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Orange voir irange la forme à l’ouest du Rhône.

Orthographe de votre dialecte ?

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L’orthographe de votre dialecte , ou comment écrire mon patois ?

Il y a deux réponses possibles à cette question  que de nombreux visiteurs me posent,:

1. Appliquez la graphie mistralienne ou la graphie classique, la norme de l’escola de Pau pour le vivaro-alpin et les vallées occitanes en Italie et la norma bonaudiana. pour l’auvergnat.

Autrement dit :Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué.1

Vous pouvez trouver toutes les règles de la prononciation correspondant à la graphie « classique » dans un site en occitan de Wikipedia.  Pour l’appliquer  il faut aussi connaître l’étymologie. Par exemple : « Quandll-  vient  d’un étymon  avec  tl, dl, ld il faut l’écrire avec – tl-. » A Nîmes on prononce amenlier mais on écrit ametlier.

 

Solution du problème!
2. Ecrivez comme vous parlez. C’est le conseil que je donne en général, si les personnes en question ne disposent ni du Trésor de Mistral, ni du Dictionnaire Occitan > Français d’Alibert ou s’ils veulent que leur écriture reflète leur occitan à eux. Dans ce cas les Nîmois doivent écrire  amenlier.

 Comment écrire mon occitan à moi? Une réponse se trouve dans la brochure du Professeur Ernest Schüle de l’Université de Neufchâtel, Comment écrire le patois? (principes et conseils pratiques) écrite pour les habitants de la Vallée d’Aoste en 1980 et dont une 2e édition a paru en 1992. Le mot patois n’a rien de dépréciatif! au contraire, voir mon introduction.

Dans son introduction Ernest Schüle écrit:

But: La propagande en faveur du patois a besoin d’une graphie facile à lire et facile à écrire. Il ne faut pas dérouter l’usager et éviter l’apprentissage d’un nouveau code mais utiliser au maximum les automatismes de l’orthographe qu’il connaît, à savoir l’orthographe française. En faisant cela nous suivons une tradition vieille de plus de 1000 ans.

Le choix qui s’impose est donc de se servir du code de l’orthographe française pour écrire en occitan.

Principes:

1.Ecrire le plus simplement possible. L’orthographe française ne permet pas toujours de rendre les sons de l’occitan. On en retiendra l’essentiel. Il ne s’agit pas de faire une graphie phonétique. Utilisez le clavier AZERTY français.

2.N’écrire que ce qu’on prononce. Une orthographe normative ou étymologisante (p.ex. français doigt pour douà  ou dwa) pose des problèmes insolubles à celui qui veut écrire l’ariègeois, le toulousain, le niçoud, le languedocien, le vivaro-alpin, le gascon , le nîmois, le beaucairois, etc.  Donc dans les Alpes-Maritimes on écrira frèi (froid) et dans le Tarn-et-Garonne fret, et frè, frèi ou frèit dans la Gironde.

3.L’accent tonique. Contrairement au français, les mots occitans ont un accent tonique à une place fixe : la dernière syllabe quand le mot se termine par une consonne ou par une diphtongue, dans les autres cas l’accent tombe sur l’avant-dernière syllabe.. En général il n’est pas nécessaire de le noter graphiquement.


Les voyelles
.

Les voyelles orales : a é è o i u ou eu auxquelles il faut ajouter les voyelles nasales, an in on un oun eun bien que la nasalisation en occitan n’ait pas les mêmes caractéristiques qu’en français. Si cela est utile vous pouvez y ajouter les nasales én, èn et ûn. Ce dernier remplace un pour indiquer que vous prononcez un -u- (comme en français pur) nasalisé et non pas comme –un en français Verdun, parfum. La même remarque vaut pour la graphie –in. Si vous prononcez vin comme en français vin, avec un è nasalisé il faudra écrire vèn,  surtout si dans votre région  on ne prononce pas de la même façon  vèn  « vient » et vîn  « vin ».  Ceci est très important pour les poètes.

A, a : que le a porte l’accent ou non, si vous le prononcez à peu près comme le a français vous écrivez a . Par exemple : si vous prononcez luna (Clarensac) »lune », vilas « villes », flama « flamme », cap « tête », passat « passé », si vous prononcez luno etc. écrivez luno, vilos, flamo ou flambo etc.

É, é : que le é porte l’accent ou non, si vous le prononcez à peu près comme le é français (comme chanté) vous écrivez é.

È, è : que le è porte l’accent ou non, si vous le prononcez à peu près comme le è français (comme père), vous écrivez è.

e : le -e- » muet  » du français n’existe pas en ocitan. Il est toujours prononcé et il a des valeurs qui varient selon les localités. Ecrivez e. Nou suivons ici l’exemple de l’italien, comme par exemple dans pane « pain », où le e est prononcé comme le français.

Quand vous prononcez le même son que le -e- muet français, notamment sous l’accent, comme dans « à la queue leu leu, meuf , deux et même peur, Europe, écrivez -eu-.

I, i représente le son i comme en français il dit.

O, o a les deux prononciations comme en français, par exemple pot et porc. Eventuellement vous pouvez distinguer les deux sons, ouvert et fermé, en utilisant l’accent circonflexe ^ pour marquer le o ouvert ô, ou bien écrire un ò avec l’accent grave, mais il ne se trouve pas sur le clavier AZERTY. Il fait partie des « caractères spéciaux ».

U, u représente le son u comme en français pu, pur.

OU représente le son ou comme en français pour, cou.

Les diphtongues et triphtongues

Les diphtongues et triphtongues sont écrites comme les voyelles et semi-voyelles qui les composent, par exemple : èi = è + i, oi = o+i, aou = a + ou,
oou
ou ôou = o+ ou , ièi = i + è + i, ieu = i + eu, ièou = i + è + ou etc.

La semi-voyelle y et la semi-consonne -lh-

La graphie y représente le son du y comme en français payer, ou -ill comme dans fille, bouillir. (Attention ce n’est pas le même son que le l mouillé comme en italien figlio ou l’espagnol  llama. Nous suivons Alibert et proposons d’écrire ce son -lh-  pour le l mouillé comme en italien. Une autre possibilité est d’écrire -ill mais parfois il faudrait écrire -ieiilli- et cela fait drôle.

Les consonnes

Même principe que pour les voyelles : appliquez les codes de l’orthographe française. Evitez le k et le w sauf dans des mots qui présentent ces signes en français, comme kilo, wagon.

B, b ou V,v écrivez comme vous le prononcez. Une grande partie des Occitans auront du mal à choisir, comme les Catalans, qui distinguent le b– de Barcelona du b- de Valencia

C,c ou G,g suivi de a, o, u ou une diphtongue qui commence avec a , o , u et prononcé comme ca-, ga en français casse, gagner, écrivez c ou g. Par exemple can « chien » caoussoun « chausson », gal « coq », gaoug « joie, plaisir ».
C,c ou G,g suivi de e,i et prononcé comme qu-, gu en français qui , guise, est écrit à la française qui, gui; que, gue, . Par exemple, qui, quichar « presser », guidar « guider », guerdon « récompense ».

Dans les parlers Nord-occitan surtout, le c et g du latin se sont palatalisés et on prononce tch, ts, dz, dj, ch, j Rien de plus simple que de les écrire comme cela. Par exemple vilatche ou viladje « village », chabr « chèvre » (Vienne), mais cabro (Aveyron).

D,d si vous prononcez comme en français deux

Dj, dj comme en anglais John  (mettez vos haut-parleurs et cliquez sur « listen »), ou en italien giorno.

F,f si vous prononcez comme en français fête, fanfaron

H,h seulement quand vous le prononcez dans votre occitan, ce qui doit être rare, comme en anglais hip hop, ou en allemand Haus. Normalement le h sert à indiquer la mouillure du l et du n : lh et nh.

J,j a la même prononciation que j en français jour;

K, k, seulement dans des mots internationaux comme kilo

L, l si vous prononcez comme en français laver, baladeur

M, m si vous prononcez comme en français maman, aimer

N, n si vous prononcez comme en français nana.
Après une voyelle le -n indique la nasalisation.
Pour rendre le son -gn- comme en français agneau, nous suivons Alibert et conseillons d’écrire -nh- , par exemple anhèl « agneau ».

P, p si vous prononcez comme en français papier

Qu, qu, sert à écrire le son k devant e ou i.

R, r Vous le prononcez roulé ou guttural, vous l’écrivez r. Eventuellement vous marquez la prononciation dans une note.

S,s Nous préconisons de suivre les règles du français (et d’autres langues). s en position initiale, finale, devant ou après un consonne correspond au s comme prononcé en français sang. Par exemple sal, festa, bas, dansar, Fransa, fransés, fransésa.
Devant é, è, e et i le son s est souvent écrit c. Il est en effet conseillé de maintenir cette irrégularité pour ne pas dérouter le lecteur. On peut écrire fasil pour facil et sèl « ciel », selar « celer, cacher » sercle « cercle » mais trop de simplicité nuit à la simplicité.
Vous pouvez aussi maintenir le ç dans les cas où le français le fait puisqu’il est sur le clavier AZERTY.
Le même son s’écrit deux ss- quand il se trouve entre deux voyelles, par exemple bassa, grossa.

Le son z prononcé comme en français base est écrit s comme en français, entre deux voyelles, et z dans les autres cas

T,t si vous prononcez comme en français tête

V, v voir ci-dessus sous B

Z, z est utilisé comme en français.

Consonnes doubles.

Si vous avez le sentiment que l’écriture d »un seule consonne ne rend pas la prononciation prolongée ou double de votre parler, vous en écrivez 2. Par exemple mama a une prononciation différente de mamma, pate <> patte. Suivez votre intuition, c’est aussi simple que cela!

Si vous voulez approfondir la question :

Lire d’abord l’article de René Merle:

René Merle – Orthographe du provençal – 1987 « Le son et la lettre, ou l’impossible graphie de l’idiome natal », (suivi de textes dont un texte inédit d’Honnorat).

et les arguments aussi dans l’article La Langue Provençale Polynomique .

Commentaires des visiteurs:

Aredius (lefenetrou.blogspot.com henri.habrias@univ-nantes.fr) m’écrit : « Olala ! vous allez provoquer la grogne des occitanistes. Je me suis fait incendier parce que j’utilisais le terme « patois » (considérant lorsque j’écrivais mes mémoires que « occitan » aurait été un anachronisme. Jamais je n’ai entendu ce terme en Limousin (Saint-Yrieix-la-Perche) et Périgord (Excideuil) dans les années 50, 60. J’ai découvert « l’Occitan » à Montpellier en 1970.
http://lefenetrou.blogspot.fr/2007/01/lo-gerbo-baudo-lous-magnacaous.html

Un auteur des environs de Châlus Fernand Murguet a fait l’objet de bien des critiques
http://lefenetrou.blogspot.fr/2008/08/critiques-du-livre-de-fernand-mourguet.html

J’ai répondu: « Occitan » désigne tous les parlers du Midi, mais les « Occitanistes » l’ont dévié. Imposer une graphie étymologisante et archaïsante à tous ceux qui parlent encore un occitan local me semble inefficace et élitiste. Mistral n’a pas fait cela. Il suffit d’ouvrir son Trésor.

Eleno m’écrit: Merci, merci de le dire. Et puis il est temps de cesser la gue-guerre entre « occitanistes et provençaux ». L’essentiel n’est-il pas de parler notre belle langue d’o? d’autant que si la graphie change, la prononciation reste la même…. J’utilise quant à moi la graphie de Mistral qui me semble la plus simple. Après, on peut se promener ailleurs et comprendre tous les textes. J’ai lu récemment un livre écrit en parler du Rouergue « contes de Siblot » de l’Abbé RICON de LAURENS, pratiquement sans problème, et je me suis régalée!
à bèn lèu, Elèno.

Je l’ ai remercié : Merci de votre encouragement! Faites le savoir. Envoyez le lien de la page vers vos amis.
On peut écrire l’occitan sans consulter le dictionnaire pour chaque mot.et réserver l’écriture à une élite. Amistas!

  1. En moyenne les Français, pour ne pas parler des francophones en Afrique et ailleurs, mettent 2 ans de leur vie à apprendre l’orthographe de leur langue avec les résultats mitigés.

Ortiga

Ortiga « ortie ». L’étymologie est la même que celle du mot français ortie : latin urtīca.

A l’est du Rhône, il y a de nombreux villages (cf.Thesoc) où l’accent s’est retiré vers la première syllabe, par exemple en Champsaur ürtyə qui suppose un étymon ūrtĭca avec l’accent sur le  ū.

L’explication peut être qu’on a formé un verbe *urticare « fouetter, piquer avec des orties » et que par la suite le nom de la plante y a été adapté.

J’ai pris l’occasion d’écrire cet article quand j’ai trouvé dans le livre de Claudette Germi,  Mots de Champsaur Hautes Alpes,  l’expression imagée être ürtiə  « ne pas tenir en place » (comme fouetté par les orties).

Osca, osque

Osca, osce, osque s.f. « entaillures sur le bras de la romaine qui marquent les livres, 1/2 livres et onces » (Seguier1, p.47 verso ); oscar « entailler »; ouisse « entaille » (Champsaur en 1996).

   
image du Larousse 1905.    L’abbé deSauvages donne plus de renseignements.

Lla boulangère de Valleraugue (Gard), m’a raconté à propos de « hoches sur la taille des boulangers » que, dans les années ’80-’90, les vieux Valleraugois payaient bien sûr tout ce qu’ils prenaient, mais jamais le pain. Le pain était payé à la fin du mois. La taille des boulangers y est donc restée en usage jusqu’à la fermeture de cette boulangerie.

La question a été posée pour les Atlas linguistiques, mais je n’ai pas retrouvé le type osca parmi les réponses. D’après le TLF l’expression existe encore, mais je me demande si la coutume est encore vivante.

Essayez chez Carrefour, et rapportez-moi le résultat. Merci.

Un visiteur m’a donné une autre explication de  l’expression  faire une croix sur la cheminée.  « marquer un fait rare ou exceptionnel »  (expression donnée comme vieillie dans le Robert).

Le  visiteur de Capriata d’Orba (dans le Piemont, province d’Alessandria) m’écrit: Da nos-átri o ï era la costumança de « fár una croge ente la ceindre d’ël camin » ó ente la polvre de la corte purqu’èst qu’o se penseiva de téner lontan la tempèsta e la gragneula (grêle). Mé máre a me la feiva fár encor quand que mi a era un filjeul. La croge a se feiva encom un baston que o lasseiva com’et una crenna (osca) ente la ceindre ó en tèra.

Heureusement, il a eu la gentillesse de me le traduire, parce ce que son patois est un patois de transition entre le piémontais et le ligure:

Chez nous il y avait l’habitude de « faire une croix dans la cendre de la cheminée » ou dans la poussière de la cour parce que on croyait d’éviter la tempête e la grêle. Ma mère me faisait encore faire ça lorsque j’étais un enfant (il y a plus de 50 années). On faisait la croix avec un bâton qui laissait comme une rainure (sillon ?) dans la cendre ou sur le terrain. Dommage je ne rappelle plus les mots que ma mère récitait dans l’occasion.

Dans notre siècle avec des balances électroniques, il y a peu de personnes qui connaissent encore ce mot qui a également existé en français: osche ou oche jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. En ancien français osche avait un sens général « coche, entaille faite pour marquer une mesure » mais au cours des temps il s’est spécialisé, par exemple dans l’Encyclopédie de Diderot on trouve auche « trou pratiqué dans la matrice du mouton à frapper les têtes d’épingles ».

D’après le FEW la répartition géographique de cette famille de mots correspond assez bien à la région où habitaient les Gaulois et il suppose une origine gauloise *osca. Nous le retrouvons en effet dans le nord de l’Italie: piémontais osca « entaille », et en catalan osca etc. Il est attesté dans des langues celtiques, comme le breton ask, aska « faire une entaille ». Hubschmid par contre suppose une origine basque/préromane. Voir à ce propos le TLF s.v. hoche. Le mot a été prête à l’anglais : notch avec n- par agglutination du n dans an notch.

Voir aussi l’article roman, romana « romaine ».

Oughes ‘hièble’

Oughes « hièble, yèble » plante annuelle qui ressemble au sureau  et s’appelle aussi « sureau-hièble ». L’étymologie est  le gaulois   ŏdŏcos « hièble »  attesté en ancien provençal ooulgue et dans les parlers franco-provençaux et provençaux à l’est du Rhône,  augué en Ardèche d’après Olivier de Serres (cliquez sur le lien pour voir les autres formes  FEW 7,324) 

J. Ubaud a fait une liste de noms de plantes en occitan donne 3 formes pour le languedocien et 2 pour le provençal, mais elle interdit toute reproduction; je reproduis donc sa source, le Trésor de  Mistral, qui est plus intéressante et qui donne plus de formes:

hiebleMistral

en suivant le conseil de Mistral :

CaussidoMistral

Marcellus Empiricus  un auteur médical latin de l’Antiquité tardive écrit qu’il s’agit  d’un mot gaulois (1). Les peuples germaniques l’avait emprunté bien  avant les invasions barbares du IVe siècle et il a été conservé dans plusieurs dialectes comme l’alsacien. Adik, adec « hièble » est mentionné dans les dictionnaires néerlandais jusqu’au XVIIIe siècle, mais peu usuté depuis le XVIe. En ancien allemand  la plante s’appelle attach, attuch.

hieble

Ailleurs c’est le type ĕbulum « hièble » qui a donné dans les parlers occitans  èoule, aoule (Toulouse), ébou, néboul (Aveyron), géou (Gers).

La forme égou  du languedocien (Sauvages S1), ,   est classé dans les deux articles du FEW avec la remarque que les deux types sont plus ou moins  confondus. ( FEW 3,202)

Sur le sens de  ĕbulum voir aussi le site  Dictionnaire étymologique des noms de plantes

1. .C’est Marcellus de Bordeaux qui nous donne le nom gaulois de l’hièble, « Herba quae … latine ebulum, gallice odocos dicitur » Marcellus de Bordeaux, De medicamentis liber, VII, 13. Probablement basé sur une racine « od- » (sentir, puer), l’hièble étant particulièrement odorant.source

Oustal

Oustal « maison; logis » de l’adjectif latin hospitalis « hospitalier, affable », dérivé du substantif hospes « celui qui protège les étrangers ». Déjà en latin hospitalis était devenu substantif avec le sens « logis, chambre », plus spécialement la chambre destinée aux étrangers, aux pèlerins, la chambre d’amis. En latin panem et hospitalem dare  signifie « donner le pain et le logis ». Ce sens s’est conservé en français et en occitan jusqu’au XVe siècle. En anglais youth hostal « auberge de jeunesse ».  En occitan a l’oustau « au logis, chez soi », et le verbe ostalar « loger quelqu’un ». Depuis le XVe siècle le sens d’ oustau  s’est élargi à la notion « maison » en occitan et en franco-provençal, ainsi que dans le département d’Ile et Vilaine, tandis que dans le domaine d’oïl c’est le mot maison qui domine. Dans une partie du franco-provençal outa prend le sens de « cuisine », parce que c’est la pièce où l’on vit, les chambres sont considérées comme des dépendances. Dans la langue d’oïl l’hostel devient à partir du XVe siècle un « logis pour des étrangers  » à partir du sens « logis pour les pèlerins » un bâtiment annexe des cloîtres. Mais en occitan cette évolution n’a pas pu se produire parce que l’oustau était le chez-soi. Les autres significations du mot hôtel en français, comme « maison seigneuriale »  > hôtel de ville, hôtel de la police et même l’hôtel des impôts etc. sont limitées à la langue d’oïl.

En 2008 le thème de la journée LES PARLERS DU GARD organisée par Li Gènt dóu Bufaloun à Manduel était « L’Oustau« . En suivant ce lien, vous trouverez une vingtaine de textes à ce propos.

Dérivé: oustalet (m) : diminutif de ostal, « maison », ce terme désigne la « cabane en pierre sèche » dans les Cévennes gardoises et dans l’Hérault à Saint-Jean-de-Buège. (Lassure).  A Mirepoix  dans l’Ariège  les houstalets  sont des petites maisons. Notez l’influence de l’orthographe du français.

En provençal : l’oustalièro est la « maitresse de maison ».

la Mairie ( et non pas l’Oustau) de Manduel

Pacholo une ‘bagatelle’?

Pacholo (pachole en français régional, vulgaire)  signifie « sexe de la femme » d’après Lexique de Marius Autran.  en provençal, confirmé par d’autres attestations. Étymologie. Il doit s’agir d’une évolution récente, en tout cas Mistral ne le mentionne pas tout en distinguant deux pacholos  différents:

PacholoMistral

Le premier pacholo est un dérivé de pacho  « pacte » du latin pactum « traité, contrat ». Le FEW VII,461 nous donne plusieurs significations proches de « petit marché » : à Marseille « tripotage, mélange d’accords ou de pactes », pachouliá « faire des petits marchés, brocanter », un pachouliaire est un « brocanteur ».

Le second pacholo vient d’après le FEW VIII,28 d’une onomatopée patš qui en occitan a donné pachoulha « faire un mélange hétéroclite », pachôlo « tripotage, mélange qu’on fait de plusieurs choses qui se voyent rarement en semble » (Sauvages S1), pachoukë « chipotier, vétilleur » (idem), etc. Alibert donne une grande quantité de dérives dans son article pachaca.

Il reste la problème de l’évolution sémantique 1. »petit marché » ou 2. « mélange »  > « sexe de la femme ». Je penche pour le premier, le latin pactum, parce que nous trouvons une évolution sémantique analogue dans le mot bagatelle. emprunté à l’italien bagatella au XVIe siècle avec le sens « chose de peu d’importance, babiole »  >  « frivolités féminines » >  « galanteries, amourettes » > « amour physique ».  (CNRTL bagatelle)

En occitan il y a un second exemple cf. Mistral p.538-9   chaucholo « sauce abondante, soupe au vin, gourme v. pacholo; fadaise, vétille, niaiserie, baliverne, sornette »  nous voyons un glissement de sens comparable. En français « Jeter sa gourme. Faire des folies de jeunesse.

Pagnoto

Pagnoto « homme peureux ». Étymologie. Le TLF écrit à propos de pagnote « poltron, lâche » :

Empr. à l’ital. pagnotta «pain, ration de soldat» , lui-même prob. empr. (d’après PRATI et DEI) à l’ancien provençal panhota «petit pain» (dep. 1362, doc. lat. médiév. Nîmes ds DU CANGE), dér. de pan (pain*).

Je me demandais  pourquoi on cherche très loin en Italie ce qu’on trouve tout près en occitan. La raison est qu’en français la première attestation date  de 1587 : soldats de la pagnotte appellation péj. attribuée pendant les guerres du Piémont aux soldats qui n’avaient que du pain pour toute ration ou solde…

En occitan le mot est bien plus ancien. Dans la dernière édition de Du Cange , je trouve : « panhotus. Comput. ann. 1362. inter Probat. tom. 2. Hist. Nem. pag. 247. col ». ce qui doit signifier « Historia Nemausis…  » mais je n’ai pas encore  retrouvé le texte exact.

Dans un texte du XVIe siècle est écrit: 

ceux de dedans appelaient les Espagnols soldats de la painatte, parce qu’ils n’avaient d’autre distiributio que du pain ».

Un soldat qui n’a que du pain comme récompense n’a pas trop envie de risquer sa vie. De là l’évolution sémantique « soldat mal payé »> « homme peureux ».

pairado

pairado « pâtée de son, raves, etc. pour les bestiaux ». voir pairol

Pairol, pairola

Pairol « chaudron, bas-fond, concavité,; cercle que fait une pierre en tombant dans l’eau » (Alibert). Etymologie: une base gauloise *parium «chaudron » a survécu en ancien occitan par et en ancien franco-provençal pair « chaudière ». Il y a aussi quelques attestations dans les parlers modernes, ainsi que des dérivés comme à Alès pairado « pâtée de son, raves, etc. pour les bestiaux ».

Le dérivé le plus répandu et très ancien, probablement déjà latin *pariolum  a abouti à ancien occitan pairol s.m. « chaudron ». On le trouve dans tout le domaine occitan, en toscan, en corse badjolu, catalan perol, et portugais parol « cuve ».

Dans le nord du domaine galloroman le type pariolum a été remplacé par caldaria qui désignait à l’époque un nouveau modèle de grand chaudron pour la fabrication du fromage, la lessive, etc. Il y a aussi la forme féminine pairola qui désigne en général un chaudron spécial ou une grande  chaudière  (voir Thesoc s.v. chaudière)