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Farrouche ‘trèfle incarnat’

Farrouch  « trèfle incarnat » . Farratchal « champ de farrouch » en Ariège. Étymologie: latin farrago « mélange de divers grains pour les bestiaux ». Si l’étymologie s’arrête là, elle a peu d’ intérêt. Ce serait comme une description du Rhône dans ce genre:

Le Rhône qui se jette dans la Méditerranée  à Marseille,  prend sa source vers 1 900 m d’altitude, au glacier de la Furka, à l’extrémité inférieure du glacier du Rhône, sur les pentes du massif de l’Aar-Gothard.

Pour en savoir plus nous devons retracer l’histoire 1. de la forme du mot, 2. du sens et 3. de la plante.

farouche

1. Les Romains  disaient aussi ferrago , ce qu’on explique  comme une dissimilation des deux –a-. Ferrago est à l’origine de toutes les  formes romanes, catalan ferratge, italien ferrano, espagnol herrén, portugais ferrãn.  Dans les parlers occitans nous trouvons aussi bien les formes ferratje ou farratge,  par l’effet d’une re-assimilation au cours des siècles. Les premières attestations  comme ferratja, ferraya « terrain planté en fourrage »  viennent des Alpes-Maritimes.  L’abbé de Sauvages (S1) écrit : fëraâjhë « escourgeon » s.m. espèce d’orge qu’on fait manger aux chevaux en verd. » A Cahors ferratse est le « maïs à fourrage ».

2. Dans toutes ces attestations le sens est assez proche de celui du mot latin farrago  et désigne une plante verte qui sert de fourrage pour les bestiaux, mais en Espagne  le sens de  farratge  s’est restreint dans la pratique à « trèfle incarnat », probablement parce qu’il y réussissait très bien. En tout cas en espagnol il s’appelle aussi Trébol del Rosellon et en français trèfle du Rousssillon.  

3. Le FEW propose avec hésitation d’expliquer le –ou-  ( farroutcho)  des formes languedociennes et gasconnes par influence du mot rouge.  Le fait que j’ai trouvé la forme farrucha  pour l’espagnol avec la localisation de la plante en Catalogne, où cette plante s’appelle farratge  reste contradictoire. 1

3. C’est à partir de l’Espagne que le farouch s’est répandu  comme plante de fourrage dans tout le Midi et ensuite vers le Nord du pays.  En 1795 farouch est attesté en français.   Je dois vous renvoyer vers le livre de Pierre Joigneaux si vous voulez en savoir plus2 Voici un extrait  concernant le farouch en Ariège:

FarouchJoigneaux1et

FarrouchJoigneaux2 

FEW III,421-422.

Catalan:

farroig ‘fenc’  m BOT/AGR Fenc 1.
farratge « Blat de moro tallat abans de granar que hom dóna com a aliment al bestiar. » Le Diccionari catalan complète : « 1364; del ll. farrāgo, -agĭnis ‘grana per al bestiar’, der. de far, farris ‘blat’.

  1. J’ai trouvé quelques rares attestations d’un espagnol farrucha: dans l’Herbario Virtual  il y a les noms suivants: Nom comú català : Fenc. Nom comú castellà : Farrucha. Trébol encarnado. Distribució per províncies : Barcelona. Girona. Lleida. Dans  l’article Wikipedia Trifolium incarnatum  espagnol ,et dans un autre site espagnol ,mais dans aucun dictionnaire.
  2. Plusieurs pages intéressantes sur la luzerne pour les agriculteurs bio dans le Languedoc. Voir Joigneaux, p.316

Marrane ‘Juif converti’

Etymologie : Marrane signifie en français : « Juif ou descendant de juif d’Espagne ou du Portugal, converti au christianisme, mais resté secrètement fidèle aux croyances et aux pratiques juives ancestrales. » et date du XVe siècle en français1.

Le TLF reprend l’étymologie du FEW XIX, 113  et de Coromines :

Empr. à l’esp. marrano «porc» (965 ds Coromines), puis «juif ou Maure converti au catholicisme» (XIIIe s., ibid.), par sarcasme pour ceux-ci en raison de la répugnance qu’ils éprouvaient pour la viande de porc. L’esp. marrano est empr. à l’ar.maḥram (ar. d’Espagne maḥran) «ce qui est défendu, illicite» (en partic. dans le lang. relig.), dér. de ḥarama «défendre, prohiber, déclarer illicite; exclure, excommunier»  Le mot est surtout utilisé aux XVe-XVIIe s. avec quelques « nuances » comme par exemple « Espagnol, terme injurieux » et « avide, avare; usurier; impie ». Voir le texte de Borel ci-dessous. Il n’est pas attesté dans les dialectes français, excepté le dép. des Deux Sèvres, ni en franco-provençal.
L’évolution sémantique « juif » > « usurier » etc. se retrouve dans d’autres mots et s’explique par le fait que les guildes interdisaient aux Juifs l’accès aux métiers et que par conséquence ils étaient devenus commerçants ou banquiers.

Marrane est donc d’abord une injure, comme le mot porc,  marrano en espagnol. Mais von Wartburg pense que le sens « Juif converti » est peut-être né, non pas à partir de l’injure, mais à partir du sens étymologique de mahram « sacré, inaccessible » en rapport avec la nouvelle foi des convertis et que la connotation péjorative est plus récente.

La question est de savoir si cette explication est plausible, étant donné que le sens « porc » est attesté en 965 et le sens « juif converti » seulement 3 siècles plus tard (Corominas).

Le rapprochement des deux mots « porc » et « Juif » est très ancien. Vous trouverez un  long article, très documenté dans le Wikipedia en espagnol. Le premier à le faire est Rabanus Maurus né à Mayence vers 780, qui dans son encyclopédie De universo de 847, compare les Juifs aux porcs pour avertir les « bons » chrétiens, en se basant sur la Bible: « porque -según él- heredan a sus hijos del mismo modo su inmoderación impía y su impudicia. Se refirió a la imprecación en Mateo (Mt 27,25: ¡Su sangre sobre nosotros y sobre nuestros hijos!). Aquí, los judíos, al igual que los cerdos, fueron una alegoría para los vicios, para advertir a los cristianos sobre ellos con imágenes drásticas. De este modo se utilizaron igualmente los monjes y los monos para ilustrar el pecado de la « inconstancia ».

Rabanus Maurus (Wikipedia).

Pendant les 700 premières années du christianisme, les communautés juives d’Europe sont rarement menacées directement. La situation change lorsque le pape Urbain exhorte les fidèles en 1095 à partir en croisade pour libérer Jérusalem des infidèles. En chemin pour Jérusalem, les croisés déciment les communautés juives le long du Rhin et du Danube. « Comment, s’exclament-ils, devrions-nous attaquer les infidèles en Terre Sainte, et laisser en repos les infidèles en notre sein ?
Le 25 mai 1096, environ 800 juifs sont assassinés à Worms (Allemagne), et beaucoup d’autres choisissent le suicide. À Regensburg, les juifs sont jetés dans le Danube, pour y être « baptisés ». À Mayence, Cologne, Prague et dans beaucoup d’autres villes, des milliers de juifs sont tués, leurs biens pillés.» Source) .

 À partir du début du XIIIe siècle on fait des sculptures représentants des truies avec des hommes vêtus comme des Juifs. Ce genre de représentations comme expression d’anti-sémitisme se trouvent surtout en Europe centrale. Les sculptures les plus près de la France sont à Bâle, Colmar et Metz.


Dôme de Regensburg (Ratisbonne)

Il me semble probable qu’à partir du début de l’antisémitisme en Espagne et au Portugal au XIIIe siècle , qui a abouti à l’Inquisition en Espagne et de l’expulsion des Juifs en 1492, l’injure marranos a été importée de l’Europe centrale et qu’il s’agit tout simplement d’un emprunt-traduction et que cette histoire n’a rien à voir avec l’interdiction de manger du porc de la religion Juive ou Musulmane. Cette interprétation pourrait être de l’étymologie populaire.
Une autre possibilité est que la même cause (la Bible) a eu le même effet en Espagne comme en Europe centrale marrano « porc » > « Juif « > « Juif converti » > « Converti, Juif ou Maure »
Le fait qu’en Catalan existe un autre mot à savoir xueta « Juif converti » 2 qui a également une connotation « porcine » étaye cette hypothèse d’un emprunt traduction. En français  le mot marrane ne s’applique qu’aux Juifs et aux Maures convertis en Espagne ».
Aveyron marrá, -ána adj. « avare » est sémantiquement lié : « Juif » > « banquier » > avare ou bien au groupe 3) ci-dessous.

D’autres propositions étymologiques se trouvent dans l’article Maranisme de Wilipedia. Un extrait en bas de cette page.

 

  1. Si vous lisez l’espagnol, suivez ce lien vers Wikipedia.
  2. probablement der. de xulla ‘cansalada’ (mallorquí xuia), com a sarcasme contra els jueus conversos que menjaven cansalada per demostrar que eren cristians; també podria tractarse d’un der. regressiu de xuetó; en tot cas tots dos mots han d’haver acabat per influirse recíprocament

manchard ‘gaucher’

Un visiteur auvergnat me demande si je connais l’étymologie du mot manche ou manse « gauche », sans me préciser la localisation. J’ai pu lui répondre :

J’ai trouvé cette étymologie grâce au Thesoc, qui donne manchard  « gaucher » pour le Puy de Dôme et manquier pour la Haute Vienne1

Manche, manse  « gauche » est en effet assez rare. L’étymologie est le latin mancus « estropié ».  Vous pouvez trouver d’autres attestations dans le FEW vol. VI/1, p. 140. dans la colonne à gauche après le chiffre 3.   Lim. = limousin.

Je vous prie de me communiquer les villages ou la région où vous avez entendu/appris ce mot et avec quelle prononciation, –ch– ou –s-.

En plus des attestations dans le volume VI/1 , le FEW en donne  d’autres dans le volume XXII/1,p.90 pour le Velay mançard « gaucher » et pour Vinzelles (Puy-de-Dôme) mansar « (chemin) âpre, (personne) maladroit » et il renvoie vers une correction à l’article mansus  FEW VI/1,  331 qui y ajoute une attestation forézienne  mansard « maladroit ».   Toutes ces attestations ont certainement la même étymologie et devront faire partie de l’article mancus.

Le sens « gauche » à partir des sens « estropié » et  « incomplet » s’est développé dans plusieurs langues romanes, en italien manco « gauche » depuis Dante, en Sicile et Calabrese mancru, en Sardaigne mancu. Souvent en combinaison avec mano : en Corse mano manca « main gauche » ensuite par ellipse manca « main gauche ».  L’évolution sémantique de « gauche » > « maladroit » est  parfaitement compréhensible. Voir le CNRTL gauche2

 

  1. mancard PUY-DE-DOME.;  manquier HAUTE-VIENNE.

estive ‘paturage d’été’

l'estive

Dans le TLF estive est défini comme « Pâturage de haute montagne dans les Pyrénées. », et par métonymie : »Séjour dans ces pâturages ». Le mot est assez récent:  1933 avec le sens « pâturage » et a été emprunté à l’occitan du département du Puy-de-Dôme en 1876  avec un sens très spécifique de l’Aubrac « unité exprimant la valeur de la consommation d’une tête de bétail pendant une saison et sur le pied de laquelle on paie la dépaissance « . Ce sens se trouve dans les Larousses de 1876 jusqu’en 1945.

Le mot estiva est attesté en ancien occitan depuis 1216  avec le sens « récolte » et à Montauban au XIVe s.  » travaux d’été ».  On le trouve dans de nombreux parlers occitans avec le sens « pâturage ».Cf FEW XXIV, 235a

Un séjour d’une semaine dans le Puy-de-Dôme m’a donné  l’impression que de nos jours estive et festive sont bien associés dans l’esprit des touristes et désigne en premier lieu un bon restaurant ou une fête locale, votive celle-là.  Dans l’Aubrac c’est peut-être devenu « la valeur de la consommation d’une tête de touriste pendant une saison »

Lestivebar

J’ai failli oublier l’étymologie : latin aestivus « qui a rapport à l’été ».

Toponymes en acum, anum, ascum, uscum dans le Midi

Étymologie des noms de lieux dans le Midi. Quelques liens.

Skok; Peter. Die mit den Suffixen -ACUM  -ANUM  -ASCUM UND -USCUM  gebildeten südfranzöschen Ortsnamen. Beihefte zur Zeitschrift für romanische Philologie. Heft 2. Halle, Niemeyer, 1906.  Le lien va directement à la page de titre du livre. [https://archive.org/details/zeitschriftfrr0102tbuoft]

Un ouvrage incontournable pour ceux qui s’intéressent à la toponymie du Midi.  La Table des matières . p.164-165. Dans la deuxième partie les noms de lieux sont groupés dans plusieurs catégories étymologiques: Noms propres (A-D), Noms,  de plantes, animaux, configuration du terrain,  bâtiments (E) , Adjectifs (F). L’ Index des noms de lieux modernes pp 232-262.

Skok2ePartie

Un exemple. Taleyrac hameau de Valleraugue, catégorie de Noms propres celtiques:

SkokTaleyracLe livre de Holder, Altceltischer Sprachschatz Bd2, colonne 1709  (Leipzig, 1896) contient en effet  un Tallarius en Allemagne comme nom d’une montagne.

Holder1709Tallarius

Dans Sp.briv. =  Chassaing, Spicilegium brivetense. Paris,1886 (en ligne avec Gallica)

Sp.briveTalairac

Ci dessous un extrait de l’index  des noms de lieux du Gard (p.243)

Skok_p.243.

carbonara, carbounat

Dans le site Druide, Histoire de mots, festival de pâtes, l’auteur raconte l’origine et le succès de la recette spaghetti alla carbonara.  Comme étymologie du nom carbonara il propose carbo « charbon » parce que les petits grains de poivre noir  se détachent des pâtes blanches comme des grains de charbon.

Carbonara

Une bonne explication. En occitan  carbounat signifie « blé niellé; nielle ».  La nielle est une plante à graines noires et toxiques, qui pousse souvent dans les blés. FEW II,358

Nielle_capsulecapsule de nielle

niellenielle de blé dans un jardin

 

Le niellage est une technique d’orfèvrerie très ancienne.

caoussido ‘chardon’

Caoussido caussido  ‘chardon aux ânes’ (onopordum acanthium) ou « chardon des champs »(cirsium arvense)  est répandu dans tout le Midi de la France. L’étymologie latin *calcita pose quelques problèmes.

Cirsium_arvense0

chardon des champs (circium arvense)

Onopordum_acanthium_002

et chardon aux ânes (Onopordum_acanthium)

Caoussido  comme chardon  en français est utilisé pour des plantes qui appartiennent à des familles différentes.

La première attestation du latin médiéval calcida date du début du XIIe siècle, dans le Liber floridus de Lambertus de Sancto Audomaro. (consultable chez Gallica). Un très bel article avec de magnifiques illustrations dans Wikipedia.

Arbres symbolisant les Huit Béatitudes

Arbres symbolisant les Huit Béatitudes

En latin on ne trouve que les mots chalceos, calcetum et chalca chez Pline qui les a emprunté au grec χαλκειος, χαλκη (chalkeios, chalkè) qui désignent une plante avec des épines.  Le petit problème qui se pose est la terminaison en -ido. Le fait que ce nom ne se trouve que dans le Midi permet de supposer qu’il y a été introduit  directement par les Grecs, surtout parce qu’il était très utilisé en médecine, en particulier pour le traitement des varices.

FEW XXI, 189 chardon

Bolbena ‘boulbène’

Bolbena « boulbène ». Etymologie peut-être un dérivé de volvere « tourner, changer » ou du celtique *ulwo . Voir la fin de cet article. . Si vous avez une autre suggestion étymologique, elle sera la bienvenue!

Définition du TLF: « Terre composée principalement d’argile et de sable, composant le sol de la région du Sud-Ouest de la France, plus particulièrement de la vallée de la Garonne. .. »

La première attestation date de 1796  d’après le TLF,  mais je viens de la trouver dans  le Manuel d’agriculture et de ménagerie publie à Toulouse en l’an II (1793-1794), le citoyen Fontanilhes1, à la suite des Physiocrates et dans le contexte de pénurie qui est alors celui de la Révolution, se propose d’instruire ses lecteurs du moyen d’augmenter la production agricole en France, et plus spécialement en Ariège et en Haute-Garonne.  La date est à corriger en sept. 1792 -1793.  su j’ai bien compris les explications données dans ce site.  Sur la page de titre la date de publication est  « L’an second de la République ».

fontanilhes_traite

L’auteur, pour être plus efficace utilise des mots régionaux, comme boulbène une francisation du languedocien et/ou gascon bolbena.
Lisez l’article de Christine Belcikowski pour connaître les spécificités de cette terre et le travail qu’elle demande.
Le mot semble être connu dans la région toulousaine; dans le Tolosanlexique je lis:

boulbenne n.f. terre assez légère, qui laisse des remontées blanches ou rouges, et qui devient poussiereuse en séchant. Après Pesquières, c’est de la boulbène. De l’occitan bolbena.

Voir le volume  FEW XXI, p.40  de mots d’origine inconnue, pour les attestations avec le sens « argile » et la page 33 dans le même volume avec le sens « terrain sablonneux » à Toulouse et au Cahors. Le CNRTL boulbène , qui ajoute une forme locale gasconne burbeno.. Nombreuses attestations dans l’article « argile » dans le Thesoc pour les départements suivants :LOT-ET-GARONNE, TARN-ET-GARONNE.

Plus sur cette terre dans Grands paysages pédologiques de France Par Marcel Jamagne

boulbène_Etym‘Ernest Nègre, dans son livre Toponymie du Canton de Rabastens (Tarn),Bibliothèque du « Français moderne ».éd. D’Artrey, Paris, 1959 présente des formes du XVe et du  XVIe s. en latin médiéval  Volvena  pour la commune  La Boulbène (81100).  Je n’ai pas la possibilité de le consulter, à part la p. 215 que Google me fournit comme exemple:

Un auteur dont je n’ai pas réussi à retrouver le nom, a publié un article dans la Revue du Tarn de 1958, p. 386 dans lequel il parle de la volvena:

volvenaRduTarn386(Volvena est absent de l’Alibert.) et il propose l’étymologie celtique *ulwo + le suffixe -ĭna

volveneRduTarn387Le FEW a un article *ulwo « poussière » (FEWXIV,16 ulwo-) dans lequel il y a un paragraphe avec des mots comme auvre, ouvre « terre meuble », tous localisés à l’est du Rhône.  Les mots languedociens qui ont la même orgine sont par exemple wolfo, bouolfo « balle d’avoine »(Aveyron), oubo, oufo à Laguiole, bóoufo à Millau  avec un b- par influence du verbe volar.

Il y a aussi un groupe assez important de mots qui désignent « cendres de charbon, étincelles » notamment dans le domaine occitan, dont bolbo « étincelle » dans l’Ariège. (Voir le FEW ). Il faudrait savoir comment la boulbène se comporte quand il y a du vent. Si elle fait beaucoup de poussière, l’étymologie volvena < celtique *ulwo + le suffixe -ĭna peut être la bonne.

J’ai aussi  pensé qu’on pourrait considérer volvena comme un dérivé du  latin volvere« tourner ». En ancien occitan est attesté le mot volven « changeant, tournant’. C’est  un article sur le Lauragais, qui m’a donné l’idée avec la description suivante:

Les boulbènes sont des terres légères et faciles à travailler ; sols sableux et argileux, froides et pauvres en calcaire ; tout sol qui contient plus de sable que d’argile porte la dénomination générique de boulbène ; après la pluie la boulbène durcit, elle est tour à tour poussière et béton.

Volvin nom d’un vent à Donnezan (Alibert) Pays du Donezan (canton de Quérigut, Ariège).   S’agit-il d’un vent qui tourne ou d’un vent qui lève la poussière?

A ma demande Pierre Gastal, auteur de  Nos Racines Celtiques – Du Gaulois Au Français. Dictionnaire. Editions Desiris, 2013.

a eu la gentillesse de me communiquer les résultats de ses recherches. Il m’écrit:

J’ai dans ma documentation un article BOULBENE, avec 5 définitions qui naturellement se recoupent. Je vous le mets en copie ci-dessous. Par ailleurs, le Dictionnaire de Jacques ASTOR a un paragraphe sur ce mot, non pas à “Arène” comme annoncé dans son index, mais à “Sablière” p. 704.

Quant à son étymologie, elle reste assez mystérieuse :

1) cet auteur apparente la racine bolb– au gaulois borb (source – plus précisément “source bouillonnante” => “la boue/bourbe qu’elle produit”). C’est simple et séduisant mais pas évident parce que la boue et un terrain sablo-argileux ne sont pas la même chose.

2) En ce qui concerne le FEW, je me méfie par nature des explications alambiquées et faire descendre “boulbène” de l’indo-européen “*ulwa”, étincelle (cf. occitan “alauva”) me paraît rien moins qu’évident.

3) La finale du gascon “boulbenc” ferait penser à un mot ligure mais le fait que ce mot soit caractéristique du Sud-Ouest et absent dans le Sud-Est infirme cette explication. Je pense qu’il faut bien plutôt chercher la réponse du côté du basque où l’on a “bolbora”, poudre. C’est là ma préférence.

 

BOULBÈNE (nf) : 1) de l’occ. gascon bolbena, en Gascogne terre sablo-argileuse acide prisée pour la céramique. Il s’agit d’une catégorie vernaculaire et particulière de LUVISOL. (Wikip.)

2) Du gascon boulbeno (parfois bourbéno), terre composée d’argile et de sable constituant le sol de certaines régions du Sud-Ouest, particulièrement dans la vallée de la Garonne. (CNRTL)

3) (Agr.) Terre relativement imperméable d’alluvions anciennes de cailloux sur une base argileuse. – Le mot est issu du dial. local pour caractériser la composition du lit de la riv. Ariège.(Wiktionnaire)

4) Sol siliceux ou argilo-siliceux, limoneux, constitué d’éléments très fins, par opposition au TERRAFORT, terre argileuse. Var. volvène. (Pégorier)

5) Terre d’alluvion de nature sablonneuse. (J. Astor p. 704)

Étym. : Du gascon boulbenc, d’origine inconnue (Dict. étym. Larousse) ; p.ê. basque, cf. bolbora (poudre).

Commune : Laboulbène/Tarn.

Lieux-dits (tous dans le Sud-Ouest) : (La) Boulbène à Lézat-sur-Lèze/Ariège, Auterive/HG, Ayguesvives/HG, Bivès/Gers, Quinsac/Gir., Castelnaud-de-Grattecambe/L&G, Dieupentale/T&G, Ginals/T&G, Labastide-de-Penne/T&G, …Bien amicalement à vous.

Quelques jours  plus tard Pierre Gastal ajoute :

Cher Monsieur,

Un ami que j’ai sollicité m’indique pour “boulbène” une étymologie qui me paraît tout à fait vraisemblable. Elle est tirée tout simplement du Tresor doù Felibrige de F. Mistral (1878) : racine BOLBO (“-ène” est un suffixe), page 304,  BOLVA en catalan, venant du latin PULVIS, poussière. Ailleurs, on trouve aussi BURBENO, terrre colorée, BOL, terre argileuse, BOULDRO, boue, limon.

Bonne journée.  P.G.

Ce message m’a fait relire avec attention  le long article pulvis du FEW IX, page 561 je trouve:  poulbèiro

PoulbeiroFEWL’étymologie déjà suggérée par Mistral pourrait être la bonne. Poulbèiro > boulbèiro serait alors une simple assimilation p>b sous l’influence de -beiro. Poulbéro est déjà attesté dans le Dictiounari moundi de Jean Doujat de 1637 . –eiro > -eno un changement de suffixe fréquent (à confirmer).

 

  1. Voir l’article de Christine Belcikowski