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Paissel, pansel

paissel, pansel « échalas » cf. passièra 

Palangre

Palangre. Lou Palangre. Etymologie : Grec panagron composé de pan « tout » et agron « proie, capture ». Un palangre saisit donc toute espèce de poisson. Le mot français a été emprunté à l’occitan (TLF).

Dans ce site  vous pouvez voir un vidéo de «Charles et son fils Frédéric, pêcheurs aux petits métiers de Mèze (bassin de Thau), qui font partie des quelques derniers « survivants » et qui pratiquent encore la pêche au palangre, des lignes disposées au fond de l’étang pour capturer loups et anguilles.

Palangre « corde garnie de lignes munies d’hameçons servant à la pêche des gros poissons de mer ».(Alibert)

 

Palet et carreau (pétanque)

Palet « Pierre plate et ronde ou petit disque en bois ou en métal, que l’on doit lancer le plus près possible d’un but ».  Faire un palet = faire un carreau « déquiller la cible »  doit être une utilisation spéciale  du mot palet  dans le jeu de boules, puis depuis 1907  dans la pétanque. René Domergue Avise, la pétanque  donne la définition suivante:

En toute rigueur bouliste c’est comme un carreau mais la boule touche terre un peu avant la boule visée.

Wikipedia fournit les renseignements suivants:

  • Faire un palet : tirer une boule sur le jeu en tirant « à la raspaille » ou en « tir devant » ; la boule lancée reste dans un rayon maximum de 50 cm (indicatif) autour de l’impact. Deux situations sont décrites par des termes spécifiques :
    • on réalise un palet parfait ou un arrêt lorsque la boule tirée prend la place exacte de la boule cible,
    • on réalise un palet allongé lorsque la boule tirée roule vers l’avant après l’impact sur la boule cible

    et

  • Faire un carreau : terme employé quand il y a « tir au fer ». La boule de tir lancée reste dans un rayon maximum de 50 cm (indicatif) autour de l’impact. Trois situations sont décrites par des termes spécifiques :
      • on réalise un carreau parfait ou un arrêt lorsque la boule tirée prend la place exacte de la boule cible,
      • on réalise un carreau allongé lorsque la boule tirée roule vers l’avant après l’impact sur la boule cible,
      • on réalise un recul (se dit aussi « carreau rétro ») lorsque la boule tirée repart en arrière après l’impact sur la boule cible.

TLF : 1306  Palet «pierre plate et ronde (ou petit disque de métal) avec laquelle on vise un but marqué (dans un jeu)» (Guillaume Guiart, Royaux Lignages, I, 5311 ds T.-L.);

Pour le moment il n’est pas possible de savoir s’il s’agit d’un mot d’origine occitane ou française. La première attestation en  occitan date du XVe siècle.  (Mais il y a encore beaucoup de travail pour les philologues occitans !!) . Palet  est un diminutif de pale  « pelle »,  dérivé du latin pala « pelle ». La forme avec un –a- au lieu de –è-,  indique qu’elle est peut-être empruntée à l’occitan (limousin).  Comparez avec ala > aile  et le diminutif ailette.

Le mot palet  a beaucoup d’autres significations en occitan.

Pan

Pan « mesure de longueur environ 25 cm, ou rarement (?) de surface 0.50 m² (attestation de 1625) » , est une forme abrégée typique pour l’occitan d’ empan.

L’origine du mot est l’ancien francique *spanna c’est-à-dire la distance entre les extrémités du pouce et du petit doigt dans leur plus grand écart, à peu près 25cm. L’ancien allemand spanna ou le néerlandais span(ne) ont le même sens, comme l’ancien français espan ou espane, dans lequel le préfixe es- a été remplacé par em- en français moderne.

Dans le Midi pan signifie normalement 1/8 de canne. En 1844 un certain Vincentis a écrit une Méthode abrégée pour connaître la valeur du pan ou 1/8e de la canne de Montpellier. que je n’ai pas pu consulter.
Il est à noter que dans tous les dictionnaires un pan est une mesure de longueur et non pas de surface comme dans le Compoix de Valleraugue.

Panar

Panar, pana « voler, dépouiller; nettoyer, torcher, essuyer ».

  • Il s’agit d’un mot languedocien et gascon, avec quelques attestations en franco-provençal de Lyon, probablement par emprunt à l’occitan. Un visiteur confirme: « pana était utilisé couramment par mon père au sens de « raoubar », càd « dérober ».
  • En provençal, dans quelques villages du Gard (La Roque-sur-Cèze), l’Ardèche, le Puy-de-Dôme et la Lozère (Thesoc s.v. « essuyer la vaisselle ») ainsi qu’en franco-provençal panar signifie  « nettoyer, torcher, essuyer » etc. sens qui viennent directement de pannus « chiffon ».

Le FEW rattache le verbe  panar au  latin pannus « morceau de tissu » et l’auteur explique  le lien sémantique ainsi :   Panar signifie  « couvrir quelque chose avec un tissu   pour ensuite le voler » comme le faisaient certains marchands pendant des foires ou marchés. Plus tard panar devient « voler, dépouiller » tout court.   Une explication qui ne m’a pas convaincu.

L’étymon pannus est à la base d’une très grande famille de mots dans tout le domaine galloroman. Dans le nord et l’est ( wallon, Flandres, lorrain, ancien et moyen français) le mot pan a pris le sens « gage, nantissement ». Ce sens  existe aussi dans les langues germaniques depuis les premiers textes: ancien haut allemand Pfant, phand, ancien néerlandais, dans une forme latinisée pandum (1114; EWN)., ancien frison pan, pant, tous avec le sens « gage ». D’après Grimm, suivi par EWN et FEW, il s’agit d’un emprunt très ancien au galloroman.

D’après le FEW (VII,562b) l’évolution sémantique de pan « chiffon, tissu » > « gage » et le  dérivé paner  qui prend le sens  « saisir comme gage  » s’expliquerait par le fait qu’à l’époque une quantité de drap était donnée au créancier comme gage. Mais je n’ai pas trouvé d’attestations de cette coutume.

Je crois qu’il faut partir du  latin pannus avec le sens  « morceau de drap, draperies, lambeaux ». C’est l’élément « morceau, partie de quelque chose » qui a pris plus d’importance au cours de l’évolution.  En ancien français ce sens est devenu prédominant. Godefroy définit L’ancien français pan signifie  « morceau, partie, portion de quelque chose » et il considère le sens « partie de vêtements ou tapisserie » comme secondaire. Le toponyme Panperdu « partie (de terrain) perdue (pour l’agriculture) » s’explique ainsi.
Le verbe paner, panner, (panir dans l’Est) a pris le sens  « saisir comme gage » au sens juridique. Le créancier prend un pan (une partie, un morceau) des biens du débiteur comme gage. Le verbe dérivé paner signifie « saisir un morceau, une partie », c’est-à-dire « saisir comme gage ». Ensuite en moyen français a eu lieu l’évolution de « saisir » >  » voler, dépouiller ». Par exemple dans les textes suivants: De .c. solz, pour ma paine, je vous ferai panner‘ (« De 100 sous pour ma peine je vous ferai saisir ») et un peu plus tard Les veves et beghines ont panneit ansimant (« Les veuves et beguines ont [-ils ] dépouillées également » ) (DMF). Ces deux attestations viennent du Nord du galloroman.

L’évolution sémantique  a été « dépouiller quelqu’un » > « voler, dérober quelque chose ».  Le problème qui subsiste est que le sens « saisir comme gage » n’est (pour le moment ?) pas attesté en ancien occitan. Il doit y avoir une raison spéciale juridique en rapport avec la différence entre le droit du Nord de la France (droit des Coutumes) et le droit dans le Midi (droit écrit) (Source) qui explique que ce sens juridique du verbe occitan panar n’est pas attesté. Mais cela ne contredit pas le fait qu’en provençal panar a pu suivre cette évolution ou qu’il s’agit d’une influence de la langue d’oïl sur l’occitan.

 

pancossier ‘boulanger;revendeur de pain&rsqu...

Pancossier « boulanger ». Etymologie panis « pain » + coquere « cuire ». Pancossier est attesté dans la région de Toulouse et en gascon depuis le XIVe-XVe siècle.  En languedocien pangoussie signifie  « revendeur de pain » et pas « boulanger ».  (Mistral). FEW VII, 550b

Il me semblait que marchand ou revendeur de pain était une activité récente, genre « pain show », où on n’achète le pain qu’en cas de besoin extrême.  En bas-limousin on a créé un verbe pongoussa « manier maladroitement, faire quelque chose sans goût et sans adresse ». Le pongoussié n’y avait pas une bonne renommée, comme le painchaud moderne.

p.257 du Bulletin de la Société Ariégeoise des sciences, lettres et arts. Vol. IV(1891) pp.253 ss;   Coutumes municipales de Seix en Couserans, confirmées par Philippe le Hardi. Copie datant de 1669.  Publié par F.Pasquier. En ligne sur Gallica.

pancossier

« Les boulangers gagneront  4 deniers au coûts  du froment, s’ils en tirent davantage, ils donnent 20 deniers d’amende et le pain est confisqué, selon le dit de la cour. »

(Costier « coûts » est absent du FEW)

Panicaut

Panicaut est le nom de l' »eryngium campestre » qui s’appelle aussi chardon bleu, chardon Roland ou roulant en français. Le nom panicaut a été emprunté à l’occitan (par Rabelais?) où il est courant des Alpes-Maritimes jusqu’en Vendée (ancien territoire oc). En latin médiéval il s’appelle pane cardus, cardus panis. Les feuilles tendres du panicaut au printemps font un excellente salade. Mais en été les feuilles deviennent dures et piquantes et provoquent une sensation de brûlure quand on les touche. C’est cette sensation de brûlure qui explique le changement de panecardus en panecaldus « chaud ».

Une expression languedocienne dans le manuscrit de Rulman (1627) : Vay te freta au panicaut,  dont je ne  connais pas le sens exact.

Dans l’Aveyron le panical devient aussi le pounical. Dans ce dernier l’élément panis est remplacé par pungere « piquer ». Les formes de la Vendée et de la Vienne pencho, pouencho,  montrent qu’elles sont indigènes. Dans le Gard et l’Hérault le panicaut est aussi appelé pan blanc d’ase. La zone géolinguistique panis+caldus comprend aussi la Catalogne.  Les composés  pan de …. désigne une grande quantité de plantes et de champignons.

 

Panis

Panis s.m.« setaria italica »  est une sorte de millet, qui n’a rien de commun avec le « pois chiche » (voir panisse).

        
panis
setaria italica                                                            panis-setaire

Ce panis-ci vient du latin panicium « sorte de millet », une forme secondaire de panicum. La première attestation en occitan date de 1100. Le -s final est toujours présent dans les formes occitanes. En occitan a été formé un dérivé féminin panissa toujours avec le sens « sorte de millet », et panisset « sétaire verte ».

Panicium est aussi à l’origine des mots du Nord de l’Italie, comme piémontais panis et de la péninsule ibérique, catalan panis, espagnol panizo, portugais paínzo.   En provençal a été formé un dérivé féminin panisso « sorte de millet » , panissa à Nice, panisso dans la Vaucluse, (Mistral), à Marseille (Avril), et à Aix (Pellas), toujours avec le sens »millet ». Piemontais paniss  « millet ». La forme féminine panissa se trouve aussi ailleurs, par exemple à Vic(h) en Catalogne où elle a pris le sens de « maïs ».

Latin panicum est à l’origine du français panis, panic (voir TLF) ou dans des parlers locaux panil, pané « sorte de millet », et a été emprunté par des langues germaniques: anglais pan(n)ick, néerlandais panik.

Panisso, panisse

Panisso. Dans tous les sites que j’ai consultés j’ai trouvé la définition suivante: « la Panisse est une spécialité marseillaise à base de farine de pois chiche. » Le pois chiche (Cicer arietinum) est une plante de la famille des Fabacées (ou légumineuses)(Wikipedia). Le pois chiche est cultivé dans les régions méditerranéennes; il est donc normal qu’on trouve des préparations à base de farine de pois chiches tout autour de la Méditerranée. A Nice la socca (étymologie inconnue; recette ici) est favori, en Ligurie la socca, en Sicile la panella (la recette ici) , à Gênes la fainâ de çeixai, etc. (Socca)

  
cicer arietinum

La panisse marseillaise est très bonne mais la récupération de cette spécialité par les Marseillais est un peu abusive. Mistral nous renseigne :

panisso « espèce de farine de pois chiches et de maïs dont les Génois pauvres se régalent, voir cruchado, poulènto; lâche, personne molle, à Nice. » Il donne l’exemple : A Marsilho vèndon de panisso, qu’il traduit : à Marseille on vend de la panisso.

Il s’agit donc d’une recette et d’un mot importés de Gênes. Mistral cite le mot italien paniccia  dans la forme et le sens spécifique de la Ligurie: Panissa « Polenta di farina di ceci. » (Source). D’ailleurs dans un site italien je lis : La panissa è uno dei piatti più tipici della tradizione genovese.

Casaccia Giovanni dans le Dizionario genovese italiano, Genova 1876, distingue deux prononciations différentes, et le premier comme subst. féminin, le second comme masculin. Les deux  ont été réunis dans un seul panisso par Mistral (ci-dessus):

Plusieurs réactions m’ont amené à regarder de plus près cette histoire. Voici le résultat: En ce qui concerne l’étymologie de panisso, c’est une homonymie qui m’a incité à en parler. Le latin panicium « millet » a donné en ancien occitan panitz, panis, en occitan moderne panis toujours avec le sens « setaria italica, sorte de millet ». En provençal a été formé un dérivé féminin panisso « sorte de millet », panissa à Nice, panisso dans la Vaucluse, (Mistral), à Marseille (Avril), et à Aix (Pellas), toujours avec le sens »millet » comme   panissa  en piémontais. Voir l’article panis

La première attestation de la panisse typique de Marseille est de 1839 dans le dictionnaire d’Avril, qui la définit ainsi :

« gateau de farine de maïs ou de pois chiches que font les Gênois résidant à Marseille et qu’ils vendent sur le cours ».

Il me semble que les Gênois ont vendu leur panissa avec une prononciation  gênoise : panissa, devenue panisse en français régional.

Italien paniccia est defini comme :  » farinata s. f., in alcune regioni italiane, minestra a base di farina di grano o di granturco; in Liguria, focaccia a base di farina di ceci. » D’après le FEW cette panisse marseillaise et  les mots du Nord de l’Italie qui désignent une minestra ou une boullie à base de farine de pois, de maïs , etc. seraient des dérivés de panis « pain ».  D’autre part la panisse « bouillie à base de millet »  viendrait du  latin panicium , de la panisse « bouillie à base de pois chiches » .  Je ne crois pas qu’on puisse les séparer.

Italien: paniccia s. f. 1 (tosc.) farinata | (estens.) poltiglia; fare paniccia di qualcuno, di qualcosa, (fig.) massacrare di botte qualcuno.

Toponymie.Le nom de lieu Panissière « champ semé de panis » doit être assez fréquent, en tout cas il y en quatre dans le Gard, dont un à Manduel :

Pankezo, pankero et pa(n)let

Pa(n)kezo, pankero et pa(n)let « belette ». Le premier type se retrouve dans les parlers espagnols, en Navarre et en Aragon paniquesa ou à Benasque paniquera. L’origine de cette composition curieuse serait panis + caseus « pain + fromage ». Le deuxième qui vient de panis + lactem est limité au gascon.Il y a deux tentatives d’explication de ces noms.

  • La première explication est que les couleurs de la fourrure de la belette ressemblent au pain cuit (roux-châtain du dos) et le fromage (blanc ou jaune du ventre).
  • La seconde se réfère à l’habitude qui existe dans beaucoup de villages, de mettre un peu de pain et de fromage dehors, pas trop loin du poulailler, dans l’espoir que les belettes se contentent de cela au lieu d’aller manger les oeufs. Cette  explication est renforcée par le fait qu’on prononce des formules magiques dans lesquelles on promettait du pain et du fromage, ou du lait ou du miel, pour tenir des animaux comme la belette, le fret ou le lézard à distance . Quoiqu’il en soit, le vrai nom de la belette, à savoir moustèla était tabou. Voir à ce propos l’article moustèlo.

panis +caseus  

Si le sujet Tabou linguistique  vous intéresse, lisez S.Freud,  Totem und Tabou.    Cherchez  euphémismes, tabou  avec Google.