France; en consultant le site vous pouvez retrouvez tous les détails : département, commune, coordonnés) j’ai trouvé:

116 noms de lieu pour roure: roure 66 rouré 3 rourebean 1 rourebeau 3 rourebel 6 rourebet 1 roureda 1 rouregros 1 rourelas 1 roures 4 rouressol 1 rouresson 1 rouret 14 rourette 1 rourèda 1 rourède 3 rourèdes 1 rourètrie 1 rouréa 1 rourée 1 rouréou 1 arrourets 1 auroure 2 et

21 pour roire: au rouire 1 bergerie de la rouire 1 col d’al rouire 1 col de rouire 1 en rouire 2 la rouire 1 le bois de rouire 1 le rouire 3 pech de rouire 1 puech de rouire 1 rouire 3 rouire ouest 1 rouire verdal 1 ruisseau de rouire 1 ruisseau du col de rouire 1 ruisseau du rouire 1

et beaucoup plus pour rouve : rouve 15 rouvé 1 rouveau 4 rouvecau 3 rouvegade 1 rouvegros 1 rouveillat 1 rouveille 1 rouveirac 1 rouveiret 3 rouveirette 1 rouveirole 1 rouveiroles 1 rouveirolle 2 rouveirolles 1 rouveirète 1 rouveix 8 rouvel 4 rouveladas 1 rouvelade 1 rouvelades 1 rouvelane 1 rouvelet 3 rouvelias 1 rouvelines 1 rouvelinière 1 rouvelière 1 rouvellac 1 rouvelle 1 rouvellière 1 rouvelon 1 rouvelong 1 rouvelot 1 rouvenac 3 rouvenaie 2 rouvenaz 1 rouvenet 1 rouvenoz 1 rouvenèdes 1 rouverade 1 rouverades 1 rouveral 1 rouverat 2 rouveray 3 rouverdal 2 rouvereau 1 rouvereaux 1 rouverel 1 rouveret 2 rouverets 1 rouverette 1 rouvergne 1 rouvergue 4 rouvergues 1 rouverieux 1 rouveroi 1 rouverol 3 rouverolles 1 rouverot 2 rouverou 1 rouveroux 2 rouveroye 1 rouvert 1 rouvery 1 rouves 7 rouvet 3 rouvets 2 rouvette 1 rouveure 3 rouveurette 1 rouvey 7 rouveya 1 rouveyrac 1 rouveyrasse 1 rouveyre 6 rouveyrenque 1 (à Congéniès près de Vergèze dans le Gard) rouveyres 1 rouveyret 2 rouveyrette 5 rouveyrieux 1 rouveyrol 4 rouveyrole 1 rouveyroles 1 rouveyrolle 4 rouveyrolles 4 rouveyrols 1 rouvède 1 rouvègues 1 rouvère 1 rouvès 2 rouvèze 1 rouvéreide 2 anrouve 1 bellerouveroye 1

blacha, blaca, blacàs, souvent aussi employés pour désigner le chêne blanc. s’applique à divers espèces : le chêne vert en plaine, le châtaignier en Cévennes, le chêne blanc un peu plus dans l’arrière-pays.

avaus « Quercus coccifera (chêne-kermès) »

rovièira, roveda, rovereda, roireda (en languedocien) /roviera (en provençal), »chênaie blanche »

roret, roet « un petit bois de chênes »

Blaca « chêne blanc ».  Dans le premier volume du FEW blaca est considéré avec beaucoup d’hésitations comme d’origine gotique dans l’article blakk- « reluisant, brillant »1, mais cet étymon n’est pas repris dans les éléments d’origine germanique.

 D’après les généalogistes le nom de famille  Blachère dérivé de blaca 

 est fréquent dans l’Ardèche, où l’on trouve aussi la forme Blacher. C’est un toponyme désignant un bois de chênes blancs (occitan blaca). Le chêne blanc (ou Quercus pubescens) est considéré comme un des meilleurs chênes truffiers. De nombreux hameaux s’appellent (la) Blachère dans l’Ardèche et la Lozère. Formes voisines : Blacheyre (42), Blachier (07), Blache (26, 38), Blacas, Blachas (83, 84, 34, 48), Blachette (07, 26)

Google  me fournit 2 autres sources:

Dans Mélanges de philologie romane offerts à Charles Camproux: Volume 2

BLACAS, spécialement nom noble, est un augmentatif provençal de blaca, mot du Sud-Est, d’origine pré-gauloise, désignant originairement un taillis de chênes. BREA. Ludovic Brea : in « Theatrum Statuum Sabaudiae Ducis », Amsterdam, 1682.

et dans la Zeitschrift für romanische Philologie vol.79(1963)

J. Ubaud  ne dit rien sur l’étymologie  du mot  mais précise la répartition géographique :

blacha, blaca, blacàs, souvent aussi employés pour le (sc. le rore)  désigner, ces noms semblent concerner à l’origine des baliveaux (donc des jeunes arbres, nous l’avons déjà signalé dans l’article précédent) s’appliquant à divers espèces : le chêne vert en plaine, le châtaignier en Cévennes 2 , le chêne blanc un peu plus dans l’arrière-pays.

blaquièira (ou plus au nord blachièira) ou blacareda un collectif, désignerait un taillis de jeunes chênes blancs, mais il nous semble plutôt employé dans les zones de l’arrière-pays (pied du Larzac, Larzac, Haute Provence) où les toponymes dérivés abondent : Blaquières, Saint Jean de la Blaquière, La Blacarède, La Blachière, Les Blaquettes.

 

Le FEW écrit que  blakk-    est peut-être une forme du germanique  blank  « blanc ». On trouve en effet des formes dénasalisées de blank  dans les langues germaniques  comme le norvégien blakr  « chatoyer ». Les feuilles du chêne blanc sont en effet chatoyants.

Rore ramièr (de rama feuillage ) utilisé pour le fourrage pour les bêtes

rore aglanièr, destiné à fournir des glands aux bestiaux); engalar un teissut, c’était passer un tissu à la noix de galle.

Dans http://www.ulb.ac.be/philo/spf/langue/exam.htm (sauf gardé sous Divers) :

9. Les Lat. disaient quercus pour « chêne », d’où l’italien quercia. Ils avaient aussi robur « chêne rouvre, sorte de chêne très dur » > it. rovere, esp. roble. Chêne doit venir d’un *cassanus, mot pré-latin. Pourquoi pense-t-on qu’il soit celtique? a) Il serait conservé à cause du rôle religieux du chêne dans le druidisme; b) On trouve en esp. quejigo, sans doute de la racine cax- > cassanus/. *Cassanus, aurait dû donner en fr. *châne, *chasne comme dans asinus > as’nus > âne; *mâtrastra > marâtre « femme du père »; *salmaster > saumâtre. La forme régulière est du reste fournie par le wallon tchâgne. *Cassanus a donc évolué en chaisne par réfection analogique sous l’influence de fraisne, frêne < fraxinus. *Cassanus + suff. -eta pour désigner des « collectifs d’arbres » > top. Chênée. En France, on trouve Casseneuil, Chasseneuil (= Cassano+ ialo « localité des chênes »).

Catalan roure (DE)

Une liste des noms du chêne en galloroman et en catalan.

Tuaillon, Gaston (1971), “ ‘Chêne‘ et ‘frêne‘ en gallo-roman“, Revue de Linguistique Romane 35: 196-230.
(L: French, Occitan, Gallo-Romance; C: oak, ash tree)

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  1. Petite erreur dans FEW 1: westhälfte doit être osthälfte
  2. Je n’ai pas retrouvé l’attestation de « châtaignier ». Il n’y a que Mistral qui écrit « taillis de chêne ou de  châtaigner »

Abrivado, abrivar

Abrivada, abrivado s.f. « fête traditionnelle camarguaise pendant laquelle les taureaux sont amenés aux arènes » ; autrefois « poisson d’avril ».

abrivado

L’abbé de Sauvages donne comme sens d’abrivado : « élan, ou mouvement subit avec effort de celui qui saute ou qui court », mais le prieur Seguier connaît à la même époque le sens  « attraper quelqu’un le 1er avril »   (SeguierI f.90r qui conjugue: l’ant abbriva; s’est laissa abbriva; l’abbriveront; vous abbrivara) et pour lui l’abrivado est un « poisson d’avril » .

En 2011 une visiteuse me confirme : « J’ai entendu cette expression  s’es fach abrivar  « il s’est fait attraper » dans le Tarn, Monts de Lacaune et il me semble que mes cousins de l’ Aveyron (limitrophe) le disaient aussi.
Pour Louis Rouquier (2e moitié 19e siècle) l’ abrivado est une « farce »(Rouquier1).

Abrivado est un dérivé du gaulois *brivos « force, courage, vivacité » , attesté dans les langues celtiques et en ancien occitan briu « impétuosité, empressement ; valeur, force ; court espace de temps ; attaque ».  En languedocien moderne briou signifie  « espace de temps », dans l’Aveyron brieu « espace de temps assez long »  ou briu « étendue, espace ». A Manduel em briou signifie » longtemps » et on en fait un bravo briou.

Le verbe ancien occitan abrivar, ou s’abriva signifie  « (se) hâter, (s’) élancer ».  Ce sens s’est spécialisé  en provençal de Barcelonnette : abriva « goulu » et le verbe s’abrivar « se jeter brusquement sur quelque chose, sur des aliments en particulier. »

La tradition camarguaise veut que  des jeunes font tout ce qu’ils peuvent pour écarter les chevaux afin de voir s’échapper les taureaux ; tout ou presque est permis : jet de farine, feu, pétards, banderoles qui sortent de nulle part pour essayer d’effrayer les chevaux. Ce sens se rattache bien au sens « mouvement subit  » et  » poisson d’avril « .
Dans la Notice des Travaux de l’Académie du Gard pendant l’année 1807 (!!) numérisée par Google, j’ai trouvé une description en vers par Madame Verdier de la Course camargaise 1807. C’est très amusant à lire.

La famille de mots *brivos est bien implantée dans le Midi, (cf. Alibert, s.v. abrivar et briu pour les sens et les nombreux dérivés). Français, espagnol, portugais et italien brio ont été empruntés à l’occitan. Les patois d’oïl ont surtout repris le verbe abriver, embruer « lancer, mettre en train » .

Par hasard je suis tombé sur le site www.herodote.net qui explique le pourquoi des  » poissons d’avril  » :

Depuis près d’un demi millénaire, le 1er avril donne lieu en France et dans quelques autres pays à d’aimables farces surtout pratiquées par les enfants et leurs parents. Cette tradition semble remonter au roi Charles IX. Avant lui, en France, l’année calendaire commençait le 25 mars et, de ce jour jusqu’au 1er avril, les Français avaient coutume de se faire des cadeaux pour célébrer le passage à l’année nouvelle. Par l’Edit de Roussillon du 9 août 1564, le roi de France décida de reporter le début de l’année au 1er janvier, sans doute pour s’aligner sur les pays voisins. Cette décision fut généralisée à l’ensemble des pays catholiques en 1582 par la papauté.
En souvenir des temps anciens, les Français n’en continuèrent pas moins à se faire des cadeaux « pour rire » à l’occasion du 1er avril. Comme le 1er avril coïncidait aussi avec la fermeture de la pêche, la période étant réservée au frai, des plaisantins auraient eu la bonne idée de lancer dans les rivières des harengs pour tromper l’impatience des pêcheurs d’eau douce ! De là, croit-on, l’origine des « poissons d’avril ».

Mais il y a d’autres explications : « On appelle Poisson d’Avril, un poisson de figure longue & menuë dont on fait une pesche fort abondante en cette saison, qu’on nomme autrement Maquereau : & parce qu’on appelle du même nom les entremetteurs des amours illicites, cela est cause qu’on nomme aussi ces gens-là Poissons d’Avril.  » (Dictionnaire d’Antoine Furetière (1690.)

Rachalan

Inspiré par une visite de la Combe des Bourguignons  à Marguerittes, j’ai cherché l’étymologie de rachalan.

Wikipedia :

La « combe des Bourguignons » : Le 2 août 1989, un violent incendie ravageait les collines dominant Marguerittes au nord, mettant au jour d’anciens enclos agricoles, avec leur cabane et murs en pierre sèche, édifiés par les petites gens de Marguerittes (ou rachalans) au lieu-dit « la combe des Bourguignons ». Les ouvrages, bâtis à l’aide du matériau calcaire extrait du sol, ont été restaurés tandis que certaines parcelles étaient replantées de vignes et d’oliviers comme autrefois. Depuis 2002, un parcours d’interprétation, long de 1,9 kilomètre, fait découvrir ce qu’était la vie dans la garrigue. Un conservatoire variétal permet également de mieux connaître l’olivier3,4.

Un extrait du site http://www.nemausensis.com/

Le Rachalan  (lien vers la page)
A l’époque où, sous l’impulsion particulière des tisserands, la Garrigue se transforma, de nombreux terrains, incultes jusqu’alors se couvrirent de vignes, d’olivettes, d’amandiers et d’une flore toute nouvelle. Pour mettre ces terrains en culture et les entretenir, terrains dont beaucoup aujourd’hui sont retournés à l’état d’inculte, Nîmes eut alors un type local, devenu introuvable de nos jours : le Rachalan.
Le Rachalan, en langage vulgaire lou racho ou travaiadou, était l’ouvrier agricole travaillant dans la Garrigue, cultivant un bout de champ à lui, soignant particulièrement ceux des autres et faisant les travaux de culture et d’entretien que ne pouvait faire le masetier lui-même, taffetassier, artisan ou bourgeois, occupé ailleurs.
A-dessus dou rache proprement dit, il y avait lou baile rachalan ou chef de colle, qui était un petit entrepreneur de travaux agricoles, ayant sous ses ordres trois ou quatre ouvriers, qu’il employait, concurremment avec lui, aux divers travaux de la Garrigue. La plupart des rachalans possédaient un âne, leur inséparable compagnon de travail : .. lou bechar sus l’espalo, la biasso au col, l’ase davan, lou rachalan camino ver la vigno ; … a écrit Bigot.

Cet âne constituait un véritable capital pour le travaiadou ; il portait un bât auquel on suspendait de chaque côté une banaste, servant à transporter dans les champs les outils du rachalan, le fumier et tout ce qui était nécessaire aux cultures, et à descendre en ville les récoltes diverses de la Garrigue : olives, raisins amandes, etc.
Quelquefois, en plus de son âne, le rachalan avait un chien loubet, ce qui était un luxe et lui valait le surnom de rachalan di double.
ait rachalan dé délai vivié dé soun traval et dé quaouqui soou, embé si fiyo, un ase et soun chin gardo-biasso-loubé qu’à l’oucasioun èro un paou chin de casso (Bigot : l’Ase et lou Chin).

Etymologie.

D’aorès E.Serran, Les masets nimois.  (Revue du Midi. Tome XXII, 1898, pp314-334) p.322 cité par Claude Achard :

Le rachalan est le cultivateur nîmois se rendant à son travail monté sur son âne. Dans l’idiome local rache signifie « âne »

Dans le Trésor de Mistral, les mots racho et racahalan sont bien présents, mais pas avec le sens âne:

RachalanMistralIl suggère une racine romane rascalau  et le sens serait alors « racler » , mais normalement le -s- est conservé dans cette famille de mots qui viennent d’une racine rasicare. Voir par exemple l’article rascar.  Voir aussi le verbe racher dans le CNRTL

 D’autres sobriquets pour les Nîmois dans l’article reboussier

 

 

Traversier

Traversier « bande de terre » dans une partie des Cévennes. Français régional. D’après Alibert traversier « traversin; pièce en travers , traversine; adjectif contrariant ».


dessin de Michel Rouvière

Dans le site magnifique www.pierreseche.com  l’auteur précise que ce nom est limité à la région du Vigan et de Valleraugue. (Ayant habité à Valleraugue, je connaissais uniquement ce mot traversier)  En Ardèche  c’est « une terrasse transversale barrant une parcelle, en pente ».

Traversoier vient  du latin transversarius. Le mot en ancien occitan traversier signifie « traversin » (Narbonne, XIVe s.) ou « mur transversal »(XIIIe s.) ou comme adj. « transversal, mis de travers ».

C. Lassure écrit dans son site:

« en fait, si l’on se fie à des prix-faits du XVIIe et du XVIIIe siècles publiés par Adrienne Durand-Tullou et Y. Chassin de Guerny, on s’aperçoit que le terme désignait les murs en pierre sèche eux-mêmes, à l’exception des murs de démarcation en haut et en bas de la parcelle : « 16 cannes de traversiers à pierre sèche » (1653) (Aumessas);- « 4 traversiers (…) de hauteur convenable » (1661) (Alzon / Arrigas);- « construire 12 murailles à pierre crue et de bonne qualité, savoir 10 en traversiers pour soutenir le terrain » (1788) (Saint-Laurent-le-Minier). Il saute aux yeux qu’un traversier est en premier lieu un « mur traversier » et que ce n’est que par métonymie qu’il en est venu à prendre le sens de « terrasse soutenue par un mur. »

Notre attestation du XIIIe siècle confirme son opinion.

 

Photo de Michel Rouvière

Bigour

Bigour, bigornau « murex » (Alibert), « littorine » (Panoccitan). Voir plusieurs sites Wikpedia à partir de Murex. Le sens exact ne m’est pas connu, il doit varier d’un endroit à l’autre.

                    Murex                                                          Bigorneau                                                                            Murex pourpier

C’est à partir d’une glande du murex (Bolinus brandaris) que les anciens ont obtenu la fameuse pourpre de couleur violacée. Utilisée pour teindre le parchemin et en teinture des tissus. C’était un pigment très très cher, connu   dès 1600 av. JC. La pourpre  a été utilisée jusqu’au haut moyen-âge. La recette aurait ensuite été perdue.  Il faut plus de 10 000 individus pour obtenir environ 1 gr. de pigment. Couleur citée par Pline l’Ancien, M. Pastoureau, F. Brunello..Tiré du site http://www.or-pigments.com/animaux.html. Dans la page Tyrian purple , d’un autre site, il y a une traduction en anglais de la recette de Pline l’Ancien. suivie d’un cours de chimie!

L’étymologie de bigour est latin bicornis « qui a deux cornes ou deux branches ». Le sens du mot s’adapte à son environnement. En français un bigorneau  est une espèce de petite enclume , et dans le milieu des corroyeurs une masse en bois qui sert à fouler les peaux mouillées; dans le Morvan on nomme bigour un trépied pour travailler le bois.   Le bigorne est aussi  un animal à deux cornes, par ex. en Suisse « un petit escargot » en Bretagne « un limaçon de mer, comestible », en Poitou c’est « un animal fantastique à deux cornes ». Enfin on s’en sert pour décrire des défauts corporels ou psychiques: dans le Queyras bigorno « personne stupide ».

Fougnar

Fougna,  fonhar a deux significations  en occitan 1. « pousser, cogner, soulever, presser » etc. 2. « bouder,  faire la tête ». Le composé fougne-merde prouve que le verbe languedocien fougna a (eu) deux sens

  • 1) fouiller, fureter, péjoratif ou parlant des animaux
  • 2) grogner, bouder. .
Il représente un verbe latin*fundiare « fouiller la terre  (en parlant du sanglier) » dérivé du latin fundus « fond ; terre ».

Le sens « fouiller » est attesté à Nice et dans le dictionnaire d’Alibert s.v. fonhar « pousser, cogner, soulever, fouiller ». On le retrouve dans le Nord-est de la France et en Wallonie.

Le sens « bouder » est issu du premier par la comparaison d’un animal qui fouille la terre aux joues gonflées d’une personne qui boude. Fougner en français .régrégional (Lhubac). Il  se trouve en Normandie, Le Maine, Poitou, Franche-Comté, en provençal et en est-languedocien : par ex. Alès « faire grise mine », jusqu’en Velay et au Périgord, mais pas en gascon.

. Se fougner veut dire « s’éviter » : « Toutefois à certaines occasions… on se fougnait » (Domergue p.161). Fougna  est à l’origine de nombreux dérivés comme fougnaire « boudeur »  et de

Fougnarello « ancienne danse provençale mentionné par C.Brueys » (Mistral, mais il m’est impossible de retrouver le passage exact. Il n’est pas impossible qu’il s’agit d’un mot « fantôme », mais il me permet une petite excursion dans le moinde de la danse et de la musique1).

Ce dérivé.  de fougna « bouder ». « La Fougnarello (“Boudeuse”)  paraît se rattacher au mythe de la Mort de l’Hiver  qui ressemble à l’Angrismène des Grecs et à la Fachée française ». (Christian Mandon ‘L’origine de l’arbre de mai’ A paraître). Cette danse est exécutée en honneur de Vénus.


Coré d’Eutydichos dite « Boudeuse »,

Il y a aussi un ballet dont Stravisky a composé la musique. Dans La Fâchée les acteurs dansent  l’histoire d’une belle qui refuse les avances d’un amant.  Quand, désespéré, il tente de se suicider, elle accourt et tout finit bien. L’histoire complète de cette danse  se trouve dans le site : http://www.streetswing.com/histmain/z3angry.htm  (en anglais).

 

  1. Vu les liens étroits entre la Provence et la Grèce avant l’arrivée des Romains, il est intéressant de noter que cette danse provençale correspond à l’Angrismène  une danse  qui est toujours très populaire en Grèce et cela depuis l’Antiquité.

Parabole de l’Enfant Prodigue

La Parabole de l’Enfant Prodigue et les dialectes .

La Parabole de l’Enfant Prodigue, particulière à l’évangile selon Saint Luc (XV 11-32), a des lettres de noblesse dialectologiques. En effet, en 1807, M. de Champagny, ministre de l’Intérieur, charge Charles Coquebert de Montbret, homme de science et ancien diplomate, d’entreprendre, pour le bureau de la statistique, une enquête sur les langues parlées dans l’Empire français. Celui-ci envoie aux préfets, qui transmettent aux maires, notaires, juges de paix de leur département, un questionnaire comportant notamment la traduction en langage local de la Parabole de
l’Enfant Prodigue. Les réponses reçues nous sont conservées dans un ouvrage publié par son fils, Eugène Coquebert de Montbret : Mélanges sur les langues, dialectes et patois, Paris 1831, in 8°.
Par la suite, la traduction de la Parabole de l’Enfant prodigue en patois est devenu un exercice relativement courant.  (Aredius44)

1.2.1.Le XIXe siècle : naissance de la dialectologie (1807-1876)

Le XIXe siècle est marqué dans l’histoire de la linguistique française par la naissance de la dialectologie, qui s’affranchit du monde des érudits locaux et de la philologie, pour devenir une discipline scientifique à part entière aux environs de 1870. C’est d’ailleurs moins par les acquis du terrain, puisque jusqu’à cette date il n’y a pas eu de véritable enquête scientifique, que par l’apport des méthodes allemandes professées par P. Meyer et G. Paris dans leurs cours de philologie essentiellement consacrés aux textes anciens, que cette science qui allait devenir la dialectologie s’est constituée. Ainsi en 1883, le premier enseignement de dialectolologie donné par J. Gilliéron est encore rattaché à l’étude des « variations dialectales de l’ancien français » (Romania, 1883, XIII, p. 138).
Néanmoins, certains travaux philologiques précédant cette période doivent être pris en compte en raison de leur intérêt particulier et de leur influence sur les études qui leur ont succédé (cf. Pop, 1950, p. 14 et sq.). Cependant avant de parcourir ces enquêtes, on remarquera l’absence de réponse concernant les parlers du Croissant dans l’enquête de l’Abbé Grégoire qui s’est déroulée pendant la Révolution. Il est vrai qu’il s’agissait moins de recenser les patois que de mesurer l’emploi de la langue nationale par les Français.

1.2.1.1. L’enquête de l’Empire et les Coquebert de Montbret (1807-1812)

Cette enquête par correspondance, dirigée par les Coquebert de Montbret, père et fils, se déroula de 1807 à 1812. Son but était essentiellement statistique, puisqu’elle tentait de dénombrer les locuteurs de chaque dialecte parlé sur le vaste territoire résultant des conquêtes napoléoniennes. Elle prit un aspect particulier dans le Croissant, où les investigations et les échanges de correspondances s’intensifièrent lorsque les Coquebert de Montbret se rendirent compte de l’importance de la limite oc-oïl, à partir de 1808 (cf. Brun-Trigaud, 1990, pp. 33-82). Dès lors, il s’est agi pour les informateurs d’établir avec le plus de précision possible (commune par commune) « la ligne de démarcation qui sépare le français proprement dit de l’idiome du Midi », en illustrant la différenciation dialectale par des traductions de la Parabole de l’Enfant prodigue.
Un rapport manuscrit daté de 1812 établit un premier bilan de cette enquête, avant les deux publications d’un choix de Paraboles en 1824 et 1831. Cette dernière est accompagnée d’un « Essai d’un travail sur la géographie de la langue française » donnant les méthodes et les résultats de cette enquête. Aujourd’hui la correspondance et les versions de la Parabole sont conservées à la Bibliothèque Nationale et aux Archives Nationales (cf. Bibliographie).

la parabole  enregistrée par moi dans les années ’60 à Giaglione; 10050 Giaglione TO (Italie)

ICI vous pouvez écouter le Parabole en occitan languedocien (CNRS)
ICI vous pouvez écouter le Parabole en occitan gascon (CNRS)
ICI
vous pouvez écouter le Parabole en occitan en occitan limousin de Puynormand (CNRS)

La parabole de l’enfant prodigue
en patois du canton de Lasalle-Saint Pierre(Gard),
publié par E.Fesquet dans la revue Romania XI (1884), pp.55-56

Semblanso de l’Efan bourgal (prodigalis)

Un ome avié dous efans. Lou mendre li diguet : « Paire, baiIo mi ce que deu mi reveni de toun be »; e lou paire lus despartiguet soun avedre. À cauque tems d’aqui quand aguet amassat tout ce qu’avié, lou mendre s »enanet ièn din l’estrange, ounte debouriguet soun deque a visquet din lou mau gouvern. E quand aguet tout degavahiat, uno carestié folo, cazet sus la countrado. S’atroubavo sens res. Intret adoun pèr sirven aco d’un del pais, que lou mandet à sa borio garda lous poucels. Aurié be viergut aqi manja soun ramplimen de las couroubios que si trajieu as quèchous, mès degus noun l’en tenié. A la fi, si remembran, el diguèt: » Que de travahiadous à l’oustau pairoulau qu’òu de pan mai que soun prou, e ieu mourisse de fam ! Vau parti ; anarai trouba moun paire e li dirai :  » Paire, ai pecat cronto lou ciel e cronto tu ; noun amerite que mi digou toun filh ; fai mi coumo à l’un de tous sirvens  » Piei partiguet e anet trouba soun paire, qu’en lou devistan de ièn, seguet tout pietadous, couriguet à soun endavan, si traguet à soun col a l’abrasset. – Mès soun filh li diguet:  » Paire, ai pecat cronto lou ciel e cronto tu, a noun amerite que mi digou toun filh. » – Adoun lou paire diguet à sous sirvens: » Anas quèrre la pus poulido raubo e cargaz lo-li ; mettèz-li uno bago al det e bailaz-li per si caussà. Menaz aici lo bedel gras e aucisèz-lou. Mangen e larguejen, quar moun filh que vesèz ero mort e es reviendrat, ero perdut e es retroubat. E coumencèrou de largueja.
Sus aco, soun màjou qu’ero per chestres tournet, e, si sarran de l »oustau, auziguet que s’i cantavo, e que s’i dansavo. Sounet sus lou cop un des sirvens per saupre d’el deque ero tout acò. Aqueste li diguet:  » Toun fraire es tournat; e toun paire o fatz sanna lou bedel gras, peroc que o retroubat soun filh en bon pourtamen. Lou jouve ni seguet escoufès e noun vierguet intra. Adoun soun paire sourtiguet per l’en prega ; mès el repouteguet à soun paire:  » Io sai pas quan que ti servisse sens avedre jammai fatz qu’à toun voulé, e pamen noun m’as jammai bailat un cabrit per largueja embé mous counpans. Mès, quand tourno toun autre filh qu’o fatz putofi embé de descabestrados, tu fas sanna per el lou bedel gras!  » « Moun filh li respoundeguet soun paire, siès toutjourn embé ieu e tout ce qu’ai es tieune ; mès cahié be fa regalo, e roio, peroc que toun fraire que vezes ero mort e qu’es revieudat, qu’ero perdut e es retroubat.  »

Bourgal a pour synonymes: larguié, boubancié, degahié, degavahiadou degahiou, degatiboul, manjaire mannjarèl, etc.
Degavahia,  » dissiper, prodiguer.  » (par le latin gabalus)
Couroubios,  » carouges « , se dit aussi esparx.
Quèchou, cochon, porc, = sp. GOCHO,
Soun deque « son avoir.  » Au lieu de semblanso, on dit aussi paraulo (parabola).
Si traguet à soun col = l’acoulet.
Sirven. On dit aussi doumège (domesticus).
Peroc que = ital. perroche X persoque = ital. perciocche.
Dansa, = balla, ital. ballare.
Lou mendre, le plus jeune (minor).
Majou  » l’aîné  » d’une famille (majorem)

Parabole de l Enfant prodigue en langue vaudoise extraite d un Nouveau Testament de la Secte des Vaudois manuscrit du treizième siècle de la Bibliothèque de Grenoble . Tiré de : Nouvelles recherches sur les patois; ou, Idiomes vulgaires de la France, et ...
Par Champollion-Figeac (Jacques-Joseph, M.). Lien direct vers la page : Vaudois, 13e siècle

Parabole de l Enfant prodigue en patois du canton de l’Oysan au sud-est de Grenoble. Tiré de : Nouvelles recherches sur les patois; ou, Idiomes vulgaires de la France, et ...Par Champollion-Figeac (Jacques-Joseph, M.). Lien direct vers la page : Oysan 19e s.

Parabole de l Enfant prodigue en patois de l’ancien pays de Trièves au sud de Grenoble. Tiré de : Nouvelles recherches sur les patois; ou, Idiomes vulgaires de la France, et ...Par Champollion-Figeac (Jacques-Joseph, M.). Lien direct vers la page : Trièves, 19e s.

M. Coquebert de Montbret a publié des Mélanges sur les langues, dialectes et patois, renfermant entre autres la collection de la parabole de l’ENFANT PRODIGUE, en cent idiômes différens, presque tous de France, Paris, 1831, in-8° de 571 pag. Ces paraboles sont tirées de la collection des Mémoires des antiquaires de France, t. vi, 1824, pp. 432-545. Cette collection renferme une infinité d’articles sur les patois, fournis par des savans, entre autres par MM. Monnier, Richard, etc. — Nous ne tarderons pas à mettre sous presse une Bibliothèque idio-bourguignone, contenant la liste raisonnée de tous les ouvrages qui ont paru en patois bourguignon. Cet ouvrage est terminé.

Les traductions commencent à la page 457. Regardez d’abord la « Table des matières ».

En patois de Nahrte, Auvergne p.457

En patois de Rodez (Aveyron) p.498

En patois de Montauban (Tarn et Garonne) p.499

En patois de La Réole (Gironde) p.500 suivi de la traduction en patois du Gers (p.501), du dép. de la Haute Garonne (p.502), en patois de Pamiers (Ariège),p.503, en patois de l’arrondissement de Foix (p.504) en patois de l’extrémité de l’arrondissement de Foix, du côté de l’Espagne, p.505. etc.

En 2005 j’avais trouvé la note ci-dessus, mais sans le lien vers les Mémoires. Un ami me l’a signalée et je l’insère dans cette page en le remerciant. C’est un vieux projet que j’avais conçu lors des recherches faites pour le BDP dans les années ’60… Il y a un projet analogue dans le site de Lexilogos. qui semble dormir un peu.

Et une grande quantité de patois italiens. Un travail formidable fait à l’Université Humboldt à Berlin. Un Atlas linguistique Acoustique. Le son et la transcription phonétique. Vous y trouverez 4 villages où on parle provençal:

Limone, Pontebernardo, Rochemolle et Sauze de Cesane.

A suivre et surtout à compléter par vous!

Chichouiller

Français régional chichouiller  signifie « faire des manières à table, triturer les mets » (And; confirmé par un Nîmois de souche, le 29 janvier 2005). Chichouiller fait partie d’une famille de mots dont l’origine est une suite de sons avec une valeur expressive tšitš- qui, comme une suite analogue tšikk-, désigne « quelque chose de petit », et au figuré « de peu de valeur ».  En français  nous avons par exemple chiche « avare » et chichi  « boucles frisées » . (Comme chichis  signifie « seins » en espagnol je ne trouve pas d’images des  chichis  « boucles frisées » sur internet).

ortolan

chichi-begu

Dans le domaine occitan nous trouvons en provençal chichi  « oiseau; pou (terme enfantin) » , en Vaucluse chichi-begu « ortolan » un tout petit oiseau et chichet « petit chien » (Toulouse). Des formes du type chichoul- se trouvent surtout en dauphinois jusu’à Montélimar et désignent des « mouillettes de pain dans du vin ».  A Pézenas est attesté le verbe s’enchichourlá « s’enivrer légèrement ».
Il semble que chichouille revit. J’ai même trouvé une Confrérie des amamateurs de Chichouille. et un site www.chichouille.net ….
Les attestations de cette famille de mots dans les dictionnaires patois sont relativement rares et d’autre part il y a peu de continuité géographique, à l’exception du type chichoul- . Il est possible que les dictionnaires l’ont négligé parce que souvent il s’agit de termes du langage des enfants. Une autre possiblité est que les mots sont créés localement: Nîmes chichouiller , mais à Paris chichiter et chichiteux « qui fait des difficultés ». Un lecteur du Vaunage, à l’ouest de Nîmes, m’écrit que sa grand-mère disait toujours chauchiller, ce qui renforce l’hypothèse d’une origine onomatopéique avec une forte valeur expressive.

le bolsín est une petite Bourse

Il y a quelques jours j’ai reçu un mail:

La demi finale du bolsin aura lieu à Manduel le jeudi 17 août 2017 à 18 heures aux arènes de Manduel.

Habitant  Manduel depuis plus de 20 ans,  connais un peu la course camarguaise, l’abrivadole raset et le raseteur, les spectateurs qui avertissent le raseteur avec  avisa lo biou et le toro piscine bien sûr, mais pas le bolsin non. Google m’indique qu’il y en a plusieurs dans la région, mais pas la signification du mot, qui est aussi  introuvable dans les  dictionnaires occitans et français.

Enfin dans l’article becerrada Wikipedia m’explique qu’il s’agit de tauromachie et pas du tout  de course camarguaise, une manifestation pour les aficionados et une nouveauté:

Entre becerrada et novillada est apparu un nouveau type de corrida pour débutants : le bolsin, qui n’est répertorié dans aucune encyclopédie. C’est aussi une corrida d’apprentissage qui se déroule avec des erales (veaux de moins de deux ans) et qui répond aux mêmes règles que la becerrada, que la novillada, que la corrida, et qui se déroule en habit de lumières11.

La note 11 « définition de bolsin »,,  m’amène à une page avec plus de détails(www.imagesplus.fr) :

BolsinPhotothèque

L’auteur écrit « le mot bolsin signifie « coulisse » en espagnol.  Comme d’habitude je vérifie. Le mot espagnol n’est pas bolsin, mais bolsín
(On prononce le  -i- et le -n). Ce sens ne se trouve pas dans le dictionnaire de la Real Academia, qui le définit comme une petite bourse ou marché:

bolsinRAEIl s’agit donc d’une réunion de boursiers en dehors des heures et du site réglementé.  L’etymologie est le mot bolsa « bourse » c’est-à-dire au sens de « Lieu où des personnes (négociants, agents de changes, courtiers, etc.) s’assemblent périodiquement » etc.  La Real Academia écrit:

bolsa deuxL’étymologie fournie par la Real Academia est le nom de famille flamande van der Bourse à Bruges.
Cela m’étonne, mais elle est aussi mentionnée avec réserve, dans le Trésor de la languefrançaise (CNRTL):

Guichardin dans sa Description des Pays-Bas [1567] chapitre Il Ritratto della Borsa d’Anversa, le mot borsa, d’abord appliqué à la bourse de Bruges, devrait son nom à une place où se trouvait la maison, ornée de trois bourses d’une noble famille appelée della Borsa [van Der Burse], lieu de réunion des commerçants de la ville

et  par le dictionnaire étymologique du néerlandais, qui y ajoute  :

Le mot flamand/néerlandais Beurs a été emprunté par différentes langues: allemand Börse [1531]; Anglais bourse; danois Børs; suédois Börs; norvégien Børs; français Bourse (encore avec majuscule) [1549]; Italien (via français) Borsa [18ème siècle]; espagnol bolsa.

L’hstoire de bolsin est récente. Une discussion dans le forum de  Wordreference   nous explique  que

Hoy en día el término[bolsin taurino] se refiere a un concurso para maletillas o aspirantes jóvenes (menores de 21 años) a toreros. Hay muchos al año y en distintas localidades de España. Pero hay referencias periodísticas de hace bastantes años en donde el término se empleaba con el sentido actual de « escalafón » [fr; hiérarchie; échelle]. Veamos unos ejemplos:

El origen del término « bolsín taurino » es el de « bolsa taurina« . Bolsa taurina era en el toreo, parece ser, lo que la bolsa de comercio en el mundo empresarial (comercial e industrial). Como ya dije anteriormente, lo que actualmente se denomina « escalafón ». He encontrado un artículo titulado « Alza y Baja » en el periódico madrileño « El Enano » del 23 de agosto de 1908, donde se puede leer:

« No hay cosa más variable y que esté sujeto á fluctuaciones que el papel taurino… En fin, lectores apreciables, que si todas las bolsas son inseguras, oscilantes y engañosas, la bolsa taurina es sobre cualquier otra de las que oscila más y alucina más. Y no hablemos del alza y baja de los matadores ya conocidos y juzgados de antes. Las corridas de provincias influyen en el mercado taurino con una eficacia aterradora… »

« Sigue subiendo el papel Quinito, que es el que más alto se cotiza este año en la Bolsa taurina. »
El País, Madrid, 9-5-1902.

Los Márquez, que tan lisonjera subida experimentaron en la bolsa taurina el lunes de Pascua, tuvieron el domingo último una lamentable depreciación. Es lástima. Estos valores, en alza durante el año anterior en casi todos los mercados de provincias, se cotizaron muy altos también en Madrid. ¿Por qué esta baja tan sensible? El pánico en las operaciones últimas pudieran explicar el fenómeno. Un poco de buena voluntad, más ánimo y menos mandanga es lo que falta a los Márguez para volver a recuperar el valor momentáneamente perdido.
Muchas Gracias, Madrid, 25-4-1925.

En français la même évolution s’est produite.(Voir bourse2 CNRTL). On parle de la Bourse du Travail, d’une bourse de timbres, et quand j’étais artisan lapidaire j’allais à des Bourses aux minéraux et fossiles.

 

 

 

 

Zeneto, genette

Zeneto « espèce de civette » fr. genette. »

Originaire d’Afrique du Nord, ce petit carnivore farouche au corps allongé – d’une longueur totale de 90 cm dont la moitié pour la queue – se distingue par un pelage gris tacheté de noir et une queue annelée gris noir. Il est difficile d’apercevoir la genette car elle a une activité nocturne ; pourtant elle est bien présente dans les Corbières depuis plus de 1000 ans. En effet elle fut introduite en Espagne et en France lors des invasions sarrasines. Les musulmans l’avaient apprivoisée pour chasser les souris dans les habitations. C’est pourquoi elle figure sur certains tableaux médiévaux du Languedoc avant que n’apparaisse le chat domestique.

De nos jours « la genette bénéficie d’une protection totale sur le territoire national qui favorise son expansion au nord de la Loire et vers l’est du Rhône. » m’écrit Patrick Valette, technicien forestier de l’Office National des Forêts. Un site intéressant sur la genette : http://www.carnivores-rapaces.org/Genette/population.htm

L’histoire de l’animal nous donne l’histoire de son nom qui est venu par le catalan geneta, l’espagol jineta ou le portugais. gineta qui proviennent de l’arabe ğarnait « civette ». Je cite le mot parce que dans les dictionnaires dialectaux on ne le trouve que pour le Gard et l’Hérault. Pourquoi ? Si vous pouvez me renseigner, n’hésitez pas ! Il est déjà attesté par l’abbé de Sauvages  châinè au debut du XVIIIe siècle.!  Il ajoute que « la fiente  sent le Musc. Merdo da châinè .

        

                                        La genette.                                         Répartition géographique

Dans le site http://sarah.vanden.free.fr/pages/historique.html  il y a une image provenant de « La Dame à la licorne : six tapisseries exécutées à la fin du XVe siècle par l’un des plus grands artistes, le Maître de Moulins, qui imagina cet ensemble à la demande de Jean IV Le Viste, président de la Cour des Aides à Paris. »

La plupart des animaux y vont par couple prédateur-chassé ; par exemple, la genette et le lapin. La genette symbolise l’inconstance et la rouerie. Le lapin, qui a l’époque s’appelait connil du latin cunniculus, est le symbole sexuel féminin par excellence au Moyen Age; il est associé à la lune et à la fécondation. (Le mot connil a été remplacé au XVIIe siècle par lapin parce que les gens en avait marre d’entendre les mêmes blagues depuis des siècles. Par contre ancien occitan conilh, conil a survecu jusqu’au XXe siècle.  Conilh, conilha « lapin, lapine », est considéré comme « vieux » même dans l’Aveyron . Alibert)

Dans un site consacré au tombes égyptiens  (site disparu) vous trouviez en grand format cette représentation de la genette.

Pour ceux qui sont près d’une bibliothèque universitaire et lisent l’allemand, il y a l’article de:Elke Grab-Kempf, Heidelberg : « Zur Etymologie iberoromanischer Bezeichnungen für die ‘Genette, Ginsterkatze (Genetta genetta L.)’: sp. jineta (asp. gineta, geneta), kat. geneta (akat. janeta), val. gineta, pg. gineta (mlat./apg. janeta), gal. xeneta, xineta « . Zeitschrift für romanische Philologie. Volume 122, Issue 4, Pages 679–687.