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Casau

Casau « cabane »(Alès) . vient du latin  casalis «ce qui fait partie de la ferme » en aoc. casal un dérivé de casa . A partir du VIe s., le mot casalis désigne également des bâtiments, conservé dans casau.

En provençal et languedocien, le mot a pris un sens péjoratif  « maison en ruines », déjà attesté en ancien provençal en 1475 et en languedocien. en  1655.

Carraunha

Carraunha « charogne » cf. escarraunha

Escarougner

Escarraunhar « égratigner, écorcher la peau », fr.rég. escarougner  est dérive de carraunha (Alibert) ou corrouogno « charogne » qui représente un latin *caronia « appât, charogne »  lui-même dérivé de carnem « chair ». Les formes avec -rr- se trouvent en occitan, catalan carronya et espagnol carroña, probablement à partir d’une  prononciation avec  double  -rr- qui augmente la valeur affective du mot  souvent utilisé comme injure. L’injure est même passé en néerlandais:  kreng « femme méchante; vieux « charogne », le k- s’explique par un emprunt aux parlers du nord-ouest (picard, normand).

Le sens « écorcher » qui est très vivant dans le Midi, s’est développé à partir du sens « mal couper, déchirer la viande; déchiqueter ».

L’étymologie  *caronia est à revoir; il s’agit d’une double étymologie du FEW: dans mon article escarrafi du germanique *skarrô,
j’écros: Le gotique *skarrôn  a donné le gascon escarrá « râcler, ratisser’, et plusieurs dérivés comme escarrat « individu qui n’a plus le sou », escarragná « érafler » qui vivent surtout en béarnais. Voir FEW XVII, p.102a-b.

Aujourd’hui le 16 janvier 2019 un visiteur m’écrit:

Bonjour,
Tout d’abord félicitations pour ce magnifique site d’étymologie occitane.
Je ne parle pas du tout occitan mais lorsque je vivais à Alès, mon grand père s »escarougnait pas mal les mains en bricolant et moi-même je m’escarougnais les genoux. Je voulais savoir si la forme pronominale d’escarougner était attestée.

Carrel, quéron

Carrèl, cairèl « carreau, compartiment carré; case de damier; carreau de cartes; outil de tailleur; pavé plat (voir plan ) ;etc. …..voir Alibert.  Dans les Cévennes : carré de papier fort à bords relevés sur lequel on place les vers à soie nouveau-nés. L’étymologie de la forme est la même que celle du français carreau latin vulgaire *quadrellus (dérivé de quadrus « carré ») représenté par le latin médiéval quadrellus « mesure agraire de superficie ». Les sens varient suivant le milieu dans lequel il est utilisé : un carrèl n’est pas la même chose pour un joueur de cartes que pour un éléveur de vers à soie. Le plus utilisé est le sens parpaing (appelé aussi bloc béton, moellon ou queron, caironselon les régions).

                                                                En bas à droite un carrèl (Wikipedia

Cardabella

Cardabella « carline à feuilles d’acanthe » est maintenant la forme la plus connue de cette fleur des régions sèches du Midi, grâce aux paysans militants du Larzac, qui ont appelé leur association la Cardabella.

 

Cardabello est le composé de carduus « chardon, artichaut » et bellus « joli, gracieux » en latin classique. Vous allez me dire, une histoire peu intéressante. Pourtant elle montre que la démarche du FEW c’est-à-dire de partir de l’étymon, éclaire autrement l’histoire des mots.

dipsacus sativa

Vers le IVe siècle latin classique carduus a abouti dans la langue parlée à deux formes: cardus, -i et cardo, -onis. La première forme cardus se retrouve en italien, catalan, espagnol et portugais cardo « chardon » et en français avec changement de sens carde, occitan carda « planchette garnie de pointes de fil de laiton pour carder la laine ». Cette utilisation ne peut provenir que du fait qu’anciennement on utilisait des chardons pour carder la laine. Plusieurs exemplaires d’une variéte speciale, la dipsacus sativa, liés ensemble servaient de carde (Weber Karde en allemand, c’est-à-dire carde des tisserands, en néerlandais kaarde) . A partir du moment que carda désigne l’outil de travail, on utilise l’autre forme, cardone(m) pour nommer la plante. C’est ce qui s’est produit en français chardon et en occitan cardon.

Quand on a remplacé la plante par une planchette, le nom de l’outil et de l’activité carder est resté.

                                                    

Les formes cardoulo, cardoulho etc. sont dérivés de carduus, comme cardaire « cardeur », Cardonel,cardounilho « chardonneret » sont dérivés de cardone(m).
Le maintien du c+a dans la forme française carde, est certainement dû au fait qu’au Moyen Age l’industrie de la laine était particulièrement développée en Picardie et en Flandres où cette forme est régulière.

Caput

Caput « têtu » (Lhubac) français régional.

Caput, un dérivé du latin caput,capitem, qui n’est attesté qu’à St.Pons et dans l’Aveyron,  est peut-être un réfection de la forme donnée par Alibert caparrut ,-uda « têtu, entêté » sur le paradigme occitan bana> banu ou français tête > têtu , donc cap > caput.

Attention! L’allemand kaput (prononcez « kapout »), le néerlandais kapot et l’anglais kaput veulent dire « cassé, inutilisable ». Ils n’ont pas la même origine. D’après le Bloch-Wartburg, l’allemand kaput vient du français capot un dérivé du latin cappa « sorte de couvre-chef ». Au XVIe siècle le français emprunte le mot capot avec le sens « manteau à capuchon » au normand, à l’occitan ou à l’italien, c’est difficile à dire. Depuis 1642 sont attestées les expressions être capot, faire quelqu’un capot dans le jeu de piquet où capot signifie « qui n’a pas fait une levée ». (Vous trouverez une description de ce jeu créé au XVe siècle dans ce site ).

Littré explique la création de cette expression par une comparaison du joueur qui est capot à quelqu’un qui est définitivement hors jeu comme si on lui avait jeté un capot « manteau avec capuchon » sur la tête. Pendant la guerre de Trente ans l’expression est passée de l’armée française à l’armée allemande et de là dans la langue allemande en général.
Problème! Le TLF fait venir l’argot capout de l’allemand : » capout […] tué ou tuer, mot employé en parlant des Allemands). Terme empr., prob. pendant la Guerre de Trente Ans, aux soldats de lang. germ.[…..]. termes de l’arg. milit. au sens de « assommer, tuer », adaptations, d’abord comme termes de jeu, du fr. (faire) capot*  »
La première attestation en allemand est orthographié capot! Le kapot néerlandais a peut-être emprunté directement au français.

Nous tournons un peu en rond.

Capitelle

Capitelle « cabane de vigne en pierre sèche ».

Le latin tardif  capitellum, un diminutif de caput  « tête »,  signifie  « chapiteau d’une colonne » et « téton ». Mais on  est resté

 conscient que c’était un diminutif de caput  qui signifiait aussi « chef, maître ». Ainsi nous trouvons en ancien occitan capdel  avec le sens «  chef, commandant, seigneur, maître, etc », cf. espagnol caudillo.

Au XIIe siècle capitellum a été de nouveau emprunté au latin avec le sens « chapiteau »,  en ancien occitan  capitel   et à partir de ce sens, d’autres significations  comme  « toiture d’un auvent, porche d’une église, petit hangar » et même « couvercle d’un pot », se sont développés. Ce que ces significations ont en commun c’est la forme arrondi du haut, du toit etc. Et nous voilà arrivés aux CAPITELLES  nîmoises mot attesté depuis 1620 d’après Lassure.( Lassure, un site magnifique, qui vaut le détour.) Au XXe siècle le mot capitelles  a eu un grand succès dans tout le Languedoc Roussillon grâce aux érudits gardois et ardéchois, tout en supplantant les mots locaux. Pour plus de renseignements sur les différents noms et leur histoires des constructions en pierre sèche,

CoupoleCapitelleP

 A droite une coupole de capitelle vue de l’intérieur, prise dans la « Combe des Bourguignons » à Marguerittes (Gard)

 

Quelques excursions à l’estranger

Au XVe siècle , il y  avait dans l’armée du roi beaucoup d’officiers  d’origine gasconne, notamment les fils qui étaient nés après l’aîné dans les familles nobles. A la cour ils étaient désignés comme  des cadets « jeune chef » avec la prononciation gasconne où capdè  était devenu cadè . Néerlandais cadet est une jeune officier à l’école militaire e.a. la Koninklijke Militaire Academie à Breda. Ce n’est pas un souvenir de l’occupation française sous Napoléon. La première attestation date de 1723, et antérieurement avec le sens de « jeune fils » . +ici

Très courant et avec une orthographe adaptée est le mot kadetje, diminutif de kadet, pour désigner un petit pain avec une fente au milieu. Ensuite par analogie « le postérieur », sens attesté également en français, TLF : « Rem. Le mot cadet est également employé pour désigner (p. anal. de rang, de place : 1) le postérieur (cf. ZOLA, L’Assommoir, 1877, p. 437); ». Un cadet est aussi un type de bateau à voile( mot international), et un modèle de la marque Opel.
Français cadet a été prononcé [kawdi]  en Ecosse, pour nommer le jeune valet qui s’occupait des golfsticks et les transportait dans un genre de chariot. Le mot a retraversé la Manche, dans la forme anglaise caddy ou caddie.

                                           Cadet                                       à droite: Kadetje                                     Opel Cadet                              caddie

Capitellum « petite tête » est également à l’origine du mot cadeau mais c’est une autre histoire. Au début du 15e siècle, un cadeau est d’abord une « lettre capitale ornée de traits de plume » souvent  c’est l’initiale d’une rubrique (= « en rouge »). Ensuite au milieu du 17e siècle cadeau prend aussi le sens de « fête galante offerte à une dame; régal », probablement un raccoourci de « invitation écrite avec des belles lettres capitales à une telle fête ». De là à partir de la fin du 18e siècle « présent destiné à fêter quelqu’un ». Emprunté par le néerlandais tel quel cadeau orthographié aussi kado.

Capitar

Capitar, capiter « réussir »(Lhubac); en français régional également « profiter » dans un contexte comme par exemple « on a capité du week-end avec les copains » (entendu personnellement à Genolhac, Gard, le 11.12.04). Dans le jeu de la pétanque capiter = « réussir »; Voir René Domergue.
L’étymologie est le verbe latin capitare > italien capitare « arriver quelque part; réussir ».  Capitare  est peut-être dérivé de caput  « tête », avec une évolution sémantique comme français achever.  Une autre possibilité est qu’il s’agit d’un dérivé  de capere qui existe entre autres en roumain capata  avec le sens « acquérir ».

D’après les données du FEW capita(r) est propre au franco-provençal et l’est du domaine occitan, jusqu’à Pézenas environ, avec les sens « rencontrer quelqu’un; réussir; arriver; trouver à point quelque chose ».

C’est un emprunt aux dialectes italiens voisins.    Capito?