cat-right

Rampa, rampon

Rampa « crampe », rampon « crampon ». La tuerie  dans l’Arizona (USA) de samedi , décrite comme rampage « saccage, tragédie » par les media américains , doit nous avertir. La violence verbale de politiciens et de journalistes peut à tout moment aboutir à la violence physique.

Le mot rampa de l’ancien bas francique  *(h)rampon, est dérivé de *(h)rampa « crochet, griffe ». Le moyen néerlandais ramp « crampe » signifie en néerlandais moderne « catastrophe, tragédie ».

Gabrielle Cliffords hGa Gabe Zimmerman et 5 autres victimes!

Cf aussi  cat. et l’esp. rampa « crampe » , l’ital. rampa « griffe », rampo « crochet » le prov. et le fr.-prov. rampa, rampo « id. » (TLF)(FEW t.16, p. 658)

Rampelar, rampéou

Rampelar ou rampellar, v.tr et intr. « rappeler, battre le rappel, gronder grommeler; battre de l’aile; renchérir (au jeu) ».
rampeller « traîner, lambiner » mais aussi positivement, comme conseil : rampelle ‘vas-y doucement » (Nîmes et Manduel). Rampeller   signifie aussi  « hésiter longuement, ressasser invariablement la même chose; installer des appelants dans la chasse aux oiseaux » et un rampel « qqn qui hésite, ou ressasse; qqn qui répète inlassablement les mêmes remarques ». Souvent utilisé dans la circulation à Nîmes, à propos de « pépés » dans une Axam.(Joblot).

    

Ci-dessus des images du  jeu de rampéou « rampeau » en français, qui se joue encore en Gascogne et en Périgord;  un jeu de 9 quilles. Il y a une « Place du Rampeau à 46700 Puy-l’Evêque (Lot) et des « Pré du Rampeau » ailleurs.
Andriu de Gevaudan m’écrit : A propaus de « rampelar« . Lo dialòg de Las tres nimfas se pòr trobar dins Pierre Bec : Le siècle d’or de la poésie gasconne (anthologie bilingue), Les belles lettres, 1997. p.125 ss. Nimfa gascona:

S’en man mos hilhs avèn lo temps passat tenguda
La pluma com lo hèr jo poirí rampelar,
Mès entr’eths, d1inquio ací Pallàs s’es vista muda
Car eths an mes amat plan hèr que plan parlar.
traduction 1

Dans les dictionnaires nous trouvons différents jeux, par exemple à Voiron dans l’Isère, c’était « un jeu des enfants qui consiste à faire dans un carré tracé sur la terre 9 petits trous qui reçoit chacun un numéro. On lance une boule vers ces trous; le joueur gagne en entrant dans le numéro 9, au milieu ».

A Marseille un rampèou était « l’action de mettre sur une carte une forte somme » et vu la caractère des Marseillais « querelle, habitude de grogner ». Pour les chasseurs marseillais c’était aussi un « sifflet d’oiseleur » ou « un oiseau qui attire les autres dans le piège par son chant ».  Le sens « querelle, bagarre » se retrouve en français régional de la haute vallée de l’Hérault (Lhubac).

L’origine du mot est le latin appellare « adresser la parole à quelqu’un » avec le préfixe re- qui renforce la signification. Le sens « sifflet des oiseleurs; appelant » est très proche du sens du mot latin.

Dans certains jeux de quilles faire rampeau veut dire « faire partie égale », de sorte qu’il faut jouer une deuxième fois. Ce sens se trouve partout en galloroman.
En occitan s’y ajoutent « renchérir au jeu de cartes » et « sifflet d’oiseleur, appelant ». Je pense que l’évolution sémantique de rampeller dans la région nîmoise a dû être : la notion répétitive dans rampelá « manière de battre sur la caisse en roulant ».
Chez l’abbé de Sauvages nous trouvons encore rampôgno « noise , querelle d’Allemand,  » an toujhour câouco rampogno ils ont toujours maille à partir » et rampougna « quereller, gronder ».

Si vous taper rampelaire avec Google, vous trouverez entre autres: Le groupe des Rampelaïre (ceux qui battent le rappel pour rassembler les gens) dans les Alpes de Haute Provence.


Lei Rampelaire d’Ubajio

En français moderne, au poker, rampeau a le sens suivant: « en cas d’égalité, le rampeau est un coup supplémentaire qui sert à départager les joueurs. Le coup nul est généralement suivi d’un rampeau. » Dans un autre jeu de dés: « Le jeu peut être joué en 1 seul coup. En cas de rampeau (égalité), un nouveau coup sec départage les joueurs. »

  1. Si en mains mes fils avaient le temps passé tenue ».
    « La plume comme le fer je pourrais avoir des prétentions »
    « Mais entre eux jusqu’ici Pallas s’est vue muette »
    « Car eux ont mieux aimé bien faire que bien parler »

Ranconner "hésiter, trainasser"

Renconner ou ranconner « hésiter, tourner, trainasser » verbe nîmois qui se trouve dans plusieurs lexiques des éditions Lacour, mais il est absent de l’Alibert. Le verbe est absent du FEW mais je crois pouvoir le rattacher à l’adjectif ranc « boiteux ».

L’occitan connait l’adjectif  ranc, ranco « boiteux, cagneux » et l’expression fa la ranco galino « affecter d’être boiteux, hésiter, faire la sourde oreille ». Nous le retrouvons en italien  ranco « boiteux » = dalle gambe storte, claudicante. (TLIO)

D’après le FEW1  l’étymon de  ranc, ranco  est le gotique *wranks « tordu, tourné ». En ancien occitan le mot  ranc « boiteux » est  attesté depuis le XIIe s. Le verbe ranquejar, ranqueirar « boiter »  arranqueja  en gascon,   également attesté depuis le Moyen Age.

Dans les parlers franco-provençaux  et  occitans modernes ranc  et les dérivés se trouvent  jusqu’à la ligne Loire-Vosges2. En gascon c’est la forme aranc. 

C’est le mot valdôtain   rangot, rangota « qui est lent, bon à rien », qui me suggère de rattacher le verbe nîmois ranconner  à la même famille.    L’évolution sémantique s’explique facilement. Un boiteux ou un cagneux n’est pas un rapide, il traine.

a pè ranquet     

D’autres mots qui viennent du gotique  *wranks:

L’expression a pè-ranquet  « à cloche-pied » qui est courante dans la région de Toulouse.  A Puisserguier c’est le nom du « jeu de la marelle ».

Dans l’article  du FEW  il y a quelques attestations du dérivé  rancou  « (cheval) dont les testicules ne sont pas descendus , qui ne peut pas être châtré », rángou « qui n’a qu’un seul testicule » à Barcelonnette. D’après le Thésoc le « châtreur » s’appelle ranzèr dans plusieurs villages du Puy-de-Dôme.   Han Schook, a noté à Die rancos  « stérile (un testicule seulement); boiteux »
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  1. XVII, 621a-622b
  2. Pas mal d’attestations dans le Thesoc  s.v. « boiteux »

Rapar

Rapar « saisir, enlever » en ancien occitan (12e siècle) en occitan moderne plutôt arrapar « arracher, enlever ». Les peuples germaniques qui ont envahi l’empire romain ont laissé pas mal de traces dans le vocabulaire des régions où ils se sont installés. Les Burgondes dans l’est autour de Lyon et les Wisigoths dans le Midi. Par la suite les Wisigoths ont occupé une grande partie de la péninsule ibérique..

   

Le royaume de Bourgogne + la Savoie                              Le royaume des Wisigoths

Vous trouverez une belle carte de l’ensemble des migrations des peuples germaniques ici.

  • Rapar est un de ces mots germaniques. Il vient de rapôn « arracher, prendre, voler », (en néerlandais rapen « prendre, saisir », allemand raffen, rappen idem.) Nous le trouvons en occitan, en franco-provençal, en Italie arrapare et en iberoroman rapar 1.voler 2. raser. Rapar est attesté depuis le XIIe siècle, mais c’est surtout arapar « arracher, enlever » et s’arapar « donner dans un piège » qu’on trouve en (ancien) occitan. Il y a pas mal de dérivés comme rapador, rapaire« ravisseur », rapin « croc » (Nice), gascon raput « qui s’accroche », derabar « arracher », dérapà un terme de marine « quitter la prise sur le fond et laisser dériver le navire » (marseillais, qui a donné en français déraper). Voir aussi desrabar.
  • Ar(r)apar est présent dans tout le domaine occitan et franco-provençal. Les significations sont toujours liées à la notion de « arracher, enlever, saisir », comme par exemple le grenoblois arrapan « grippe-sou; malheureux », ou le nom du « gallium arapine » l’arrapoman. qui colle à la main , alleurs c’est le fruit de la bardane, la garance sauvage ou le pariétaire (Valleraugue). Mistral donne d’autres combinaisons, dans son Trésor, vol.I,p.137. Ceci est un lien direct vers la page du Trésor. Consultez aussi la page 138!
  • A partir du sens de rapar « saisir » s’est dévéloppé le sens « grimper, ramper » aussi bien en franco-provençal qu’en occitan. A Lyon un ropîou est un grimpeur, à Marseille un rapaïon « un sentier à pic dans les pierres ».
  • Rapugar, rapugaire. Un groupe spécial est formé par Rapa, rappa « rafle du raisin; grappe  » et Rapuga v.a. « grapiller »; rapugo « la rape, rafle ou marc du raisin » en franco-provençal et en occitan. Il s’agit très probablement d’une dérivation à partir du verbe rapar, qui rattache cette région au catalan rapa « grapillon », à l’espagnol rapa « fleur de l’olivier » et aux parlers italiens.
    Un visiteur de Manduel me signale: un rapugaire est un grapilleur. Dans le temps, vendanges terminées, on voyait dans les villages venir les rapugaires de Nîmes1. A Barcelonnette rapugas au figuré: « des restes »
  • Il semble qu’il n’y ait pas de lien direct avec le mot ancien picard ou champenois rapes « marc de raisin » pour lequel  on peut supposer un lien avec le mot allemand Rappe « grappe sans les raisins » utilisé dans la région de la Moselle, du Nahe et du Rhin jusqu’en Suisse. Emprunté (?) par l’anglais rape « rafle ».


allemand Rappen // anglais rape

  1. Une chanson Li Rapugaire du 19e siècle, mélodie + texte  en PDF

Rapégon, rapegon

Rapégon, rapegon « fruit de la bardane ». L’étymologie est probablement le verbe germanique rapôn « saisir, attraper ».  Voir l’article rapar.  Rapégon appartient à la même famille de mot que <arrapar et rapugaire « grapilleur ». Il est à ajouter à l’article rapôn du FEW. XVI,664-667.

Vu l’attestation suivante ; Pégon (ou rapégon) : (Prov.) Personne collante, importun. « Il m’a parlé pendant au moins une heure. Un vrai pégon », il est aussi possible que rapégon est composé de rapar + pégon dérivé de pégar « enduire de poix ». du verbe latin picare. D’après Alibert un pegon est un « amas de résine sur une branche de confère; torche de résine ».

Je penche plutôt pour la première hypothèse, parce que le fruit de la bardane ne colle pas mais s’attache avec des petits crochets aux cheveux ou au vêtements. Mais Mistral donne toute une série de mots rapega ou rampega qui ont les deux sens  « s’accrocher »  et « se coller ».  Difficile de se décider.

rapegon_bardane fruit

Rapièta "lézard"

Rapièta, rapièto « lézard gris ». L’étymon gotique et burgonde   rapôn « saisir, enlever » a pris le sens « grimper, ramper » en occitan et en franco-provençal ».  A Marseille et en languedocien  un rapaion  est « un sentier à pic ». En Aveyron un arraput  est « habile à grimper ».  En Bigorre  un « grimpereau » est appelé  rapinayre ou  rapinau. 

Le « lézard gris »  est un  habile grimpeur et appelé rapièto dans le région de la Corrèze, Dordogne, la Haute-Vienne et le Lot (Thesoc). Son nom fait partie de la même famille rapôn.   D’après les données du FEW  il s’appelle rapiette   en poitevin et dans la Saintonge, ce qui est un élément occitan et nous rappelle que le domaine occitan allait autrefois jusqu’à la Loire.

Voir aussi les articles rapar  et  desrabar

Un visiteur m’écrit:

Bonjour, j’ai moi-même entendu les gens de Brive-la-Gaillarde appeler les lézards des murailles : rapiète, je me souviens aussi qu’ils appelaient les Rumex dans les prés : padarelles ou paradelles. Quand j’ai demandé si c’était l’un ou l’autre, on m’a répondu :  » c’est pareil… »

rapièto

Rasal "épervier pour la pêche"

Rasal s.m.« Epervier pour la pêche » (Alibert). Rasel  « réseau, tissu de fil en réseau » (Aude).  Etymologie: retiaculum « épervier pour la pêche » est attesté depuis le IVe siècle. On le retrouve en Sicile rizzagghiu, à Gênes  resaggiu, à Venise et dans le Piemont. En Occitan il est limité à la côte languedocienne. L’abbé de Sauvages (1756) ajoute: razal ou capêirou (chaperon), filet de pêcheur fait en cône. Lorsque le pêcheur est prêt à jeter ce filet, il en met une partie sur l’épaule en guise de chaperon.   A Agde est attesté la forme  risseau   par Duhamel de Monceau, en 1769, qui ressemble plus à  celle de Gênes.  Pour les amateurs de la pêche, j’ai joint à cet article sa description exhaustive de cette forme de pêche . Duhamel_du_Monceau_Traite_general_des_pesches_vol_1.pp. 26-30 Voir aussi la gravure ci-dessous.

     capeirou .

  Dans le  Traité général des pesches et histoire des poissons qu’elles fournissent, tant pour la substance des hommes que pour plusieurs autres usages qui ont apport aux arts et au commerce. Paris 1769-1782. 4 volumes1  de Henri Louis Duhamel du Monceau, de 1770 environ,  j’ai trouvé la gravure très détaillée que voici:

 

  1. Vous pouvez le consulter et télécharger sur internet-archiv

Rascar

Rascar « racler » (ancien occitan) vient de *rasicare « raboter », un verbe formé sur rasus le participe passé de radere ‘gratter, ratisser, polir’.

De nos jours la famillede mots *rasicare, dont racaille est un descendant, ne vit plus que dans des ghettos, des quartiers comme on dit de nos jours. Un phénomène récurrant dans l’histoire des langues, comme son contraire la généralisation.

En galloroman la famille rascar a été repoussée dans des sens spécifiques depuis le XIVe siècle par son cousin *rasiculare > racler également dérivé de rasus. Par exemple en français racher signifie » tracer des raches. » Ces artisans disent qu’ils rachent une pièce de bois quand ils tracent avec le compas des divisions nécessaires pour la tailler ou « terminer une broderie par de petits points symétriques » TLF.

A Cahors roscouoillá  signifie  « se racornir en mûrissant sur la paille (des fruits d’hiver) » et à Caussade (Tarn et Garonne) rascoualho  « réserve » . Dans les Cévennes il y a une petite région  où raskás signifie « avare » (Valleraugue, Lasalle, St.Jean du Gard). A Alzon le rascal est « l’aubier, la partie tendre du bois sous l’écorce ». Dans l’Aveyron, et des dép. voisins vers l’Ouest rascal signifie « brou de la noix », comme si c’était l’aubier qui se trouve sous l’écorce verte. cf. Thesoc

Je pense que l’anglais rasher « tranche fine de lard ou de jambon » appartient également à cette famille, comme rash « taches rouges sur le peau ». En catalan, espagnol et portugais rascar est bien vivant avec le sens « gratter ».

rascar phanphanroscouailladophanphan rascal

Les dérivés et les mots composés avec rascar ont pu se maintenir dans plusieurs groupes de significations.

Râsco « teigne, teigne des enfants, croûtes de lait », Languedocien  (S); Gard rascous « chauve »; Languedocien rascassoun « lepidotriglia aspera » un poisson épineux. Dans Un rouge et un blanc de Roumanille, Coulau dit à Rafèou :

T’aplatisse lou pebroun! qui lui répond :T’esquiche la figo! tas’te, bèou-l’oli, mor-de-fam, rascas ..

Rascas signifie ici « teigneux ». Antoine Bigot parle d’une bando dé rascas dans sa parodie de la fable de La Fontaine. Dans ce sens le mot a été prêté à l’anglais rash « 1 :an eruption on the body, actinite 2 : a large number of instances in a short period <a rash of complaints> » et au breton rach.

rasco         rascassoun

Râsco « cuscute ou epithyme ». Cette plante est un purgatif doux, on la donne pour les obstruction du foie  (S).  Ce sens de rasco est limité au Sud de la France. La  cuscute est  un « Plante parasite à la tige grêle et rougeâtre, à petites fleurs blanches ou rosées, réunies en petites grappes et ayant pour fruit une capsule à deux loges. (Quasi-)synon. barbe de moine. » (TLF) Un visiteur aimable me signale un livre de Pouzolz, Flore du département du Gard. Nîmes 1856-1862, qui donne les renseignements intéressants :

« CUSCUTE – CUSCUTA. – Cette plante parasite est connue sous les noms vulgaires de herbe-de-moine, cheveux-de-Vénus, cheveux du diable, reche, rogne ; en patois rasqua. Elle est apéritive, antiscorbutique; son suc est purgatif, inusitée. On la dit bonne contre les rhumatismes.
On la trouve aux environs du Vigan, de Lanuejols, elle manque dans la plaine; floraison juin-août.

Raque « bourbier, boue ». Ce sens ne se trouve que dans le Nord-Ouest de la France, en Flandres, Picardie, Normandie: rouchi déraquer « se retirer des boues ».

Rache « lie ». Français rache « lie de goudron » (Larousse).

Rascas  « banc de pierres ». Languedocien rascás « mur de soutènement le long d’un ruisseau », rascasso « une pierre ou chaussée de ruisseau & de ravin; sorte de mur de terrasse, ou soutenement fait avec de grosses pierres posées de champ (sic), auquel on donne beaucoup de talut. On fait ces chaussées pour retenir la terre dans les ravins ou dans les ruisseaux des pays montagneux (S) ». Dans l’Aveyron enroscossá est « placer des pierres de chant en construisant un mur ».

Rachée « souche »  Français rachée « souche coupée sur laquelle il repousse des rejetons ». Dans ce sens la notion « coupé au ras du sol » est centrale. Au figuré le sens est  » ce qui se trouve le plus bas », ou la  » France d’en-bas ».  Rascaille est attesté depuis 1138 en anglonormand, racaille depuis 1190, racaïo, racailho en languedocien. Le mot a été emprunté par les parlers occitans.

Emprunté par l’anglais rascal   « a mean, unprincipled, or dishonest person 2 : a mischievous person or animal « subst. et adj. Le sens du mot rascal s’est adouci; de nos jours rascal  ne se dit que d’enfants et  on peut le traduire par coquin,  polisson; old rascal (familier) « drôle » et nous sommes tout près du sens de la racine *radere « polir ».

pha
a little rascal phaphaphaun groupe de rascals

Ce n’est que dans ces significations très spécifiques que la famille *rasicare a pu survivre. Son cousin *rasiculare > racler  par contre a la belle vie. 

rascàs

cf. rascar

Rasclauso "écluse"

Resclauso en occitan m’écrit un visiteur.  Il est vrai, en provençal et en languedocien les attestations  avec -e– sont majoritaires. Mais les Manduellois appellent le quartier du Mas du Moulin la Rasclauso1 et l’abbé de Sauvages leur donne raison.   Une rasclause  est une retenue d’eau qui sert à faire tourner un moulin à eau. Il y a une rasclauso  bien conservée et restaurée à Laudun. Mistral donne les formes que voici:

Le mot resclauso  est attesté depuis le Moyen Age en Provence et dans l’ouest du Languedoc (Gard, Hérault). L’abbé de Sauvages écrit:

Rasclaouzo construction de pierre ou de charpente qui sert à élever les eaux. Une écluse de moulin est une petite chuassée, élevée qui sert à amasser l’eau d’un russeau ou d’une fontaine. Das ce dernier cas le bassin que forme l’écluse ou la chaussée est appelé biez. Voy. BEZAOU ».  Le Bezaou est le bassin. Dans les champs c’est une tranchée pour recevoir les eaux de pluie.

Rasclauso vient du latin exclūsa qui a subi l’influence de clausus « close ». Resclauzo  se retrouve en catalan rescloza « écluse ».

rasclaouso éclusePhoto de la rasclaouso  de Laudun.

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  1. Marcel Jouffret, Manduel à travers les âges. Nîmes, 1990, p. 36