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Embonilh, emboriga "nombril"

Embonilh « nombril » est la forme la plus répandue d’après le Thesoc; emboniga  se trouve dans l’Ardèche, le Gard et l’Hérault, et devient emborigo  à Fourques et  Villeneuve d’Avignon, comme  en provençal  de l’autre côté du Rhône.

On a bien le sentiment que les formes occitanes ont quelque chose en commun avec le nombril  du français , sans qu’on sache exactement quoi. Eh bien c’est l’étymologie,  le latin umbiliculus  « nombril ». Il faut dire que la forme du français serait bien méconnaissable pour un Romain. L’extrême variété des formes issues de  umbiliculus provient  à mon avis du fait  qu’il s’agit d’un mot qu’on n’utilise qu’avec des proches ou des enfants. Le nombril  ne joue aucun rôle social ou « sociétal »  pour parler XXIe siècle. D’autres exemples de ce phénomène, comme  les noms du sureau se trouvent avec le mot clé phonétique.

Le problème pour les étymologistes dans des cas analogues est qu’il faut trouver une explication pour chaque forme. Je ne vais pas faire cela, ce serait trop long, mais je vous donne  les formes occitanes. Vous comprendrez aussi pourquoi mon Index Oc  est incomplet!

  • Ancien occitan : ombrilh,  Haute-Garonne  oumbrih
  • Gers, Landes  lumbrilh, lumbrik, lumbris
  • Ancien occitan emborigol, Aix embourigou, Gard  embounigo
  • Ancien occitan  embounilh  (Quercy), embounil   la forme la plus répandue.
  • Aveyron  demounil
  • Hérault, Aude etc.  mounil
  • Provençal  embourilh, embouriou

Le nom de certaines plantes  est plus facile à expliquer, surtout si on peut présenter des images:

ambourgueto dans le Var     ambourgueto à Nice

Umbilicus pendulinus ambourgueto  dans le Var.      Une morille comestible  ambourgueto  (?) à Nice.

 

La forme  bedije  « nombril » est surtout attesté dans l’Aude

eminada

Dans l’exposition 2015  de l’association du patrimoine  de Manduel, il y a un panneau concernant l’arpentage au Moyen Age avec une liste de différentes noms de surfaces  dont j’ai déjà parlé (pan, destre  cana )  et  eyminée   que je ne connaissais pas.

Patrimoine

Eyminée ou en occitan eminada « étendue de terre qu’on peut ensemencer avec une mine de blé » 1282. est un dérivé de emina « mesure ancienne de capacité » qui représente le  latin hemīna « mesure de capacité » > fr. mine, ancien provençal emina, Alès emino « mesure de capacité pour les grains, 25 litres », à Pézenas 30 litres.

Le président d »honneur de l’association du patrimoine Jean Coulomb a pu  déterminer qu’à Manduel une eminada correpond à 625 m². Pour savoir combien de litres faisait une emina il faudrait savoir ce qu’on semait …

Latin hemīna signifie « un demi sextarius » (sestier) que nous retrouvons en italien, catalan, alsacien et basque, a été emprunté au grec ήμίνα (hèmina) « demi ».

Français minot, minoterie ont la même origine.

FEW IV, 401-402

Empegar

Empegar « poisser », s’empega  cf. pegá. 

Se disait autrefois d’un couple mal assorti

emperau, imperaou

Emparau « Travail que fait un ouvrier ,en général il s’agit d’un ouvrier agricole,  après sa journée régulière; temps qui reste à l’ouvrier après sa journée régulière ».(Alibert). Ces deux définitions dans le style du Code du travail.
Impéraou  c’est aussi travailler plus, pour gagner plus ! Temps de travail supplémentaire hors horaire normal d‟un ouvrier agricole pour arrondir les fins de mois. (8 heures en été, 7 heures en hiver). Les jeunes ouvriers agricoles qui laissaient leur semaine à la maison, faisaient leur argent de poche avec ce moyen (adieu les 35 heures !) Définition du blog de Marsillargues.

 

L’auteur des Mots de Marsillargues donne un exemple de travail pour les impéraous

Réguons :
Au printemps dans les vignes on dégageait le pied des ceps avec des solides
charrues a soc recourbé fabriquées en majorité à Potelières prés d‟Alés que l‟on
appelaient des sareuses ou des kerpis. Ces déchausseuses laissaient entre les
ceps une liste de terre qu‟il fallait enlever à la pelle, à la sape ou au râteau suivant la
nature du terrain pour bien dégager et aérer les souches. C‟est dans ces réguons
que l‟on mettait le fumier ou l‟engrais. Ce travail se faisant à journée ou à tant le pied,
était un des travaux privilégiés pour les impéraous.

Étymologie d’après Alibert : le verbe  emperar « dominer, régner » du latin ĭmpĕrare« , ce qui me semble  un latinisme créé récemment. Le verbe emperer avec le sens « diriger le cheval’ est en effet attesté en ancien français, mais rarement.Gaston Fesquet atteste le mot emperadou « impérieux » dans le canton de Lasalle-St.Pierre (Gard). Revue des Langues romanes vol.26 page 55.

D’après une note dans le(FEW IV, 584 ..il s’agit d’un emprunt au latin, mais les données sont trop rares1

pour le confirmer. L’évolution sémantique ne m’est pas très claire; peut-être s’agit-il d’une obligation pour les travailleurs de faire certains travaux qui ne permettent pas de délais. Cela doit exister dans la viticulture.

Je ne croyais pas trop à cette histoire étymologique. Des ouvriers agricoles qui empruntent un terme au latin. Mais j’ai regaré ce que F. Mistral en dit!

L’explication de l’évolution sémantique serait donc l’expression faire l’emperi « faire ce qu’on veut. Ce qui est peut-être une allusion au fait que le Comté de Provence faisait partie de l’Empire allemand.   Voir Wikipedia Comté de Provence.

 

  1. Gérard Jourdan m’écrit que le mot était bien vivant dans la région de Marsillargues.

    Avec un de mes lecteurs, nous avons eu une discussion animée à propos du
    terme occitan qui désigne » un travail fait par un ouvrier ou un paysan
    après sa journée de travail régulière ». Sur votre site je trouve
    « Emperau » ou « imperaou » (patois de Marsillargues où j’ai été prof de
    sciences pendant 10 ans). Dans mon livre j’emploie la graphie « Empedau »
    qui correspond à mon souvenir de l’expression utilisée par mon père. Mon
    lecteur, originaire de Aumes, petit village près de Montagnac, utilise
    la graphie « Emperau ».

Empeutar, enter, ensertar, greffer

Empeutar « greffer ». Je viens de recevoir les Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont. Du temps dans l’espace. Guylaine Brun-Trigaud, Yves Le Berre et Jean Le Dû. CTHS, 2005. 363 p. (voir Abréviations). Gilliéron et Walther von Wartburg en ont rêvé, Guylaine Brun-Trigaud, Yves Le Berre et Jean Le Dû l’ont fait, au moins partiellement. Étant en train d’étudier l’étymologie de empeutar et d’autres verbes avec le sens « greffer », j’étais très content de trouver trois cartes sur ce sujet dans leur livre. Voici une compilation de leurs cartes 377 « enter/greffer » et 192 « empeuter »: (la zone « enter » est un peu amputée).

Enter, entar, enta Le type enter couvrait au Moyen Age tout le Nord du domaine galloroman. Le type greffer a été dérivé du substantif greffe au 15e s. Greffe « pousse d’une plante qu’on insère dans une autre pour que celle-ci porte le fruit de la première » est un emploi au figuré de greffe « stylet pour écrire sur des tablettes de cire » (13e s.) < latin graphium  » stylet ».
Greffer Nous voyons immédiatement que le verbe greffer a gagné beaucoup de terrain et que cette extension vers le Sud suit la grande route le long du Rhône. Il y a aussi des attestations en Aquitaine. Je reviendrai sur ces taches gris-bleu dans les Pyrénées Atlantiques et les Landes..
Empeutar Le type empeutar domine dans l’Ouest de l’occitan. La forme de la zone bleue en particulier les deux îlots à l’ouest et à l’est sur la carte indiquent que le type empeutar a été plus étendue autrefois.
Enserta(r). D’après les données du FEW c’est le type enserta qui domine en provençal et en est-languedocien

Mistral,  Trésor

Issarta, issartar « greffer », isser « ente » d’après l’abbé de Sauvages. Les auteurs des Lectures de l’ALFn’en parlent pas et dans le Thesoc les départements de l’est-occitan sont (encore?) absents.

Dans la carte ci-dessous : gouttes bleues : « empeutar » , gouttes mauves « empeutar » + « greffar » en parlant de la vigne, gouttes vertes « greffar« , gouttes turquoises = « ensertar, ensertir« .


Afficher Thesoc, « greffer » et « greffon » dans le Sud-Ouest sur une carte plus grande

Et je me suis permis d’élargir l’horizon. J’ai consulté le FEW et j’ai fait une carte avec en plus les zones en Europe où nous retrouvons les même types étymologiques. Sur la carte de l’Europe ci-dessous, nous voyons que le type greffer est pratiquement isolé en Europe. L’anglais l’a emprunté à la fin du 15e s. to graft, en remplacement du verbe to imp, parce que ce dernier avait pris une connotation péjorative dans des expressions comme imp of Satan. (Harper). Imp signifie en anglais moderne « espiègle, petit diable ».

Je viens de constater que j’ai vu trop petit et que j’aurais dû inclure les pays scandinaves, danois podede, norvégien podet, suédois impade, et une langue celtique, le gallois. (Les formes sur la carte sont le résultat d’une traduction de la phrase « je veux greffer une rose » avec Google traduction. Je suis sûr qu’il y a des formes qui manquent.

Greffer.
Suédois ympning, Norv. Impoding , Danois podning = imputare
Corse insita, inzeta
Gallois impio = imputare
Portugais enxertia = insertare; Gallician idem
Catalan empelt = impeltare

Entar vient indubitablement du grec εμφυτος emphutos « gréffé sur » respectivement du verbe εμφυτευειν emphuteuein « greffer »( attesté chez Theophraste, 4e s. avant J.-C.), composé de em + phuteuo « planter ». Beaucoup plus tard le mot grec a été latinisé. Nous trouvons le substantif impotus « greffon » pour la première fois dans la Lex Salica (507-511), formé à partir du verbe latin *imputare qui n’est pas attesté. Le vocabulaire du greffage est essentiellement d’origine grecque. Les Grecs ont propagé la technique de la greffe autour de la Méditerranée. » La greffe sur végétaux a été inventée par les Chinois il y a plusieurs milliers d’années. Les Grecs et les Romains ont importé la technique en Europe et nombreux sont les auteurs de l’Antiquité à avoir écrit des manuels destinés à diffuser la technique au plus grand nombre. » (Wikipedia). Sur la carte de l’ Europe vous voyez que le type entar domine dans toutes les langues germaniques voisines. Si les traducteurs anglais de la Bible n’avaient pas adopté l’expression imp of Satan littéralement « greffon du diable » devenu « petit diable, polisson », le verbe to imp serait maintenant courant dans tout le Nord de l’Amérique.

Empeutar vient également d’un mot grec, à savoir de πελτη (peltè) « écusson ». Il y a eu une discussion entre les étymologistes. On a supposé comme étymon un latin *impeltare « greffer », à partir du verbe latin impellere « pousser vers, enfoncer » ou bien à partir de pellis dans le sens « écorce ». Les Romains appelaient un « écusson, bouclier » scutum et Plaute (2e s. av.J.-C) utilise déjà le diminutif scutella « carreau en losange » avec le sens de « greffe en écusson ». Il est donc très improbable qu’ils aient créé un verbe *impellitare , on s’attendrait plutôt à *scutellare,  mais ce verbe n’a pas existé. . Il est beaucoup plus probable que l’origine est le mot grec πελτη  (peltè) « écusson ». Il y a une façon de greffer en écusson. En changeant de milieu d’utilisation le mot a changé de sens. Les Grecs ont connu et propagé les deux façons de greffer, la greffe en fente et la greffe en écusson.
Les auteurs des Lectures de l’ALF écrivent que le verbe empeutar est une création locale qui a remplacé un plus ancien entar. Sur la carte de l’Europe vous voyez que ce n’est pas du tout le cas. Nous le retrouvons non seulement en catalan et aragonais, mais aussi en en ancien alsacien, en Souabe, en Bavière et en Tirol (Autriche). Von Wartburg pense que le type ouest-occitan a pu migrer vers le Sud de l’Allemagne par la région des Burgondes, mais vu la présence du type empelzar dans l’Est de l’Italie du Nord, il est évident que c’est plutôt par là que le mot et la technique se sont propagés. La Grèce n’est pas loin de Venise.

Enserta(r). Enfin un vrai mot latin. Les Romains avaient traduit le verbe grec emphuteuein « greffer » par inserere. Varron (116-27 av. J.-C) ecrit : pirum bonum in pirum silvaticum inserere « greffer un poirier de bonne espèce sur un sauvageon ». Le verbe inserere est irrégulier : insevi, insitum1     Déjà en latin on en a fait insero, inserui, insertum et ce participe passé insertum a donné la naissance à insertare > ensertar en provençal et est-languedocien, injertar en espagnol, enxertar en portugais et chertatu en basque. Il y a aussi quelques attestations en Aquitaine. (cf. la carte Google ci dessus).

Von Wartburg écrit que le type ensertar en Provence est un emprunt à l’Italien et qu’il a remplacé le type entar. J’ai des doutes. Cette répartition me fait penser à la répartition des types pedas / petas « chiffon » du grec pittakion « petit morceau de cuir ou de tissu » qui s’explique par une forte influence grecque à l’Ouest et une influence romaine à l’Est du domaine occitan.

  1.  De cet insitum a été dérivé insitare qui a abouti à innestare « greffer » en toscan.

En "seigneur" par Robert lo don

En « seigneur » vient du latin dominus « seigneur ». Je l’ai mentionné dans l’article  Na « madame »,  sans l’approfondir. Un visiteur me signale:

Concernant En, on trouve dans les noms de rues de Montpellier des En :  Impasse de la Tour d’En Canet

En vérifiant sur le web je constate que dans la grande majorité des cas ce En  est écrit en.  Cette graphie montre que en  n’est plus compris.  Il est dommage qu’il est impossible de trouver avec un moteur de recherches d’autres noms de lieu avec  en  suivi d’un nom de seigneur.  Dans le Dictionnaire topographique de l’Hérault par contre j’ai trouvé un bon exemple1

     Théâtre Jacques Coeur à Lattes dans le Mas d’Encivade

Dans le Gard sont mentionnés  le Clos d’Auriac,  en latin Claustrum d’En-Auriac ,  et  la ferme   Endevieille  dans la commune du Vigan, appelée en 1472  Territorium d’En-Devielha alias el Camelho.

Dominus  a été abrégé déjà en latin à domnus  qui est devenu don   en italien,  don  ou dons  en ancien français et   don ou  en  en ancien occitan, domne  en ancien béarnais.  Dans la féodalité don   prend le sens de « seigneur, suzerain »; en plus il devient synonyme de sanctus  « saint », ce qui a donné de nombreux noms de villages comme  Domrémy, Domjulien, Dommartin  etc.  En basque done  signifie « saint »,   non seulement  dans les toponymes comme Donostia  « San Sebastian ».

On se sert aussi du titre  Don  pour  nommer un « maître, un propriétaire, un administrateur » , mais ce titre a trouvé très tôt un fort concurrent dans senior qui l’a rapidement battu.  Pourtant on trouve en ancien occitan encore  le don  pour « le vieux, l’ainé ». Senior   a subi une évolution en sens inverse de celle de dominus.

Il est évident que les linguistes ont longuement débattu sur  l’origine de le forme En. L’explication la plus probable est que En  vient du vocatif domine  utilisé devant le nom propre, et abrégé en N’ devant une voyelle, En  devant consonne. En, N’  existe aussi en catalan.En catalan Institut d’Estudis Catalans – Diec2

Un extrait de l’article  En de Mistral:

Comme mes enfants m’appellent « le vieux, ou l’ancêtre » je peux me permettre de signer cet article:

Robert Geuljans lo don

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  1. D’après Pégorier cet emploi de En  serait limité au Lauragais, l’Albigeois et le Gers, ce qui n’est manifestement pas le cas; cf. aussi l’extrait de Mistral

En de bados

En de bados « en vain », ancien languedocien en bada(s) XIIIe s. ou de bade(s) “en vain” vient de l’Arabe batil “inutile, sans valeur ; en vain ». Le mot existe dans d’autres langues romanes : esp. balda « objet sans valeur », en balde « en vain », pg. de balde « sans succes », cat. de bades.  Les formes occitanes  montrent un emprunt au catalan.

Encalà

Encalá   « faire échouer (un navire) » cf. calada

Enco

Enco « cannelle, anche, bobine, cannette, canule, robinet)  » enco de bouto kë tiro « la canelle d’un muid qui est en perce ou en vuidange » (S). et son dérivé enkie « le trou de la canelle ou de la fontaine d’un muid » (S). Voir encore les expressions à la fin de l’article.
Les attestations  ne remontent  pas très loin dans l’histoire. Les premières datent du XIVe siècle dans le Vaud  (Suisse). L’étymologie  n’est pas tout à fait la même que celle du français anche: « Emprunté à l’ancien bas francique. *ankya «canal de l’os » (acien haut allemand ancha, ancho et encho « jambe », d’où, en français, les sens de « conduit, goulot, embouchure ». Pour l’ancien haut allemand , voir le dictionnaire de Koebler, s.v. anka. Néerlandais enkel « cheville » vient d’un dérivé de anka , ankala « articulation ». Plus de renseignements sur français anche dans le TLF.
L’image montre qu’un bon bricoleur peut en faire une enco sans poblèmes.

La forme occitane et franco-provençale, avec en- et non pas an-, ne peut pas avoir *ankja comme origine. Le FEW explique cette forme en supposant une origine burgonde pour le franco-provençal et une origine gotique pour l’occitan :*inka. Dans ce cas l’emprunt a dû se faire très tôt en franco-provençal et en nord occitan, avant l’évolution ca > tch-, ch- (VIIIe siècle).
Le mot a dû être employé régulièrement en languedocien du XVIIIe siècle, puisque l’Abbé de Sauvages donne plusieurs expressions comme ana coum’ un’ enco « aller souvent à la selle »; et au figuré lou fai ana coum un enco « il ne le ménage pas, il le fait charrier droit » (S2).

La forme encho ou inche « anche d’un hautbois » (S2) a été empruntée, peut-être au français. Pour le savoir il faudrait se lancer dans l’histoire des instruments de musique. Environ 3000 ans avant J.C. les Chinois ont inventé des instruments de musique à anche.

Enfalenar "empester; suffoquer; perdre halein...

Enfalenar « empester; suffoquer » est composé de en  et alenar « prendre haleine, respirer ». L’étymologie de alenar  est le latin anhēlare « respirer difficilement, émettre des vapeurs, exhaler » qui a subi tardivement, IXe-Xe s., une métathèse du -n- et du -l-  pour devenir alenare. 

L’article anhēlare du FEW étant en français, je  ne peux mieux faire que de le citer:

…les formes occitanes manifestent un croisement avec les représentants d’ *affanare dans le sens « peiner, se fatiguer; etc. »; la contamination a pu se produire avant la métathèse  anhelare > alenare (a), ou après (b); dans les deux cas, on note une série de préfixations (IN-, EX, Ø. Un rapport est possible avec la famille de centre affanné  « éssoufflé »…

Les formes du groupe a) mentionnées par le FEW, ne se trouvent que dans le dictionnaire de l’abbé de Sauvages (S2):  esfanélà « infecter, empuantir » et esfanélat « essoufflé, hors d’haleine ».

Le groupe b) , le type afalenà, se trouve principalement en languedocien, de l’Aveyron jusqu’à Toulouse : enfalenà « puer, exhaler de mauvaises odeurs ».  Composé avec ex-  est  esfolenà  « essouffler, mettre hors d’haleine » dans l’Aveyron, esfarenat « essoufflé » en Lozère, esfarena à St-Afrique.

esfaléna

esfalenat

Un autre dérivé de  anhēlare  avec le préfixe dés-, qui a abouti à desalenà « (faire) perdre haleine »  se trouve surtout dans le Sud-ouest, gascon, limousin.