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Api, crique au lapi

Crique au lapi

Un journaliste  hollandais a passé des vacances en  Cévennes et découvert les crique au lapi, une recette très bien placée dans l’air du temps, parce ce crique est végétarien, vegan même, sans gluten et sans lactose, en plus il est bon marché. On s’en servait aussi pour cacher l’amertume des médicaments aux enfants.

article en néerlandais

article en néerlandais

Api ou lapi  vient du latin apium « celeri des marais »  ou « ache ».  Les mots galloromans qui continuent ce mot latin désignent plusieurs plantes. Les premièeres attestations  api, lapi, ache ou lache  désignent le céleri, persil des marais, ache des marais, ache odorante.

aspi feuilles tigeEn provençal  c’est  l’ api bouscas

S’agit-il de l’apium repens ? ache rampante?

api du latin apium FEW XXV, 14

Aussi néerlandais eppe

argousin

Argousin mot français qui a signifié 1.anciennement Bas officier des galères.2. péjoratifvieilli Agent de police.

Les linguistes qui s’intéressent à l’occitan ont à leur disposition un travail inestimable sur le vocabulaire maritime, fait par

du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud intitulé

De la Nave au Pointu

 

dans lequel on trouvé les attestations que voici:

Agosin, argousin, argusin, algousin s.m. (ar. al guazil). Argousin. 1453: « …Guilhen de Goa agosin de ladita galeassa… » A.D. BdR. 3 B 168 f°58. 1509: « Sen Lansalot Manatel pagas al nauchier et al gardian de frayre Bernadin et l’agozin a causa de l’esclau que frayre Bernardin donet al ponton la soma de fl. III. » A.C. Marseille HH 509 Bul.
Voir FEW 19,198

Le commandant propose comme étymon le mot arabe al guazil. 

Dommage que le Commandant Noël Fourquin et Philippe Rigaud n’ont pas eu connaissance du FEW d’une part  et que les collaborateurs et successeurs de von Wartburg n’ont pas connu cette oeuvre.

Voir la suite en cliquant ici

Les explications :wazir 2Je traduis parce que von Wartburg ne connaissait aucune attestation occitane. Grâce au travail

 

 

Glossaire Nautique = première att; de 1452 dans BdR

Longue citation de BEGUES F. de, Lou jardin deys musos Prouvençalos, Aix, 1666.

arganel ‘gros anneau en fer’

Florian Vernet a eu raison de suivre le TLF en classant  arganeau dans la liste des mots français empruntés à l’occitan. Il écrit:

Arganeau, subst. masc. Arganèl {arganèu}argan”l argan”w]Gros anneau de fer placé à l’extrémité de la verge d’une ancre pour y étalinguer un câble, ou scellé dans le mur d’un quai, et qui sert à amarrer les bateaux. Le même terme existe en espagnol :arganel.

Le CNRTL qui écrit toute l’histoire en traduisant le FEW VII, p.411.:

Empr. prob. par l’intermédiaire du prov. arganèu ourganèu « organeau, puis anneau de fer auquel on passe un câble » (seulement ds Mistral) issu d’une forme diminutive (-ĕllu-)d’un b. lat. *arganum, lat. class. organum « instrument, outil », empr. au gr. ο ́ ρ γ α ν ο ν « id. » Le changement de voyelle initiale remonte prob. au plur. gr. τ α ̀ ο ́ ρ γ α ν α prononcé τ α ́ ρ γ α ν α compris comme τ’α ́ ρ γ α ν α. L’évolution de sens « outil » > « anneau » est vraisemblable. L’explication du passage de org- à *arg- sous l’infl. d’un lat. médiév. argata (attesté au sens de annulus en 1349, Du Cange) qui représenterait le gr. ε ̓ ρ γ α ́ τ η ς « travailleur » (attesté au sens de « levier de serrage d’une vis », Biton [3es. av. J.-C.] Math., 110eds Bailly) paraît peu solide. L’hyp. de l’empr. d’arganeau au cat. arganell issu d’un croisement entre le cat. anell « anneau » et argolla « anneau de fer » (art; .), Vidos 1939, p. 209 fait difficulté car le cat. arganell ne paraît pas présenter le sens de « anneau » (Alc.-Moll.). L’hyp. d’après laquelle le fr. arganeau serait une forme métathétique pour *orengueaudiminutif de *orenc (pour orin xves. « cordage qui attache une bouée à une ancre »), Barb. Misc. 2, 1925-28, p. 123, ne présente aucune base solide.

L’étymologie est le mot latin : organum  FEW 7,409  411

Pour les germanophones voici l’explication du FEW

arganeau FEW7p41  et plus loin :

Explication du FEW

avec cette différence que le  CNRT approfondit la note du FEW sur Barb. comme complètement à côté de la plaque.  On sait que les lexicologues sont des copieurs/colleurs, tous sans exceptions; moi le premier.  Ils restent humains.

la raison de cet article est le complément d(information que nous fournit un travail inestimable, le  Glossaire nautique du

du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud:

De la Nave au Pointu

 

La première attestation deans le FEW et CNRT est le  moyen français de  1382. Dans le Glossaire nautique c’est bien plus tôt : provençal . 1301 !   Vous savez que les étymologistes attachent beaicoup d’importance aux datations.

Glossaire nautique.
Arganel, arganellus, arganeau s.m. (lat. organum). Formes: arganel, arganot, arganeaul, organel. Sorte de bossoir basculant utilisé sur les galères et les chaloupes annexes de plus grands navires pour déraper l’ancre. 1301: « Item, arganellos barcharum de parescalmo veteres sex. » A.D. BdR. B 1936 f°114. 1477: « Item,… l’argil a proa cum duobus arganells.. » A.D. BdR. 351 E 451 f°42v°. 1510: « Per un arguinel per l’esquifo et lo bronse tot gr. VIII » A.C. Marseille HH 509 Bul. 106. 1512: « ung arganel… l’arganel de l’esquif… » A.D. BdR. B 1487 f°63v°. 1571: « Plus fault deux arganeaulx dedans lesquels se mettent les poulies pour mettre les fers dedans la gallaire. Lesdits arganeaulx se mettent à proue et sont de chesne ou de noyer servant pour serper ou lever les ancres. » B.N.F. Ms. fr. 3174 f°24v°.

 

 

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agoutar ‘écoper; tarir’

Dans l’inestimable œuvre du Commandant Noël Fourquin et de Philippe Rigaud

De la Nave au Pointu

Glossaire nautique de la langue d’oc

Provence-Languedoc

Des origines à nos jours

se trouve un article Agotar, agoutar, agouta, agoutter « écoper, pomper, asécher » avec de nombreuses attestattions de la région d’Arles qui s’étalent du XIVe à la fin du XIXe siècle.

L’étymologie est le latin gutta « goutte » ce qui n’a aucun intérêt; par contre le riche développement sémantique est intéressant. Regardez les multiples significations très spécifiques fournies par le FEW IV,p.351 pour le domaine occitan.

 

Agotar 1 FEW IV,349

Il semble que le sens vider jusqu’à la dernière goutte » est à la base des sens dans les parlers occitans et franco-provençaux jusqu’à la fameuse ligne formée par la Loire. .Typique pour les parlers franco-provençaux est le sens « tarir une vache pleine ».

 

Agotar 2 FEWGl 1,184 revoie vers le Glossaire des patois de la Suisse romande.

Un autre travail inestimable  de GŒANTS de la linguistique ce Glossaire des Patois de la Suisse Romanden, abrégé GPSR, mais dans le FEW tout simplement Gl. Commencé en 1899 le dernier fascicule n°127 contient le début de la lettre H- Allez voir un peu.

Glossaire des patois de la Suisse romande

(GPSR)

C’est du sérieux ! Surtout ne pas comparer à

Le Glossaire des patois de la Suisse romande (GPSR) est, depuis 1899, un acteur essentiedans la mise en valeur du patrimoine linguistique romand. Etabli à Neuchâtel, il est l’un des quatre Vocabulaires nationaux de la Confédération helvétique. Tout comme ses confrères alémanique, grison et tessinois, il a pour mission de documenter le plus complètement possible les patois de son domaine linguistique, d’en faire l’analyse lexicologique et de rendre celle-ci accessible au public et au monde scientifique sous la forme d’un dictionnaire dialectal de grande ampleur.

arne, arnos ‘mites’

Arne : Mite microscopique qui a une prédilection pour les plumes. Les taxidermistes amateurs qui naturalisaient leurs leurres (Vanneaux, Pluviers, étourneaux et autres limicoles) pour la chasse au poste, mettaient du sel pour conserver la peau et y ajouter du poivre pour protéger les plumes de ces arnes. (Jean Daumas, Marsillargues).

arna

Pierrepiaf; vétérinaire vous explique tout sur les mites des plumes.

Les dictionnaires occitans en ligne ne donnent que les mots arne, arna et arnadura « vermoulure », mais Alibert nous fournit des compléments:

Arna AlibertLe Thesoc dans l’article mite montre que le mot  était vivant  dans une grande partie du domaine occitan. La variante darna est limité aux départements ARDECHE, CANTAL, DORDOGNE, HAUTE-GARONNE, ISERE, HAUTE-LOIRE, LOT, LOT-ET-GARONNE, LOZERE, TARN, TARN-ET-GARONNE. PUY-DE-DOME.et CORREZE,

ans FEW XIII/1, p.122  dans l’article tarmes « ver à bois » nous trouvons des attestations depuis le XIIIe siècle.arnaFEW13-1

L’auteur réunit les 3 types arta, arna et darna dans le même article, mais dans son commentaire il précise que pour le moment il n’a pas d’explications de ces formes, la disparition du t- initial, le -t- devenu -n- dans de nombreux patois et le d- initial.

Par contre les évolutiçns sémantiques ne posent aucun problème. Jetez un coup d’œil sur l’article du FEW XIII/1, p.122   pour vous en rendre compte.

emperau, imperaou

Emparau « Travail que fait un ouvrier ,en général il s’agit d’un ouvrier agricole,  après sa journée régulière; temps qui reste à l’ouvrier après sa journée régulière ».(Alibert). Ces deux définitions dans le style du Code du travail.
Impéraou  c’est aussi travailler plus, pour gagner plus ! Temps de travail supplémentaire hors horaire normal d‟un ouvrier agricole pour arrondir les fins de mois. (8 heures en été, 7 heures en hiver). Les jeunes ouvriers agricoles qui laissaient leur semaine à la maison, faisaient leur argent de poche avec ce moyen (adieu les 35 heures !) Définition du blog de Marsillargues.

 

L’auteur des Mots de Marsillargues donne un exemple de travail pour les impéraous

Réguons :
Au printemps dans les vignes on dégageait le pied des ceps avec des solides
charrues a soc recourbé fabriquées en majorité à Potelières prés d‟Alés que l‟on
appelaient des sareuses ou des kerpis. Ces déchausseuses laissaient entre les
ceps une liste de terre qu‟il fallait enlever à la pelle, à la sape ou au râteau suivant la
nature du terrain pour bien dégager et aérer les souches. C‟est dans ces réguons
que l‟on mettait le fumier ou l‟engrais. Ce travail se faisant à journée ou à tant le pied,
était un des travaux privilégiés pour les impéraous.

Étymologie d’après Alibert : le verbe  emperar « dominer, régner » du latin ĭmpĕrare« , ce qui me semble  un latinisme créé récemment. Le verbe emperer avec le sens « diriger le cheval’ est en effet attesté en ancien français, mais rarement.Gaston Fesquet atteste le mot emperadou « impérieux » dans le canton de Lasalle-St.Pierre (Gard). Revue des Langues romanes vol.26 page 55.

D’après une note dans le(FEW IV, 584 ..il s’agit d’un emprunt au latin, mais les données sont trop rares1

pour le confirmer. L’évolution sémantique ne m’est pas très claire; peut-être s’agit-il d’une obligation pour les travailleurs de faire certains travaux qui ne permettent pas de délais. Cela doit exister dans la viticulture.

Je ne croyais pas trop à cette histoire étymologique. Des ouvriers agricoles qui empruntent un terme au latin. Mais j’ai regaré ce que F. Mistral en dit!

L’explication de l’évolution sémantique serait donc l’expression faire l’emperi « faire ce qu’on veut. Ce qui est peut-être une allusion au fait que le Comté de Provence faisait partie de l’Empire allemand.   Voir Wikipedia Comté de Provence.

 

  1. Gérard Jourdan m’écrit que le mot était bien vivant dans la région de Marsillargues.

    Avec un de mes lecteurs, nous avons eu une discussion animée à propos du
    terme occitan qui désigne » un travail fait par un ouvrier ou un paysan
    après sa journée de travail régulière ». Sur votre site je trouve
    « Emperau » ou « imperaou » (patois de Marsillargues où j’ai été prof de
    sciences pendant 10 ans). Dans mon livre j’emploie la graphie « Empedau »
    qui correspond à mon souvenir de l’expression utilisée par mon père. Mon
    lecteur, originaire de Aumes, petit village près de Montagnac, utilise
    la graphie « Emperau ».

Boutels

Boutels :
Grappillons : À la glorieuse époque de la vigne, hélas révolue, après les vendanges
c‟était le Maire du village qui fixait la date d‟autorisation du grappillage. Pouvait aussi
désigner des mollets .(La chanson en patois de Marion disait (méi boutels fasien tiba méi guêtra)s Marsillargues .

Bouteiller :
Grappiller : Les familles se transformaient en “Bouteillaïres“ pour faire leur provision
de vin ou leur cartagène en allant ramasser ces boutels. (Grappillons )

Bouteillier est aussi un nom de famille.

Etymologie : du latin buttĭcula « sorte de vase ». Les grapillons ont la forme d’une bouteille. Voir FEW I, 661 et commentaire

Bachas ‘flaque d’eau’

Une flaque d’eau s’appelle à Manduel bachas (avec le -s final bien prononcé):

bachas Manduel ThesocSource1
Flaques d‟eau qui se forment par temps de pluies dans les trous ou nids de poule des routes et des chemins mal entretenus et qui accélèrent leurs dégradations. ( Mots et expressions de Marseillargues).

L’abbé de sauvages donne plusieurs significations dans la première édition, article qu’il a transformé en 3 articles dans la deuxième édition:

bachas 1 et 2 Sauvages   bachas3Sauvages2

En effet d’après le Thesoc le sens « flaque d’eau est limité aux départements du Languedoc, mais nous retrouvons ce mot avec le sens « auge » dans de nombreux patois. Voir le Thesoc s.v. auge pour les attestations les plus récentes.

Étymologie: bacca, baccus  » vase pour l’eau » probablement d’origine celtique. FEW I, 197-198

On constate un très riche développement sémantique que l’abbé de Sauvages essaye d’expliquer.

  1. Le Thesoc, qui reprend l’Atlas linguistique du Languedoc oriental.