cat-right

Didoulo

Didoulo « jujube ».

  

En occitan nous trouvons au moins 11 formes pour « jujube »: 1) jousibo (St.Pons)   2) gijoula (Nice)    3) tchitchoulo (Marseille, Aix)    4) chichourla (Bouche du Rhône, Barcelonette)  5) dzindzourlo (région de Montélimar)   6) chinchourlo (région de Loriol)   7) guindoula (Montpellier) 8) Dindoulo (Marseille,Nîmes, Alès) 9) didoule (Nimes) 10) guindoulo (Pézenas, Ardèche) 11)guindola (Biterrois d’après Alibert). Dans la Pharmacie du maître apothicaire Jean Andrieu à Tarascon se trouvaient en 1529 : tres quarteyron de jujinbarum en latin tarasconais.(Revue des Langues Romanes 43(1900) p.30.

L’origine de ces formes, ainsi que du français jujube , emprunté à l’occitan, (puisque l’arbre est méditerranéen) est le mot grec dzidzuphon, emprunté par le latin comme ziziphus, et par dissimilation zizupus . Dans un texte du 3e ou 4e siècle, l’Appendix probi genre « dites ne dites pas » , nous trouvons : zizipu non zizups.

Ils discutent de l'orthographe

Au cours des siècles le mot a subi toutes sortes de déformations pour aboutir à cette variété de formes dans l’occitan.. En ce qui concerne les formes occitanes avec -nd-, von Wartburgpense à une influence du mot guindoul « grosse cerise, guigne » à cause de la ressemblance des deux fruits. En effet d’après Alibert languedocien guindola a les deux significations.

Dans http://www.marseillais.org/dico98.html: est mentionné

Chichourle. Très répandu, ce nom masculin désigne une « bosse », ou le « sexe de la femme ». L’affectif et le sexuel dominent, en particulier en composition avec l’expression fan de chichourle (chichoune). La chichourle est une sorte de jujube peu charnue, fruit sec aux vertus curatives de la dimension d’une olive que l’on achète principalement en cornets chez des marchands ambulants. Sa forme, sa petitesse le désignent comme un attribut sexuel féminin : « -Amuse-toi bien chichourle et quand tu vois les nègres, tu fais le détour pour qu’ils te mangent pas ! » (CAU). Plus rarement, le mot est pris pour « gifle » : « -Un vrai distributeur de chichourles, la porte tournante de l’hôtel » (Or.).

chichourle-ortolan

L’évolution sémantique « jujube » > « bosse » se comprend facilement quand on regarde l’image du fruit ci-dessus : « bosse »> « gifle » est la cause pour l’effet. L’évolution sémantique de « jujube » > « sexe de la femme » est analogue à celle de berlingot « sexe de la femme ».

Notamment à Barcelonette est attesté au figuré chichourle  » personne qui ne sait jamais prendre un parti », comme  à Marseille « jeune fille écervelée » un sens qui se retrouve en picard (!) « individu un peu niais ».

Mistral : chichourle, chinchourle « bruant jaune » et il renvoie vers chi-jaune. L’élément chi- dans ce mot est d’après lui une onomatopée du cri des certains oiseaux. De là une confusion avec l’ortolan?  Dans l’expression  enfant de chichourle, chichourle signifie «  »chiche, ladre »  et fait partie du groupe « jujube ».


Photo: Nicolas Pierrard

Pour le sens « jujube » il renvoie vers son article ginjoulo dans lequel il donne une dizaine de formes (voir ci-dessus). Il reprend l’expression  enfant de chichourle « chiche, avare ». En italien giuggiola « jujube » signifie au figuré « sans valeur, sans importance ».  Catalan gínjol « jujube », et l’expression més content que un gínjol « plus content qu’un jujube » = très content. Les formes avec un -n- sont peut-être dues à une influence du catalan ou de l’italien.

D’après Mistral il y avait à Nîmes la Fiero di ginjourlo « la foire aux jujubes à Nîmes, à la St-Michel » (le 29 sept.). Georges Mathon, l’historien de Nîmes, décrit   cette foire  très ancienne dans son site!

Le tout est assez confus. Je pense qu’on a utilisé le mot pour sa jolie consonance, sans savoir ce que cela voulait dire. Quand on reçoit une « gifle » d’une porte tournante, ca fait chi-chou!

Embanar

Embana dans des expressions comme bien embané, se faire embaner. cf.le site http://www.info-camargue.com/lexique-9_487.html Un des nombreux dérivés de bano « corne ».

dourna ‘cruche’

Un visiteur me demande:
« Bonjour, le mot « dourne » est bien occitan ? On m\’a raconté qu\’il veut dire « pot » (et « tête »). »/

J’ai pu lui répondre :

« En effet dourna « cruche » du latin urna idem. est occitan.  . Le sens « tête » n’est attesté qu’en français urne,  chez Huysmans (1879). Voir FEW XIV, 63 et l’explication du d- p. 64. ».

Le mot est inconnu en provençal.

Dérivés avec la même étymologie:
dournado « contenu d’une cruche », dournedo, dournet « petite cruche »,  dournhè« évier »  (Toulouse).

Le Pégorier donne les toponymes suivants: Dournié : évier – Gers. Dourneto : petite cruche – Toulouse anc. Dourno nf. : cruche – Toulouse, Gers. Il y a aussi âs mal de familles Dournes.

Un peu de pub : Château de Dournès, F-81700 Blan, www.chateau-de-dournes.fr

Dournes Chateau de
,

cairades, keiradés 'pois carrés, gesse'...

Cairades, keiradés « pois carrés bon pour engraisser les pigeons et les volailles  » (S1 de 1756), le même mot se trouve dans Lacombe, Dictionnaire du vieux langage français de 1767; « gaisso » ou « gesse » en français, le nom botanique de la plante  est lathyrus sativus. En suivant le lien vers le site Plantnet, vous trouverez tous les noms dialectaux mentionnés par E.Rolland dans sa  Flore populaire.

L’étymologie de cairades  le latin quadratus « carré ».

              

Un e-mail d’un visiteur  est à l’origine de cet article. Il m’a écrit:
Je suis entrain de faire un topo sur la « gaisso » ou « gesse » en français. On la cultivait en montagne comme le Pois-chiche. J’ai trouvé sur WIKI… le nom de cette plante (lathyrus sativus) en espagnol :  ‘Almorte‘ ,OK.  Mais ‘Khesari  Dhal‘ sent plus l’arabe que l’espagnol, encore que nos voisins d’outre Méditerranée ont dû laisser pas mal de traces en Espagne !…
Qu’en dis-tu?  …et si par hasard tu trouvais le nom en catalan Ce serait bien.  J’ai un dictionnaire  catalan, mais tout en catalan. Je peux donc y trouver toutes définitions , ce qui me permet de trouver le sens d’un mot catalan sur lequel je doute, mais je ne peux pas y trouver l’équivalent d’un terme français….

Si la curiosité te pousse, J’ai cherché  « lathyrisme » dans Wikipedia1 containing the toxin ODAP. The lathyrism resulting from the ingestion of Lathyrus odoratus seeds (sweet peas) is often referred to as odoratism or osteolathyrism, which is caused by a different toxin (beta-aminopropionitrile) that affects the linking of collagen, a protein of connective tissues.]

Et nous avons à la maison de la ‘gaisso‘ en grains et en farine (on va essayer d’en faire de la ‘panisse’); si vous voulez expérimenter…

Tout en cherchant je suis tombé sur un site ousquyana un qui n’a pas l’air d’un ‘couillon’ et qui fait des recherches étymologiques sur les vocabulaires occitans au sens large du terme cela pourrait t’intéresser si tu ne connais pas déjà : http://www.etymologie-occitane.fr

Ne perds pas trop de temps à chercher en catalan, ce n’est pas vital ! Merci pour ton avis et la bise à tous !

 

J’ai pu lui répondre:

Bonsoir,

La gesse en catalan est la guixa  (avec d’autres synonymes en espagnol ici  c’est le Diccionari de la Llengua Catalana, ab la correspondencia castellana .New ed. Published 1900 by Salvat in Barcelona . Written in Spanish. (Internetarchiv).

Je préfère éviter des maladies neurologiques; il faudra essayer ta panisse d’abord avec des Marseillais.
Robert Geuljans

6 mois après; je lui ai demandé des nouvelles sur ses recherches. Ma demande est restée sans réponse. Un article en espagnol concernant intitulé  la almorta , « el veneno del hambre »   dejará de estar prohibida.

Les effets du lathyrisme

Plus tard je tombe tout à fait par hasard sur keiradés « pois carrés,  espèce de gesse bon pour engraisser les pigeons et les volailles  » dans le Dictionnaire de l’abbé de Sauvages (S1) et un  Article  dans business Standard journal Inde :.

Khesari dal (grass pea) – a valuable pulse that earned disrepute because of its toxin content and has been barred from being marketed can now hope to be rehabilitated thanks to some well-conceived technological and promotional interventions. Farmers, in any case, have not stopped growing it and using it as food as well as livestock feed. This is chiefly because it survives and yields grains even when other crops succumb to drought or flood. Besides, it grows practically without any input other than the seeds.

The indefinite ban on khesari was imposed over four decades ago when its consumption was linked with incidences of lathyrism (lower limbs debility). The culprit was the neurotoxin, beta-ODAP, present in grass pea grains. Traditional, grass pea varieties had between 0.5 to 2.5 per cent toxins, against the less than 0.1 per cent deemed safe for human consumption. Excessive consumption of grass pea was also to be blamed for this menace, particularly when other pulses were not available due to crop failure.

________________________________________________

 

  1. Le lathyrisme est une maladie provoquée par la consommation de pois du genre Lathyrus (auquel appartient le pois de senteur), notamment l’espèce Lathyrus sativus (gesse commune ou pois carré, Grass pea en anglais, Khesari Dhal ou Almorta en espagnol) et dans un degré moindre les espèces Lathyrus cicera, Lathyrus ochrus et Lathyrus clymenum
    Il s’agit d’une maladie neurologique que l’on peut rencontrer chez l’homme comme chez les animaux« 
    Wikipedia anglais Lathyrism or Neurolathyrism is a neurological disease of humans and domestic animals, caused by eating certain legumes of the genus Lathyrus. This problem is mainly associated with Lathyrus sativus (also known as Grass pea, Kesari Dhal, Khesari Dhal or Almorta) and to a lesser degree with Lathyrus cicera, Lathyrus ochrus and Lathyrus clymenum[1

Gavach, gavatch, gavot

Gavot « paysan haut cévenol ou lozérien » , gavatch, gavach désigne toujours des habitants des montagnes1 . L’étymon est une racine *gaba« gorge, jabot, goitre » qui vit en Italie et dans les parlers galloromans. (FEW IV, p.4)  Dans le TLF gavache  est défini comme « vieux » ou « régional ». Dans le DMF est signalé un sens spécifique pour la Provence : « celui qui fqit le métier de portefaix ».

Pour l’abbé de Sauvages un gavo est un « montagnard du Gévaudan » et il dit que les

Espagnols appliquent le mot gavacho aux montagnards du Gévaudan qui vont faire leur moisson et à tous les François.

Un visiteur me signale: « En Roussillon un gavatch est un habitant de l’Aude. Il semble donc qu’un Gavatch vienne toujours du nord et pas nécessairement de la montagne. » Je pense que c’est la nuance péjorative qui a pris le dessus. C. Achard donne une dizaine de sobriquets provenant de plusieurs départements dont gaba est la base .

Nous retrouvons gaba dans les parlers du nord de la France p.ex. en picard gave « jabot de volaille ». En ancien provençal existe le dérivé gavaych « goitre » qui existe toujours dans les parlers modernes, p.ex.  à Aix gavagi « gosier » et languedocien s’engavachà « s’obstruer en parlant de la gorge » (S), à  Manduel c’est « avaler de travers » (ALLOr 1181).

Le dérivé gavaych orthographié gavach en occitan et français régional est très vivant, nommé par ex. dans  le  ML 8-2004 comme son cousin gavot, mais le sens a bien changé! Au XVe siècle il y a des attestations de l’occitan gavag ou gavach « ouvrier étranger ». Le mot est même passé dans les dictionnaires français gavache « injure que les Espagnols adressent aux Français des Pyrénées et du Gévaudan, qui vont exercer en Espagne les emplois les plus vils ». Nous voyons que les temps changent!

Je ne peux m’empêcher d’énumérer les autres définitions données, parce que cela vaudrait une étude sociologique approfondie! A Lasalle (Gard) gavache « montagnard, homme grossier », à Puissergier « montagnard de la Lozère, du Tarn, de l’Aveyron »; dans l’Aveyron « un habitant du Gévaudan », et dans le Gers « une personne étrangère au pays ». Dans les vallées de la Seudre et de la Seugne dans le dép. de la Charente on appelle gavache « l’idiome saintongeais des environs de Blaye » qui est peut-être Occitan ???. A La Réole gavache est  « la population de langue d’oïl installée dans le pays du bas Dropt , la Gavacherie ».

Le dérivé gavot désigne depuis les premières attestations en provençal du XIVe siècle « un habitant de la partie montagneuse de la Provence » et en languedocien « un montagnard » avec une nuance péjorative de « homme grossier, individu gauche » etc.

Ménard traduit gavotus par « montagnard » dans son Histoire civile, ecclésiastique  et littéraires de la ville de Nismes, vol.IV, p.332

Un texte du XVe siècle, dit simplement que M. Claude Lantelme  est un gavot:

La  relation sémantique entre la racine  *gaba « gorge, goître » et gavot, gavache « montagnard »  est la maladie du goitre.  Le goître étant plus fréquent en montagne que dans la plaine: « On parle d’endémie goîtreuse lorsque 10 % au moins de la population est goîtreuse; Certaines aires géographiques sont électivement représentées notamment mais non exclusivement les zones de montagne). Les facteurs étiologiques sont multiples et peuvent être associés : – carence iodée surtout ( mais non constante) avec iodurie inférieure à 50µg/jour ». Les exemples donnés  par le TLF comme illustration du mot goitre  montrent que le  goitre endémique est souvent associé au crétinisme.

Un gavot ou gavach est donc littéralement « un goitreux » et ensuite un « crétin ».

S’egargavatšar, s’engavachà « Avaler de travers ». Dans les villages autour de Montpellier les témoins pour l‘ALLor ont traduit « avaler de travers  » par  s’egargavatšar, s’engargalhar etc. probablement par confusion avec le type garg-; dans le Gard c’est le type s’engavachà qui domine presque partout.

Dans un site en espagnol, il y a un résumé d’autres explications : http://www.1de3.com/2004/12/29/Gabacho/

Un visiteur, bon connaisseur de l’espagnol, a suivi le lien et m’écrit: Sur le site espagnol que vous donnez en lien, je découvre la locution « hablar en gavacho« . Il me semble que les Français ont rendu aux Espagnols la monnaie de leur pièce ! L’étymologie de « parler [français] comme une vache espagnole«  est donnée comme une corruption de « parler comme un basque espagnol » ; mais il me semble qu’il est plus convainquant de dire que c’est une adaptation de l’espagnol « hablar en gavacho » ! Une explication plus convaincante que celle qui propose le confusion de basque et vache.

Les dernières compléments d’informations viennent du Chili! gabacho

A mon avis il n’y a pas de contradiction entre le toponyme Gave, anciennement Gaba « rivière » en Béarn, et le sens « goitre ». (Voirgaba) Surtout en montagne, les rivières passent souvent par des gorges. Cf. Wikipedia  Gave  .  Mais d’après le TLF des recherches récentes montrent qu’il s’agit plutôt d’un mot préroman gabatro* :

D’apr. leur forme et celle de leurs dér. Gabarret, Gabarrot (v. Raymond, op. cit.), ces mots semblent reposer sur une base préromane *gabaru, *gabarru (Rohlfs Gasc.3, § 69, 479; cf. fin viiie-début ixes. lat. médiév. gabarus Théodulfe d’apr. Dauzat Topon. éd. 1971, p. 138); v. aussi J. Hubschmid, Pyrenaënwörter vorrom. Ursprungs, § 42 qui rapproche les termes pyrénéens de l’a. prov. gaudre « ravin, ruisseau » reposant sur une base préromane *gabatro à laquelle il rattache le lat. imp. gabata, gavata « jatte, écuelle » [v. jatte] – et Id., Sardische Studien, § 23. Une base préromane *gava « cours d’eau » (FEW t. 4, p. 83a) paraît moins satisfaisante. Bbg. Pégorier (A.). À travers le Lavedan. Vie Lang. 1962, p. 468.

 

  1. D’après René Domergue, les Gardois disent gavot. Du côté de l’Hérault le mot gavach ou gabach est préféré. (article à paraître

Escagassar

Escagassar, v.tr. « fienter avec effort » escagasser en fr. rég., v.r. s’escagassar « s’efforcer pour aller à la selle »,  « écraser, aplatir » (Alibert) est devenu français depuis 1902 voir le TLF. L’évolution sémantique en français vers

L’étymologie de la forme, latin ex + cacare ne pose pas de problèmes.

Le verbe escagassar était limité à l’ouest-provençal et l’est-languedocien. avec comme sens principal « s’accroupir ».  Louis Rouquier l’utilise pour dire « se pâmer de rire ». Il a été introduit en français à l’aide de l’argot, probablement à partir de Marseille.

Cacare est une onomatopée qu’on trouve dans beaucoup de langues indo-européennes, catalan, espagnol, portugais cagar, allemand kacken, néerlandais kakken, etc.  La forme française chier a perdu par l’évolution phonétique tout consonance onomatopéique, de sorte que dans le langage des enfants elle a été remplacée par caquer, caguer.

Contibutions à une nouvelle approche.

Contibutions à une nouvelle approche pour expliquer certaines étymologies.

Jean-Philippe DALBERA Des dialectes au langage. Une archéologie du sens (Linguistique française, 13). – Paris : Champion, 2006, fournit de nombreux cas où les différents  noms (signifiants) qu’on trouve dans les dialectes occitans pour  le même sens (signifié), s’expliquent par l’ image qui est à l’origine de ces mots.

Un exemple le martinet. Certains noms du martinet  « s’éclairent à partir de faucilh, qui compare l’oiseau à la lame de la faucille, pour la forme de ses ailes déployées et la vivacité tournoyante de son vol. Comparé à un instrument coupant en mouvement, le martinet devient raspalhòu, rasclòu « coupeur, trancheur  » ou « (petit) barbier  » (manieur de rasoir) : barbairòu, barbairon… Ces formes éclairent l’étrange barbajòu, littéralement « barbe de Jupiter »  qu’il faut renoncer à comprendre autrement que comme une variation arbitraire à partir d’une base évoquant le « barbier » (plus l’attraction gratuite de la forme barbajòu désignant la « joubarbe »). (Compte-rendu du livre de J.-Ph. Dalbera, par Patrick Sauzet, Zeitschrift für französische Sprache und Literatur 118.2, 2008, 173-180.).

Cette nouvelle approche de l’étymologie peut nous aider à mieux expliquer certaines évolutions sémantiques et l’apparition de significations inattendues comme barbajou « hirondelle », jusqu’ici mystérieuse.  Le fait que nous avons trouvé des évolutions analogues dans d’autres langues  peut étayer ces hypothèses.

Cascalhar

Cascalhar  « bavarder » et  barjar, barjaquar   « bavarder »  viennent  tous les deux de verbes qui signifient  « faire du bruit en frappant« .

En regardant ce qui se passe ou s’est passé en dehors de nos frontières, nous constatons que non seulement l’espagnol  cascar « casser »a aussi pris le sens « bavarder » dans le language populaire, mais que la même évolution a eu lieu dans les langues germaniques : en néerlandais kletsen  signifie « frapper avec du buit » et « bavarder » et flamand klappen « parler »,  signifie en néerlandais « applaudir », klap « coup; baffe ».   lL’origine  de l’Anglais  to chat  anciennement  to chatter, est une onomatopée , qui imite un bruit. Les Allemands kwatschen « bavardent », et quand un Allemand vous dit  Kwatsch!  , vous avez proféré du « non-sens« , Unsinn.

Espagnol cascar « briser » et « bavarder ».  cháchara « papoter » un emprunt à l’italien chiacchierare  « bavarder, papoter »  une onomatopée basée sur clap clap ;

Barja, barjaqua « bavarder, papoter »   de  brega  » broie » outil pour broyer le chanvre qui fait un bruit rapide.

Ruscle

Un autre cas qui s’explique de cette façon se trouve dans le mot ruscle  « forte pluie » à Nîmes,  et « une faim de loup » ailleurs. L’évolution sémantique n’est pas évidente. Re + ustulare « brûler, roussir, brûler en parlant du froid »  a pu donner > » brûler de faim », > » avoir une faim de loup »,  comme l’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.

Le sens « averse » est expliqué par von Wartburg (FEW14, 81b) par l’image d’un pré après une averse qui ressemble à un pré brûlé , mais je ne trouve cette explication pas très convaincante.

Raspaye

Par hazard je rencontre une évolution similaire qui se trouve dans l’article raspon  » gratter » (FEWXVI,670a + 768b). Dans  plusieurs villages du canton de Vaud le mot rapaye « action de râper, écorchure » signifie aussi  « bruit de forte pluie; grosse averse ». En effet le bruit d’une forte pluie fait penser au bruit quand on met une viande dans la poêle, ou quand on gratte fortement un objet.

A midi ma femme a fait cuire des saucisses au piments d’Espelette. Essayez! Le bruit des petites gouttes de graisse qui sautent et salissent la plaque, imitent bien le bruit d’une forte averse!

    ruscle

C’est également le bruit  que fait l’estomac quand on a faim qui peut expliquer le sens « faim de loup ».   En néerlandais  rammelen van de honger  « avoir une faim de loup »,  littéralement « secouer, cahoter de faim ». (Un rammelaar est un « hoquet »). En familier on dit aussi mijn maag knort « mon estomac grogne ».

Abrasa

L’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.

Ivraie  Lolium temulentum

Nl. dolik dér. de dol  « enragé, fou ».  CF. dolik. , notamment d’autres  herbes qui en allemand s’appellent  Tollhaver

Collins English Dictionary – Complete & Unabridged 10th Edition :

Anglais darnel any of several grasses of the genus Lolium,  esp L. temulentum,  that grow as weeds in grain fields in Europe and Asia. [C14: probably related to French (Walloon dialect) darnelle,  of obscure origin]

dolik zn. ‘soort raaigras (Lolium temulentum)’
Mnl. dolik, dol(e)ke [1305; MNHWS]; vnnl. dolck ‘dolik’ [1599; Kil.].
Het woord is wrsch. een afleiding van → dol 1, omdat de plant verdovende eigenschappen heeft. Het zaad ervan is giftig. De naam behoort in dat geval tot de in het Nederlandse en Noord-Duitse gebied vaker voorkomende planten- en diernamen die gevormd worden met -k, zoals → ganzerik, → wederik. In het Middelnederlands bestond daarnaast ook een andere afleiding: dolre ‘dolik’ [1350-1400; MNHWS].
De plant heet in het Engels (bearded) darnel, wrsch. afgeleid van Frans (dial.) darnelle, darnette, dat verbonden wordt met woorden die een toestand van verdoving aangeven. De Franse naam is ivraie, dat wordt verbonden met ivre ‘dronken’. De Zweedse naam is dårrepe, letterlijk ‘gekkenraaigras’. De extensie van de wetenschappelijke naam, temulentum, betekent ‘beschonken’. Ook andere planten kunnen dergelijke namen krijgen: Duits Tollhafer, Tollkraut ‘dolle kervel’ (Grimm, DW II,641) enz.
Lit.: W. Meid (1967) Germanische Sprachwissenschaft III. Wortbildung, Berlin, par. 153

Trantanel « bourdaine »

Le lien sémantique entre « balancer, vaciller, trembler » et les deux plantes « bourdaine » et « garou » n’est pas évident. Bien sûr il y a le tremol, « tremble » mais c’est un grand arbre dont les feuilles tremblent au vent et que tout le monde connaît. C’est en surfant sur le net à la recherche d’une description de la bourdaine que j’ai lu dans plusieurs endroits que les chevreuils raffolent de la bourdaine, qui pour eux est une drogue.
Dans Wikipedia : « son fruit, très prisé des chevreuils notamment, contient un alcaloïde aux effets psychotropes. Les chevreuils qui en consomment en fin de printemps errent sans conscience des dangers, particulièrement sur les autoroutes. » Autrement dit les chevreuils sont comme des ivrognes, ils vacillent. Peut-être qu’il y a eu un transfert de nom de l’effet vers la cause « la bourdaine ».

Voir le nom en nl. Source : http://www.meertens.knaw.nl/pland/woordenboekartikel.php?term=Sporkehout,%20vrucht

Les noms des fruits de la bourdaine dans les parlers néerlandais sont :  dolbeer composé de  dol  « fou » + beer  « baie », klotskers  compose de klots  »   »  kers « cerise », klots + bes  et   duivelskral   composé de  duivel  « diable » +  kral (=?) . Le verbe klotsen est une onomatopée qui dans le sens moderne  imite le bruit fait par un liquide en mouvement, comme des ondes contre   une digue. Un sens très proche du  trant-

Dans l’article trant- (onomatopée) « balancer, vaciller » du FEW , je trouve, un peu caché il faut le dire:
« languedocien trantanel m. « passerina tinctoria » (1674, Littré). Marseille tartonraire « passerina tartonraira (1570) d’ou le nom scientifique. » Lors de la rédaction de l’article trant- , un paquet de fiches avec trantanel a dû s’égarer et par la suite le lien avec la racine trant- a été oublié, de sorte que toute la famille trantanel « daphne gnidium » ou « bourdaine » a été réunie dans les « incognita ».

La  passerina tinctoria est la Daphne vermiculata Vahl, Daphne vellaeoides
Rodr.
Nomenclaturaux : Stellera tinctoria (Pourr.) Kuntze, Passerina
tinctoria Pourr., Chlamydanthus tinctorius (Pourr.) C.A.Mey.

Vedèou, vedel; sauma; anglais calf; néerlandais afkalven.

Mots utilisés pour « éboulis de terre »  d’un mur qui « fait du ventre »; en anglais « scission d’un glacier ou d’un grand bloc de glace »; néerlandais « terrain affouillis par une rivière ou la mer ». Voir l’article vedel, vedeou.

et Harper calf . Le mot calf  signifie aussi « mollet », sens attesté depuis 1275-1325 , emrunt à l’ancien norvégien  kalfi.

 

Cagnard

Cagnard « lieu chaud, endroit en plein soleil« . Dans notre région où le soleil peut taper fort , nous trouvons une grande famille de mots qui viennent tous du latin parlé *cania  « chienne  ». Quelques exemples: à Alès encagna « exciter, envenimer  » , l , cagno  » paresse  » , cagnotte  » coiffe de femme en indienne « , cagnoutà   » être la cagnoto à qn. »  Acagnarda « abriter une plante » , ou comme verbe réfléchi « se blottir au soleil » une expression qui se trouve déjà dans le Dictionnaire languedocienfrançais  de l’abbé de Sauvages paru à Nîmes en 1756.
En français cagnard  » paresseux, fainéant «.  A ce propos l’ abbé fait deux remarques :  » le François n’a pas de nom propre pour rendre cagnar  » et plus loin il écrit  » ceux qui prennent le soleil au cagnar sont des gens désœuvrés à qui on a donné probablement pour cela le nom de cagnar, qui est François dans ce sens, lorsque le Languedocien étoit la langue courante d’une bonne partie du Royaume & celle de la Cour.  » Voir ci-dessous n° 6.

Le mot *cania a été formé probablement déjà en latin. Nous le retrouvons en italien cagna et dans les patois du Nord de l’Italie cania a donné de nombreux dérivés, comme dans le Midi de la France. Dans le domaine de la langue d’oïl c’est le type chienne dérivée du masculin chien donc pas de cania qui domine.

*cania

Une question peut se poser : Pourquoi cania et pourquoi pas vacca ou n’importe quel autre animal? La réponse nous est donnée par l’astronomie: L’apparition de Sirius, l’étoile la plus importante de la constellation du Grand Chien, tombait dans l’antiquité en même temps que la solstice de l’été le 21 ou 22 juin.Un autre nom pour Sirius est Canicula. En Occident, la canicule était censée survenir au moment où Sirius se lève et se couche en même temps que le Soleil, c’est-à-dire grosso modo, au Moyen Âge , pendant le solstice d’été. Canicule ou Sirius se lève et se couche pendant cette période précisément avec le soleil et elle n’est donc pas visible.. Les croyances populaires attribuaient à la présence de Sirius les chaleurs plus vives de juin. Par métonymie cette période de grande chaleur est nommée ‘canicule‘.

La constellation  Canis major

La canicule tombe actuellement plus tard,  en juillet, parce que le soleil ne se retrouve pas exactement au bout d’une année à la même place dans le ciel ; il est en retard par rapport aux constellations, et ce retard augmentant tous les ans, le soleil se lèvera dans la constellation du Grand Chien successivement en août, en septembre, en octobre, et enfin en plein hiver. De telle sorte que, dans quelques milliers d’années, nos descendants accuseront peut-être la canicule de ramener sur la terre les froids rigoureux de l’hiver ! Pour tout savoir suivez le lien.

Cagno, cagne. A partir du sens « chienne », nous trouvons le mot cagne et ses dérivés avec des significations qui reposent soit sur la ressemblance physique d’un chien avec des objets comme par exemple des chenets, soit sur les traits de caractère des chiens qui cherchent un endroit au soleil pour ne rien faire (français cagnard  » paresseux « ), qui sont lâche, etc. Cagne et ses dérivés sont indigènes en occitan et ils ont été empruntés massivement par le français et les patois de la langue d’oïl. En occitan nous trouvons entre autres les groupes sémantiques suivants:

1. Descendance: Languedocien de la bono cagno « de la bonne sorte » (Mistral), mais en ancien occitan n’existent que des expressions péjoratives: de puta canha. Cette expression a dû naître dans un contexte comme « né(e) d’une chienne ».
2. Mauvais caractère : Languedocien faire la cagno  » faire la grimace, dédaigner » et provençal cagno « mauvais humeur ». A ce deuxième groupe appartiennent aussi acagna « irriter » (Var) et marseillais encagnar « provoquer », Alès encagna « irriter ». Emprunté par le français: caigne « femme de mauvaise vie ».
3. Qui a les genoux tournés en dedans : Marseille cagnous
4. D’autres animaux: ancien occitan canhot « milandre, chien de mer » ; argot parisien cagne  » cheval « .
5.Plantes. cagnots « petits chiens »,Orlaya grandiflora.
6. Divers objets creux : ancien occitan canha « genre de machine de guerre », plus précisément sorte de nacelle comparable à celle de l’E.D.F. d’aujourd’hui pour réparer les lignes en hauteur;  le tonnelon comportait un bras qui s’élevait en hauteur. A l’extrémité de ce bras était installé une grosse plate-forme sur laquelle les archers se plaçaient pour pouvoir tirer au-dessus des remparts. Celle-ci, au moyen d’un contrepoids ou d’un treuil, élevait au-dessus des fortifications des arbalétriers ou archers qui criblaient de flèches les défenseurs des courtines, puis étaient déposés sur celles-ci dans le but d’abaisser le pont-levis. Je pense qu’au Moyen Age cet instrument faisait penser à une « chienne », mais je n’ai pas encore trouvé d’images.

   

cagnotos

Languedocien cagnotte « coiffe de femme en indienne » a fait penser à une sorte de nacelle. Le français cagnotte a été emprunté à l’occitan, plus spécialement à l’agenais cagnoto « petite cuve utilisée pour écraser le raisin », de là « tirelire » et « somme recueillie dans une tirelire  »
6. Endroit ensoleillé cagnard , qui en français a pris le sens de « paresse, flemme » , mais pas en occitan comme l’a déjà remarqué l’abbé de Sauvages. Le mot cagnard est mentionné dans le TLF avec la mention « provençal et languedocien  » en ce qui concerne le substantif, l’adjectif cagnard « paresseux  » par contre est limité au nord du gallo-roman.

A Fleury dans l’Aude  cagnard a pris un sens sympathique:

Suivant le vent, s’il souffle comme aujourd’hui et qu’il soit fort, je connais des combes à l’abri du CERS où on retrouve ces petits bonheurs que les paysans appellent des cagnards, des petits pays en soi parce qu\’il y a la falaise derrière, que tout d’un coup on se sent comme un lézard sur la roche chaude… » Gaston Bonheur / Radioscopie 8 mai 1978. http://www.ina.fr/audio/PHD99229022

Voir le FEW II, 183

Calut, caludo, caludasse

Calut, caludo « nigaud », un mot que nous rencontrons à Manduel surtout sous la forme de l’augmentatif caludasse. Alibert donne caluc, caluga adjectif et substantif  « myope; qui a le tournis (en parlant d’un mouton) qui a le vertige; sot imbécile ». L’abbé de Sauvages parle de fedo caludo et décrit cette maladie des moutons appelée en français le « tournis » ou plus scientifiquement la Cénurose. Les moutons qui souffrent de cette maladie, tournent souvent en rond.

cénurose

cénurose

L’étymologie est le latin caligo « brouillard, vapeurs, fumées » mais aussi « ténèbres ». Au figuré le mot latin prend déjà le sens de « aveuglement d’esprit ». Ciceron parle de « la confusion , le désordre de ces temps »: caligo illorum temporum. Les deux sens, au propre et au figuré sont conservés dans la langue d’oc = la langue du Midi.

  1. Au sens propre : « brouillard, brume obscurité » en languedocien dans le dérivé calignada « braise, feu de menu bois » et dans caluga  « muge », un poisson dont les yeux sont à moitié recouverts. Voir l’image dans le site marseillais : http://www.marseille-sympa.com/muge.html. Le sens le plus fréquent en occitan ancien et moderne est « myope ». Le verbe escaludà à Nîmes , mais escalugà à Colognac signifie « éblouir, aveugler ». Le mot a été conservé aussi en ancien français chalin, calin « brouillard, brume, obscurité ». (Cf. Godefroy). En français moderne  caligineux.
  2. Au figuré, calu, calut ou caludasse « aveuglement de l’esprit » > « niais, nigaud ». A Nîmes on prononce de nos jours  calu, calude  « fou, inconscient, idiot(e) » (Mathon), en  francitan à Gignac caluc, caluga subst. « sot, imbécile et même fou » (Lhubac). D’après les exemples qu’ils donnent, le mot est souvent utilisé dans la circulation  pour décrire la façon de conduire des autres.

En Camargue, « certains taureaux calus (fous) bacèlent dans les planches. » (Domergue), qui dans son Lexique de la 2e édition de Avise le biou ajoute : « Un caludas est un gros calu. Au sens premier calu signifie  « myope ».

J’ai l’impression que les formes avec un -d- sont limitées au Gard , Nîmes- Ales.   A Marseille : calu « fou ».

Faisso

Faïsso, s.f. « bande dont on enveloppe un enfant, maillot; intervalle entre les rangées de ceps, plate-bande de jardinage, sole de terrain, bande de terre soutenue par un mur ».(Mistral), et en  languedocien faisso « lange d’enfant » (S), « bande de terre , terre de forme allongée » = traversier (Andolfi).

Pour les nombreux sens et dérivés voir aussi Alibert s.v. fais, où il réunit tous les mots qui proviennent de fascis « faisceau, fagot » de fascia « bande, bandelette » et de fascina « fagot de sarments ». Presque tous les mots donnés par Alibert s.v. fais « faix, fagot, fardeau, paquet, embarras d’estomac » comme dérivés représentent en réalité le latin fascia. Fascis et fascia étaient en effet assez proches du point de vue de la forme et du sens: fascia désignait une bande de tissus pour envelopper et le résultat était souvent un fascis un « paquet ».

            Images du  Gafiot

L’ancien occitan faisa et le verbe faisar « envelopper, bander, serrer , Aude  faisa v.a. « enmailloter », représentent le verbe latin fasciare « bander, envelopper de bandes ».
Etymologie: pratiquement toutes les significations qu’on trouve dans les parlers modernes existaient déjà en latin : fascia « bande, lien, sangle, etc.». Fascia avec le sens « bande de terre » se trouve déjà dans des inscriptions latines en Gaule. Cf. aussi catalan faxa, espagnol haza, portugais faxa  comme en  ancien occitan faissa, surtout en provençal et en auvergnat. Le sens exact du mot s’adapte bien sûr à la configuration du terrain, p.ex. Aveyron faïsso « carré d’un jardin, petit champ » mais en Camargue c’est « une partie des terres labourables d’une exploitation, affectée à l’une des cultures de l’assolement ou à la pâture, parties généralement séparées par desroubines « .
Un visiteur originaire du Vaunage m’écrit que pour lui « les faïsses sont les cultures en espalier dans les côtes, vignes, oliviers … ». Les espaliers  sont des bandes de terre.

    
faïsso
à gauche en Camargue et à droite dans les Cévennes.

Voir pour une étude approfondie et très documentée de ce mot au sens « bande de terre » consulter l’etude de : Michel Rouvière, » A propos de faysse et escayre : l’indispensable « remise à plat » terminologique , dans www.pierreseche.com/faysse_et_escayre.html / 9 février 2002 «