cat-right

Foguier, cap foguier

Foguier de l’adjectif latin focarius « ce qui fait partie du foyer ».

En occitan foguier comme adjectif ne se trouve qu’en combinaison avec le mot cap : cap foguier « chenet »(Albi 1200), cafouyé (Aveyron), appelé aussi cafio (S) de latin focus « feu; foyer ».

Comme substantif foguier; fouguier signifie « âtre; foyer » et en occitan moderne « fusil du boucher ». Le mot français fusil  a la même étymologie « pierre à feu » (TLF)

L’utilisation comme adjectif dans le Compoix de Valleraugue :  « et l’étage plus haut d‘autre maison foguiere » (tome 1 179) doit être attribuée à un style cadastral, mais il n’y a pas d’autres attestations à ce que je sache.

cap foguier ou capfio

Fondron

Fondron  « tablier » cf. fandaou

Font

Font « fontaine, source », prononcé fong ou fwong (p.ex. à Avèze) dans le Gard d’après le Thésoc.

Latin fons, fontis signifie « source » et est masculin en latin classique, mais devient féminin à partir du IVe siècle. Fons a disparu dans une grande partie de la Romania, notamment dans le Nord de la Gaule, probablement par l’homophonie avec fond provenant de fundus. Fons est conservé en italien fonte, en catalan font et en espagnol fuente, en occitan et en franco-provençal. Des toponymes prouvent qu’il a dû exister dans le domaine d’oïl jusqu’aux départements de l’Aisne (Fontvannes) et de l’Aube (Fontette). Une grande fontaine publique s’appelle grifol

Français fonts, sousentendu baptismaux est un emprunt au latin de l’Eglise. 

Une étymologie peu intéressante! Mais j’en parle parce que pendant un week-end à Barcelone j’ai pu voir le spectacle grandiose de la Font de la plaça d’España. Cliquer sur ce lien pour avoir une idée!

Bien sûr il y a aussi la A la Font de Nîmes…. (Musique et images)! Celui-ci vous mène à You Tube. Texte et musique en même temps.

 

 

Foriscape: un crime devenu un droit

Foriscape « droit aperçu par le seigneur en cas de mutation » Ce mot  composé de capere « saisir » + le préfixe  foris « for- »  (comme dans  forfaire) est né dans le latin  administratif du haut Moyen âge.

(Source A. Thomas,  Essais de Philologie française.  Paris , 1897. p.87).

Il semble qu’au début du IXe siècle foriscapium  (Du Cange ) avait encore le  sens d’un  « don » illicite, contraint par la force, exaction : per vim vel contra jus captum…..  « saisi par force ou conte le droit » et  tributul haud debitum  « une contribution vraiment pas due » :

(DuCange, et la p. suivante)

Nous voyons qu’une infraction ou un crime peut devenir un droit.

 

Fougasso

Fougasso « gateau ».

Etymologie: le mot lat. focacium  un dérivé  de focus « feu », désigne une sorte de pain cuit dans les cendres et non pas dans le four. Le mot est resté en ancien occitan fogasa  1391, en français  fouace, italien focaccia, catalan fogassa, espagnol hogaza, portugais fogaça et dans les patois pour  désigner toutes sortes de gâteaux, tartes, pains  avec ou sans grotillons.

L’expression provençale faire fougasso signifiait « être surpris par la pluie, lorsqu’on  a ses gerbes étendues sur l’aire » et de là « ne pas réussir ». Cette évçolution sémantique peut s’expliquer par le fait  qu’une fougasse  est plate.  En languedocien esfougassa  signifie «aplati » et  le substantif   fougasse « fiasco » (Job) .

          

occitan fougasso, italien focaccia, espagnol hogaza  sont toutes plates!

Fougnar

Fougna,  fonhar a deux significations  en occitan 1. « pousser, cogner, soulever, presser » etc. 2. « bouder,  faire la tête ». Le composé fougne-merde prouve que le verbe languedocien fougna a (eu) deux sens

  • 1) fouiller, fureter, péjoratif ou parlant des animaux
  • 2) grogner, bouder. .
Il représente un verbe latin*fundiare « fouiller la terre  (en parlant du sanglier) » dérivé du latin fundus « fond ; terre ».

Le sens « fouiller » est attesté à Nice et dans le dictionnaire d’Alibert s.v. fonhar « pousser, cogner, soulever, fouiller ». On le retrouve dans le Nord-est de la France et en Wallonie.

Le sens « bouder » est issu du premier par la comparaison d’un animal qui fouille la terre aux joues gonflées d’une personne qui boude. Fougner en français .régrégional (Lhubac). Il  se trouve en Normandie, Le Maine, Poitou, Franche-Comté, en provençal et en est-languedocien : par ex. Alès « faire grise mine », jusqu’en Velay et au Périgord, mais pas en gascon.

. Se fougner veut dire « s’éviter » : « Toutefois à certaines occasions… on se fougnait » (Domergue p.161). Fougna  est à l’origine de nombreux dérivés comme fougnaire « boudeur »  et de

Fougnarello « ancienne danse provençale mentionné par C.Brueys » (Mistral, mais il m’est impossible de retrouver le passage exact. Il n’est pas impossible qu’il s’agit d’un mot « fantôme », mais il me permet une petite excursion dans le moinde de la danse et de la musique1).

Ce dérivé.  de fougna « bouder ». « La Fougnarello (“Boudeuse”)  paraît se rattacher au mythe de la Mort de l’Hiver  qui ressemble à l’Angrismène des Grecs et à la Fachée française ». (Christian Mandon ‘L’origine de l’arbre de mai’ A paraître). Cette danse est exécutée en honneur de Vénus.


Coré d’Eutydichos dite « Boudeuse »,

Il y a aussi un ballet dont Stravisky a composé la musique. Dans La Fâchée les acteurs dansent  l’histoire d’une belle qui refuse les avances d’un amant.  Quand, désespéré, il tente de se suicider, elle accourt et tout finit bien. L’histoire complète de cette danse  se trouve dans le site : http://www.streetswing.com/histmain/z3angry.htm  (en anglais).

 

  1. Vu les liens étroits entre la Provence et la Grèce avant l’arrivée des Romains, il est intéressant de noter que cette danse provençale correspond à l’Angrismène  une danse  qui est toujours très populaire en Grèce et cela depuis l’Antiquité.

Fouiro

Fouiro, « diarrhée  où les évacuations fécales sont presque liquides » comme fr. foire (vieilli)  et l’adj. foireux viennent du latin  foria.

Ce mot se trouve dans tout le domaine gallo-roman,  en portugais et en Italie du Nord. Le verbe languedocien  fouirá ‘foirer’ et l’adj. fouirous  sont dérivés du substantif.

Fourfouillar

Fourfouilla(r) «farfouiller (S) ; gigoter, s’agiter en tous  sens »(Job). Le mot qui n’existe qu’en galloroman, y est fortement répandu.

La forme avec le préfixe four-  est limitée au dauphinois, le provençal et au Gard et à l’Hérault en languedocien.  Il faut  supposer un lat. *fodiculare « creuser la terre pour chercher quelque chose » dérivé de fodere « piocher ».

fourniá, foronisar, denisar

Fourniá, foronisar, denisar « quitter le nid » est composé de foras (dehors) + nidus +are. La forme donné forgnar par Alibert n’est attestée nulle part d’après le FEW 7,122a-b., ce qui est confirmé par les données du Thesoc. Partout c’est foronisà, horoniza dans le Gers, frognar, fo(u)rniá, fourniá. Le verbe existe aussi dans le Bourbonnais, le Centre et le Berry.

Un jeune oiseau qui a quitté le nid s’appelle un fourniau (Marseille), un foronison (Toulouse, Tarn, Castres) ou un froniol (Cahors). Dans la Haute Provence , le Poitou et dans la Sologne le verbe a été renforcé par ex- : s’efforgner « quitter le nid; s’émanciper », qui existe aussi dans le Nord de l’Italie. Voir aussi l’article asirar  « se mettre en colère »  devenu  « abandonner le nid »  > « s’émanciper ».

A partir de nidus ont été formés aussi les verbes  déniar, denizar « dénicher, abandonner son nid » < de + nidare (Creuse, Dordogne) et aniar, anizar « nicher, faire son nid, couver » et s’aniar, s’anizar « se nicher » < ad + nidare.

Dans l’Aveyron le participe passé onià, oniqua, aniat a pris le sens  » affaibli par défaut de nourriture »; ce sens a dû naître sous l’influence d’un dérivé de nihil : (a)nequeriment « faiblesse par manque de nourriture » (FEW 7, 139b).

Toujours dans l’Aveyron on a créé le verbe desonisà « dénicher » < de + ad + nidare , dans la Corrèze désanià (Thesoc) .


prêts à  fournia, déniar, ou denizar.

Fourniol

Fourniol « pièce où est le four » fournil  en français.

Un fidèle visiteur m’écrit:

bonjour,
je trouve dans le compoix d’Espédaillac (1758) dans l’énumération des biens
sujets à allivrement : maison, four, fourniol. j’ai cherché dans plusieurs dico
anciens et ne trouve pas de rapport avec le four ? ms pourquoi ces 2
expressions consécutivement?? endroit où l’on rangeait le bois pr ou près du
four??

J’ai pu lui répondre:

Bonjour,
Je vous remercie de votre commentaire.
Je crois qu’elle mérite un article fourniol  plutôt qu’un commentaire  dans la page d’accueil.
Elle montre aussi que le prof. J.P. Chambon  a raison quand il écrit dans la Revue de linguistique romane 76 (2012)1

Images intégrées 1…..

Le mot  fourniol  se trouve dans le FEW vol. III, p.904 b;
Attesté  à Cahors,  dans l’Aveyron  fourniol, ofourniou,  à Ytrac  fourgnéw,  à  Chavanat (Creuse) fourgnôou,  dans le bas-limousin  fournial  (comme dans le Tarn  fournial)  et à  St-Pierre de Chignac  fourniau. Dans le Poitevin c’est le fourniou  comme dans les Deux-Sèvres.
Le sens de toutes ces attestations est  « pièce où est le four ».
Vu le fait que votre village se trouve dans le Quercy, il n’y a pas de doute sur le sens de  fourniol  dans le Compoix.
Si cela vous intéresse, je peux vous fournir les sources du FEW concernant ces attestations.
Amicalement,

Cette attestation dans le Compoix d’Espédaillac de 1758 est probablement la première. Il reste tujours beaucoup de travail pour les occitanistes :

TLF :

Occitaniste, adj. et subst.a) Adj. Relatif, propre à la langue occitane. La recherche occitaniste (Amiras,1983, no6, p.55).b) Adj. et subst. (Personne) spécialiste de la langue et de la littérature occitanes. Chercheur occitaniste. « On remarque la rareté des occitanistes, leur faible pouvoir d’intégration à l’appareil de recherche, jusqu’à une date récente du moins « (Amiras,1983, no6, p.55).