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Darbon

Darbon  » taupe « .

Pendant la soirée « Les parlers du Gard  » (juillet 2005) à Manduel,  une sympathisante  racontait une histoire amusante sur un darbon difficile à attraper. Surtout au début, j’ai vu plusieurs visages exprimant  » c’est quoi un darbon ? « .

En effet, le mot darbon « taupe » est limité au franc-comtois, le franco-provençal et le provençal jusqu’au Rhône approximativement, même si par ci-par là il l’a traversé comme à Villeneuve-lès-Avignon.  Il y a un petit doute : il y a beaucoup de Darbon‘s (nom de famille) en Lozère.

Dans le commentaire des cartes 26 et 163 (basées sur la carte 1286 de l’ALF), des Lectures de l’ALF les auteurs écrivent que l’expansion de l’aire darbon serait due à l’influence des métropoles comme Lyon.  Je me demande quand même, pourquoi seulement Lyon? Pourquoi pas à Avignon, Arles, Marseille? Les données du Thesoc montrent que la situation n’a pas changé depuis les enquêtes d’Edmont (ALF) au début du XXe s., à part le fait que le type taupe < talpa, a gagné beaucoup de terrain.

La première attestation se trouve dans le Laterculus de Polemius Silvius (Ve siècle) dédié à l’evêque de Lyon Eucherius : mus mustela. mus montanis. mus eraneus. talpa. darpus. Le -p- au lieu d’un -b- est probablement une faute de graphie par association avec le mot talpa. L’origine du mot darbo est inconnue, peut-être gaulois ou ligure ?

En plusieurs parlers, darbon a pris un sens secondaire: à  Draguignan : darbou  » rat « , en savoyard darbon  » mulot  » , en Haute Savoie darbon  » charrue « , et à Macon  » talus de terre qu’on élève entre deux rangées de ceps lorsqu’on donne la 1re façon à la vigne « .
En provençal et languedocien, le dérivé darbousieiro désigne le « datura stramonium  » (en latin médieval talpiriola , en français  » herbe à la taupe  » parce que son odeur chasserait les taupes) ; en languedocien darbousièiro est aussi  » la houx  » qui chasserait également les souris.

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herbe à la taupe                                                          houx

Trescalan, trascalan

Trescalan, trascalan « millepertuis ».  L’étymologie est inconnue. Peut- être un composé de   calada.

Dans le Trésor de Mistral nous trouvons les formes et dénominations suivantes: Trescalan, Erbo de Sant-Jan, Erbo de la muerte, Erbo de l’òli ). Casso Diable (en Limousin), Treflori (en Rouergue).

Un ami me signale qu’il a trouvé dans « La flore du département du Gard » de Pouzolz en note, après description de la plante: Hypericum perforatum. – Cette plante est connue sous les noms patois de trescalen, d’herba d’ou murtre, d’ou tal. Elle est vulnéraire, résolutive, vermifuge, etc. On la trouve dans les bois, les lieux incultes, dans tout le département; floraison juin-août. Plus sous Wikipedia. avec les noms dans beaucoup d’autres langues.


On rencontre le millepertuis dans tout le sud de l’Europe centrale. Cette plante croît le long des routes, au bord des chemins, dans des prairies ensoleillées et dans des clairières jusqu’à 1700 mètres d’altitude. Qualifiée « d’herbe aux mille vertus », on prétend que l’origine de son nom latin « hypericum » provient du grec « hyper » (au dessus) et « eikon » (image, présentation). Hippocrate et Paracelsus, connaissaient les vertus curatives de l’herbe de millepertuis et l’employaient déjà à cette époque comme médicament pour chasser les démons.

L’efficacité de l’herbe de millepertuis dans les états dépressifs a été reconnue il y a peu de temps.  A préférer au Prozac (®

Bugada

Bugada « buée; lessive; linge de la lessive » et les dérivés bugada(r) « lessiver », bugadarià « blanchisserie », bugadier « cuvier à lessive », bugadièra « blanchisseuse, buanderie; liseron » bugadon « petit cuvier », bugador « cuvier », bugàs « vent chaud et étouffant ». Mistral donne quelques indications complémentaires:

       bugadiera  

L’étymologie est la même que celle du français buer, buée.  « De l’a. b. frq. *bûkôn « tremper dans la lessive » » (TLF). Suivez ce lien.  Vous verrez que mon travail est de la vulgarisation.

Bresegon

Bresegon, bresegoun, presegoun « fragon, petit houx ( ruscus aculeatus) ». Wikipedia .  Il est utilisé localement lors de la fête des Rameaux comme substitut aux branches de buis. (De là le nom buis troncut , et buis salvatge donné dans le dép. du Lot, d’après Thesoc et non pas bois -).

Les jeunes pousses sont comestibles, crues ou cuites, comme les asperges sauvages, par contre, les baies sont toxiques.

Le FEW suppose pour des raisons d’ordre phonétique, que les formes du Nord de la France avec fr- comme fragon, ancien français fregon, reposent sur un gaulois frisgo « petit houx ».

En occitan nous trouvons une forme bregou(n), brigon , dont l’initiale br- au lieu de fr- s’explique par l’influence de brusc « bruyère, broussaille » en occitan. (Cf. l’article brusc « ruche » et le  DMF s.v. bruscum.) Principalement en languedocien existe le forme bresegoun avec insertion d’une voyelle svarabhaktique (j’adore ce mot, il fait très savant!) dans le groupe -sg- > -seg- qui par la suite devient -zeg- e.a. dans le Tarn et à Toulouse. Voir aussi l’article grefuelh

Brasieiro

Brasieiro, dans erbo de la brasieiro « cétérac » (Mistral) une sorte de fougère, dérivé de braso.