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garapot "galipot"

Garapot « galipot,  une résine liquide, extraite par incision du pin maritime, solidifiée à l’air.  » (TLF). La garapot  est utilisée pour goudronner des bouteilles et dans la marine pour protéger de l’eau de mer certaines pièces des bateaux. En occitan comme en français le nom garipot est aussi transféré à l’arbre

Le mot français a été emprunté à l’occitan guarapot « mastic résineux » attesté dans le Cantal en 1380. Le galipot est produit dans le département des Landes et il s’est répandu en France et dans la péninsule ibérique grâce au commerce. Il est même passé en allemand. L’origine de garapot est inconnue.

Sanguio 'vase pour traire'

Sanguio « seau, vase pour traire » est un mot plutôt gascon, qui se retrouve dans les parlers aragonais  et en basque  šantša « petit vase pour traire ». L’origine remonte à la  nuit des temps. C’est G. Rohlfs qui a proposé une racine pré-indo-européenne *sandika.1

Mistral mentionne les deux formes   sanguio  pour les Pyrénées  et sancho pour le Bearn.

En franco-provençal la sanguio est appelé seille. Cette photo vient de la  base de données lexicographiques panfrançophone  Une découverte importante pour  moi.  Allez y faire un tour et regarder les résultats pour le mot  seille.

La Base de données lexicographiques panfrancophone (BDLP) est un projet d’envergure internationale qui s’inscrit dans l’entreprise du Trésor des vocabulaires français, lancée par le professeur Bernard Quemada dans les années 1980. La BDLP est actuellement en voie de réalisation pour les pays et régions figurant ci-dessus, mais d’autres équipes se préparent à s’y associer. L’objectif est de constituer et de regrouper des bases représentatives du français de chacun des pays et de chacune des régions de la francophonie.

  1. Pour tout savoir sur les noms des seaux, vases, cruches dans les langues romanes, suivez ce lien vers l’étude  de Walter Hebelsen de 1921

Garrél "boiteux"

Garrél « boiteux, pied-bot, détraqué » ,  de garrel « de travers » vient d’un gaulois *garra « partie de la jambe ». Cette racine qui correspond à des mots celtiques comme le breton  gâr « jambe », garr  en cymrique, gairri  en ancien irlandais, a eu un riche développement en galloroman et les langues voisines.

Le FEW  distingue trois groupes de significations:

  1. Jambe ou partie de la jambe; le creux poplité, le creux du genoux comme ancien occitan la garra  « jarret »,   et le dérivé  jarrut « bien noué des jarrets (Languedocien). boiteux, cagneux »,  comme garrél  « boiteux », garrelà « boiter », garrelejà
  2. grande ongle courbée chez les animaux.
  3. branche courbée, tige.

Garrèl « bigarré »  a une autre étymologie. Suivez le lien.  Alibert mélange les deux famille de ùmost dans son article garrél?

Tatino "blanche putain" ?

Tatino « blanche putain ». Non je ne me lance pas dans la pornographie. Il s’agit du « pourpier de mer » ou « atriplex halimus » (FEW).    En  contribuant  occasionnellement au site Plantuse pour le projet  Rolland,  j’y ai découvert les botanistes provençaux du XVIe siècle, dont Hugo Solerius, qui était originaire du Lubéron. Dans  sa Scholiaeparu  en 1549 il donne les noms français, provençaux et dauphinois des plantes1.  Dans l’article Halimum  il écrit que les savants ne savent pas exactement de quelle plante il s’agit. Certains pensent que c’est la plante  que les Gaulois (= les Français de langue d’oïl) appellent « blanche putain« ,  qui s’appelle chez nous  la tatine   et chez les Dauphinois le  tatoulier.  Il faut le ranger dans les plantes inconnues dit il, parce qu’il faut avoir d’abord une bonne description :

l’atriplex halimus (Wikipedia)

Le nom blanche putain ou blanche pute  est assez rare. Il n’y a que quelques attestations chez des botanistes au XVIe siècle2 La première vient du  Livre d’heures d’Anne de Bretagne 1503-1508 :

Blanche futaine. — Catoleri. — Viburnum lantana L. Mancienne (la plante est mal dessinée). Jussieu voit le « lilas blanc » (Lilac vulgaris Lam.). La Mancienne était appelée au XVIe siècle, blanche pute et blanche putain (Dalechamp). — Catoleri est probablement un dérivé de catus, comme Catolleria (voy. Pullan). ( Source Plantnet identification).

Geofroy Linocler, Histoire des plantes.  Paris 1584, écrit que le Halimus ou Atriplex marina s’appelle en François Franche pute, ou Blanche pute. Ci-dessous sa description et son dessin:

Jean Bauhin (1541-1612)  écrit  dans   l’  Historia plantarum universalis3  que le halimum n’est pas la même plante que la blanche putain:

Ruell. Rob Const.  inter nomina ponunt  Blanche putain quod nomen Halimo non convenit.

Ensuite ce nom disparaît des dictionnaires et des textes.  A ma grande surprise  il réapparaît dans le Dictionnaire franco normand ou Recueil des mots particuliers de Guernesey par M George Métivier (1870),  dans la forme blanche pute, avec une étymologie savante :

  

L’image est le Teucrium4.  Il me faudra de l’aide de botanistes pour en  tirer une conclusion. S’agit-il de l’atriplex halimus ou du viburnum lantana?

L’étymologie est le latin putidus « puant, pourri, fétide »; FEW IX, 635.

Les noms occitans fournis par  Hugo Solerius   tatine  en provençal et  tatoulier   en dauphinois posent moins de problèmes.  Ces noms  sont très bien attestés dans les parlers occitans et franco-provençaux5 avec le sens viorne, baies de la viorne, viburnum lantana  en latin des botanistes.   On les retrouve d’ailleurs dans l’Atlas linguistique de la France (ALF) et chez Mistral :

    

tatoulietatoulié

L’étymologie de cette famille de mots est inconnue. Le FEW suppose une racine tatt- d’origine pré-romane.  Les attestations se trouvent dans les parlers franco-provençaux et en provençaux à l’est du Rhône, parfois avec agglutination de l’article comme à Barcelonnette atàta sg. « fruit de la viorne »  ou latatyé « viorne » dans le dép. des Hautes-Alpes. Il y a également des attestations dans le Piemont.

Edmond (ALF) a noté quelques formes avec un changement de la consonne finale dans l’Aveyron : tap  ou tak. L’abbé de Sauvages (S2) appelle la viorne tassigné  et dit que les baies sont astringentes et bonnes pour les gargarismes;  on fait rouir les branches pour en faire de la glu.
________________________________________

  1. Voir à son propos mon article  Barigoulo
  2. Littré s.v. putain la mentionne pour le XVIe s.
  3. Publié après sa mort en 1650
  4. Photo prise à Villeneuve lès Avignon – Gard (30)le Avril 2009 par Jean-Luc TASSET
  5. Voir p.ex. RollandFlore6, p.258 et 259

Castagnes et marrons.

   

Agriculture et histoire

En agriculture les châtaignes  ne sont pas du tout la même chose  que les marrons.  « Il existe une différence fondamentale entre la châtaigne et le marron. Elle est facile à voir. L’enveloppe de la châtaigne, la bogue, est cloisonnée et elle contient deux ou trois fruits. Le marron, égoïste, mûrit seul dans sa bogue.1.

L’un et l’autre, la castagno comme le marron nous sont parvenus de très loin. Les  fruits du châtaigner étaient  un des premiers aliments des races primitives. Et cela a duré longtemps Dans le Grand Larousse du XIXe siècle, Pierre Larousse pouvait encore écrire

« il forme  presque à lui seul toute la nourriture des montagnards de l’Auvergne, des Cévennes , de la Corse… ». Au moyen age il y avait l’expression parer  chastaignes à quelqu’un ce qui voulait dire «  lui préparer un bon accueil », et aussi peler chastaignes à quelqu’un  pour « lui dorer la pilule ».

L’origine du mot castagno est à chercher en Asie mineure. En persan existe le mot kashtah « fruit sec, pépin » et les savants pensent que l’arbre et son nom sont introduits en Europe, notamment en Grèce à partir de l’Iran.   Virgile (70-19 avant JC) connaît déjà le mot castanea  qui  donne dans notre région castagno ou costognos  (Aveyron) et castagne en français régional.

Il y a de nombreuses « Fêtes de la Chataignes » dans notre région: En automne, le petit fruit à coque piquante est au coeur de toutes les attentions gastronomiques et au centre des fêtes traditionnelles du Languedoc-Roussillon. Fêtes, foires et autres castagnades lui font la part belle cet automne !

Avec ce mot dans votre vocabulaire,vous pouvez  voyager très loin: aux Pays Bas et en Belgique kastanje, en Allemagne Kastanie, en Scandinavie kastania, en Russie kashtanu en Pologne kasztan, en Lithuanie kasztanas et même en Bretagne kistin et le pays de Galles kastan.  Les Anglais par contre ont emprunté le mot chestnut à la langue d’oïl, où par étymologie populaire ils ont ajouté un –t  au –chestne  pour ranger la châtaigne avec les noix (nut).

Il y a en languedocien pas mal de mots dérivés de castagna: castagniè « relatif aux châtaignes ou qui aime les châtaignes »(Mistral), castagná verbe « récolter les châtaignes » mais aussi « dépenser tout »,  languedocien castagnaïro  « ramasseuse de châtaignes »  et  dans le Languedoc,  des castagneirou « petits châtaigniers » (Mistral). Spécial pour le Gard sont  castagnolo « roitelet » et castagno « sexe de la femme ». D’après le Thesoc à Maillanes (13) ce sont les testicules. A Alès kastagnados  est la « veillée à l’époque de la récolte des châtaignes », et comme on grillait des châtaignes pendant ces veillées il a pris le sens  « grillade de châtaignes »2.

En français  castagne  ou castagnole , empruntés à l’occitan, servent à désigner un poisson, le « sparus chromis »  (Linné 1758), mentionné dans l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert. D’autres noms de petits poissons  comme castagnot ou castagneau, ou castagnole  viennent également  du Midi.

TOPONYMIE. Beaucoup de noms de lieux où poussent les châtaigniers sont dérivés de castanea.

Dans le Grand Larousse du XIXe siècle, vol. III, vous pouvez trouvez une description détaillée du travail de la chataigne : la récolte, la conservation, des recettes, etc. Il y  décrit entre autres le procédé que pour récupérer les châtaignes,  dans la claie :

«On [les]chauffe ainsi pendant dix jours environ. Vers le cinquième jour, lorsque toute la récolte est rentrée, on retourne les châtaignes pour achever de sécher la couche supérieure. on considère les châtaignes comme suffisamment sèches et prêtes à être blanchies, quand leur écorce se détache bien et qu’elles sont dures sous la dent. On les fait alors tomber sur le plancher inférieur (de la claie), dont on a enlevé le feu et les cendres; puis on les dépouille de leur écorce, soit en les plaçant dans des sacs que l’on frappe sur un billot revêtu d’une peau de mouton … , .soit au moyen des soles, qui brisent moins les châtaignes.».

Par hasard j’ai trouvé une liste des variétés de châtaignes cévenoles à l’Université des Jésuites à New York :Source: « Recueil de Mémoires et d’observations de Physique, de Météorologie, d’Agriculture et d’Histoire Naturelle » par le Baron Louis-Augustin d’HOMBRES-FIRMAS, Nismes, 1838, volume 3, page 81: Mémoire sur le châtaignier et sur sa culture dans les Cévennes (1819).

QUI LES RECONNAIT ENCORE DE NOS JOURS??? Contactez-moi

D’après Andolfi la castagne est « un sport ancestral cévenol qui se pratique à mains nues… » et castagne dans ce sens est synonyme du français marron. Châtaigne = marron est attesté en francais depuis 1635 ; châtaigne signifie d’abord un « coup sur les doigts » et ensuite un « coup de poing » (D’après Delvau A., « Dictionnaire érotique moderne » Bâle, sans date ). Marius Autran est plus sérieux quand il écrit à propos de l’expression: ça va castagner ! « c’est de l’argot français qui n’est pas spécifiquement provençal. »

Le mot marron a le même sens depuis 1835. A.Rey pense que le sens « coup de poing spécialement sur la tête », s’explique par métonymie de la tête qui reçoit le coup (un coup sur le marron) au coup lui-même . Mais le sens « tête » pour le mot marron n’est attesté que depuis 1896. Von Wartburg est d’avis que c’est la couleur que prend la tête quand elle a pris des marrons qui est déterminante. Quoi qu’il en soit, c’est du pareil au même, quand on les reçoit, ça peut faire très mal.

 

  1. Il y a quand-même un risque de confusion de 12% : « Le castanéiculteur est tenu quant à lui de classer la production de ses arbres en châtaignes, si la proportion moyenne des fruits cloisonnés est supérieure à 12%, et en marrons, si cette proportion est inférieure à 12%.»
  2. . Dans les Cévennes la « grillade » s’appelle rabanelo, voir le mot rabinar

Barigoule ‘pleurote du panicaut’

Barigoulo « pleurote du panicaut »Ce nom est  surtout connu à cause de la recette de artichaut à la barigoule.  Le TLF donne deux  significations pour le  mot  barigoule:

1.Région. (Provence). BOT. Champignon comestible du genre agaric. Synonyme lactaire délicieux.  Rem. Attesté dans la plupart des dictionnaires  généraux  du xixe et du xxe siècle.
2.ART CULIN.  À la barigoule. Manière d’apprêter les artichauts en remplaçant le foin par une farce à base de champignons et d’oignons, et en les faisant cuire dans l’huile

Dans Wikipedia nous trouvons que :

La recette  d’ Artichauts à la barigoule doit son nom au champignon pleurotus eryngii appelé aussi pleurote du panicaut, ou encore argouane, bérigoule, girboulot, et l’auteur fournit une vingtaine d’autres noms vernaculaires:
pleurote du panicot, argouagne, argouane, beigoula, bérigoula, bérigoule, berigoulo, bolet dau baja preire, bouligoule, boulingoulo, bridoulo, brigoule, brigoulo, grigoulo, canicot, cardoueto, champignon de garrigues, champignon du panicaut, canquesto, congue, corgne, couderlo, congouerto, escouderme, fougga, gingoule, girboulot de panicot, onglet, oreille de chardon, oreillette, panichaou, panicau, ragoule, ringoule.
pleurote de panicaut
pleurote du panicaut  pleurotus eryngii
Comme ça on sait de quel champignon  on parle!
La question qui reste est de savoir pourquoi précisément la pleurote du panicaut?
C’est l’abbé de Sauvages qui dans la deuxième édition de son Dictionnaire languedocien-français (S2) explique la relation entre  l’artichaut et la pleurote du panicaut. :
Les préparations étaient identiques à son époque. Ce champignon  ne pousse qu’au pied du panicaut champêtre  ou sur les racines de Eryngium maritimum. En plus le  panicaut champêtre ressemble beaucoup aux petits artichauts provençaux.

panicaut campestre     
panicaut campestre              artichaut provençal

panicaut avec pleurotte

Dans Rolland Flore XI, p.145 nous trouvons la répartition géographique  du mot  barigoulo  avec  le sens  pleurotus eryngii :

barigoulo RollandFlore Souvent il y a  de la confusion en ce qui concerne les noms des champignons.   Dans le matériaux dialectaux nous trouvons que  le type lexicologiue barigoulo   est utilisé aussi  pour nommer  « la chanterelle,   la  morille » et même un « champignon bon à manger »en général.  Par exemple  Rolland a réuni dans l’article morchella esculenta « morille »  le  type lexicologique « barigoulo » dans les régions suivantes:

berigoulo "morille" Rolland
et pour le breton la forme :
 C’est cette dernière forme  avec m-  initial qui  a peut-être inspiré von Wartburg. Dans le FEW  il propose comme étymologie de toute cette famille *maurīcŭla « morille »,  dérivé de maurus « habitant de la Maurétanie ». Le  b- initial de formes comme  barigoulo s’explique par l’influence de mots comme bulle  ou balle à cause de la forme ronde  du champignon.

Le TLF écrit que la première attestation de barigoulo en occitan date de 1716. Pourtant Rolland p.177,  mentionne que  bourigoulo « morille » en  provençal en 1549 par Solerius. Cette indication a réveillé le rat de bibliothèques en moi.   Dans la bibliographie de Rolland je trouve l’indication suivante:

Solerius (Hugo), sanionensis, Scholiae… à la suite de Aetii medici tetrabiblos... édité par Cornarius, Lugduni, 1549, in-fol.

Cela m’a permis grâce à internet de retrouver le texte  que voici1:

(Champignons chez les Gaulois (on dit) des champignons: chez les Dauphinois des bracoules, chez les Italiens prignoli chez nous 2  des bourigóulos: d’aucune utilisation en médecine.)

L’accent sur le ó   dans le texte de Solerius signifie probablement que l’accent  tombe sur l’avant-dernière syllabe.  Il est également possible qu’il  veut  indiquer une prononciation –óou-. Pour en être sur   il faudra étudier toutes ses graphies des mots en provençal en en dauphinois et les comparer à la prononciation actuelle.

Artichauts à la barigoule.  L’étymologie d’artichaut est décrite dans l’article carchofa.

__________________________________________

  1. Si ce texte vous intéresse suivez le lien donné dans Plantnetprojet
  2. Chez nous veut probablement dire le  provençal  du Lubéron. D’après Ludovic Legré,  La botanique en Provence au XVIe siècle. Pierre Pena et Mattias de Lobel. Marseille, 1899, p.72 n.2  Solerius vient du village de Saignon dans le Lubéron.  Solerius  cite dans son livre  les monticules appelées  « les trois frères »  près de Pertuis, ce qui prouve qu’il connaissait bien la région

Cabessaou "coussinet"

Cabessaou « tortillon, bourrelet, coussinet qui sert à porter un fardeau sur la tête ». Une image d’un cabessaou  par René Domergue (Montpezat).  L’étymologie est  capitium  qui en latin signifie « ouverture pour la tête dans une tunique ». Mistral donne les formes suivantes:

La forme la plus courante est cabessaou  avec un –e-.   

Il y a un autre groupe de mots qui y ressemble beaucoup, dont le verbe cabussar « plonger avec la tête  en avant ».  Ce verbe   et ses dérivés, qui sont très fréquents dans tout le domaine occitan, sont  classés par le FEW dans l’article caput « têtepour des raisons d’ordre phonétique.

Dans le Thesoc je trouve s.v. « tortillon » les formes cabessal, cabessala, cabelhada, capelada et capeluda  dans lesquelles il y a manifestement de l’influence du mot caput  et de ses nombreux dérivés.

Un visiteur originaire de la  Vaunage m’écrit:

Bonjour,
Je ne trouve nulle part le mot cabusaou ou cabusau.
Le cabusaou était confectionné avec un « sac à patates  » bourré de paille.
Il enserrait la tête et portait sur les épaules du porteur pendant les vendanges.
Il fallait bien sûr quelques coutures pour lui donner la bonne forme.
La comporte était posée dans un rang, le porteur (qui ne portait rien à ce moment là) ou les coupeurs vidaient les seaux dans la comporte. Une fois pleine, un vendangeur aidait le porteur à poser la comporte sur la tête du porteur (d’où le nom comporte, porter avec), ou plutôt sur le cabusaou. Le poids était donc réparti sur la tête et les épaules du porteur.
Double avantage par rapport à la hotte, on ne porte que quand c’est plein ou vide; on porte sur la tête et les épaules.
Ici, en Vaunage, 10 km à l’ouest de Nîmes.
J’ai été porteur en 1969, et le tombereau été encore tiré par un cheval.

N’ayant pas trouvé cabussaou  avec  ce sens dans l’Alibert, ni dans le Trésor de Mistral1, je me suis adressé à Gérard Jourdan, qui m’avait envoyé la description de la  Culture de la vigne ne Languedoc  au début du XXe siècle faite par son père. Il m’a donné la réponse détaillée que voici:

Bonjour Robert,
hé non ! ce terme de cabusaou n’est pas dans le vocabulaire de Montagnac ; chez moi, donc, les ustensiles de la vendange étaient les suivants :
un seau (d’environ 8 litres) rempli par le coupeur ( lou coupaïré),
le leveur de seaux récupérait le seau plein (lou farrat) et le vidait dans une comporte en bois (environ 100 litres) la semal dans laquelle lou quichaïré, avec lou quichadou, comprimait cette vendange.
Quand la semal était pleine, elle était soulevée par deux porteurs avec deux gros leviers : les sémaillés et transportés jusque sur la charrette équipée de ridelles en fer (vous avez un schéma de cette charrette dans le document de mon père).
Donc chez nous rien de ce cabusaou.

Mais j’ai quelques souvenirs qui s’apparentent un peu à cet objet.
Lors de vendanges dans la région de Lunel ( donc pas très loin  de la Vaunage), dans les années 1970, je me souviens d’avoir utilisé le seau comme chez moi mais on le vidait dans une comporte en zinc, plus petite que la nôtre, emportée vers le tombereau par un porteur qui la plaçait sur sa tête protégée par un tortillon de jute et de ficelle.
Je me demande d’ailleurs comment le porteur de la Vaunage portait une comporte même plus petite que la nôtre, ou alors c’était plutôt une hotte qu’il portait sur les épaules.

De la même façon, je me souviens d’avoir vu ma grand-mère espagnole ( native de la région de Murcie) transporter un cuvier plein de linge de sa maison au lavoir du village ( à Montagnac) sur la tête qu’elle protégeait avec le même tortillon que pour les vendanges.
Enfin, toujours à Montagnac, je me souviens d’avoir « badé » (regardé curieusement) l’ouvrier du fournisseur de charbons, François Carminati ( qui était un copain à mon père) en train de transporter des sacs de boulets de charbon (qui devaient faire au moins 50 kg) sur la tête et les épaules qu’il protégeait avec un sac de jute qui lui couvrait la tête et les épaules, mais je ne me souviens pas s’il était rempli de paille.

Grâce à la coopération de mes visiteurs, nous apprrenons que non seulement les formes variaient beaucoup, mais aussi l’utilisation du tortillon. La description de la vendange à Montagnac par Raymond Jourdan  est très instructive.

  1. J’avoue avoir mal cherché

Chelet "terrasse"

Un visiteur m’a demandé l’origine de   chelet  « terrasse », mot de l’Ardèche:

Bonjour!
Je suis natif de Serrières Ardèche et enfant mes grand-parents utilisaient le nom de « shellay » pour des terrasses utilisées anciennement pour la culture de vigne ou en utilisation en jardin . Avez-vous une origine à ce nom.

J’ai pu répondre:
Bonjour!
Voilà une information intéressante! Votre shellay, chelet ou chalè n’est attesté que dans le nord de l’Ardèche, avec exactement le sens que vous donnez.  Il y a quelques remarques à ce propos dans le site de Christian Lassure, mais pas l’origine et je ne l’ai pas encore trouvée. J’y travaille et je vous tiendrai au courant.
Robert Geuljans

Christian Lasure écrit:

CHELET/CHALET (m)

Ce terme est donné par Jean-François Blanc comme signifiant « terrasse de vigne » en Ardèche septentrionale, sur les coteaux de la rive droite du Rhône. S’agit-il d’une variante de cheyet (m) rencontré sur la rive opposée, dans le vignoble de Tain-l’Hermitage ? Lachiver ne connaît pas chelet mais donne au terme chalet le sens de « terrasse édifiée par l’homme sur les pentes ». Il donne par contre chey (f) (pl cheyes ou cheyx, à rattacher à l’étymon calj, « caillou »), censé désigner, dans le vignoble de Côte-Rôtie (rive droite du Rhône), une « murette destinée à soutenir les terrasses sur lesquelles on cultive la vigne ». Comme par ailleurs le même auteur donne la même localisation et la même définition pour murgeyes (f pl) (« murettes destinées à soutenir les terrasses », à rattacher à muricarium, « tas de pierres »), on est en droit de s’interroger.

Bonjour Merci de votre réponse je suis allé sur le site de Mr Lassure , Effectivement c’est bien l’image du paysage des « chelets » de Serrières . J’avais pensé à escalier mais le raccourci me paraît un peu facile.

Cordialement Laurent Cano

Une  étymologie possible est celle de l’occitan caladele latin callis « chemin » ou caljo- « pierre ». J’ai trouvé l’image de  chelets  à Saint -Désirat de Vernosc en Ardèche:


chelet nord del'Ardèche

Il y a en effet pas mal de cailloux.