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cairades, keiradés 'pois carrés, gesse'...

Cairades, keiradés « pois carrés bon pour engraisser les pigeons et les volailles  » (S1 de 1756), le même mot se trouve dans Lacombe, Dictionnaire du vieux langage français de 1767; « gaisso » ou « gesse » en français, le nom botanique de la plante  est lathyrus sativus. En suivant le lien vers le site Plantnet, vous trouverez tous les noms dialectaux mentionnés par E.Rolland dans sa  Flore populaire.

L’étymologie de cairades  le latin quadratus « carré ».

              

Un e-mail d’un visiteur  est à l’origine de cet article. Il m’a écrit:
Je suis entrain de faire un topo sur la « gaisso » ou « gesse » en français. On la cultivait en montagne comme le Pois-chiche. J’ai trouvé sur WIKI… le nom de cette plante (lathyrus sativus) en espagnol :  ‘Almorte‘ ,OK.  Mais ‘Khesari  Dhal‘ sent plus l’arabe que l’espagnol, encore que nos voisins d’outre Méditerranée ont dû laisser pas mal de traces en Espagne !…
Qu’en dis-tu?  …et si par hasard tu trouvais le nom en catalan Ce serait bien.  J’ai un dictionnaire  catalan, mais tout en catalan. Je peux donc y trouver toutes définitions , ce qui me permet de trouver le sens d’un mot catalan sur lequel je doute, mais je ne peux pas y trouver l’équivalent d’un terme français….

Si la curiosité te pousse, J’ai cherché  « lathyrisme » dans Wikipedia1 containing the toxin ODAP. The lathyrism resulting from the ingestion of Lathyrus odoratus seeds (sweet peas) is often referred to as odoratism or osteolathyrism, which is caused by a different toxin (beta-aminopropionitrile) that affects the linking of collagen, a protein of connective tissues.]

Et nous avons à la maison de la ‘gaisso‘ en grains et en farine (on va essayer d’en faire de la ‘panisse’); si vous voulez expérimenter…

Tout en cherchant je suis tombé sur un site ousquyana un qui n’a pas l’air d’un ‘couillon’ et qui fait des recherches étymologiques sur les vocabulaires occitans au sens large du terme cela pourrait t’intéresser si tu ne connais pas déjà : http://www.etymologie-occitane.fr

Ne perds pas trop de temps à chercher en catalan, ce n’est pas vital ! Merci pour ton avis et la bise à tous !

 

J’ai pu lui répondre:

Bonsoir,

La gesse en catalan est la guixa  (avec d’autres synonymes en espagnol ici  c’est le Diccionari de la Llengua Catalana, ab la correspondencia castellana .New ed. Published 1900 by Salvat in Barcelona . Written in Spanish. (Internetarchiv).

Je préfère éviter des maladies neurologiques; il faudra essayer ta panisse d’abord avec des Marseillais.
Robert Geuljans

6 mois après; je lui ai demandé des nouvelles sur ses recherches. Ma demande est restée sans réponse. Un article en espagnol concernant intitulé  la almorta , « el veneno del hambre »   dejará de estar prohibida.

Les effets du lathyrisme

Plus tard je tombe tout à fait par hasard sur keiradés « pois carrés,  espèce de gesse bon pour engraisser les pigeons et les volailles  » dans le Dictionnaire de l’abbé de Sauvages (S1) et un  Article  dans business Standard journal Inde :.

Khesari dal (grass pea) – a valuable pulse that earned disrepute because of its toxin content and has been barred from being marketed can now hope to be rehabilitated thanks to some well-conceived technological and promotional interventions. Farmers, in any case, have not stopped growing it and using it as food as well as livestock feed. This is chiefly because it survives and yields grains even when other crops succumb to drought or flood. Besides, it grows practically without any input other than the seeds.

The indefinite ban on khesari was imposed over four decades ago when its consumption was linked with incidences of lathyrism (lower limbs debility). The culprit was the neurotoxin, beta-ODAP, present in grass pea grains. Traditional, grass pea varieties had between 0.5 to 2.5 per cent toxins, against the less than 0.1 per cent deemed safe for human consumption. Excessive consumption of grass pea was also to be blamed for this menace, particularly when other pulses were not available due to crop failure.

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  1. Le lathyrisme est une maladie provoquée par la consommation de pois du genre Lathyrus (auquel appartient le pois de senteur), notamment l’espèce Lathyrus sativus (gesse commune ou pois carré, Grass pea en anglais, Khesari Dhal ou Almorta en espagnol) et dans un degré moindre les espèces Lathyrus cicera, Lathyrus ochrus et Lathyrus clymenum
    Il s’agit d’une maladie neurologique que l’on peut rencontrer chez l’homme comme chez les animaux« 
    Wikipedia anglais Lathyrism or Neurolathyrism is a neurological disease of humans and domestic animals, caused by eating certain legumes of the genus Lathyrus. This problem is mainly associated with Lathyrus sativus (also known as Grass pea, Kesari Dhal, Khesari Dhal or Almorta) and to a lesser degree with Lathyrus cicera, Lathyrus ochrus and Lathyrus clymenum[1

Roumégo "ronce" et ronçar "lancer&q...

Roumegá,  romega « couper des ronces »  (sur roumega fig. « maugréer, râler » voir cet article  ce n’est pas la même histoire!), rouméco s.f. « ogre dont les nourrices font peur aux enfants » (S), Alès « être fantastique malfaisant, personnifiant le remords », dans le Bouche-du-Rhône raumeco (M) .

Dans le FEW je trouve d’autres dérivés: Alès s’enrounza « se prendre dans les ronces » à Castres idem + s’enroumega. (Mistral) et pour le Gard arrounzi adj. « plein de ronces ».

L’origine de cette famille de mots est le latin rumicem « forme de lancet ».  Déjà en latin rumex désignait « l’oseille »à cause de  la forme de ses feuilles.  Au Ve siècle on trouve également le sens « ronce » également à cause de la forme des feuilles.

                             

                               Oseille                 ronce

Dans le Gard rúmex a abouti à róumi (M), Alès, Nîmes aroundze, Cevennes rounze, Gard arrounzi adj. « plein de ronces »(M), Alès rounzas « broussailles de ronces ».

Le substantif rúmex « forme de lancet » n’a survécu nulle part, mais un verbe ronsar « jeter, lancer, renverser,bousculer » existe en occitan depuis le XIIe siècle. En occitan moderne nous trouvons  à Alès et  Toulouse rounsá « jeter », Alès rounsado « agression, rossée », languedocien ronçar et ronzar « jeter » (Alibert ), en corse arrunzà « pousser, jeter de côté ».

Dans tout le domaine occitan existent  aussi des formes avec un déplacement de l’accent :  rúmicem > rumícem, ce qui a abouti à roumego, roumec « ronce » et au figuré rouméco  qui est un « ogre dont les nourrices font peur aux enfants ».

De la forme rumícem est dérivé le verbe romegar « couper des ronces », (que Alibert donne comme languedocien mais dont je n’ai pas trouvé d’autres attestations), béarnais arroumega « se prendre dans les ronces » , Grasse romeguié « haie de ronces » (Thesoc).

Paradelle "oseille des champs"

Paradelle  « oseille des champs, rumex des prés » Un visiteur m’écrit:

 je me souviens aussi qu’ils (les gens de Brive-la-Gaillarde) appelaient les Rumex dans les prés padarelles ou paradelles. Quand j’ai demandé si c’était l’un ou l’autre, on m’a répondu : c’est pareil…

En français cette plante s’appelait autrefois  parelle « Plante fort commune, & qui croît par-tout dans les terres incultes. Ses feuilles ressemblent à celles de l’oseille, mais elles sont plus longues. Sa racine est grosse comme le doigt, jaune & d’un goût amer. On l’emploie contre la jaunisse, le scorbut, & les maladies de la peau.  »  Ce nom a disparu depuis le XVIIIe siècle.  La définition donnée ici vient de la 4e édition du Dictionnaire de l’Académie française (1762) s.v. patience vers lequel il renvoie sous parelle.

Etymologie. Une première attestation date du Xe siècle et se trouve  dans un glossaire qui explique des mots difficiles  1: lapacinum parada. Lapacinum  est une sorte d’oseille. Dans mon dictionnaire latin est mentionné lapathium « patience, sorte d’oseille’ et lapathum  du grec λαπαθον de λαπαζειν « relâcher le ventre »; le lapathum « patience »  est un remède pour les estomacs fatigués.  J’en parle parce que d’après une recette de grand-mère  les paradelles ont des propriétés purgatives et reminéralisantes.  Le TLF écrit s.v. patience « Plante voisine de l’oseille (rumex vulgaris) utilisée pour ses propriétés toniques et dépuratives. » D’autres patiences sont utilisées dans l’homéopathie et la phytothérapie.  Ces connaissances nous viennent de loin! Le sens du mot grec le prouve.  Dans une note le FEW cite le médecin italien Matteo Silvatico (1285-1342) qui dans son Opus Pandectarum Medicinae décrit entre autres les bienfaits du lapathiumLe fait qu’il écrit lapatium … vel parella prouverait que  Matteo Silvatico  est passé par l’Université de Montpellier parce que le mot parella  est inconnu en Italie.   J’ai cherché (longtemps) le texte de Silvatico et je l’ai trouvé! Je suis toujours émerveillé par les vérifications qu’on peut faire grâce à Internet.  Ici vous trouverez la page de  Silvatico_parella de l’édition de 1526. C’est la chapître ccclxxvii (337).

Michel Prodel, spécialiste de la toponymie de la Corrèze,  s m’envoie le complément  que voici:

« On peut également consulter Macer Floridus « des vertus des plantes » – de viribus herbarum ; Chapitre LXIII ; « Herba solet lapathi volgo paratella vocari, «Le lapathum est appelé communément parelle ».« Herba solet lapathi volgo paratella vocari, «Le lapathum est appelé communément parelle ».v Disponible sur : http://remacle.org/bloodwolf/erudits/floridus/plantes.htm

Le jardin botanique de Matteo Silvatico

A partir de parada  a été formé  un dérivé *paratella qui n’est pas attesté en latin classique, mais  il se trouve  dans des textes en latin médiéval dès le XIIIe siècle.   Le type paradelle  est répandu dans tout le domaine d’oïl, dans l’ouest de l’occitan,  en catalan paradella, panadella  et dans des parlers flamands néerlandais  pardelle.

Les formes occitanes sont assez disparates: paradelo, panadelo (Castres), porodèlo, poryèlo, padriel, et même un pornozyélo  à Meyronne (Lot). Les habitants de Brive-la-Gaillarde avaient donc raison. Le  Thesoc ne  connaît pas le type paradelle,  mais atteste une   forme sanadelles qui a dû naître grâce à l’emploi de la plante dans la médecine populaire.

Les variétés de rumex  désignées par le type paratella   sont en général celles qui,  hâchées et cuites, servaient  comme aliments pour les animaux.  Ce qui ne se fait plus du tout.  La plante pose plutôt de gros problèmes.

Michel Prodel,

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  1. Le vol.3 du Corpus Glossariorum Latinorum publié par Georg Götz; Leipzig 1888-1901,  est consultable sur Internet Archiv

Brio, brino, brigno ‘gousse d’ail&rsqu...

Brio, brino, brigno s.f. « gousse d’ail ». L’étymologie est peut-être une racine gauloise *brinos « rejeton, tige » avec le suffixeia , mais jusqu’ici on ne connaît aucun mot celtique qui y correspond. Le 15/7/2016 : Pierre Gastal m’en fournit plusieurs ! Voir ce qu’il écrit en bas de page. .

L’évolution sémantique  « rejeton »  > « gousse  » s’explique peut-être par la forme et la fonction de la gousse.  En néerlandais il y a eu une évolution analogue. Une gousse d’ail  est nommée « teen » mot qui  signifie « tige fine, rejeton ». Je n’en suis pas sûr, parce que le mot teen  signifie aussi « orteil » et je ne connais pas encore l’histoire de teen « gousse d’ail ».

brigno-d'ail               

Il s’agit d’un tout petit groupe d’attestations. La première de ce groupe vient de l’Aveyron  (Vayssier) . Dans le  Gers  et et le  Tarn-et-Garonne la forme est   brio, dans la Hte-Garonne c’est brino. ( Thesoc type brinha)

L’article  brinos  du FEW comprend principalement des mots qui désignent des tiges, verges, rejetons, des brins. etc.  Mistral  fournit le mot brigno pour le Dauphinois avec le sens « plante herbacée très fine, qu’on emploie quelquefois en guise de bruyère pour ramer les vers à soie ».  Avec un sens très proche brinha  « sorte de roseau (pour faire des paillasses), carex; Une herbe coupante des marécages] » il a survécu à Die (Han Schook).

brinha -carex

La graphie donnée par le Thesoc, brinha vient d’Alibert, mais les gens du  Gers  et du Tarn-et-Garonne prononcent  brio, et dans la Hte-Garonne c’est brino.

Pierre Gastal, spécialiste du Celtique, m’écrit  qu’il y a bien des mots celtiques qui correspondent à cette origine:

Il est bien vrai que *brinos, qui serait à l’origine du français “brin” (celui-ci dit “peut-être gaulois” par le Dictionnaire étymologique Larousse) n’est cité ni par G. Dottin, ni par P.-Y. Lambert, et pas davantage dans le dictionnaire gaulois de X. Delamarre.
Cependant le mot est bien présent dans les langues celtiques :
V.bret. breun (breyen déb. XVe s. ; bryenen, au sing. 1732), breton mod. brien-enn, coll., « brins (de filasse, de lin), petites tiges végétales, bribes », corresp. au corn. brewyon et au gall. briwion.
On le trouve même en espagnol sous la forme brizna (brin). Le sens premier de la racine indo-européenne semble être : fragment, miette, petit morceau détaché, brisé de quelque chose de plus gros.

 

 

Cadel,cadèou "petit chien"

Cadel, cadèou en provençal « petit chien » vient directement du latin catellus « petit chien ».   Cadèla « jeune chienne » de catella. Attesté dans tout le domaine occitan.  Français chiot et chialer ont  la même étymologie.

Cadel  prend quelques significations secondaires : cadèlo  « charançon »  en provençal et languedocien; cadel « rejeton qui pousse sur les racines » dans l’Aveyron; cadel « chaton, fleur du saule » (Sauvages) ou du noisetier. En provençal  un  cadèou est un « jeune gars qui a les manières enfantines » ou comme terme  de métier très spécialisé « écume qui s’élève au-dessus de l’huile récente, pendant qu’elle est encore dans les tonneaux du moulin ».  A Aix en Provence  far de cadèous  est « vomir ». Dans la Vallée d’Azun (Hte-Pyr.) les cadéts  sont les « chevilles qui maintiennent les bords latéraux du moule à fromage ».

Les mêmes transferts se trouvent dans les langues voisines, comme par exemple en catalan  cadell  « fleur du peuplier ».

     

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