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Pégasse

Pégasse fr.rég. « plat de pommes de terre » voir l’article pegar

Pegar, pégasse, pego, pegous

Pegar « coller », du latin picare « enduire de poix, coller, goudronner ». Le sens « marquer sur la toison des brebis le chiffre du propriétaire » (Alès)  est déjà attesté dans les Basses Alpes en 1535. empegar « poisser » (SeguierI), s’empega , se sont empegas toutes dous en parlant par exemple d’un mauvais mariage de part et d’autre (SeguierI).

Pégasse fr.rég. « plat de pommes de terre » (Bernadette Lafont dans ‘La patate en fête. Edition 2004’ Edité par Germicopa , p.72 : « la recette m’a été indiquée par Jean Pellet, un berger cévenol. Je pense que ça vient du point de cuisson qui est atteint quand les patates et les oignons commencent à coller (péguer) au fond du poëlon ». Dérivé de pegar du lat. picare.

Pego « poix » dérivé du verbe pegar du latin picare « enduire de poix, » remplace en occitan et en catalan le mot petz, mot courant en ancien languedocien (13e s.) et qui était le représentant régulier du latin pix, picem. Anglais pitch, néerlandais pek allemand Pech viennent directement du latin.

Français poix a donné le verbe poisser « enduire de poix » d’où le dérivé poisse. L’allemand Pech haben est littéralement « avoir la poisse » une expression qui en français vient de l’argot des coureurs cyclistes et date du début du 20e siècle d’après le TLF. L’expression allemande Pech haben par contre date du 18e siècle. Elle est passée en néerlandais pech hebben. Grimm l’explique à partir du composé Pechvogel « malchanceux » littéralement « oiseau pris avec de la poix ». Je ne serais pas étonné si l’expression « avoir la poisse » n’est pas une création des coureurs cyclistes, mais un emprunt-traduction de l’allemand. En allemand elle a été créée dans le milieu des étudiants.

                          poisse                                                      quelques morceaux de pego naturelle

Pego-souleto « post-it » en bon français! composé de pego + souleto dérivé de latin solus. Néologisme recommandé. Pegassolet repris par Panoccitan.

A Marseille on connaît des Suce-Pègue : individu « pot de colle ». « Oh dis à ton frère qu’il me lache un epu. Que suce-pegue! » Tiré du site: http://www.marseillais-du-monde.org/dictionnaire.php3
Un visiteur de la région biterroise me signale : aquello empego! « c’est un peu fort de café ».

Pégot, le  «cordonnier,  savetier» est celui qui se sert le plus de la pègo.
Pegoumás, pegomas  « emplâtre ou cataplasme de poix; croûte sur la tête; torchon sale ». D’après Alibert pegomàs  signifie à Toulouse « rhume de cerveau; importun ».

Pégoulade « défilé avec des torches enduite de pego » Nîmes et Camargue

    

Pegous « gluant, fâcheux »; camparol pégous pour « Suillus granulatus » (champignon collant, Durieu); au figuré « qqn de collant » (Andolfi). Alibert s.v. pega ne mentionne que les sens figurés « fâcheux, geignard » etc. et « poisseux ».

 

FEW présentation et explications

FEW

Walther von Wartburg  « Französisches Etymologisches Wörterbuch. Eine Darstellung des galloromanischen Sprachschatzes ». Leipzig 1922 en cours de publication.

Sont absents de cette photo ; les 2 vol. Index (2370 pages, 3 colonnes sur chaque page), le Beiheft + Supplément qui contient tous les noms de lieu et de régions  avec les références  cités.  Ci-dessous la Tables des matières du FEW.

   

Le dernier comprend la Table des matières des vol. XXI-XXIII, pour ceux qui cherchent du travail, ainsi que  celle de la refonte du premier vol. , lettre A. La refonte d’une partie de la lettre B se trouve dans le site de l’ATILF.

Ci-dessous la carte de l‘Atlas linguisitique de la France avec inscrption des noms de lieu qui sont mentionnés dans le FEW. Cela veut dire que von Wartburg disposait d’un dictionnaire ou d’un lexique du patois de cette localité. Vous constaterez que pour la Provence, il y a encore du travail à faire!

Ci-dessous la carte aveugle du domaine occitan.
Les chiffres sont  les points de l’ALF, les petits cercles indiquent les lieux dont un dictionnaire, un lexique ou une oeuvre sont représentés dans le FEW.

« Strich »: l’ordre des localités dans un article. Un  Tour de France à faire.

Voici un exemple des fiches de préparation d’un article du FEW. Pour le limousin von Wartburg avait dépouillé entre autres le « Lexique limousin d’après les oeuvres de Joseph Roux » Brive 1895-7. D’où cette fiche:

L’article  insula « île ».

L’ étymon  insula  avec la traduction en allemand.

La structure d’un article qui est indiquée par une numérotation précise, est expliquée et commentée à la fin de l’article. Ici :

 I.1.a. Les représentants de l’étymon latin en ancien et moyen français: isle le genre et la signification, la date de la première attestation avec la source si elle n’est pas dans les grands dictionnaires. Suivent les attestations du moyen âge dans les dialectes de la langue d’oïl et de la langue d’oc dans un ordre déterminé ( le « Strich » voirci-dessus), qui commence avec l’Ile de France pour reprendre avec l’ancien wallon et finir avec l’ancien gascon des Landes. Ici: agn. = ancien anglo-normand, le français parlé en Angleterre entre de XIe et le XVe siècle. Suit la forme en moyen français  hyle avec le même sens, attestée dans un texte de 1485 probablement écrit dans les Flandres et la forme en français moderne île. En ancien dauphinois ila et isla, trouvés dans la traduction de la Summa Codicis Justiniani datée du XIIIe s. en dauphinois de la région de Grenoble.  Suivent les différentes formes de l’ancien occitan avec dates et localisations et les formes dans les patois modernes. Elles sont données dans l’ordre du « Strich« , à commencer par les patois de l’Ile de France, suivi  d’un saut vers le wallon, pour finir avec Lesparre dans la Gironde. Les données rassemblées ici proviennent de Giv. = Givet (Ardennes) et Petit-Noir (Jura) iy, Hérémence (Valais suisse), pr(ovençal) (= occitan) isclo, Mars(-eille)  (trouvé dans le dictionnaire du marseillais d’Achard édité en 1785), suivent les formes de Nice, Alès, Lasalle (30), du languedocien, Castres,du Rouergue, etc. etc. Les définitions données sont celles fournies par les sources.  Les sources de ces données sont indiquées dans les Suppléments au FEW.

Tiret « Übertragen » : les attestations du même mot au figuré.

Ablt. « Ableitungen » = dérivés. Les différentes formes et/ou significations sont séparés par un tiret long.

 

Zuss. « Zusammensetzungen » = composés.  Amyot = Jacques Amyot (1513-1593)

b.  (= I.1.b) Le même étymon est à l’origine  de iscla avec le sens « buissons  »  et les sens qui en proviennent. Suivent les attestations avec les significations données dans les sources. Toujours dans l’ordre du « Strich ».

 

 

Ablt. = les dérivés appartenant à ce groupe sémantique. L’ordre des dérivés est alphabétique suivant les formes des suffixes en latin .


islaie f. « lieu planté d’osier » (Est 1549-Oud1660)  : la forme islaie avec le sens « lieu planté d’osier » se trouve dans les dictionnaires français de Robert Estienne publié en 1549 jusqu’à celui d’Oudin de 1660.

2. (= I.2.) Apr.(=ancien occitan)ila. La première attestation de cette signification se trouve dans un texte de 1408 provenant du Puy en Velay, publié dans la revue Archivum Romanicum, vol.3, page 522. (Grâce à Internet vous pourrez le vérifier!).  Mon ami de Vias (Hérault) m’écrit que dans les archives locales du XIXe et XXe s.  le mot ile est souvent suivi d’un nom de personne.

 

II. Tout ce qui suit est basé sur des emprunts.

II.1.a.α. Emprunt à l’italien qui a crée le verbe isolare, emprunté d’abord en occitan.  Attestation de 1517 dans le livre de P.Pansier Histoire de la langue provençale à Avignon du XIIe au XIXe siècle.

II.1.a.β. ensuite à partir de la forme du participe passé isolato,

 

 

Ablt. (=Dérivés) On a créé l’infinitif isoler  à la fin du XVIIe en français, à partir du participe passé  isolé.

L’évolution sémantique du verbe isoler et des dérivés. Notez que l’argot n’est pas oublié.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Intéressant de noter que l’isoloir n’existe que depuis 1914

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

b. (= II.1.b.) Emprunt à l’italien du 16e s.

c. (=II.1.c.) Un autre emprunt à l’italien du 16e s.

2. (=II.2.) Le français a emprunté le mot directement au latin, ce qui explique le –n-.

Le sens du pluriel « les insulaires » espèce de contredanse » attesté dans les dictionnaires de Trévoux de 1752 à 1771 demande une explication.

3. -7.  (=II.3. – II.7.)  .L’explication des groupements suivants se trouve à la fin de l’article.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Latin INSULA est toujours vivant en italien isola, en ancien logudurien (langue de la Sardaigne) iscla, dans l’Engadin (Suisse) iksla, en ancien catalan yla (1291), en catalan illa, espagnol isla, portugais ilha, galicien insua ainsi qu’en galloroman. (Ci-dessus le groupe I.1.a).  Quelques formes n’ont pas suivi une évolution phonétique régulière comme par ex. italien isola mais aussi Ischia). L’allemand Insel est emprunté au latin, le moyen néerlandais ile  (> Lille) et l’ anglais isle ont été empruntés au français, le mot basque irla est emprunté au béarnais.

Dans le latin parlé dans les pays romanisés entre le Ve et le Xe siècle insula a pris le sens « terrain le long d’une rivière, terrain inondable, buissons et petits arbres sur ce terrain », attesté en moyen latin insula (dans un texte publié par C.Nigra); de là albanais iske « buissons sur les rives » (en Calabtre),  sicilien isula « idem », Montferrato (Piémont) isra « idem », Agnone (dans le Molise, sud de l’Italie) « terrain alluvionnaire », Montella iska « terrain près de l’eau », campidanien (un dialecte sarde) « idem », obwaldisch (parler des Grisons, Suisse) isla, Alghero (îlot avec une parler catalan en Sardaigne) iscra « frutteto ». Ce groupe de mots est réuni sous I.1.b. En latin insula a également le sens de « groupe de bâtiments derrière la maison du maître (domus)« . Ce sens existe toujours en galloroman dans les mots réunis dans I.2. II. Ce groupe comprend les emprunts. L’italien a créé le verbe isolare, dérivé de isola. Le groupe II.1.a contient les emprunts, d’abord en occitan (II.1.a.α ) et ensuite le part.passé isolato en français (II.1.a.β). Ensuite le français a emprunté le verbe isoler ainsi que d’autres dérivés, d’abord dans le domaine de l’architecture, ensuite le sens s’est généralisé pour de nouveau se spécialiser dans le domaine de l’électricité. D’autres dérivés italiens ont été empruntés, pendant une certaine période : isoletta « petite île » (II.1.b) et isolano « habitant d’une île » (II.1.c). Le groupe II.2. est emprunté au latin insularis, II.3.a.au latin insularius terme technique de l’archéologie, II.3.b vient de insularius ou bien de l’adjectif insularis; II.4. vient de insula-nus. La medecine moderne a crée deux dérivés (II.5.a et II.5.b). II.6. est un emprunt au latin paeninsula « presqu’île » qui apparaît en même temps que le mot demie île et prequ’île. II.7 est emprunté à l’anglais isleman comme dénomination des habitants des îles dans La Manche. Il est curieux que ce mot composé de isle et man n’est pas attesté en anglais avant le XIXe s.  – Bibliographie.

FEW bandjwan

L’article BANDWJAN « donner un signe »

En consultant les statistiques de mon site, je constate que la page FEW est de plus en plus souvent regardée. Le FEW est

le plus grand DICIONNAIRE ETYMOLOGIQUE qui existe.
Büchi (Eva) / Chambon (Jean-Pierre), 1995.
« « Un des plus beaux monuments des sciences du langage » : le FEW de Walther von Wartburg (1910–1940) », in : Antoine (G.) / Martin (R.) (éd.), Histoire de la langue française 1914-1945, Paris, CNRS-Éditions, 935-963.

Rien de comparable n’a été fait pour aucune autre langue. Voici un deuxième exemple de l’énorme travail qui a été entrepris par Walther von Wartburg et son équipe. Mieux encore sera de suivre ce lien : Une présentation du FEW avec des

  • Aides à la lecture: 1. l’ordre géolinguistique (pour télécharger la carte cliquez! ) 2. bibliographie des sources qui sera publiée en 2008
    3.Un glossaire allemand- français.
  • Projets en cours : 1. la refonte de la lettre B et 2. la possibilité de télécharger 14 articles ! 3. Promesse de publication sur le web d’un index onomasiologique.

Voici ma petite contribution: à gauche l’article du FEW, à droite mes explications. Chaque article du FEW est composé de deux ou trois éléments : après l’étymon 1. les formes et les significations 2. l’histoire de cet étymon du latin jusqu’à nos jours, de ses dérivés et composés, et l’explication de l’agencement des formes et des sens et si besoin 3.des notes à la fin.

Il y a un ordre fixe dans l’ordre des mots donnés, applé le « strich ». L’apprentissage de la consultation du FEW demande quelques efforts, mais cela vaut la peine. La localisation précède la forme et le sens, la date et éventuellement la source la suivent. Les formes du moyen âge en premier, suivi des formes et des sens des temps modernes. Toutes les abréviations, comme Apr., Nice, awaadt. Hérém. sont expliqués dans le Beiheft. Par exemple Béz. = Béziers et la source pour le parlers de cette ville est Jean Laurès, Lou campestre. Montpellier 1878.

 

bandwjan (gotique, burgond) « donner un signe  »

I. Ancien occitan bandir verbe actif …. Nice bandi; ancien occitan bandir …. ancien vaudois, Suisse(avec le même sens), ancien occitan (même forme) « bannir », …(1369  les comptes d’Albi), en Gruyère.  Dans les patois modernes: , Valais bandi ……, Hérémence (Suisse) même forme = bandi …., Vallée d’Aoste même forme, sens « bannir », centre du Dauphiné …..
Dep. des Hautes Alpes même forme, sens « lâcher.. », Nice bandi « bannir; chasser », Béziers, Puisserguier bandi, marseillais bandir « exiler » dans le dictionnaire d’Achard, Aix-en-Provence bandi meme sens, dans le dictionnaire de S.A.Pellas, Alès même forme, sens « chasser… », Puisserguier « meme forme + mêmes sens; bannir », béarnais bandi « bannir ».
Dérivés. Nice ………..Ancien dauphinois (=avant le 16e s.)bandeis ..; Evolène (Valais) …………., Vaudois (= les villages vaudois dans le Piemont) …………………………………..(Source: Roletto; Archivum Romanicum 23, p.414). Ancien béarnais banidor ……………………..Ancien occitan bandimen subst.masc………..
ancien béarnais bandiment « …… », moyen français , même forme « ban » source le dictionnaire de Cotgrave; marseillais bandissament « exil » source Achard.
Latin médiéval (7e-14e s.) ……..(Wallis = Valais); …………………………………………………………Lourties (Valais)
Lallé (un hameau de la commune St.Jacques, Htes Alpes, Gap, St Firmin) Source: D.Martin, Dictionnaire du patois de Lallé. Gap 1907-9. eibandir « ….. ».  ………Ancien occitan ( source : Raynouard M. Lexique....; Levy E. Provenzalisches …; etc.) desbandir « .. ». Ollon (Vaud). …

 

 

 

Composés. Nice, bearnais…………………..Anien occitan forbandir « bannir » (Levy, Petit dictionnaire provençal-français)………………………………….Toulouse ….. ….(G = P.Goudelin Oevres 1887, voir Mistral), Cahors…..Caussade, Agen …….., Aveyron …………Béarn……..
Bayonne ….. L.F = la source, …………..
Rhodanien (= provençal de la vallée du Rhône).
Npr. = ocitan moderne. Source principale : Mistral.

 

II.1. Français moderne bandy subst. masc.. « ………. » ( 1640 d’après Dictionnaire Général; Richelet Dictionnaire de 1759) bandit (depuis le dictionnaire de Miege), le sens « homme…. » depuis le Dictionnaire de l’Académie 1740), Suisse « …. », Vallée d’Aoste « … ». Albertville …
……….Lantigné en Beaujaulais ( J. Descroix Glossaire du patois de L. Paris 1946) ………………….Français moderne… ………………………….(Dictionnaires de l’Académie 1798-…) ……………………………………………………………………………….

…… (depuis le Dictionnaire de l’Académie 1835). Dérivés (en galloroman) Français moderne……..(depuis le dictionnaire français -allemand de Mozin, ed. de 1859). – Metz….
Lorrain (source J.F.Michel Dictionnaire des expressions…)

…2. Nice …………

 

 

 

 

L’étymologie.

Du gotique bandwo  » signe  » est dérivé le verbe BANDWJAN « donner un signe. » Celui-ci vit en occitan et en franco-provençal. (En haut I), en plus en italien bandire, catalan bandir. Espagnol et portugais. bandir, qui sont attestés relativement tard, ont été probablement empruntés au catalan ou à l’ancien occitan. L’extension du mot sur le nord du franco-provençal rend un emprunt au burgond vraisemblable pour cette région.
Le développement sémantique « proclamer » > »exiler » attesté pour la première fois au XIVe siècle , est probablement dû à l’influence du fr. bannir.
En italien, le part. parf. bandito a pris comme substantif la signification « bandits, voleurs ». De là les emprunts II.1. Le subst. fem. bandita signifie « riserva di pascolo ». De là les emprunts 2. – Meyer-Lübke n°930.

Empeutar, enter, ensertar, greffer

Empeutar « greffer ». Je viens de recevoir les Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont. Du temps dans l’espace. Guylaine Brun-Trigaud, Yves Le Berre et Jean Le Dû. CTHS, 2005. 363 p. (voir Abréviations). Gilliéron et Walther von Wartburg en ont rêvé, Guylaine Brun-Trigaud, Yves Le Berre et Jean Le Dû l’ont fait, au moins partiellement. Étant en train d’étudier l’étymologie de empeutar et d’autres verbes avec le sens « greffer », j’étais très content de trouver trois cartes sur ce sujet dans leur livre. Voici une compilation de leurs cartes 377 « enter/greffer » et 192 « empeuter »: (la zone « enter » est un peu amputée).

Enter, entar, enta Le type enter couvrait au Moyen Age tout le Nord du domaine galloroman. Le type greffer a été dérivé du substantif greffe au 15e s. Greffe « pousse d’une plante qu’on insère dans une autre pour que celle-ci porte le fruit de la première » est un emploi au figuré de greffe « stylet pour écrire sur des tablettes de cire » (13e s.) < latin graphium  » stylet ».
Greffer Nous voyons immédiatement que le verbe greffer a gagné beaucoup de terrain et que cette extension vers le Sud suit la grande route le long du Rhône. Il y a aussi des attestations en Aquitaine. Je reviendrai sur ces taches gris-bleu dans les Pyrénées Atlantiques et les Landes..
Empeutar Le type empeutar domine dans l’Ouest de l’occitan. La forme de la zone bleue en particulier les deux îlots à l’ouest et à l’est sur la carte indiquent que le type empeutar a été plus étendue autrefois.
Enserta(r). D’après les données du FEW c’est le type enserta qui domine en provençal et en est-languedocien

Mistral,  Trésor

Issarta, issartar « greffer », isser « ente » d’après l’abbé de Sauvages. Les auteurs des Lectures de l’ALFn’en parlent pas et dans le Thesoc les départements de l’est-occitan sont (encore?) absents.

Dans la carte ci-dessous : gouttes bleues : « empeutar » , gouttes mauves « empeutar » + « greffar » en parlant de la vigne, gouttes vertes « greffar« , gouttes turquoises = « ensertar, ensertir« .


Afficher Thesoc, « greffer » et « greffon » dans le Sud-Ouest sur une carte plus grande

Et je me suis permis d’élargir l’horizon. J’ai consulté le FEW et j’ai fait une carte avec en plus les zones en Europe où nous retrouvons les même types étymologiques. Sur la carte de l’Europe ci-dessous, nous voyons que le type greffer est pratiquement isolé en Europe. L’anglais l’a emprunté à la fin du 15e s. to graft, en remplacement du verbe to imp, parce que ce dernier avait pris une connotation péjorative dans des expressions comme imp of Satan. (Harper). Imp signifie en anglais moderne « espiègle, petit diable ».

Je viens de constater que j’ai vu trop petit et que j’aurais dû inclure les pays scandinaves, danois podede, norvégien podet, suédois impade, et une langue celtique, le gallois. (Les formes sur la carte sont le résultat d’une traduction de la phrase « je veux greffer une rose » avec Google traduction. Je suis sûr qu’il y a des formes qui manquent.

Greffer.
Suédois ympning, Norv. Impoding , Danois podning = imputare
Corse insita, inzeta
Gallois impio = imputare
Portugais enxertia = insertare; Gallician idem
Catalan empelt = impeltare

Entar vient indubitablement du grec εμφυτος emphutos « gréffé sur » respectivement du verbe εμφυτευειν emphuteuein « greffer »( attesté chez Theophraste, 4e s. avant J.-C.), composé de em + phuteuo « planter ». Beaucoup plus tard le mot grec a été latinisé. Nous trouvons le substantif impotus « greffon » pour la première fois dans la Lex Salica (507-511), formé à partir du verbe latin *imputare qui n’est pas attesté. Le vocabulaire du greffage est essentiellement d’origine grecque. Les Grecs ont propagé la technique de la greffe autour de la Méditerranée. » La greffe sur végétaux a été inventée par les Chinois il y a plusieurs milliers d’années. Les Grecs et les Romains ont importé la technique en Europe et nombreux sont les auteurs de l’Antiquité à avoir écrit des manuels destinés à diffuser la technique au plus grand nombre. » (Wikipedia). Sur la carte de l’ Europe vous voyez que le type entar domine dans toutes les langues germaniques voisines. Si les traducteurs anglais de la Bible n’avaient pas adopté l’expression imp of Satan littéralement « greffon du diable » devenu « petit diable, polisson », le verbe to imp serait maintenant courant dans tout le Nord de l’Amérique.

Empeutar vient également d’un mot grec, à savoir de πελτη (peltè) « écusson ». Il y a eu une discussion entre les étymologistes. On a supposé comme étymon un latin *impeltare « greffer », à partir du verbe latin impellere « pousser vers, enfoncer » ou bien à partir de pellis dans le sens « écorce ». Les Romains appelaient un « écusson, bouclier » scutum et Plaute (2e s. av.J.-C) utilise déjà le diminutif scutella « carreau en losange » avec le sens de « greffe en écusson ». Il est donc très improbable qu’ils aient créé un verbe *impellitare , on s’attendrait plutôt à *scutellare,  mais ce verbe n’a pas existé. . Il est beaucoup plus probable que l’origine est le mot grec πελτη  (peltè) « écusson ». Il y a une façon de greffer en écusson. En changeant de milieu d’utilisation le mot a changé de sens. Les Grecs ont connu et propagé les deux façons de greffer, la greffe en fente et la greffe en écusson.
Les auteurs des Lectures de l’ALF écrivent que le verbe empeutar est une création locale qui a remplacé un plus ancien entar. Sur la carte de l’Europe vous voyez que ce n’est pas du tout le cas. Nous le retrouvons non seulement en catalan et aragonais, mais aussi en en ancien alsacien, en Souabe, en Bavière et en Tirol (Autriche). Von Wartburg pense que le type ouest-occitan a pu migrer vers le Sud de l’Allemagne par la région des Burgondes, mais vu la présence du type empelzar dans l’Est de l’Italie du Nord, il est évident que c’est plutôt par là que le mot et la technique se sont propagés. La Grèce n’est pas loin de Venise.

Enserta(r). Enfin un vrai mot latin. Les Romains avaient traduit le verbe grec emphuteuein « greffer » par inserere. Varron (116-27 av. J.-C) ecrit : pirum bonum in pirum silvaticum inserere « greffer un poirier de bonne espèce sur un sauvageon ». Le verbe inserere est irrégulier : insevi, insitum1     Déjà en latin on en a fait insero, inserui, insertum et ce participe passé insertum a donné la naissance à insertare > ensertar en provençal et est-languedocien, injertar en espagnol, enxertar en portugais et chertatu en basque. Il y a aussi quelques attestations en Aquitaine. (cf. la carte Google ci dessus).

Von Wartburg écrit que le type ensertar en Provence est un emprunt à l’Italien et qu’il a remplacé le type entar. J’ai des doutes. Cette répartition me fait penser à la répartition des types pedas / petas « chiffon » du grec pittakion « petit morceau de cuir ou de tissu » qui s’explique par une forte influence grecque à l’Ouest et une influence romaine à l’Est du domaine occitan.

  1.  De cet insitum a été dérivé insitare qui a abouti à innestare « greffer » en toscan.

Embanasté

Embanasté, dans l’expression en fr.rég. se faire embanaster « se faire avoir »(Lhubac). Dérivé de banasto « nigaud »

Embanar

Embana dans des expressions comme bien embané, se faire embaner. cf.le site http://www.info-camargue.com/lexique-9_487.html Un des nombreux dérivés de bano « corne ».

Eiris

Eiris ‘hérisson’.  Un visiteur me demande comment écrire Deleris, son nom de famille, en occitan. Un problème …épineux. Si je lui réponds que cela s’écrit comme cela se prononce, j’attire les foudres des « maîtres de la graphie classique », mais je serai à l’abri du Mistral :

Mistral ;  Alibert a une autre variante graphique : eiriç.

Etymologie : le latin avait deux mots pour nommer l’hérisson : erinacius et ericius. Seul le dernier a survécu dans les langues romanes. En occitan ericius a abouti aux formes données par Mistral. Nous n’avons pas d’attestations d’ericius dans le domaine de la langue d’oïl, mais il a dû exister vu le grand nombre de dérives directs comme ancien français hericier ‘dresser les cheveux’ > français hérisser.

La forme eiris a subi une très forte pression de la langue d’oïl qui avait crée très tôt un dérivé avec le suffix –one : hérisson, qui l’a remplacé presque partout, comme languedocien eirissoun (Mistral). Eiris ne s’est maintenu que loin de Paris comme dans l’Aveyron. Voir la page consacrée à l’histoire des  mots qui désignent le  tablier pour comprendre le progrès du patois de l’Ile de France dans le domaine galloroman.

Le transfert de sens à ‘bogue de châtaigne’ se trouve non seulement en occitan et en franco-provençal, mais aussi en italien et espagnol. Par la suite beaucoup d’outils ont pris le nom de hérisson.

    

Comme sobriquet urisson est attesté depuis le moyen âge en dauphinois. Le passage d’un surnom à nom propre est très courant. D’autre part j’ai trouvé dans un dictionnaire étymologique des noms propres, que le nom Leiris ou Leyritz viendrait d’un nom de lieu identique qu’on trouve dans l’Ardèche, la Haute Loire, l’Hérault et la Lozère, ce qui correpond à peu près de la géographie du mot eiris. S’agit-il de notre eiris ou de Leyris qui signifie ‘friche’ d’après Pégorier? Le problème est que  je n’ai retrouvé leyris avec ce sens dans aucun parrler occitan.
Le nom de famille Leyris est le plus fréquent en Corrèze et dans le Gard. Le nom Deleris dans le Tarn et l’Aveyron.