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Ensucar, ensuquer

Ensucá(r), ensuquer en fr.rég. « assommer » absent d’Alibert dans son article suc « sommet de montagne » . En ancien provençal  suc signifiait « sommet de la tête; occiput; nuque », et une forme suca « tête, crâne » conservée jusqu’à nos jours dans les composés ensucar littéralement « frapper sur la tête », et supela , dans a lou supela « il est chauve » ( = le suc pelé).

Le FEW rattache notre suca à l’italien zucca « courge; au fig. tête » et à un groupe *tukka avec les sens

  • 1) « courge » : languedocien tuco « courge » (S2), tuquiè « plante de courge »;
  • 2) « tête » : tucasso « grosse tête » (Béziers, M); languedocien atuca « assommer » (S2);
  • 3) « sommet, colline » tukó « hauteur, tumulus » (Gers), languedocien tuqel « tertre, coupeau, sommet de montagne » (S2). Cette famille de mots serait d’origine pré-indoeuropéenne et fait donc partie d’un héritage qui date d’avant l’arrivée des Celtes en Gaule. Vous vous rendez compte? Cela m’ensuque!.

Pour ceux qui veulent approfondir ce sujet, il y a un article d’A.Dauzat  dans la Revue des Langues Romanes, t.66 (1929-1932)pp.66-73 : CUCC-, TUCC-, ZUCC-, suc « hauteur, montagne », consultable grâce à Gallica (lien direct)! et le FEW 13/2, 399b*tukka.

L’Originalité de la Ville  (sc. Yssingeaux) et de son  Environnement tient des Montagnes Qui l’entourent appelées les Sucs.

au fond un suc

Erme

èrme « désert » voir herme

Erugo ‘chenille; roquette’

Erugo, rugo, arugo « chenille »  et « roquette » (eruca sativa)

Erugo S2

L’étymologie est le latin erūca  qui est attesté avec les deux significations « roquette » et « chenille ». L’étymologie de erūca n’est pas claire, en particulier du point de vue sémantique. Quel est le point commun de la roquette et d’une chenille?. Ernout-Meillet fait la proposition suivante:

eruca_ErnoutMLa forme ūrūca qui est à l’origine de l’espagnol oruga  et attestée chez Pline est expliquée par le FEW comme une simple assimilation, tandis que  Ernoult pense à  ūrō « enflammer, exciter » ce qui reste à prouver.

Les attestations de eruga, auruga « roquette » sont plutôt rares1, parce qu’au début du XVIe siècle le diminutif roquette a été emprunté à l’italien par les Parisiens, de sorte que le nom roquette a gagné tout le pays et a remplacé  russe ou  de l’eruce, d’un dérivé *erucia,  noms attestés dans l’ouest de la France.

La roquette vendue sur le marché actuellement est un cultivar produit en Italie.  A Manduel et je pense ailleurs dans le Mdi, la roquette à fleurs jaunes pousse un peu partout en bordure des chemins et des vignes. Elle est comestible mais les feuilles sont plus dures.

roquette

FEW III, 241

  1. Voir RollandFlore II,p.83 eruca sativa

escabot ‘troupeau transhumant’

Escabòt  « Troupeau transhumant » dans Thesoc, AUDE, GARD, HERAULT, PYRENEES ORIENTALES. vient du latin scapus « tige, tronc, fût d’une colonne ». Pour les formes et les sens voir FEW XI, 287b

L’évolution sémantique surprend, mais la même évolution a eu lieu avec ramus « tige » dont le dérivé en ancien occitan   ramat  signifie également « troupeau », ramat ou arramat en languedocien  moderne FEW X, 44 b « tronc ».

En plus, une évolution analogue s’est produite dans le sens du mot allemand Stamm « tronc »  qui a pris le sens de « partie d’un peuple, famille », sens qui est utilisé dans le classification des plantes et des animaux et dans la généalogie. Eve est la Stamm Mutter du genre humain.  Toute la descendance d’un Mère fait partie du Stamm. A partir de cette l’évolution on comprend  le sens « troupeau » dans l’élevage, à partir d’une mère ou d’un père.  En français on parle de l’ arbre généalogique, en néerlandais du stamboom.

Troupeau-transhumant venant-de-Lasalle-credit-photo-Guy-Gregoire

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Escabriha ‘cantarelle’

canterelle ou gorilleEscabrina, escabriilha, cabrilha « cantarelle »  (cantarelllus cibarius), un des meilleurs champignons et facile à reconnaître.  L’origine de ce mot est d’après Guy Durrieu  le sens « chevrette » . Les deux formes seraient alors des dérivés de  capra   « chèvre », mais je ne vois pas le lien sémantique entre ces deux sens.

En cherchant dans le FEW j’ai trouvé  plusieurs formes qui pourraient être candidat, par exemple  escarabilhoduro « enjouement »  et escarabilheto « jeu de colin-maillard » . C’est ce dernier que je fais avec  ce mot.  Plus d’exemples de dérivés du verbe *exvigilare « réveiller ».  On peut s’imaginer qu’il y a un rapport sémantique entre ce verbe et le comportement  d’une chevrette  . FEW III,337

 

Escachoun

escachoun « reste de quelque chose »; voir cachar

Escafar

escafar « écosser les légumes, écaler les noix, les amandes » voir cafo

Escafit "morue séchée"

Escafit s.m. « morue séchée à l’air libre » voir l’article  estofi

Escafit, -ida

Escafit, escafida adj. »étriqué » (Pan); « étroit, étranglé » (S2). En ancien occitan escafit signifie « svelte, allongé, élégant », comme eschavi en ancien français.  Raynouard le traduit par « potelé » , mais dans le contexte « svelte » est peut-être mieux. Il s’agit en tout cas d’une qualité. Jugez vous-même:

Le verbe de l’ancien français eschavir signifie « parer, façonner. »

Le FEW propose comme étymologie un ancien franc *skapjan « créer, former » , néerlandais scheppen, allemand schöpfen. (Cf. Grimm). Escafit, -da faisait partie du vocabulaire de la culture chevaleresque du Moyen Age.

Uniquement en provençal, notamment à Marseille, nous trouvons l’expression parlar d’escaffi « parler ironiquement à quelqu’un » et escaffi s.m. « chagrin, inquiétude », escaffiar « mépriser, rebuter, dédaigner ». Je ne vois pas très bien quelle évolution sémantique peut expliquer celà ??

Escagassar

Escagassar, v.tr. « fienter avec effort » escagasser en fr. rég., v.r. s’escagassar « s’efforcer pour aller à la selle »,  « écraser, aplatir » (Alibert) est devenu français depuis 1902 voir le TLF. L’évolution sémantique en français vers

L’étymologie de la forme, latin ex + cacare ne pose pas de problèmes.

Le verbe escagassar était limité à l’ouest-provençal et l’est-languedocien. avec comme sens principal « s’accroupir ».  Louis Rouquier l’utilise pour dire « se pâmer de rire ». Il a été introduit en français à l’aide de l’argot, probablement à partir de Marseille.

Cacare est une onomatopée qu’on trouve dans beaucoup de langues indo-européennes, catalan, espagnol, portugais cagar, allemand kacken, néerlandais kakken, etc.  La forme française chier a perdu par l’évolution phonétique tout consonance onomatopéique, de sorte que dans le langage des enfants elle a été remplacée par caquer, caguer.