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Pounchuroto "variété d'anguille"

Pounchuroto « anguille » est dérivé de ponchu,  « pointu », vient  du latin puncta  » estocade »,  féminin de punctum  « piqure, pointe ». La première attestation (1841) vient des  Considérations  du baron de Rivière  sur les anguilles en Camargue. (Voir mon article  Bouirons).

Mistral fournit deux formes dérivées de pounchu   pour des noms de poissons :  pounchudo  « poisson de mer, espèce de muge; poisson d’eau douce, dard, vaudoise » et pounchuroto  « variété d’anguille ». Il a dû trouver ce dernier dans le texte du baron de Rivière  qui les définit comme des « petites anguilles pointues » qu’on nomme aussi lufru.

L’origine de l’élément -roto  reste encore obscure.  J’ai pensé à rot  « brisé, cassé » > « aplati »   participe passé de rompre,   mais il faudrait d’abord savoir  de quelle variété d’anguilles il s’agit exactement.

pounchurote?

Risseau "épervier pour la pêche"

Risseau « épervier pour la pêche ». Etymolgie latin retiaculum  qui avait le même sens.  La recherche de l’étymologie de risseau,  forme francisé d’un mot d’Agde, m’a fait découvrir le travail inestimable de Henri Louis Duhamel du Monceau intitulé Traité général des pesches et histoire des poissons qu’elles fournissent, tant pour la substance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont apport aux arts et au commerce. Paris 1769-1782. 4 volumes1   de 1770 environ,

Voir l’article rasal  « épervier pour la pêche » avec la description exhaustive sur 4 pages de cette forme de pêche en format PDF tiré u livre de Duhamel du Monceau..

Rezol   est une forme  de l’ancien occitan, qui m’a fait découvrir la forme française  rissole 

cf. TLF  rissole : PÊCHE. Filet à petites mailles utilisé en Méditerranée pour pêcher les sardines et les anchois. (Dict. xixe et xxes.).

Prononc.: [ʀisɔl]. Étymol. et Hist. 1803 (Boiste). Empr. au prov. risolo « filet à mailles serrées qu’on emploie à la pêche des anchois, etc. », dér. de l’a. prov. rezol « réseau de dentelle, ouvrage de fil, de soie fait par petites mailles » (xive s. ds Levy Prov.), lequel est issu du lat. retiolum « petit filet » (d’où aussi l’a. fr. surtout de l’Ouest et du Sud-Ouest reiseul, de même sens, 1299, Ordonnances des rois de France de la troisième race, éd. De Laurière, t. 1, p. 336, roiseul (1328, Lettre de Ph. de Valois ds Gdf., s.v. reseuil) qui a été supplanté par réseau*), dimin. de rete (rets*).

 

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  1. Vous pouvez le consulter et télécharger sur internet-archiv

Sardon "bord du filet"

Sardon, sardoun  s.m. « Lisière de mailles fortes qui borde le haut d’un filet de pêche ».  L’étymon est le grec  σαρδων (sardon) « lisière d’un filet ».  La concordance entre la forme occitane et catalane sardó  et le sens est parfaite. On ne peut douter de son origine grecque.

Je l’ai rencontré dans Henri Louis Duhamel du Monceau,   Traité général des pesches et histoire des poissons qu’elles fournissent, tant pour la substance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont apport aux arts et au commerce. Paris 1769-1782. 4 volumes.1

L’auteur donne des descriptions détaillées de toutes formes de pêche, notamment de la pêche en Méditerranée. Par exemple:

Et voici la planche XXXV, fig. 3

sardon ou gancette


  1.   Vous pouvez le consulter et télécharger sur internet-archiv

Peissala, peissaladiéra

Peissala, peissaladiéra.  Voir l’extrait de Mistral. L’étymologie de peissalà  est bien sûr piscis, piscem « poisson »+ salatum « salé ». Prêté au français  depuis 1938 dans la forme niçoise pissala TLF.

peissala Mistral                   

la tourtedu site Au Fourneau
Recette de la peissaladiera en format PDF.


Guèine "renard"

Guèine « renard ». L’étymologie est certainement un nom propre d’origine germanique.  Le FEW suit Meyer-Lübke et propose  le nom Winald. La première attestation date de 1190 et vient de l’ancien occitan guiner 1

 

Raynouard_guiner     renard

En occitan moderne  guèine  « renard » est attesté  dans l’Aude, l’Aveyron, l’Hérault et  le Tarn (Thesoc).     A St-André de Najac (Aveyron) guino désigne une « vache au pelage rouge » et un  guinet  un « boeuf aupelage rouge ».  Guineu « renard » est aussi attesté en catalan depuis le XIIIe siècle. D’après Alibert guèine  signifie « méchant, traître, perfide, felon »  à Aurillac et en Quercy, ce qui est tout proche sémantiquement parlant.

A Toulouse existe une expression  fa la guinèu  « chômer, ne rien faire; défier » qui d’après le FEW  est un emploi au figuré, inspiré par le fait qu’un renard semble observer de longues heures son environnement sans bouger. A Belmont-sur -Rance fa guinèlo  est « se cacher pour épier; faire le guet » En limousin un gueinard  est un « indolent ».

Au XIXe siècle  apparaît en argot parisien  le mot  guinal  « juif »  et à la fin du siècle avec les sens « usurier; marchand de chiffons en gros »; le  grand guinal  est le « mont de piété » et le verbe guinaliser, guignaliser    « circonscrire; faire de l’usure; acheter à vil prix ».  Il n’est pas impossible que l’origine de ces mots d’argot est à chercher dans le domaine occitan. 2

L’adj.  guèine  existe dans l’Aude avec le sens « mal bâti, mal fagoté »  en limousin il signifie  » maladroit, fainéant » et en Béarn gayne  est « louche ».  Jusqu’ici on n’a pas réussi à établir un lien sémantique avec le renard.

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  1. Avec un changement de suffixe; dans Raynouard
  2. Il y a une attestation en ancien français de guinal   « sot » ou « homme rusé » ou « juif » mais l’interprétation semble être difficile. FEW XIV, 587b