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Aligot

Aligot  » préparation culinaire rurale de l’Aubrac ».

Voir la page Aligot, quincarlot, haricot,

Extrait:

A la fin du XIVe siècle apparaît en français le mot hericot ou haricocus du mouton; harigot (DMF article 7 de l’étymon *harion) « ragoût fait avec du mouton coupé et des légumes « . Ce sens est resté vivant dans l’Aubrac, p.ex. olicouót « ragoût fait avec des abatis de volaille », aricot à St-Affrique. Henri Affre , Dictionnaire des institutions, mœrs et coutumes du Rouergue Rodez, 1903, donne une variante pour Laguiole avec la définition suivante: oligot « plat composé de pommes de terre cuites à l’eau et de fromage encore imparfait pris en quantité égale et frits ensemble dans du beurre, qu’on fait à tout festin de noces ». (cité d’après le FEW). L’aligot serait d’abord un ragoût (FEW). Je penche plutôt pour les lambeaux ou les chiffons, notion qui a dû être présente dans l’esprit des noceurs. Nous trouvons la même image dans le mot très à la mode de chiffonnade, anglais chiffonade.

A mon avis la mot aligot (de l’Aubrac) vient directement de ce sens. Vous n’avez qu’à regarder l’image de Wikipedia

Escoubilles

Escoubilles « balayures », vient du latin scopiliae « balayures » mais en fr. rég. de Gignac on fait un « ragoût d’escoubilles ». Ce ragoût est très proche de celui qu’on appelle le quincarlotat. La différence ?? J’ai l’impression que dans le « ragoût d’escoubilles » il y a des restes. Si cette dernière supposition s’avère, on doit admettre que ces restes sont considérés comme des « balayures » qu’on jette normalement. Confirmé dans un blog : « quant au ragoût d’escoubilles, il s’agit d’un plat cuisiné avec des restes (les escoubilles) de viande et de saucisse, accompagnés de légumes et servi en ragoût ou en croustade. »

A Cabrières (Hérault) le mot DAUBE « daube » a été traduit par fricòt* d’escobilhas° (Thesoc)

Ici vous trouverez une recette du ragoût d’escoubilles. Pour la quincarlotte on coupe du mouton en lamelles, ce n’est pas pareil.

L’ Image concerne une autre recette (cliquez ici)

Ailleurs dans d’autres  localités (et d’autres blogs)  les escoubilles sont maintenant les « poubelles » ou même la « décharge ».

Escanar

Escanar  » étrangler, étouffer ; resserrer, égorger ; crier à tue-tête  » n’a rien à voir avec le scanner, un mot anglais emprunté au latin scandere « monter, grimper » et qui au 16e siècle a été utilisé pour  » scander des vers « . A l’époque, les élèves frappaient de leurs mains ou de leurs pieds à chaque syllabe accentuée pour en marquer le rythme montant ou descendant des vers. » Le sens « regarder attentivement » date de 1540 et son contraire dans scan a page « jeter un coup d’oeil sur une page » en 1926. Je ne sais si mon scanner est supposé de regarder attentivement ou superficiellement.

Notre escanar est dérivé du substantif canna  » roseau, tuyau  » que les Romains ont emprunté aux Grecs. A partir du sens « tuyau » beaucoup d’autres se sont développés : cheneau « robinet, bobine » ; cannelle ; occitan cano  « mesure de longueur : 1.98 m (voir cet article); bâton et de là jambes en argot ; cruche, cannette ».

Celui qui nous concerne est : « trachée-artère » dans l’expression canne du poumon.  Ex + canna + are prend alors le sens de « achever de tuer, un porc par exemple ; égorger « . Le mot est bien occitan, attesté avec le sens « égorger » de la Val Soana jusqu’en béarnais. Dans le Midi on aime les expressions fortes. A Alès par exemple s’escanà veut dire « travailler dur, s’éreinter ».

                          canna canne du poumon

escanada

Deux problèmes :

Mathon donne dans son site : escana « chapardé « , escana « chaparder » et escanaïre « chapardeur » . (Nîmes) Ce sens est confirmé par mon copain de Manduel. Escana « dérober » est attesté comme mot marseillais et dans des dictionnaires d’argot depuis 1838. A quel sens de excannare faut-il le rattacher?

Le « bleuet » (la fleur ou l’oiseau ??) est appelé escanapols à Saurat en Ariège; confirmé sans localisation par Alibert.

Michel Wienin commente et ajoute:

ESCANAR.           Pas de problème pour le sens initial d’égorger avec extension à étrangler (resté dominant en Lgdc sud) : quand j’étais petit les grands garçons jouaient à l’escanette chacun étranglait l’autre jusqu’à ce qu’un des deux abandonne ; jeu bien sûr interdit à l’école !). les sens dérivés suivent la même logique qu’en français : prêter à taux usuraire : escanaire = étrangleur, escanador = coupe-gorge d’où escroquer (dominant Provence et Lgdc est) puis voler, chaparder etc. Un usurier  ou un prêteur malhonnête est qualifié d’escana-cat (il ferait rendre gorge à un félin).

 

 

Escampar "jeter"

Escampar « répandre, faire couler (du vin), distribuer », intransitif « jaillir »; escampa d’aigo « pisser ».

Ce verbe composé de ex + campus + are est attesté en occitan et en franco-provençal depuis le moyen âge.  En ancien occitan un escapaire est un « dissipateur ». Quand on répand des solides dans des champs, on le jette en général,  de là escampar « jeter, lancer » et s’escampar « s’élancer » verbe fréquemment utilisé dans la course camarguaise. 

En français régional escamper « jeter à la poubelle » vient de l’occitan et non pas de l’italien. (Lhubac)

A ne pas confondre avec l’italien scampare « échapper » provençal escampo « prétexte, échappatoire » d’un *excappare « échapper », influencé par notre escampar. Sur le web en occitan on trouve les deux significations pour s’escampar. Il s’agit d’homonymie.


D’après le TLF le verbe  escamper « s’esquiver » vient du provençal et   escamper  « jeter, faire disparaitre » de l’italien « scampare », mais le verbe italien n’a pas cette signification.

Escambarlat

Escambarlat « qui a un pied dans chaque camp ». est un mot utilisé par René Merle dans sa conférence donnée à la Société d’histoire moderne et contemporaine de Nîmes et du Gard, le 19 octobre 1991, intitulée Nimes et la langue d’Oc. Voilà un mot qui serait bien utile dans les discussions politiques, mais qui n’existe pas en français. En France il faut choisir, (jambe) gauche ou droite. Le sens figuré que lui donne René Merle est déjà attesté en béarnais au XVIe siècle : escarlambat « celui qui, pendant les guerres de religion, marchait avec les deux parties ».

Escambarlat est dérivé du latin camba, gamba « articulation entre le sabot et la jambe du cheval » qui a remplacé le latin classique crus dans presque toutes les langues romanes, à l’exclusion des langues ibéro-romanes et une partie du gascon qui l’ont remplacé par le type perna « cuisse des animaux, jambon », espagnol pierna ‘jambe’. Camba a été emprunté au grec kampè ‘articulation’ d’abord par les vétérinaires. Ce mot montre clairement que le latin que nous parlons est une langue populaire.

    
Une analogie ?

Escambarla « enjamber » s’escambarla « se mettre à califourchon, écarter les jambes », est limité à l’occitan et au franco-provençal; il est peut-être composé avec ou influencé par cabal ‘cheval’. L’abbé de Sauvagesajoute qu’il est « indécent d’écarquiller les jambes en compagnie » et il ajoute l’adjectif escambarla ‘libertin, celui qui est libre dans ses propos’.

Tiré du livre de André BERNARDY «Les sobriquets collectifs (Gard et pays de langue d’Oc)» – AHP – Uzès. Et Jean-Marie Chauvet – Historique de la commune de Rodilhan.Lenga de Pelha.

« A Bouillargues, les gens avaient tendance à marcher les jambes écartées. Est-ce la pratique du cheval qui avait provoqué cette déformation générale, propre aux cavaliers, et cela parce qu’ils utilisaient leurs chevaux de labour pour aller à la rencontre des taureaux lors des «abrivados» ? Ou bien, au temps des guerres de religion, jouaient-ils le double-jeu et avaient-ils un pied dans chaque camp ? Ou bien leur déformation était-elle congénitale ? Ou bien encore était-elle sortie de l’imagination de leurs voisins ? Qu’importe, ils furent bel et bien «lis escambarla» ou jambes arquées. »  Voir le site généalogique de Rodilhan.

    
deux escambarlats

Drolle, drolla

Drolle, -a « garçon, fille ». Une discussion qui date de 2007 sur le Forum Babel me fait revenir sur l’histoire de ce mot. D’après les dictionnaires il s’agit d’un mot d’origine néerlandaise drol qui signifie en néerlandais moderne « crotte; enfant potelé ». La première attestation en néerlandais date de 1477 drol(le) avec le sens « lutin, satyre » et en 1599 chez Kiliaan, le fondateur de la lexicologie néerlandaise, drol est « lutin, petit bonhomme ». Le sens affctueux pour « petit enfant » date du 19e siècle! (EWN qui ajoute: si le mot drol « lutin » n’est pas un emprunt à l’ancien norvégien troll « monstre », le sens d’origine est « une personne petite et grosse « .)

Les premières attestations en français datent du 15e siècle drolle, drole, draule s.m. »plaisant coquin » , au 16e et 17e s. Ce sens devient péjoratif  « personne rusée , qu’on méprise; mauvais sujet ». Au 19e s. drôle devient aussi adjectif avec le sens « qui a quelque chose de singulier et de plaisant ». Dans les dialectes l’adjectif garde le sens « drôle, capricieux, amusant; gentil, joli » . Il est attesté dans tous les dialectes, du wallon jusqu’au béarnais. Parfois le substantif devient indépendant, comme à Vissoye (Valais, Suisse) drola « femme », et dans le Périgord drolo « drôlesse ». Dans l’Isère drol désigne le « bourdon ou le frelon » , mais la raison de ce transfert sémantique ne m’est pas clair.

Les dérivés comme drôlerie, drôlichon, drôlet vivent surtout dans la langue officielle.

La première attestation de drôle « enfant » date de 1771 et vient du Midi dans la forme drollet dans le » Catholicon, ou Dictionnaire universel de la langue françoise/ Catholicon oder französisch-deutsches Universalwörterbuch der französischen Sprache » de Johann Josef Schmidlin (qui n’est pas encore numérisé, presque 4000 p.pour le premier vol. ). Les sens « enfant » > « jeune homme, fils » > « domestique, aide-berger » etc. vivent dans les dialectes au sud de la Loire, en Bourgogne et en franco-provençal’.

L’évolution sémantique  » amusant, rigolo » > « enfant » a dû se produire en occitan. On n’a qu’à écouter des mamans parler de leur bébé pour comprendre que drôle ou coquin peut passer du sens  » mon plaisant coquin » à « mon enfant ».

Je pense que cette évolution sémantique s’est produite indépendamment dans les deux langues.

              
                                       petit coquin.                      Ce chat néerl. s’appelle drolletje (diminutif de drol).

Dralha

Dralha « sentier pour les troupeaux « , fr.rég.draille mot commun à l’occitan et le sud du franco-provençal. Voici la description d’une draille trouvée dans le site http://membres.lycos.fr/gtmc/etape06.htm:

« Deux grandes voies de transhumance traversent le Mont-Lozère: la plus importante – qui s’introduit au cœur même de la montagne – est la grande draille du Languedoc au Gévaudan. Elle amenait les troupeaux de la région provençale et gardoise ainsi que les petits troupeaux des contreforts cévenols jusqu’au Col de Finiels puis redescendait vers la vallée du Lot avant de gravir la montagne du Goulet et de déboucher enfin sur les plateaux du Gévaudan. Le tracé des drailles n’est plus guère entretenu mais il est encore facile de repérer leur empreinte rectiligne: celles-ci vont de crêtes en cols en évitant les fonds de vallée. Resserrées sur les terrains escarpés, elles peuvent atteindre jusqu’à 80 à 100 mètres de large dans les espaces dégagés et, sur leurs bords, figurent des murettes de pierres sèches pour canaliser les troupeaux. »

      
draille de Valleraugue vers le Mont Aigoual, 4000 marches

 
Draille entre l’Aubaret et St.Maurice                               Autre draille        

Von Wartburg le rattache au verbe *tragulare, un dérive de trahere « tirer » ou de tragula « traineau ».*Tragulare devait avoir un sens spécifique pour les chasseurs « chercher la bête avec les chiens sans avoir aucune piste ». L’évolution sémantique s’explique alors à partir d’un sens « chemin ou piste fait par les traineaux » et ensuite « piste » tout court. En ancien occitan il y a en effet le mot tralh « piste; glissoire pour lancer le bois du haut de la montagne » et en aveyronnais moderne estroillá « suivre à la trace ». En gascon la drailha est en effet appelée la tralha, d’après le Thesoc « piste pour troupeaux ».

Mais le dr- au lieu de tr- n’est pas une évolution phonétique normale. Elle ne peut s’expliquer que par l’influence d’un autre mot avec un sens plus ou moins proche, comme languedocien dressieiro « sentier » qui est souvent un raccourci, un dérivé du latin directus. En effet, les « drailles » que je connais dans les Cévennes sont des raccourcis comparés à la route normale pour matériel roulant. Il y a une draille qui va de Bertézène au Col du Pas.

J’aimerais attirer l’attention sur le fait que le sens du mot draillo s’adapte à la configuration du terrain (voir les images): « trace dans la neige, sentier pour les troupeaux » en montagne mais « chemin » à Montpellier, « ravine » à St.André de Valborgne, « couloir pour descendre le bois », mais aussi  « trace de quelqu’un dans une récolte » en Limagne.

Gard drayaou « petit sentier dans les champs »; Montpellier dralhason « itinéraire ». Composé: languedocien s’adraya  » s’acheminer; se mettre en train de faire quelque ouvrage » Borel 1655, Alès idem; v.n. « frayer un chemin » 13/2,174a ;
.Panoccitan : endralhar « mettre sur la voie » , adralhar v. tr. 1. viabiliser; 2. acheminer; 3. impulser; v.r. » s’acheminer ». etc.

Voir aussi l’article trallar « troller »!

 

 

L’hôtel La Draille d’Alès,  ce n’est pas la même chose.


 

Drac

Drac « lutin, farfadet, follet diable » du latin draco, draconem.« gros serpent; la constellation Le Dragon; vieille souche de vigne et d’autres sens au fig. »

Ancien occitan drac « dragon »: (Raynouard), et dragon. Draco est utilisé en latin chrétien pour désigner le dragon de l’Apocalypse (12, 3) et le diable.(TLF ). Voici le texte en question:

« 3 Un autre signe parut encore dans le ciel; et voici, c’était un grand dragon rouge, ayant sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes. 4 Sa queue entraînait le tiers des étoiles du ciel, et les jetait sur la terre. Le dragon se tint devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer son enfant, lorsqu’elle aurait enfanté. »

Au figuré drac, dragon, prend des sens plus ou moins méchants, par exemple dans l’Aveyron dragoun « bourdon », à Pézenas le drac est un être diabolique qui suivant la tradition, sortait d’un puits, appelait à lui les enfants vicieux et désobédients pour les fair monter sur son dos infiniment long et se précipitait avec eux dans son puits!   Ailleurs un « esprit follet » , etc. Languedocien dragas « femme d’un caractère violent ».

Un visiteur de Pézenas m’écrit : La gourgue ( les eaux de l’Etang, entre Pézénas et Tourbes vont se jeter dans la « gourgue », sous le château de Conas, hameau proche du cours de l’Hérault) était le repaire d’un « Drac« ; un de ces chevaux fantastiques dont le dos s’allonge, il invite les enfants à l’enfourcher, après quoi il va les noyer. Un autre habitant de la gourgue était « lo Serrà ». Dans les bestiaires médiévaux, « la Serre » (elle change de sexe en occitan) est un animal tout aussi fantastique qui se précipite sur les vaisseaux pour les faire couler. Il s’agissait d’inspirer aux enfants une frousse bleue par ces récits, pour les empêcher de s’approcher des endroits dangereux.

   
Drac
à Beaucaire              Tarasque à Tarascon    Drakkar des Vikings

Drac et dragon est un des rares cas où la forme du nominatif et celle de l’accusatif latin sont conservées. D’autres exemples français sont : pute, putain; gars, garçon. En ancien anglais on trouve drake et en anglais moderne dragon emprunté au français. Néerlandais draak, Allemand Drache, Suédois drake , au pluriel drakkar « bateau de Vikings ».

Draconien par contre est dérivé du grec Dracon, législateur d’Athènes (fin 8e s. av. J.-C.), célèbre pour sa sévérité