Rabas, rabat, ravas, ravat « mouton à laine grossière et pendante, commun dans le Piemont, la Lombardie et la Savoie; la peau de ce mouton; la housse de cheval ; peau de blaireau; blaireau (l’animal); blaireau à barbe; putois (chez l’abbé de Sauvages, S2 et à St-Germain-du-Teil (Lozère) ». Rabatos f.pl. « troupeau de brebis qu’on mène paître sur les montagnes des Cévennes pendant les chaleurs de l’été ».
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Les formes avec –v- viennent d’après Mistral du Dauphiné, de la vallée du Rhône et de l’Auvergne, mais l’abbé de Sauvages (S2) donne rabas et ravas « mouton malingre ».
Nous croyons avoir trouvé une explication surtout pour l’évolution sémantique. Les formes avec un v peuvent s’expliquer par une influence des parlers nord-occitans et franco-provençaux.
Le blaireau est présent dans toute la France, excepté la Corse. Voir à ce propos ce lien.
Rabas avec le sens « blaireau » se trouve en provençal et en languedocien dans une zone qui va du Var (Hyères, St.-Luc) jusqu’à Millau, où il est déjà attesté en 1474, et à Mende. A La Ciotat c’est un « hérisson » et à St-Germain-du-Teil (Lozère) un « putois ».
Dans le volume Incognita XXII/1,p.283b du FEW, nous trouvons la famille de ravas « (peau de) mouton à laine grossière et pendante » attesté en provençal depuis le XVe siècle et en franco-provençal du Forez . Par exemple dans l’Isère la ravata est la « laine grossière » et par métonymie ravat prend le sens de son utilisation : « collier de cheval » ou comme en provençal de Barcelonette ravàs « peau de mouton qui sert de housse au collier des chevaux de charette ».
Or dans l’Aveyron et la Lozère sont attestées des formes avec un –b- : robàs, rabas, qui viennent certainement de rapax et qui désignent « une fourrure attachée au collier d’un cheval de trait, ordinairement en peau de mouton, ou de blaireau » exactement comme le ravàs provençal à Barcelonette.
On peut supposer une évolution sémantique comme suit : rapax « voleur » > « blaireau »> « peau de blaireau » > « peau de blaireau utilisée pour le collier des chevaux » > « peau de mouton à laine grossière utilisée pour le collier des chevaux » > « mouton à laine grossière et pendante » > « mouton (malingre) ». Il est donc probable que les mots qui désignent le « blaireau » avec un -b- et ceux qui désignent la « mouton à laine grossière et pendante » ont la même étymologie.
Sur le web, j’ai trouvé plusieurs attestations de cette fonction de la peau de blaireau, e.a.:
avec le texte suivant
« de nos grelottières pour attelage « en poste » avec la traditionnelle « queue de renard ». Il nous reste à mettre en place le non moins traditionnel entourage en peau de blaireau ! »Source!
En Auvergne, la brebis Rava fait partie du paysage. Avec plus de 40 000 brebis, cette race avec sa belle tête mouchetée, est gagnante là où d´autres échouent. Source.
Conclusion: ravas « (peau de) mouton à laine grossière et pendante » , et les autres mots dans le volume Incognita XXII/1,283b du FEW viennent tous du latin rapax « voleur ». Les formes avec -p- > -v- s’expliquent par le fait que l’origine de la race de moutons avec sa tête comme un blaireau est l’Auvergne, c’est-à-dire une région où l’évolution -p- > -v- est régulière.
La population originelle de la race ovine Rava (qui s’écrit aussi ravat, et sans majuscule) correspond parfaitement à la définition donnée dans cet article (mouton à laine grossière et pendante). Sachant que ce nom désigne aussi le blaireau on peut aussi se demander si la panachure faciale en noir et blanc du mouton Rava ne faisait pas référence, dans le passé à cet animal. Dans le Pays de Galles, il existe un type ovin très rustique, le badger face sheep, (mouton à face de blaireau) qui montre que cette analogie a servi ailleurs.
Grâce à ce commentaire, j’ai trouvé une image du « badger face sheep » et je l’ai insérée dans l’article. Merci.