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Saumada

Saumada « charge d’une bête de somme », un des nombreux dérivés de sauma, est attestée en ancien languedocien depuis 1179.

Saumada prend des sens spécifique suivant les régions et l’emploi des ânesses : à Lyon une saumée est une « charge de sel ou de vin », à Bosses (Val d’Aoste) des somaye sont des petits tas de fumier qu’on fait en l’éparpillant, avant de le défaire complètement avec la pioche ». Caractéristique pour l’est de l’Occitanie est saumada « mesure pour les grains et les vins ».

En combinant ces deux significations « charge » et « mesure de grains » saumada devient aussi une mesure agraire, à savoir « superficie de terre qu’on pouvait ensemencer avec une saumée de blé ». A Alès cela correspondait à 4 setiers et dans les Bouches-du-Rhône à 5 ares.

Sauma

Sauma « anesse; bête de somme; traverse d’un pressoir; coin de bois pour soulever une meule (Aveyron); gros boyaux (Aveyron); gros nuage(Aveyron); meule de gerbes ou de paille en dos d’âne.  Sauma  » et de nombreux dérivés (voir Alibert) viennent du latin sagma « bât » un emprunt tardif au grec « bât; couverture du bât; la charge d’un bât.

En latin classique le bât s’appelait sella baiulatoria.

          

Dans les langues romanes sagma est devenu sauma, soma. Par exemple dans les Gloses de Reichenau une sorte de Bescherelle® du VIIIe siècle : « sagma pro soma vel sella » ce qui veut dire: il faut dire « sagma » et pas « soma ».

En français moderne une somme signifie « une bête de somme » (TLF), mais l’ancien français connaissait aussi les sens « bât » et « charge, fardeau que peut porter un cheval, un mulet etc ». Le sens « ânesse » ne se trouve que dans le domaine occitan et franco-provençal., du Jura jusqu’en Béarn. Le mot somme, saume dans les anciens textes occitans a été traduit en général par « bête de somme », mais je pense que très souvent il s’agit plutôt de ânesses vu le sens du mot dans les parlers modernes. Il faudrait vérifier dans les contextes. En tout cas en France on a préféré l’ânesse plus douce que l’âne ou le mulet comme bête de somme. L’expression bête de somme ne date que du XVIe siècle.

A La Canourgue (Lozère) saumo (prononcez sáouma) est (aussi ?) le nom « d’une mûre d’un goût fade, qui traîne par terre ». L’explication de cette évolution sémantique se trouve dans le fait qu’en languedocien les deux mots latins asinus « âne » et acinus « grain de tout fruit à grappe » sont devenus homophones ase, aze. Il y a eu une association de la notion « âne » et de la notion « mûre ».

Comme le mot ase « âne », sauma ne pouvait pas échapper à un emploi dépréciatif: sáoumo « femme niaise » (Aveyron) élargi à saumasse en béarnais.

Ce qui est un « veau » en provençal : vedeou (< vitellus )« éboulis de terre » est une sáoumo de téro en languedocien.(Sauvages).  Je n’avais pas d’explication pour ces deux mots. Mais j’en ai trouvé une grâce à un visiteur. Voir l’article vedel.  L’image d’un mulet avec sacoches peut être à l’origine de l’emploi  saoumo de téro.

Les Occitans n’ont pas de problème à comprendre l’allemand qui appellent une bête de somme ein Saumtier.
Une lectrice qui connaît bien le basque me signale: Le latin sagma « charge, fardeau » a aussi été emprunté par le basque, d’où basque zama « charge, fardeau » et le dérivé latin sagmarius > basque zamari « cheval, bête de somme ».

Voir aussi l’articlesaumada

Sassi

Sassi « pierres, cailloux ». J’en parle parce que pendant une promenade dans les gorges du Tarn, j’ai relevé à Ste-Enimie le mot sassi avec le sens « pierres, cailloux », mot introuvable dans les dictionnaires . Une curiosité ou un texte rédigé par un Italien? En dehors du franco-provençal, latin saxum « roche » n’est pratiquement pas conservé dans les parlers gallo-romans.
Il y a pourtant un nom de lieu dans le département du Tarn avec cette même origine: Sayx. J’aimerais bien avoir une confirmation de sassi « pierres » en Lozère!

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Sartan

Sartan « poêle à frire » vient du latin sartago, -inis.« une poêle plate ». Le mot est vivant dans le sud de l’Italie, en Sardaigne et dans l’ibéro-roman. En occitan il est limité au sud-est (provencal, est-languedocien) et au sud de la Gascogne. L’abbé de Sauvages mentionne  sartan ou padelo pour le languedocien.

Dans le Dauphiné une sartan est aussi une « vieille femme édentée », par sa ressemblance avec une poêle (trouée) à griller les châtaignes ». Espagnol sarten « poêle; poêlée », portugais sartã. Basque sartagi, zartain.

sartan castagneiro ou padelo de las afachados (S)

    une jeune sartan dauphinoise

 

Sarga

Sarga « serge ». L’étymologie est  la même que du mot français serge: serica ou *sarica « tissu en soie » emprunté par les Romains au grec sèrikos [1. Le TLF écrit:  Du lat. pop. *sarica (d’où aussi roum. sarica « bure », esp. et a. prov. sarga « serge »), altér. du lat. class. sērica, fém. pris subst. de l’adj. sēricus « de soie », lequel est empr. au gr. συρικός de même sens, dérivé de Ση̃ρες « les Sères », peuple d’Asie qui produisait de la soie.  TLF. ]  Attesté en Lozère sarga  avec un sens généralisé « drap » (Thesoc).

Mais il y a deux questions.

  • La première : d’où vient le mot grec  συρικός?  comment le nom d’un tissu très noble et très cher a-t-il pu dégringoler à ce point pour désigner une « étoffe grossière dont la chaîne est de fil et la trame de laine »; far de sarga veut dire « faire de la mauvaise besogne » d’après Alibert. Tous les représentants   de serica  dans les parlers galloromans  ont subi cette dégradation. On se sert de la sarga pour transporter le foin ou couvrir un cheval.
  • La deuxième question concerne l’histoire et l’origine du mot soie.  Le TLF écrit:  Du lat. pop. sēta, lat. class. saeta « poil (rude) d’un animal; crins » d’où « tout objet fabriqué en soie ».  Pourquoi le français a-t-il aussi bien le mot soie « soie »  et créé d’autre part à partir de  serica  le mot « sériciculture »? 

Pendant ses conquêtes vers l’Asie, Alexandre le Grand 1 , a exploré les routes que mille six cents ans plus tard, Marco Polo appela « la route de la soie ». Pour les Grecs de l’époque la soie venait  d’un peuple lointain, les Sères, qui habitaient la Serica, un pays au delà de la Terra Incognita !  Sur la carte ci-dessous « Scythia et Serica ».

A gauche sur la carte la mer Caspienne.

Ci-dessous : Les   « Routes de la soie ». si- lù ( n.) en pidgin

Depuis quelques années les savants savent que les Sères sont les  « Tokhariens », c’est-à-dire les authentiques Ars’i-Kuci et que le pays des Sères est l’actuel Sin Kiang Pour en savoir plus! .

                  
            Sin-Kiang actuel                                             en pidgin si « soie ».

Il semble que le mot grec sèrikos ou surikos est un dérivé du mot chinois si.

L’anglais silk a peut-être la même origine, mais le mot a fait un autre voyage. Dans le site Etymonline l’ auteur cite les formes Manchourian sirghe, Mongolien sirkekLes mêmes formes sont données dans  dans le  Saga book of the Viking Society for Northern Research : 

 Sagabook of Vikingclub 7

La forme balto-slave shelku ou silkai est passé en anglais par les relations commerciales et peut refléter une forme dialectale chinoise.  Cela veut dire que l’importation de la soie  dans le Nord de l’Europe est passée par l’ Est de l’Europe.  Mais les critères linguistiques ne permettent pas de déterminer le chemin par où le  silk est arrivé chez les Vikings  Il est également possible que le mot   silk  est une altération slave de la forme grecque, introduit par les marchands arabes dans l’Est de l’Europe.  Pour en savoir plus cliquez sur les miniatures.

  

 

Le mot sériciculture a gagné la bataille et ne s’est imposé qu’au XIXe siècle. Voir mon article magnan.

  1. IVe siècle avant J.C.

Sabte, dissabte

Sabte ou dissabte « samedi ». L’étymon est bien sûr le latin sabbatum repris par l’intermédiaire du grec sabbaton à l’hébreux où shabbath signifie « jour de repos ».

Cette forme rattache l’occitan à l’italien sabbato, l’espagnol sabado et le catalan dissabte.

Pour l’étymologie de la forme du français samedi voir le TLF.

Saladèlo

Saladèlo s.f. « statice limonium » d’après Mistral, saladela « petite oseille » d’après Alibert.

C’est un dérivé de sal « sel » parce qu’elles poussent sur des terres très salées, qu’elles tapissent de mauve à la fin de l’été. Il y a 6 espèces de saladelles en Camargue.  Le mot est passé en français depuis 1845 mais garde la connotation provençale (TLF). Comme il n’y a des saladelles qu’en Camargue, on peut affirmer qu’il s’agit d’un mot camarguais prêté au français.

statice limonium

Mistral donne plusieurs autres significations, mais nous n’avons pas trouvé des confirmations.

Sampa

Sampa nom f. 1. mare; 2. creux où l’eau se rassemble loc.; 3. eau dormante loc. La première attestation vient de l’abbé de Sauvages (S2) sâmpo « égout ». Il ne se trouve qu’en languedocien (cf Thesoc, s.v. » mare ») et rarement en  gascon.

L’initiale varie suivant les localités : champo à Castres, tsompo à Calmont (Aveyron), tchompo à Espalion (Aveyron). La signification varie de « mare » à « flaque d’eau », « creux de terrain où l’eau stagne », « petite source », « bassin ».

D’après Pégorier on trouve un diminutif sampeto, sampoun « petite mare, petit creux » comme toponymes en Provence. Une toute première attestation comme toponyme vient des anciennes coutumes le Lamontjoie (Lot-et-Garonne) qui datent de 1299, où est mentionné un Galhaordo de Sampot. (le lien vous mène directement à la page voulue!)

D’après Hubschmid (dans FEW XIII/2,344a-b) il s’agit d’une racine *tsampa « mare, flaque d’eau » pré-indoeurpéen. Si ce sujet vous intéresse, veuillez googler dans la catégorie Livres : « Hubschmid + vorindogerm » et verrez qu’il est spécialiste dans ce domaine.

Spécialement dans l’Aveyron, il y a des formes avec -ou- , tsoumpo, soumpo « creux du terrain où l’eau s’amasse et où vont boire les bêtes au pacage » ou « réservoir maçonné étanche et muni d’une bonde de vidange » qui sont rattachés au même étymon.
Honorat mentionne une sambro avec le même sens pour le Var.

Sambra_Honorat Extrait Honorat. Caussols (Wikipedia)

Comme Alibert, j’ai pensé à un lien avec l’allemand Sumpf « marais; creux où l’eau se rassemble », mais je n’ai pas trouvé de confirmations. Il doit y avoir des difficultés phonétiques. Voir l’article Sumpf chez Grimm qui fournit beaucoup de renseignements.