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Parabole de l’Enfant Prodigue

La Parabole de l’Enfant Prodigue et les dialectes .

La Parabole de l’Enfant Prodigue, particulière à l’évangile selon Saint Luc (XV 11-32), a des lettres de noblesse dialectologiques. En effet, en 1807, M. de Champagny, ministre de l’Intérieur, charge Charles Coquebert de Montbret, homme de science et ancien diplomate, d’entreprendre, pour le bureau de la statistique, une enquête sur les langues parlées dans l’Empire français. Celui-ci envoie aux préfets, qui transmettent aux maires, notaires, juges de paix de leur département, un questionnaire comportant notamment la traduction en langage local de la Parabole de
l’Enfant Prodigue. Les réponses reçues nous sont conservées dans un ouvrage publié par son fils, Eugène Coquebert de Montbret : Mélanges sur les langues, dialectes et patois, Paris 1831, in 8°.
Par la suite, la traduction de la Parabole de l’Enfant prodigue en patois est devenu un exercice relativement courant.  (Aredius44)

1.2.1.Le XIXe siècle : naissance de la dialectologie (1807-1876)

Le XIXe siècle est marqué dans l’histoire de la linguistique française par la naissance de la dialectologie, qui s’affranchit du monde des érudits locaux et de la philologie, pour devenir une discipline scientifique à part entière aux environs de 1870. C’est d’ailleurs moins par les acquis du terrain, puisque jusqu’à cette date il n’y a pas eu de véritable enquête scientifique, que par l’apport des méthodes allemandes professées par P. Meyer et G. Paris dans leurs cours de philologie essentiellement consacrés aux textes anciens, que cette science qui allait devenir la dialectologie s’est constituée. Ainsi en 1883, le premier enseignement de dialectolologie donné par J. Gilliéron est encore rattaché à l’étude des « variations dialectales de l’ancien français » (Romania, 1883, XIII, p. 138).
Néanmoins, certains travaux philologiques précédant cette période doivent être pris en compte en raison de leur intérêt particulier et de leur influence sur les études qui leur ont succédé (cf. Pop, 1950, p. 14 et sq.). Cependant avant de parcourir ces enquêtes, on remarquera l’absence de réponse concernant les parlers du Croissant dans l’enquête de l’Abbé Grégoire qui s’est déroulée pendant la Révolution. Il est vrai qu’il s’agissait moins de recenser les patois que de mesurer l’emploi de la langue nationale par les Français.

1.2.1.1. L’enquête de l’Empire et les Coquebert de Montbret (1807-1812)

Cette enquête par correspondance, dirigée par les Coquebert de Montbret, père et fils, se déroula de 1807 à 1812. Son but était essentiellement statistique, puisqu’elle tentait de dénombrer les locuteurs de chaque dialecte parlé sur le vaste territoire résultant des conquêtes napoléoniennes. Elle prit un aspect particulier dans le Croissant, où les investigations et les échanges de correspondances s’intensifièrent lorsque les Coquebert de Montbret se rendirent compte de l’importance de la limite oc-oïl, à partir de 1808 (cf. Brun-Trigaud, 1990, pp. 33-82). Dès lors, il s’est agi pour les informateurs d’établir avec le plus de précision possible (commune par commune) « la ligne de démarcation qui sépare le français proprement dit de l’idiome du Midi », en illustrant la différenciation dialectale par des traductions de la Parabole de l’Enfant prodigue.
Un rapport manuscrit daté de 1812 établit un premier bilan de cette enquête, avant les deux publications d’un choix de Paraboles en 1824 et 1831. Cette dernière est accompagnée d’un « Essai d’un travail sur la géographie de la langue française » donnant les méthodes et les résultats de cette enquête. Aujourd’hui la correspondance et les versions de la Parabole sont conservées à la Bibliothèque Nationale et aux Archives Nationales (cf. Bibliographie).

la parabole  enregistrée par moi dans les années ’60 à Giaglione; 10050 Giaglione TO (Italie)

ICI vous pouvez écouter le Parabole en occitan languedocien (CNRS)
ICI vous pouvez écouter le Parabole en occitan gascon (CNRS)
ICI
vous pouvez écouter le Parabole en occitan en occitan limousin de Puynormand (CNRS)

La parabole de l’enfant prodigue
en patois du canton de Lasalle-Saint Pierre(Gard),
publié par E.Fesquet dans la revue Romania XI (1884), pp.55-56

Semblanso de l’Efan bourgal (prodigalis)

Un ome avié dous efans. Lou mendre li diguet : « Paire, baiIo mi ce que deu mi reveni de toun be »; e lou paire lus despartiguet soun avedre. À cauque tems d’aqui quand aguet amassat tout ce qu’avié, lou mendre s »enanet ièn din l’estrange, ounte debouriguet soun deque a visquet din lou mau gouvern. E quand aguet tout degavahiat, uno carestié folo, cazet sus la countrado. S’atroubavo sens res. Intret adoun pèr sirven aco d’un del pais, que lou mandet à sa borio garda lous poucels. Aurié be viergut aqi manja soun ramplimen de las couroubios que si trajieu as quèchous, mès degus noun l’en tenié. A la fi, si remembran, el diguèt: » Que de travahiadous à l’oustau pairoulau qu’òu de pan mai que soun prou, e ieu mourisse de fam ! Vau parti ; anarai trouba moun paire e li dirai :  » Paire, ai pecat cronto lou ciel e cronto tu ; noun amerite que mi digou toun filh ; fai mi coumo à l’un de tous sirvens  » Piei partiguet e anet trouba soun paire, qu’en lou devistan de ièn, seguet tout pietadous, couriguet à soun endavan, si traguet à soun col a l’abrasset. – Mès soun filh li diguet:  » Paire, ai pecat cronto lou ciel e cronto tu, a noun amerite que mi digou toun filh. » – Adoun lou paire diguet à sous sirvens: » Anas quèrre la pus poulido raubo e cargaz lo-li ; mettèz-li uno bago al det e bailaz-li per si caussà. Menaz aici lo bedel gras e aucisèz-lou. Mangen e larguejen, quar moun filh que vesèz ero mort e es reviendrat, ero perdut e es retroubat. E coumencèrou de largueja.
Sus aco, soun màjou qu’ero per chestres tournet, e, si sarran de l »oustau, auziguet que s’i cantavo, e que s’i dansavo. Sounet sus lou cop un des sirvens per saupre d’el deque ero tout acò. Aqueste li diguet:  » Toun fraire es tournat; e toun paire o fatz sanna lou bedel gras, peroc que o retroubat soun filh en bon pourtamen. Lou jouve ni seguet escoufès e noun vierguet intra. Adoun soun paire sourtiguet per l’en prega ; mès el repouteguet à soun paire:  » Io sai pas quan que ti servisse sens avedre jammai fatz qu’à toun voulé, e pamen noun m’as jammai bailat un cabrit per largueja embé mous counpans. Mès, quand tourno toun autre filh qu’o fatz putofi embé de descabestrados, tu fas sanna per el lou bedel gras!  » « Moun filh li respoundeguet soun paire, siès toutjourn embé ieu e tout ce qu’ai es tieune ; mès cahié be fa regalo, e roio, peroc que toun fraire que vezes ero mort e qu’es revieudat, qu’ero perdut e es retroubat.  »

Bourgal a pour synonymes: larguié, boubancié, degahié, degavahiadou degahiou, degatiboul, manjaire mannjarèl, etc.
Degavahia,  » dissiper, prodiguer.  » (par le latin gabalus)
Couroubios,  » carouges « , se dit aussi esparx.
Quèchou, cochon, porc, = sp. GOCHO,
Soun deque « son avoir.  » Au lieu de semblanso, on dit aussi paraulo (parabola).
Si traguet à soun col = l’acoulet.
Sirven. On dit aussi doumège (domesticus).
Peroc que = ital. perroche X persoque = ital. perciocche.
Dansa, = balla, ital. ballare.
Lou mendre, le plus jeune (minor).
Majou  » l’aîné  » d’une famille (majorem)

Parabole de l Enfant prodigue en langue vaudoise extraite d un Nouveau Testament de la Secte des Vaudois manuscrit du treizième siècle de la Bibliothèque de Grenoble . Tiré de : Nouvelles recherches sur les patois; ou, Idiomes vulgaires de la France, et ...
Par Champollion-Figeac (Jacques-Joseph, M.). Lien direct vers la page : Vaudois, 13e siècle

Parabole de l Enfant prodigue en patois du canton de l’Oysan au sud-est de Grenoble. Tiré de : Nouvelles recherches sur les patois; ou, Idiomes vulgaires de la France, et ...Par Champollion-Figeac (Jacques-Joseph, M.). Lien direct vers la page : Oysan 19e s.

Parabole de l Enfant prodigue en patois de l’ancien pays de Trièves au sud de Grenoble. Tiré de : Nouvelles recherches sur les patois; ou, Idiomes vulgaires de la France, et ...Par Champollion-Figeac (Jacques-Joseph, M.). Lien direct vers la page : Trièves, 19e s.

M. Coquebert de Montbret a publié des Mélanges sur les langues, dialectes et patois, renfermant entre autres la collection de la parabole de l’ENFANT PRODIGUE, en cent idiômes différens, presque tous de France, Paris, 1831, in-8° de 571 pag. Ces paraboles sont tirées de la collection des Mémoires des antiquaires de France, t. vi, 1824, pp. 432-545. Cette collection renferme une infinité d’articles sur les patois, fournis par des savans, entre autres par MM. Monnier, Richard, etc. — Nous ne tarderons pas à mettre sous presse une Bibliothèque idio-bourguignone, contenant la liste raisonnée de tous les ouvrages qui ont paru en patois bourguignon. Cet ouvrage est terminé.

Les traductions commencent à la page 457. Regardez d’abord la « Table des matières ».

En patois de Nahrte, Auvergne p.457

En patois de Rodez (Aveyron) p.498

En patois de Montauban (Tarn et Garonne) p.499

En patois de La Réole (Gironde) p.500 suivi de la traduction en patois du Gers (p.501), du dép. de la Haute Garonne (p.502), en patois de Pamiers (Ariège),p.503, en patois de l’arrondissement de Foix (p.504) en patois de l’extrémité de l’arrondissement de Foix, du côté de l’Espagne, p.505. etc.

En 2005 j’avais trouvé la note ci-dessus, mais sans le lien vers les Mémoires. Un ami me l’a signalée et je l’insère dans cette page en le remerciant. C’est un vieux projet que j’avais conçu lors des recherches faites pour le BDP dans les années ’60… Il y a un projet analogue dans le site de Lexilogos. qui semble dormir un peu.

Et une grande quantité de patois italiens. Un travail formidable fait à l’Université Humboldt à Berlin. Un Atlas linguistique Acoustique. Le son et la transcription phonétique. Vous y trouverez 4 villages où on parle provençal:

Limone, Pontebernardo, Rochemolle et Sauze de Cesane.

A suivre et surtout à compléter par vous!

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