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Restanco ‘restanque’

Restanco « écluse; digue; morceau de bois qu’on place au travers du pétrin pour empêcher la pâte de s’étendre ». L’étymologie est la même que celle de pétanque  voir tancar, mais je viens d’apprendre d’un ami qui connaît bien la région niçoise que les restanques  sont les terrasses, un sens inconnu de Mistral:

restancoM

qu’on appelle traversiers à Valleraugue et bancels en Lozère, ribo à Pont-de-Montvert, faissa ou paredon dans l’Aveyron. Voici une image des restancos près de Toulon:

restanquesL’auteur donne la description suivante

Photo prise sur les pentes du Mont Faron à Toulon
Les cultures en terrasses traditionnelles (restanco), c’est à dire avec un système d’écoulement des eaux de ruissellement intégré, se font de plus en plus rares. Et on n’y fait plus guère pousser de légumes, seulement des fruitiers. Celles-ci sont très belles et, curieusement, quasiment en ville.

Cette description explique l’évolution sémantique qui s’est produite. Restanco vient du verbe *stanticare « arrêter » qui a aussi dooné tancar.  En ancier occitan est attesté le verbe restancar « étancher le sang », restanchier en ancien français. Dans les parlers occitans modernes on trouve restanca(r) « faire une digue, un barrage, retenir l’eau » à Cavalaire près de Draguignan  un restanco est « une barrière en bois le long  d’un chemin pour empêcher les eaux pluviales d’y passer ».   Quand on crée plusieurs de ces barrières en pierre sèche plutôt qu’en bois,  sur la pente d’un colline on obtient des restancos « terrrasses ».

FEW  XII, 232

Mon ami d’Ampus qui m’a parlé de ces restanques, m’a dit qu’à Ampus, au Nord de Draguignan;  on appelle ces murets en pierre sèche  et les terrasses qui sont ainsi formées des berges. L’évolution sémantique de berge « Bord d’un cours d’eau » > « muret avec système d’écoulement d’eau »  > « terrasses formées avec ces murets »  est la même.

 

Restincle 'arbre à mastic'

Restincle « Arbre au mastic, ou Pistachier lentisque (Pistacia lentiscus L.) est un arbuste poussant dans les garrigues et les maquis des climats méditerranéens. » vient d’un dérivé *lentisculus du latin lĕntīscus « lentisque ». Restincle, attesté en 1570,  restrenge  à Montpellier d’après Conrad Gesner en 1542, restencle par Junius Adrianus en 1606 et repris par Littré sans survivre.

Le nom est vivant d’après le Thesoc à Lezan (GARD,) restingle « pistacia lentiscus », rastingle dans l’HERAULT..

Restincle est  la forme languedocienne, en provençal c’est lentiscle  qui domine.

Restouil, rastolh

Restouil, rastolh « éteule, chaume ».

Une charmante visiteuse de Mirepoix m’écrit :

« Je vous ai signalé le mot  » rastouille « , qui était le nom donné à une propriété dans le village voisin de Coutens, aux alentours de 1900. Ma mère, dont la langue maternelle est le patois ariégeois d’ici très exactement, connaît le mot  » restouil « , avec le sens de  » éteule « . Je ne sais rien d’autre ! Mais cela fera un autre joli mot pour le dictionnaire ! »

Charlemagne un denier de Mayence 812-814.

En effet, rastolh, restouil nous ramène aux temps de Charlemagne, qui a instauré l’assolement triennal dans son empire! La pratique de cet assolement est contemporaine de l’introduction de la charrue en Europe vers le IXe siècle : sa généralisation a permis la phase d’extension agraire et les défrichements des Xe, XIe et XIIe siècles. (source)

A partir de cette époque, les paysans évitent en général de planter les mêmes céréales sur les mêmes terres deux années de suite. Il était rare qu’on voyait quelqu’un labourer un champ plein d’estobles.   On a créé le verbe restoblar « ensemencer un champ plein d’estobles » sous-entendu une deuxième fois.  Pour dire « c’est curieux ça! ».  Le résultat de restoblar était le restoble « chaume, terre en chaume, éteule » etc. Ces formes sont limitées grosso modo au provençal (y compris le Gard) et le francoprovençal.

La même charmante visiteuse de Mirepoix, a récemment écrit un article avec des extraits du    Manuel d’agriculture et de ménagerie, avec des considérations politiques, philosophiques & mythologiques, dédié à la patrie, par le citoyen Fontanilhes, à Toulouse, de l’imprimerie de la citoyenne Desclassan veuve de Jean-François et veuve de Dominique, 1794-1795 , dans lesquels l’auteur donne de multiples conseils pour améliorer la terre, dont une définition exacte de

Ratouble : long chaume qui est laissé sur pied pendant quelque temps après la récolte, et jusqu’à ce que les herbes sauvages aient pris une assez grande croissance ; il est fauché ensuite près de terre avec ces herbes et rentré pour servir de fourrage d’hiver.

On peut considérer le mot ratouble comme du français régional.

Dans plusieurs régions de la Romania, notamment en Sicile, en Catalogne et dans l’ouest du Languedoc (Ariège, Tarn, Lot-et-Garonne) *restupula a changé de suffixe et est devenu *restucula > *restucla, qui dans les parlers modernes a donné régulièrement restoulh, restolh « éteule ». Dans une zone plus étendue, jusque dans l’Hérault restoulh, restol est devenu rastoulh, rastol, probablement sous l’influence des mots de la famille rastrum, rastellum « rateau », outil qui sert à enlever les estobles.
Nous voyons que dans le région de Mirepoix, les deux formes sont vivantes.

Voir aussi l’article estobla

et FEW XII,273

Retirar

Retirar, retira v.a. « donner asile » ou v.r. « se rétrécir ». Parmi les nombreuses significations que le verbe tirar (probablement provenant du latin martyrium, FEW 6/1,410b) et ses dérives ont pris en occitan comme ailleurs, il y a  le sens « aller à, s’acheminer vers »  comme par exemple dans  s’en tirar « s’en aller ».

Dans notre région le substantif retira a pris le sens de « hospitalité pour la nuit » et le verbe retirar « donner asile » attesté à Alès et à Toulouse. Comme verbe réfléchi  se retira  est  « se rétrécir ». Pour d’ autres significations et les dérivés, voir Alibert.

Dans le TLF vous  trouvez la remarque suivante à propos de l’étymologie de tirer:

« Mot d’origine très discutée (FEW t. 6/1, pp. 418-420). Selon Wartburg, tirer serait une réduction de l’a. fr. martirier « martyriser, torturer (en général) » (XIIe s. dans T.-L.), dér. de martyre*. Le part. prés. de martirier, martirant, aurait été interprété comme composé de l’ adverbe mar « malheureusement » (du lat. mala hora « à la mauvaise heure ») et de tiranz, nom habituel du « bourreau » au Moyen Âge, lui-même issu du lat. tyrannus (tyran*), une torture fréquente était en effet la dislocation des membres par étirement ou écartèlement. Tirer s’est substitué à traire* dans la plupart de ses empl. en moyen français ».

Ribeyrolle et condamine

Riba « terrain qui borde une rivière, un lac, etc. »  est  le mot courant dans tout le domaine occitan.  Riba  prend des sens secondaires comme « bord du chemin, lisière d’un champ ».  Le dérivé ribàs   désigne un « talus, talus couvert de ronces, une planche de jardin le long d’un mur; bord du fromage gras »; ribéjà est  » confiner, limiter » à Alès.  Toute cette famille de mots a le latin ripa « rive »  comme origine. En latin a été créé un adjectif  riparius « qui se trouve sur la rive », qui en combinaison avec un substantif comme terra  est devenu substantif  *riparia avec le sens  » bords d’un cours d’eau, terrain qui borde une rivière; rive de la mer »,  en ancien occitan  ribièra, ribèira, ribera.   Ribièra  a donné des  dérivés comme ribeyrolo « airelle des marais » à Chavanat (Creuse), ribeiròu « celui qui habite sur la rivière »,  « portefaix » à Marseille, ribeiroun « habitant des terrains le long d’une rivière » ribeirés « variété de châtaignier » dans les Cévennes. Il est difficile de déterminer le sens des noms de lieux comme Ribeyrolles qui ont  *riparia comme origine.  Cela peut être  un  « mur de soutènement de terrasses le long d’un rivière » ou un « terrain où poussent des airelles ou des châtaigniers », mais on peut supposer que dans des cartulaires et autres documents ribeire  est synonyme de condamine, abstraction faite de la notion fiscale.

Condamine « terre alluvionnaire » . Etymologie *condominium « domaine commun » ( composé de con + dominium ) une expression qui vient de la constitution féodale.  Dans le latin médiéval on le trouve dans la forme condamina, condemina,  etc.  probablement créée à partir du pluriel.  Le terme est courant dans le Midi et en catalan.  Le sens est en général « terre affranchie de charges » , en occitan « terres fertiles » ou « bonne terre réservée dans un domaine » (Nant dans l’Aveyron, Paulhan dans l’Hérault, Ladern et Axat dans l’Aude; quatre attestations dans le Supplément de l’ALF p.217). En catalan le sens de conomina, coromina a évolué jusqu’à «  »péninsule dans une rivière ».  Condamine  est surtout conservé  comme toponyme. O. de Labrusse  donne  dans UN ESSAI de GEOHISTOIRE du FONCIER des GARRIGUES du GARD et de l’ HERAULT la description suivante :

Condamine: au moyen-âge, terres lourdes, « grasses », alluvionnaires, en général situées près de cours d’eau, particulièrement fertiles consacrées, essentiellement, à la céréaliculture intensive. Très présentes encore dans la toponymie, elles témoignent de l’appropriation seigneuriale ainsi que de l’aménagement et de la mise en valeur des « rives » des cours d’eau entre l’an Mil et le XIIIe siècle. Ce sont, le plus souvent de très grandes parcelles avec des moyennes d’une trentaine d’hectares au XIIe et XIIIe siècles, alors que les parcelles « ordinaires » n’ont des moyennes que de 0,25 hectares. Elles jouxtent souvent les ortales* et les ferragines*(d’après A.Durand, 2003, p.259-256). Elles sont travaillées à l’araire tractée par des boeufs, ce travail étant 15 fois plus productif que le labour à la main à l’aissade (la houe coudée) (A.Durand, 1999, p.1).

Ribiera 'bord de l'eau'

Ribiera « bord de l’eau ». En latin a été créé un adjectif  riparius « qui se trouve sur la rive », qui en combinaison avec un substantif comme terra  est devenu substantif  *riparia avec le sens  » bords d’un cours d’eau, terrain qui borde une rivière; rive de la mer »,  en ancien occitan  ribièra, ribèira, ribera. 

Ribièra  a donné des dérivés comme ribeyrolo « airelle des marais » à Chavanat (Creuse), ribeiròu « celui qui habite sur la rivière »,  « portefaix » à Marseille, ribeiroun « habitant des terrains le long d’une rivière » ribairés « variété de châtaignier » dans les Cévennes (Alibert), rabeireso (d’Hombres-Firmas en 1819).

RABEIRESO très bonne grosse près des ruisseaux moyenne très productive. Tire son nom des rivières, au bord desquelles elle réussit à merveille.

Source1

Il est difficile de déterminer le sens des noms de lieux comme Ribeyrolles qui ont  *riparia comme origine.  Cela peut être  un  « mur de soutènement de terrasses le long d’un rivière » ou un « terrain où poussent des airelles ou des châtaigniers », mais on peut supposer que dans des cartulaires et autres documents ribeire  est synonyme de condamine, abstraction faite de la notion fiscale.

Le toponyme Riviera  a été emprunté à l’italien, qui l’avait emprunté à l’ancien français ou occitan.

Allemand revier  « quartier », basque erribera.   Anglais riverain, espagnol  ribereño  « riverain »; néerlandais  rivier  « rivière, fleuve ».

Riviera

  1. Source: « Recueil de Mémoires et d’observations de Physique, de Météorologie, d’Agriculture et d’Histoire Naturelle » par le Baron Louis-Augustin d’HOMBRES-FIRMAS, Nismes, 1838, volume 3, page 81: Mémoire sur le châtaignier et sur sa culture dans les Cévennes (1819).

Risseau "épervier pour la pêche"

Risseau « épervier pour la pêche ». Etymolgie latin retiaculum  qui avait le même sens.  La recherche de l’étymologie de risseau,  forme francisé d’un mot d’Agde, m’a fait découvrir le travail inestimable de Henri Louis Duhamel du Monceau intitulé Traité général des pesches et histoire des poissons qu’elles fournissent, tant pour la substance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont apport aux arts et au commerce. Paris 1769-1782. 4 volumes1   de 1770 environ,

Voir l’article rasal  « épervier pour la pêche » avec la description exhaustive sur 4 pages de cette forme de pêche en format PDF tiré u livre de Duhamel du Monceau..

Rezol   est une forme  de l’ancien occitan, qui m’a fait découvrir la forme française  rissole 

cf. TLF  rissole : PÊCHE. Filet à petites mailles utilisé en Méditerranée pour pêcher les sardines et les anchois. (Dict. xixe et xxes.).

Prononc.: [ʀisɔl]. Étymol. et Hist. 1803 (Boiste). Empr. au prov. risolo « filet à mailles serrées qu’on emploie à la pêche des anchois, etc. », dér. de l’a. prov. rezol « réseau de dentelle, ouvrage de fil, de soie fait par petites mailles » (xive s. ds Levy Prov.), lequel est issu du lat. retiolum « petit filet » (d’où aussi l’a. fr. surtout de l’Ouest et du Sud-Ouest reiseul, de même sens, 1299, Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. De Laurière, t. 1, p. 336, roiseul (1328, Lettre de Ph. de Valois ds Gdf., s.v. reseuil) qui a été supplanté par réseau*), dimin. de rete (rets*).

 

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  1. Vous pouvez le consulter et télécharger sur internet-archiv

Rit, tir ‘canard’

rits et ritas du Quercy

Rits, ritas et ritous du Quercy et quelquees tirs du Tarn.

Un habitant du Quercy me signale que dans sa région le canard c’est le rit, accompagné de la rite et du ritou..

Je me suis laissé dire que l’origine provenait du gaulois RITU – le gué- les canards sont les animaux du gué. RITONA est la déesse des gués pour les gaulois. Que pensez vous de cette hypothèse.

J’ai vérifié dans ma source principale , le FEW, que tout étymologiste devait connaître, et le mot s’y trouve dans la catégorie des mots d’origine inconnue, FEW  XXII,2 p.18. Si vous suivez ce lien vous verrez sur la droite de la page : canard et au avant dernier paragraphe  ; Tarn rit m. « canard » (p.744)  , ce qui veut dire que dans le village numéro 744 de l » Atlas linguistique  de la France, le mot est attesté.  Ensuite également dans le Tarn et Garonne dans les villages n° 731 et n°733; dans le département du Lot  et de l’Aveyron selon les sources du FEW’ que je peux vous donner si cela vous intéresse!).

Dans le paragraphe suivant vous verrez : Apr. rita f. « cane »  Tarnet Garonne 1480, ce qui veut dire « attesté en 1480″( source:  « Bibliothèque méridionale II/19, page 480°probablement 2e Série volume 19;  et c’est ici que Google intervient pour vous la trouver. (J’ai essayé et trouvé la Bibliothèque méridionale, mais pas le volume exact.

Pour le Quercy est attesté  ritou !  ritou ! ritou ! pour appeler les canards., ce qui nous donne probablement  l’origine du mot  rirt   onomatopée pour appeler les canards.  D’ailleurs dans la même région on les appelle aussi avec  « ilou, ilou, ilou » » (voir la p. 19 du FEW cité ci-dessus).

Dans plusieurs villages  est attesté la forme  « miroir » si on peut dire cela:

FEW XXII 2 p18

Étymologie identique , onomatopée.

 

 

 

Robin, robinet et roubignoles

Robinet. Etymologiquement robinet n’a rien à voir avec le mot roubine! Robinet a une histoire amusante dont je ne veux pas vous priver. Il vient de Robin, appellatif pour Robert. (cf. anglais Robin). En ancien français un robin est un ‘palefrenier; personnage sans considération, un facétieux, un niais’. Au XVIIe siècle on dit: c’est la maison de Robin de la vallée ce qui se dit d’une maison où tout est en désordre. Robiner est ‘dire des niaiseries’, et une robinette une servante.

Ensuite robin est utilisé comme nom d’animaux mâles, en particulier du bélier. Robiner signifie alors « saillir » en parlant du bélier. En occitan est créé le mot roubignoli  « testicules » (M) qui a trouvé son chemin vers l’argot parisien à la fin du XIXe siècle roubignoles (Sainéan).

Un robin est aussi une sculpture qui décore l’orifice d’une fontaine et très souvent c’est la tête d’un bélier. Ensuite depuis le XVe siècle  on appelle robinet la ‘pièce ajustée à l’issue d’un tuyau de fontaine et qui permet de laisser couler ou de retenir l’eau’.

 

  

cliquez sur l’image                              un robin-diable  de Beaucaire sans robinet

Depuis 1928 existent aussi les Roberts > les roberts.

Rodo, roudou, redoul

Rodo, rodor

  • 1. Coriaria myrtifolia (cf. Wikipedia) utilisé pour le tannage comme le sumac.. L’espèce contient de la coriamyrtine, alcaloïde qui frappe les moutons d‘intoxication alcoolique lorsqu’ils les consomment.Voir ebriago.
  • 2. Sumac.   Cf fustet  pour les caractéristiques et l’utilisation de cette arbrisseau.
  • (regardez le commentaire de H;Boyer avec des précisions botaniques)

Etymologie : latin rhus, rhoris; rore; ros. Un emprunt au grec. Les Grecs l’utilisaient déjà pour le tannage. Les formes de l’ancien occitan ros, rou reposent directement sur le nominatif rhus >ros.

 

Mistral, Trésor.                                                                                                  emborracha cabras   « coriaria »

Le grand étymologue Corominas suppose pour expliquer certaines formes occitanes et catalanes (ancien languedocien rodor, Aveyron roudoù , languedocien roudourié « lieu planté en roudoul ») un nom composé rhustyrius = rhus de Tyrus turius remplace syriacus (de Syrie) parce que Tyrus, Tyr est le port le plus important de la Syrie. Dans l’Antiquité la Syrie était le producteur le plus important de sumac pour le tannage. Rhus-tyrius > rorem tyrium à l’accusatif , > *roreturium et par dissimilitaion des deux -r– > *rodeturiu, qui par l’évolution phonétique régulière a abouti à rodor, ancien catalan roudor, raudor, etc.
Les formes occitanes rodor etc. ont abouti à rodo et par changement de suffixe > rodoul,  et ensuite par dissimilation des deux voyelles > redoul. Voir aussi le TLF s.v.roudou.

Voir aussi Nerta « myrte »

Un vrai connaisseur de la botanique, Henri Boyer m’écrit  un commentaire:

OK pour l’étymologie, mais le référent ( le signifié) pose problème. Il y a confusion dans le texte ( y compris Mistral mais non Corominas) entre le sumac, fauvi,ou fustet = Rhus coriaria et le nertàs, ebriago = Coriaria myrtifolia, toxique.
Rhus coriaria n’est pas présent en Rouergue, mais Coriaria m. oui.
Mistral écrit « rodo » au lieu de « rôdou » paroxyton, car il n’admet jamais de finale en « ou » atone, même attestée.

Je lui ai répondu: « Merci beaucoup. Mes connaissances en  botaniques sont très limitées; en plus dans les parlers  régionaux il y a beaucoup de variantes sémantiques et phonétiques., » Sur quoi il me répond:

merci pour votre réponse Monsieur Geuljans.

Il existe dans le cas de « redoul » un noeud de confusion peut-être inextricable.

2 espèces locales ayant le même usage en tannerie, une comestible Rhus coriaria l’autre extrêmement toxique Coriaria myrtifolia, portant donc presque le même nom linnéen…

La confusion s’observe dans nombre de publications anciennes et modernes,  et particulièrement dans les dictionnaires de langue d’oc anciens ( dès Boissier de Sauvages XVIIIème siècle ) et modernes.

Peut-être les deux espèces sont-elles homonymes dans la langue vernaculaire… c’est tout à fait courant en effet, mais j’ai un doute.

L’étymologie de Coromines concerne uniquement le lexème latin « rhus, rhus tyrius » donnant rôdou, rôdoul, avec un référent initial botanique Rhus coriaria L.

Je me demande si la confusion n’est pas d’origine littéraire par effet de compilation de lexiques en lexiques peu rigoureux.

Le « rodo » de Mistral est possiblement inexistant, pour des raisons pas claires il rejette toute forme avec /u/ atone final y compris en niçard et gascon ou elle sont typiquement idiomatiques.

Moi: >https://apps.atilf.fr/lecteurFEW/lire/100/383

Dans l’article du FEW  (suivez  le lien), l’auteur écrit dans la note 1 qu’il  suit surtout Rolland Flore.
Je vais mettre le lien dans l’article ainsi que votre complément qui n’apparait que quand on clique sur lle titre de l’article.
Cordialement,

Pour finir:Bonjour,

se lancer dans la Flore de Rolland, c’est plonger dans un autre océan…

D’après se que je comprends de la note, Rolland a perçu qu’il s’agit de plusieurs espèces au sens botanique, mais Coriaria myrtifolia n’est pas du tout une  « espèce » du genre Rhus… C’est l’usage en tannerie qui est commun d’où homonymie en langue vernaculaire ( probablement).

A lire le FEW ( hélas j’ai du mal avec l’allemand) j’observe que la confusion peut s’étendre à « roure, rouve, roube » c.à.d à diverses espèce de Quercus, plutôt à Quercus coccifera L. très utilisé pour le tanin aussi…

Pas sortis de l’auberge donc…

Henri Boyer

Dommage qu’il n’y a eu pas davantage d’échanges comme celui-ci,; cela aurait enrichi beaucoup le site.