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Brus, brusc "ruche" une étymologie compl...

L’étymologie de brus, brusc, bruk, bru  « ruche » serait d’après  le FEW 1, 575  latin bruscum « noeud de l’érable ».

racine ou loupe d'érable

Mais, comme vous le savez,  le premier volume du FEW  paru en 1922, a été complètement revu et corrigé, SAUF un grand nombre de mots de la lettre B.   L étymologie  bruscum > brusc est entièrement basée sur la phonétique historique.  Le premier problème déjà signalé par von Wartburg est  que  la qualité du –u-, long ou court  est inconnue.  En plus  il est difficile d’établir des  liens sémantiques  entre un « noeud de l’érable » et une « ruche », du « bruyère; broussaille » ou la notion de « rude au toucher » (> « brusque »), tous des sens classés sous cet étymon. Le TLF brusque  renvoie    vers « Cor., hyp. probable », ce qui signifie probablement « Corominas »…… Dans le Diccionari etimològic de Jordi Bruguera, qui est basé sur le travail de Corominas, est noté que le mot brusc « brusque » est probablement  préroman.

Heureusement que le Lessico Etimologico Italiano est plus clair; dans l’article brusk-, brosk-, brisk- ‘radice nocchiuta’ « racine avec des noeuds »; brūscus ‘pungitopo’ « petit houx »; briscus ‘pianta’  est inclus le sens « ruche, rucher « , attesté en Ligure :

Lig.occ. (Olivetta San Michele) brǘsk m. ‘alveare ricavato da un tronco cavo’ AzarettiSt.8037, lig.centr. bṛǘšk ‘apiario, alveare’ Massajoli.

L’article brusk-  etc. du LEI est très complexe; si cela vous intéresse visitez le site. De toute façon la conclusion est  qu’il s’agit d’un mot préroman, et que le latin  bruscum  en est un exemple.

Le Thesoc nous fournit des attestattions de brusc  « ruche » pour la région voisine de la Ligurie, les Alpes-Maritimes,  et de brutse  à Job (Puy-de-Dôme).

Le mot languedocien brus  « bruyère à balai »  fait partie de la même famille. L’abbé de Sauvages donne deux articles brus.

1. Brus « la grande bruyère dont on fait les balais, les rameaux des vers-à-soie »  Brussës dê magnas  « des rameaux ».

2. Brus  « une ruche de mouches ou pour les abeilles, on les fait avec quatre ais1 assemblés ou avec un tronc d’arbre creusé, on les construit aussi avec de l’éclisse, de la paille, du jonc, de l’osier, & l’on dit en conséquence, j’ai cent paniers dans mon rucher. Dans la deuxième édition l’abbé ajoute  brus  ou brés d’abél.

Ci-dessous une image d’une ruche naturelle! (source où vous trouverez beaucoup d’autres images).

ruche naturelle dans un tronc d'abre

Anglais brusque « brusque ».

  1. des bouts de bois, voir TLF

Buc

Buc  » chicot d’une branche d’arbre ; pointe ; écharde ; cime de montagne ; ruche d’abeilles ; tronc d’arbre creusé où l’on plaçait les bébés ; dans l’Aude : conque ou bassin fabriqué avec un morceau d’écorce ; ….  » (Alibert). L’abbé de Sauvages donne en plus  le sens   » chicot d’une dent cariée « .  Le mot a existé en ancien français avec les sens  » tronc du corps  » et  » tronc d’arbre « , comme en ancien occitan. Dans les parlers modernes, buc n’est attesté qu’en wallon, en franco-provençal et en languedocien.

D’après le FEW l’origine est l’ancien franc buk  » ventre « , que l’on retrouve en allemand Bauch,, néerlandais buik et ancien néerlandais buuk avec le sens » ruche  » comme le mot buc occitan ! Le sens primaire de buk semble être  » cavité  » et de là  » tronc  » ou  » ventre  » et ruche,  » chicot  » etc.. Le mot existe également en catalan, espagnol et italien.

des bucs à Thines (Ardèche)

Bugar, bugat ou bugalh « rucher ». Le visiteur/apiculteur Jean Courrènt m’envoie la contribution suivante:

« Comme vous le savez, la ruche est appelé buc, de Toulouse à la mer1. Dans votre présentation, je ne trouve pas le bugar (le rucher). Buc est apparu après l’installation des Wisigoths. L’orthographe de « buga » (rucher) est bugar, bugat ou bugalh (avec des nuances de sens), en Terre d’Aude. Le mot bugar, qui désignait « un gros rucher » (probablement du seigneur civil ou religieux, à l’origine, à l’époque de la féodalité et des droits d’abeillage et d’épaves) n’est plus utilisé depuis que la production de sucre à bon marché a réduit l’importance de l’élevage des abeilles (probablement deuxième moitié du XIXe siècle). Actuellement, les vieux apiculteurs ne disent plus que « ai bucs » (« Vau ai bucs » ou « Vau a las abelhas« ) ce qui rejoint le apiaria [pluriel de apiarium], les lieux où l’on met les ruches des abeilles, constaté dans le langage commun, par Aulu Gelle, au IIe s. (Nuits Attiques, II, 20). Le rusca des Gaulois devait également se maintenir jusqu’alors, pour la ruche familiale (ce qu’il faudrait quand même prouver).
Bien cordialement. J.COURRENT.
PS : En 1704, le compoix de Montredon-des-Corbières signale deux bugars (un gros et un petit). A la même date, il y avait trois bugars à Tuchan, dans les Corbières. Le bugar ne désignait donc plus le rucher du seigneur. »

  1.  Remarque : Le Thesoc donne le type buc « ruche » pour les départements de l’Ariège, le Gers et la Haute-Garonne. Alibert mentionne bugal, bugar « rucher, groupe de ruchers »

Budets, budèl

Budèl « boyau, tripe, intestin » est la forme de l’ancien occitan, conservée dans le Lauragais, ailleurs dans l’Ouest-occitan c’est budets avec changement de suffixe.

L’étymologie est la même que pour français boyau à savoir latin botellus « petit boudin, petite saucisse », mais le –ü- des formes occitanes comme le -u- de l’italien budello reste inexpliqué.

Dans beaucoup de parlers occitans budets, budel est remplacé par le type tripes. Voir Thesoc pour la répartition géographique. Catalan budell « intestin ».

Le languedocien a créé un dérivé embudela « éventrer », comme l’ancien français emboeler. Ce dernier, comme ancien français boel sont passé en anglais : bowel « intestin » et embowel rendu plus transparent par disembowel « éventrer, vider des intestins ».

Bugà(r)

Bugar, bugat ou bugalh « rucher » voir  Buc

Bugada

Bugada « buée; lessive; linge de la lessive » et les dérivés bugada(r) « lessiver », bugadarià « blanchisserie », bugadier « cuvier à lessive », bugadièra « blanchisseuse, buanderie; liseron » bugadon « petit cuvier », bugador « cuvier », bugàs « vent chaud et étouffant ». Mistral donne quelques indications complémentaires:

       bugadiera  

L’étymologie est la même que celle du français buer, buée.  « De l’a. b. frq. *bûkôn « tremper dans la lessive » » (TLF). Suivez ce lien.  Vous verrez que mon travail est de la vulgarisation.

Bugne, bonha

Bonha « bigne, bosse, enflure; souche d’arbuste; maladie du maïs; écrouelles » (Alibert), en français régional : baigne, bugne; bugner « toucher, heurter »(Andolfi), bougne « griffe, coup »(Lhubac).

Ancien français bigne, bugne signifie « bosse à la tête provenant d’un coup »  et de là, en prenant la cause pour l’effet : « gifle », représente un celtique ( ?) *bunia « souche d’arbre ». Languedocien bougno  et bougnas, bonhas « vieux tronc d’arbre ; petite souche » ;  bougneto « petite souche ». (S.).  L’évolution des sens a dû être « nœud d’arbre » > « bosse » > « coup ».
Pour l’ informateur ardéchois de Gravières de lAtlas linguistique la bugno est carrément « la tête ». Est-ce que la violence y règne?

Probablement de la même famille sont français beigne, italien bugna « bosse » et le catalan bony.  Anglais bunion « Callosité qui se forme au niveau des articulations du pied, en particulier à la naissance du gros orteil ». Peut-être même le néerlandais bonje  « bagarre ».
Un rustre ne connaît que la force de ses poings, de là bougnat « paysan rustre, grossier ». (And.). Bougno « tache » et bougneto « petite tache » sont  peut-être  dérivés de l’aspect d’une  « bosse » après un certain délai…
Par contre quand un Lyonnais vous donne une bugne, c’est un geste d’amitié! D’après le grand nombre de visites le 24 février 09, une patisserie pour le Mardi Gras . Pour une recette cliquez ici !

Est-ce que l’argot lyonnais bigne « prison », et bignolle « agent de sûreté » argot français bignole « concierge » appartiennent à la même famille?? (FEW XXIII, 129b)

bugnes lyonnaises

 

 

Buscalhar

Buscalhar « ramasser du menu bois » , buscailler en français régional. Alibert donne deux formes : boscalhar et buscalhar tous les deux avec le sens « ramasser du menu bois ».

Le type buscalha « ramasser du petit bois, des copeaux » se trouve en Normandie, en poitevin, en franc-comtois, en franco-provençal et en occitan des vallées provençales italiennes jusqu’en Béarn. En languedocien buscalh a pris le sens de « tison ». Le dérivé buscalhar « ramasser du petit bois » est attesté en ancien occitan depuis 1240, dans les patois buscalhar se trouve en provençal et en languedocien jusqu’en Rouergue.(FEW XV/2, 25b-26a s.v. *busk-)

Le type boscalhar se trouve dans des textes en ancien franco-provençal avec le sens  » couper du bois pour son usage dans une forêt seigneuriale ou communale » qui était un droit à l’époque, et de nos jours (??) je crois. Mistral donne les formes bouscaiage, bouscaiatge pour ce droit  et bouscaiá, bouscalha pour le verbe.(FEW XV/1, 104b s.v. *bosk-)

L’étymologie n’est pas évidente. Boscalhar viendrait du mot germanique *bosc- « bois » et la forme avec –u-, buscalhar du germanique *busk- « baguette, tige ». Mais il y a un lien étroit entre ces deux étyma, d’après Braune il s’agit du même mot avec un changement de la voyelle (apophonie) du radical (Voir Zeitschrift, 36 p.713 et p 584 pour les formes italiennes). Je peux ajouter qu’en néerlandais le mot bos signifie aussi bien « bois, forêt », que « faisceau, botte » et nous retrouvons l’apophonie dans le diminutif bussel « botte; faisceau ». L‘EWN  pense qu’il s’agit d’un emprunt à un substrat pré-indoeuropéen, et dit que les rapports entre les mots germaniques et romans ne sont pas encore très clairs.

 

         

Cabessaou ‘coussinet de tête’

Cabessaou « tortillon, coussinet qu’on met sur la tête pour porter un fardeau ». Étymologie : dérivé du latin capitium « ouverture de la tunique par laquelle on passe la tête ». FEW II, 261b en bas de page.

La géolocalisation de ce mot avec ce sens  est limité à l’occitan à l’Ouest du Rhône. Je ne sais si l’objet et son utilisation est également limité?

cabessaou

cabessaou du XXIe siècle

Le sens le plus proche du mot latin se trouve dans l’Aveyron lo cabesso,dans l’expression otopà pel lo cabesso « saisir par le collet ».

Le sens le plus répandu de cabès   (chevet en français) latin est « traversin ».

Un chef 3*** a appelé cabessàou une crêpe roulée ». Un visiteur me le signale:

Je viens de lire l’article consacré à cabessaou et je voudrais signaler que ce mot désignait les » crêpes roulées ». L’;analogie de la forme de la crêpe roulée avec la forme du traversin explique sans doute cela.
Cette dénomination pour les crêpes était en usage dans la région de Tonneins, Le  Mas d’Agenais Damazan et environs.
Amicalement

 

 

Cabessaou "coussinet"

Cabessaou « tortillon, bourrelet, coussinet qui sert à porter un fardeau sur la tête ». Une image d’un cabessaou  par René Domergue (Montpezat).  L’étymologie est  capitium  qui en latin signifie « ouverture pour la tête dans une tunique ». Mistral donne les formes suivantes:

La forme la plus courante est cabessaou  avec un –e-.   

Il y a un autre groupe de mots qui y ressemble beaucoup, dont le verbe cabussar « plonger avec la tête  en avant ».  Ce verbe   et ses dérivés, qui sont très fréquents dans tout le domaine occitan, sont  classés par le FEW dans l’article caput « têtepour des raisons d’ordre phonétique.

Dans le Thesoc je trouve s.v. « tortillon » les formes cabessal, cabessala, cabelhada, capelada et capeluda  dans lesquelles il y a manifestement de l’influence du mot caput  et de ses nombreux dérivés.

Un visiteur originaire de la  Vaunage m’écrit:

Bonjour,
Je ne trouve nulle part le mot cabusaou ou cabusau.
Le cabusaou était confectionné avec un « sac à patates  » bourré de paille.
Il enserrait la tête et portait sur les épaules du porteur pendant les vendanges.
Il fallait bien sûr quelques coutures pour lui donner la bonne forme.
La comporte était posée dans un rang, le porteur (qui ne portait rien à ce moment là) ou les coupeurs vidaient les seaux dans la comporte. Une fois pleine, un vendangeur aidait le porteur à poser la comporte sur la tête du porteur (d’où le nom comporte, porter avec), ou plutôt sur le cabusaou. Le poids était donc réparti sur la tête et les épaules du porteur.
Double avantage par rapport à la hotte, on ne porte que quand c’est plein ou vide; on porte sur la tête et les épaules.
Ici, en Vaunage, 10 km à l’ouest de Nîmes.
J’ai été porteur en 1969, et le tombereau été encore tiré par un cheval.

N’ayant pas trouvé cabussaou  avec  ce sens dans l’Alibert, ni dans le Trésor de Mistral1, je me suis adressé à Gérard Jourdan, qui m’avait envoyé la description de la  Culture de la vigne ne Languedoc  au début du XXe siècle faite par son père. Il m’a donné la réponse détaillée que voici:

Bonjour Robert,
hé non ! ce terme de cabusaou n’est pas dans le vocabulaire de Montagnac ; chez moi, donc, les ustensiles de la vendange étaient les suivants :
un seau (d’environ 8 litres) rempli par le coupeur ( lou coupaïré),
le leveur de seaux récupérait le seau plein (lou farrat) et le vidait dans une comporte en bois (environ 100 litres) la semal dans laquelle lou quichaïré, avec lou quichadou, comprimait cette vendange.
Quand la semal était pleine, elle était soulevée par deux porteurs avec deux gros leviers : les sémaillés et transportés jusque sur la charrette équipée de ridelles en fer (vous avez un schéma de cette charrette dans le document de mon père).
Donc chez nous rien de ce cabusaou.

Mais j’ai quelques souvenirs qui s’apparentent un peu à cet objet.
Lors de vendanges dans la région de Lunel ( donc pas très loin  de la Vaunage), dans les années 1970, je me souviens d’avoir utilisé le seau comme chez moi mais on le vidait dans une comporte en zinc, plus petite que la nôtre, emportée vers le tombereau par un porteur qui la plaçait sur sa tête protégée par un tortillon de jute et de ficelle.
Je me demande d’ailleurs comment le porteur de la Vaunage portait une comporte même plus petite que la nôtre, ou alors c’était plutôt une hotte qu’il portait sur les épaules.

De la même façon, je me souviens d’avoir vu ma grand-mère espagnole ( native de la région de Murcie) transporter un cuvier plein de linge de sa maison au lavoir du village ( à Montagnac) sur la tête qu’elle protégeait avec le même tortillon que pour les vendanges.
Enfin, toujours à Montagnac, je me souviens d’avoir « badé » (regardé curieusement) l’ouvrier du fournisseur de charbons, François Carminati ( qui était un copain à mon père) en train de transporter des sacs de boulets de charbon (qui devaient faire au moins 50 kg) sur la tête et les épaules qu’il protégeait avec un sac de jute qui lui couvrait la tête et les épaules, mais je ne me souviens pas s’il était rempli de paille.

Grâce à la coopération de mes visiteurs, nous apprrenons que non seulement les formes variaient beaucoup, mais aussi l’utilisation du tortillon. La description de la vendange à Montagnac par Raymond Jourdan  est très instructive.

  1. J’avoue avoir mal cherché

cabudeou, candel ‘peloton’

Cabudeou en provençal,  candel en languedocien  ‘peloton’ ont la même étymologie que le mot capitelle, le latin capitellum avec cette différence que ce dernier est un emprunt au latin du XIIe siècle, tandis que les formes cabudeou  et candel viennent directement du latin parlé en Gaule. Dans les Landes un cabedét est la « luzule des champs ».  Pourquoi? Peut-être parce que les feuilles ont, lorsqu’elles sont jeunes, de longs poils blancs sur les bords. (Source).  Peloton signifie ici « petite boule de laine » et non pas « petit groupe de soldats ou de personnes ».

luzula_campestrisCabedelá, candelá « mettre en peloton », deskadelá « dévider ».

FEW II, 259