cat-right

Cacalaouse, cagarol "escargot"

Cacalaouso « escargot de Bourgogne (helix pomiata); escargot » = . Le Thesoc a rangé le type cacalaouso avec le type cagarol.  L’étymologie est en effet presque la même mais  la répartition géographique montre une fois de plus qu’il n’y a pas une  « frontière » entre le provençal et le languedocien. Par exemple dans le Gard:  Gaujac, La Roque sur Cèze, Sernhac et Villeneuve-les-Avignon ont le type provençal  cacalaouso qui d’ailleurs est limité d’après les données du FEW à la Drôme provençale au sud de Monbtélimar, la Vaucluse  et le Gard provençal.  Les autres villages du Gard et le languedocien jusqu’à Carcassonne ont le type  cagarol.

Plusieurs personnes de Manduel m’ont confirmé qu’ils chantaient la comptine suivante quand ils étaient jeunes:

Cacalàusette,
Sors les banettes

Si les sors pas
Deman pleuvra

L’abbé Brunel l’a publié dans la Revue des patois galloromans, vol. 1(1887).(voir Gallica). Pour d’autres rimes sur les cacalause. suivez le lien.

Boucoiran (1898) connaît une recette d’une préparation très estimée en Languedoc d’escargots en sauce, la cacalausado :


Boucoiran cacalausado

Une recette de la cacalausado  d’Elisabeth Augier dans le site de La Roque sur Pernes (84) se trouve ici Recette cacalausado

Il y a différentes propositions en ce qui concerne l’origine. Le FEW en fait le résumé et vient  à la conclusion qu’il s’agit d’un représentant du grec καχλαξ  « caillou comme on en voit au fond de l’eau » 1 croisé avec latin  conchylium « coquillage, huître ».La forme cacalaou  serait alors la plus proche de l’étymon. La forme cagarol   fait l’intermédiaire avec le type caragóu, calagóu  « escargot » et  escaragóu qu’on trouve dispersé dans le dép. des Bouches-du-Rhône jusqu’en les Landes et en béarnais.

Le type escaragóu  a voyagé vers le domaine d’oïl. Le succès du mot occitan  escargot est indubitablement lié au succès de l’emploi culinaire de l’animal.  La plus ancienne attestation en français vient du Ménagier  qui écrit  « limassons que l’en dit escargols ». 

Nous retrouvons le type cagarol  avec une metathèse en Catalan caragol,  comme en espagnol et portugais caracol.   Il a même atteint les Pays Bas méridionaux (= la Belgique) aidé par l’armée espagnole (XVIe siècle), qui  a introduit les caracoles  dans la cuisine,  pour y devenir  des  karkol, karakol  ou  kerrekool. 

Dans un restaurant  de Maastricht vous pouvez toujours commander des karkolle.

adresse karakol

Uitgaan in Maastricht doe je bij:
In de Karkol
Stokstraat 5
6211GB Maastricht

Voir aussi l’article banédja

  1. Je n’ai trouvé qu’une  forme καχληξ

Cachaduro

cachaduro « meurtrissure » voir cachar

Cachar

Cachar, cachá « serrer ; casser en serrant, broyer ». Du latin coactare « presser », en passant par la même évolution sémantique que tous les mots provenant d’une base *coact- Cachá signifie « meurtrir » (Pézenas), de là languedocien cachaduro « meurtrissure ».

Autres dérivés: Pézenas recachar « attraper au vol un objet lancé », languedocien escachoun « petite partie non vendue d’une marchandise », ancien lang. escach « morceau de terre » et Alès escat «petit reste de tissu » (S). En galloroman ces mots sont limités au provençal et au languedocien., mais ils se retrouvent en Italie et en Espagne, esp. cacho « morceau, bout »

Un visiteur, traducteur de profession, m’écrit: « cachos » pour dire « morceaux » est assez fréquent. Les « Cachas » sont les côtés du manche d’un couteau (donc ce que l’on serre, et qui serre la lame), un « cachete » est, disons, une chiquenaude ou une quichenotte (pas loin de cachaduro), et « cachear » signifie fouiller au corps (genre gendarme ou flic méfiant). Et une « recacha » est un petit recoin, un endroit abrité ou protégé.
Voir encore acata qui vient aussi d’un base *coact-.

Cada

Cada « chaque ». En ancien occitan existaient les expressions us cada us  » un à la fois » et an cad’an « annuellement ». D’un grec kata « chaque » qui a été emprunté par le latin au IIIe-IVe s. Comme les mots cata et unus / una sont souvent ensemble, on les prend pour un seul: occitan cadun, -o « chaque » ou ils restent séparés comme en espagnol cada uno   et en raccourci, puisque la signification est claire tout simplement cada.

Cade

Cade  « genevrier, juniperus oxycedrus ». Dans l’Aveyron, l’Ardèche et la Haute Loire (et ailleurs?) on trouve aussi la forme cadre.


cade ou cadre et cadenelo

Le fruit s’appelle cadenelo > français cadenelle (empruntée depuis 1815). L’huile de cade était principalement produit dans le Midi et en Hongrie. C’est à Claret, en plein coeur du vignoble du Pic Saint-Loup que fonctionne encore la dernière usine fabricant l’huile de cade. Dans son site  j’ai trouvé:

« Le cade: le genevrier de nos garrigues méditerranéennes.
L’huile: il s’agit d’un « goudron » extrait du bois de cette plante par pyrolisation. C’est un liquide sombre, à l’odeur âcre, riche en molécules aromatiques, et aux vertus connues depuis la nuit des temps (ou presque). Cette « huile » jadis utilisée par les bergers pour ses vertus cicatrisantes, trouve aujourd’hui ses débouchés au sein des laboratoires pharmaceutiques qui l’introduisent, en quantités infimes dans des shampooings, pommades, savons, etc.

Dans le département du Tarn-et-Garonne,   une sorte d’ aigarden  s’appelle la cadenelà  le « genièvre » local.  Je ne sais si ce boisson est produit de la même manière que le jenever néerlandais ou le gin  anglais. Par conséquent la traduction est peut-être mauvaise.

Etymologie: Il semble que le mot cade est autochtone dans l’est du domaine occitan où nous le trouvons aussi comme nom de lieu : Cadenet (Vaucluse), Cadenet-Perriers, lieu-dit à Sernhac (Gard), Cadenet lieux dits à Lussan, Le Cailar, Castries etc. (Cf. le site de l’IGN), dont l’origine Catanetum est bien attestée. Pour le Gard (M.E.Germer-Durand) il y a plusieurs toponymes:


Le mot catanus « cade » n’est attesté qu’une seule fois dans un glossaire du VIIe siècle et la première attestation en occitan date du XIIIe s. (Deudes de Prades, cf. le TLF). Il pourrait être d’origine celtique mais jusqu’ici on ne l’a retrouvé dans aucune langue celte, de sorte qu’une origine pré-celtique est probable.
L’espagnol cada et le catalan cadec ont été empruntés à l’occitan. Le mot cade a été introduit tel quel en français au début du XVIe siècle.

Cadel,cadèou "petit chien"

Cadel, cadèou en provençal « petit chien » vient directement du latin catellus « petit chien ».   Cadèla « jeune chienne » de catella. Attesté dans tout le domaine occitan.  Français chiot et chialer ont  la même étymologie.

Cadel  prend quelques significations secondaires : cadèlo  « charançon »  en provençal et languedocien; cadel « rejeton qui pousse sur les racines » dans l’Aveyron; cadel « chaton, fleur du saule » (Sauvages) ou du noisetier. En provençal  un  cadèou est un « jeune gars qui a les manières enfantines » ou comme terme  de métier très spécialisé « écume qui s’élève au-dessus de l’huile récente, pendant qu’elle est encore dans les tonneaux du moulin ».  A Aix en Provence  far de cadèous  est « vomir ». Dans la Vallée d’Azun (Hte-Pyr.) les cadéts  sont les « chevilles qui maintiennent les bords latéraux du moule à fromage ».

Les mêmes transferts se trouvent dans les langues voisines, comme par exemple en catalan  cadell  « fleur du peuplier ».

     

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Cadereau, cadaraucus

Cadereau « fossé d’écoulement des eaux de pluie et immondices d’une ville ». Il s’agit d’un mot typique  de Nîmes et Alès et qui est inconnu ailleurs. La graphie avec –eau  est francisante. L’étymologie est inconnue. JohannesHubschmid propose dans la revue Romance Philology 8, pp.12-261  une racine préromane *katarouko-.

cadereau à sec

Dans le Dictionnaire de Germer-Durand sont mentionnés cinq cadereaux,  dont quatre apparaissent pour la première fois dans le compoix de Nîmes de 1380, à savoir le Cadaraucus de Payrello, le Cadaraucus de Mirabellis, le Cadaraucus Sancti-Cezarii et le Cadaraucus itineris Bellicadri. Le cinquième est déjà mentionné dans un document de 1233 le Cadaraucus de Carceribus , maintenant le Cadereau de Montaury.

Cadarau est attesté pour la première fois en 1627 dans l’Inventaire des proverbes du Languedoc par Anne Rulman .

Dans la note 1) Mazel écrit: "Lisez lous bouton"

Cette  attestation qui se trouve dans un manuscrit conservé à Nîmes

et un autre à la BNF.  Dans un article intitulé Les proverbes du Languedoc de Rulman,  publiée dans la RLR 17 (1880 )42 ss. , Mazel  écrit:

« Anne Rulman est né à Nimes en 1583. Son père, d’origine allemande, avait été recteur du collège de Montpellier. Sous la direction d’un tel maître, Rulman prit de bonne heure le bonnet de docteur, plaida comme avocat, et, en 1612, se rendit a Toulouse où il se fit recevoir au Parlement en la charge d’assesseur criminel à la prévoté générale du Languedoc. De retour à Nimes, Rulman se livra à son goût pour la littérature et l’étude des antiquités. Ses oeuvres, restées manuscrites, formant plusieurs volumes, dont six in-folio, après avoir passé de main en main, furent donnés, en 1747, à la Bibliothèque du Roi par l’archidiacre de la ville de Nîmes, neveu du célèbre évêque Fléchier. Le volume à la fin duquel se trouve l’Inventaire des proverbes porte la date de 1627, pendant laquelle l’auteur y mit la dernière main. Rulman mourut à Montfrin dans la charge de juge de cette petite localité, vers la fin de 1639, au moment même où il venait d’entreprendre la publication de ses ouvrages »

Dans le site de l’Association Sauve Garrigue vous trouviez l’historique des inondations de Nîmes avec un film de 15 minutes en mémoire de l’inondation de 1988; dommage que cela a été supprimé.

L’étymologie proposée par JohannesHubschmid dans la revue Romance Philology 8, pp.12-26 est une racine préromane *katarouko-. 

  1.   Pour le moment je n’ai pas encore réussi à me procurer l’article de Hubschmid.

cadis ’tissu, grossier’

Cadis « tissu de laine du genre de la bure ou de la flanelle ».

Un visiteur qui fait de la généalogie, me signale ce mot cadis, qui est aussi un nom de lieu, Cadix en Espagne et dans le Tarn et un nom de famille dans l’ouest du domaine occitan. Dans  le Trésor de Mistral nous trouvons  en effet 3 articles « cadis »:

!

cadis1 Mistral

Cadis2 Mistral Il y a donc Cadix  en Espagne; ensuite  Cadix  une commune française située dans le département du Tarn, en région Occitanie. Ses habitants sont appelés les Cadixois. (230 habitants). Cadis « textile », cadis « fèves en cosse »  que Mistral a mis avec  cadis « étoffe », mais ce n’est pas le même mot.

Le mot cadis « toile  » appartient à l’histoire. Comme tant d’autres produits, le cadis n’est plus utilisé. Wikipedia a trouvé quelques images:

cadis Wikipedia_Pâtres_du_village_de_Grip_(i.e._Gripp),_Vallée_de_Campan_-_Fonds_Ancely_-_B315556101_A_PINGRET_016

Étymologie. Pour une raison mystérieuse cadis ne se trouve pas dans le FEW, en tout cas je ne l’ai pas trouvé. Par contre K. Georges a fait des recherches qui sont reprises par le TLF:

Tissu de laine du genre de la bure ou de la flanelle. Deux grands coquins de bergers drapés dans des manteaux de cadis roux (A. Daudet, Lettres de mon moulin,1869, p. 10).

Prononc. : [kadi]. Étymol. et Hist. 1352 (Comptes roy., fo79 dans Gay). Empr. à l’a. prov. cadis « étoffe de laine grossière » 1330-32 [Basses-Alpes] (ds Quem. Fichier); lui-même empr. au catalan cadirs (var. cadissos ou cadins) « id. » 1308 [Perpignan] (ds R. Lang. rom., t. 7, p. 55) d’orig. inc.; à l’appui de l’orig. catalane de l’a. prov. v. attest. dans Höfler, p. 85, note 9 et Gay. L’hyp. d’une dérivation du nom de la ville de Cadix en Espagne (DEI; Dauzat 1968) n’est confirmée par aucune source hist. (Höfler, loc. cit.); d’autre part, l’esp. cadiz « serge grossière » n’est attesté qu’en 1726 dans Al. Mot du prov mod. chez A. Daudet, supra; v. aussi Mistral.
BBG. − George (K.E.M.). L’Emploi anal. de qq. n. d’étoffes dans le domaine gallo-rom. In : [Mél. Boutière (J.)]. Liège, 1971, t. 1, p. 267. − Quem. 2es. t. 3 1972, p. 28.
L’origine du mot français est l’ancien provençal, qui l’a probablement emprunté au catalan, et la trace s’arrête là. Aucune preuve de Cadix, ville espagnole, comme ville originaire de ce tissu.
Alphonse Daudet a contribué à l’introduction de beaucoup de mots occitans dans la langue française.

 

 

 

Cafo

Cafo « gousse » (Cantal), escafar « écosser les légumes, écaler les noix, les amandes » (M), escafijar « casser, broyer » (Die, Schook). L’étymologie est   d’après le FEW  l’ancien francique kaf « gousse, vannures ».  Panoccitan et Alibert citent la forme  cafi nom m. 1. détritus; 2. débris, balayures, résidus.

Ces mots ne se trouvent que dans le nord occitan et viennent du domaine d’oïl où cette famille a connu un très grand développement, mais elle n’est plus représentée en français moderne. Vous trouverez plusieurs attestations en moyen français  dans le DMF voir sous l’étymon kaf.

Cf. allemand Kaff et néerlandais kaf « balle », anglais chaff « balle de blé, détritus »

Cagado

Cagado, cagada « maladresse, bévue ». « elle a fait une cagade« . (Georges Frêche à propos de Martine Aubry, Midi Libre 03.02.2010). Confondre un cheval de course avec un percheron est une véritable cagade (Poveda). La dernière application que j’ai rencontrée se trouvait dans la Gazette de Nîmes « tram-bus cagade« .

Etymologie: les Romains disaient cacare devenu cagar en occitan.

Cagado « bouse » < cacare + ata. (Thesoc). Le verbe et les dérives ont pris de très nombreuses significations, par exemple les cagafer sont les « scories du fer », un cagueto est un « peureux », un cagassounet « un petit enfant », un caganis « le dernier né » ( + nidus), un caga-sec « un avare », etc.

Mais le mot cagado est resté tout proche du sens primitif : »l’action de déféquer »; en provençal et en languedocien il a pris au figuré les  sens donnés ci-dessus.
Il faut espérer que Madame Aubry ne va pas riposter à Monsieur Frêche que « le diable l’a cagué en chemin », ce qui se dit chez nous d’une personne turbulante. ( « Qui se plaît dans le trouble, dans l’agitation et s’évertue à les susciter. )  

La définition de Cotgrave, bon connaisseur du languedocien (1611), est différente de celle de nos jours:

La cagade de Frêche était l’emploi du mot catholique avec le sens donné par le TLF:  » Conforme à la norme doctrinale, en particulier morale. Fredaine peu catholique; se procurer qqc. par des moyens plus ou moins catholiques . Il y avait, dans cette histoire, quelque chose de pas catholique…  En parlant du lait, du vin, « additionné d’eau ». ( par allusion à l‘eau du baptême).

Madame Aubry mettra-t-elle un peu d’eau dans son vin ou sera-t-elle le Caganer de Noël 2010?

Le caganer est un santon que l’on ne trouvait qu’en Catalogne, mais qui a conquis toute l’Espagne. Le Caganer 2009 était Sarkozy. Voir Wikipedia caganer pour tout savoir.