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Rabas, rabasso "truffe"

Rabas, rabasso « truffe », rabassier « ramasseur de truffes ». L’étymologie est le latin rapum « rave » + suffixe –acea.

rabassié

rabassié

Dans la bas-dauphinois, à Grenoble, en provençal,  en est-languedocien  et en Dordogne rabaso, rabasso  désigne la » truffe », un rabasié  est un chercheur de truffes; celui qui conduit les porcs à la recherche des truffes ».  En dehors du domaine des chercheurs de truffes rabas  a gardé des significations plus proches de son étymon rapum « rave », comme par exemple « racine d’un arbre, souche ».   En Ariège un rabasié  est une « houe pour le vigneron »; l’adjectif languedocien rabassot signifie « courtaud, trapu » (S2), rabasset à Marseille

Rabassa  est attesté en ancien occitan dans le département de l’Aude et les environs  avec le sens « réséda des teinturiers », ce qui est expliqué par von Wartburg1 par le fait que  les feuilles de cette réséda ne sont pas coupées mais vendues  avec la racine. Cette réséda est souvent confondue avec la gaude  « le pastel« . Voir cet article sur le pays de Cocagne. Pourtant la gaude, « guède » en français est une plante herbacée (Crucifères) à petites fleurs jaunes et dont les feuilles étaient utilisées en teinturerie jusqu’au xixe siècle pour leur matière colorante bleu foncé. RollandFlore ne donne qu’une seule fois rabassa  comme nom populaire de cette réséda.

réséda des teinturiers   

Rabas « truffe » est un homonyme de rabas  « blaireau ».

Si vous voulez savoir plus sur l’histoire des rabassaires catalans, dont le nom a la même étymologie, il vous faudra googler…

  1.  FEW X, 74 n24

Rabas, ravat

Rabas, rabat, ravas, ravat « mouton à laine grossière et pendante, commun dans le Piemont, la Lombardie et la Savoie; la peau de ce mouton; la housse de cheval ; peau de blaireau; blaireau (l’animal); blaireau à barbe; putois (chez l’abbé de Sauvages, S2 et à St-Germain-du-Teil (Lozère) ».   Rabatos f.pl. « troupeau de brebis qu’on mène paître sur les montagnes des Cévennes pendant les chaleurs de l’été ».

  mouton face de blaireau Voir le commentaire d’un visiteur!
     

Les formes avec –v- viennent d’après Mistral du Dauphiné, de la vallée du Rhône et de l’Auvergne, mais l’abbé de Sauvages (S2) donne  rabas et ravas « mouton malingre ».

  1. L’étymon est le latin rapax « qui saisit, emporte »,  et comme subst. « voleur ». Le blaireau a la mauvaise renommée d’être un voleur et d’ emporter des céréales dans son nid. Le FEW X,61a-b a  séparé les attestations de rabas « blaireau » des attestations ravas « mouton, peau de mouton, etc. »pour des raisons d’ordre phonétique: le -p- intervocalique en latin devient -b- en occitan, et passe à vseulement dans les parlers du nord occitan.
  2. L’évolution sémantique : « voleur » > « mouton » était énigmatique.

Nous croyons avoir trouvé une explication  surtout pour l’évolution sémantique. Les formes avec un v peuvent s’expliquer par une influence des parlers nord-occitans  et franco-provençaux.

Le blaireau est présent dans toute la France, excepté la Corse. Voir à ce propos ce lien.

Rabas avec le sens « blaireau » se trouve en provençal et en languedocien dans une zone qui va du Var (Hyères, St.-Luc) jusqu’à Millau, où il est déjà attesté en 1474, et à Mende. A La Ciotat c’est un « hérisson » et à St-Germain-du-Teil (Lozère) un « putois ».

Dans le volume Incognita XXII/1,p.283b du FEW, nous trouvons la famille de ravas  « (peau de) mouton à laine grossière et pendante »   attesté en provençal depuis le XVe siècle  et en franco-provençal du Forez .  Par exemple dans l’Isère la ravata est la « laine grossière » et par métonymie ravat prend le sens de son utilisation : « collier de cheval » ou comme en provençal de Barcelonette ravàs « peau de mouton qui sert de housse au collier des chevaux de charette ».

Or dans l’Aveyron et la Lozère sont attestées des formes avec un –b- : robàs, rabas, qui viennent certainement de rapax et qui désignent « une fourrure attachée au collier d’un cheval de trait, ordinairement en peau de mouton, ou de blaireau »  exactement comme le ravàs provençal à Barcelonette.

On peut supposer une évolution sémantique comme suit : rapax « voleur » > « blaireau »>  « peau de blaireau » >  « peau de blaireau utilisée pour le collier des chevaux » > « peau de mouton à laine grossière utilisée pour le collier des chevaux » >  « mouton à laine grossière et pendante » > « mouton (malingre) ». Il  est donc probable que les mots qui désignent le « blaireau » avec un -b- et ceux qui désignent la « mouton à laine grossière et pendante » ont la même étymologie.

Sur le web, j’ai trouvé plusieurs attestations de cette fonction de la peau de blaireau, e.a.:

avec le texte suivant
« de nos grelottières pour attelage « en poste » avec la traditionnelle « queue de renard ». Il nous reste à mettre en place le non moins traditionnel entourage en peau de blaireau ! »Source!

En Auvergne, la brebis Rava fait partie du paysage. Avec plus de 40 000 brebis, cette race avec sa belle tête mouchetée, est gagnante là où d´autres échouent. Source.

Conclusion:  ravas  « (peau de) mouton à laine grossière et pendante » , et les autres mots dans  le volume Incognita XXII/1,283b du FEW viennent tous du latin rapax « voleur ». Les formes avec  -p- > -v- s’expliquent par le fait que l’origine de la race de moutons avec sa tête comme un blaireau  est l’Auvergne, c’est-à-dire une région où l’évolution -p- > -v- est régulière.

 

Rabinar

Rabinar « brûler, griller »est devenu rabiner  en français régional.  « Passar lo gigòt dins la farina e lo rabinar dins l’uèli. « 

L’étymologie de ce mot est intéressante parce qu’elle montre que l’évolution sémantique peut être capricieuse .  L’histoire des différentes significations  est  bien plus intéressante  que le fait de savoir qu’il vient du latin rapina.

Le mot latin rapina  signifie « vol, pillage; action d’emporter (au propre et au figuré), et le verbe rapere  dont il est dérivé signifie « saisir vivement » également au propre et au figuré.    En ancien picard et en anglonormand nous retrouvons ce sens dans le mot ravine avec ce sens « vol ».  Le verbe anglais to raven « vivre de rapine; piller, dépouiller » et l’adjectif ravenos « vorace, féroce » vient de l’anglonormand.

Mais ailleurs c’est l’élément « impétueux, violent; force » qui a dominé et l’élément « vol, rapine » s’est perdu. Ainsi en ancien français ravine signifie « impétuosité, élan, violence » comme ancien occitan rabina et en occitan moderne le dérivé rabinos « impétueux, hargneux ». 

Déjà en  latin  cette notion de violence est appliquée au feu ou à la chaleur. Dans le Gafiot  rapere  est cité avec les sens « prendre feu rapidement » et  « prendre rapidement une couleur ».  En occitan  rabinar devient   « bruler, roussir, griller ».  En languedocien lo rabinel  sont des « lardons rissolés à la poêle » (Mistral).  Dans les Cévennes on appelle rabanelo ce qu’ailleurs est la castagnado. Cette évolution sémantique est limitée au provençal et à l’est-languedocien.  Une belle expression est citée par  l’abbé de Sauvages : un rabino-sardo  » un avare qui met si peu d’huile dans la poêle à frire les sardines qu’il les brule au lieu de les frire ». Le substantif rabina  est « ce qui reste attaché au fond d’une casserole quand le mets a pris trop de feu ».

rabanelo

Par contre appliquée à l’eau cela donne des ravines « pluies torrentielles » et par une évolution qui la cause à l’effet  « petit ravin creusé par un torrent » > » ravin creusé par les eaux » > « ravin » et le mot français ravin.  A La Canourgue rabino est « une pente lavée par des torrents ». Ravin  a été  emprunté par le néerlandais ravijn, anglais ravine « ravin ».

Ces évolutions sémantiques très spéciales ont laissé un vide, et le français comme l’occitan ont emprunté très tôt le mot latin rapina avec le sens « vol ». Pour Giraut de Bornelh , un troubadour limousin du XIIe siècle, un rapin est un « voleur » et en languedocien moderne à La Canourgue un « épervier » est un ausel de ropino, à Pézenas un rapino devient un « orfraie ».

                                                                                                          .                      

ausel de ropino l’épervier                    rapino « orfraie’.

Je n’ai pas d’explication pour la signification  « régal donné à l’occasion d’un baptême » de rabinosa.  Dans le site Ostal Joan Bodon  rabinosa = taulejada « banquet ». Si « banquet » est le sens d’origine, il est possible que ce sens s’est développé à partir du sens « grillade » et il fait partie du groupe rabinel.

Racar

Raca(r) « vomir, rendre ». v.tr. et intr. Etymologie : dans les parlers galloromans, mais aussi en dehors de cette zone, nous trouvons une onomatopée rakk- qui dans la langue d’oïl signifie « cracher » et en occitan et franco-provençal « vomir ». Les attestations de ce deuxième sens vont de Macon jusqu’à Nice et de Nice jusqu’en Béarn.

Au figuré racar signifie  « être forcé de payer » (Alès), sens qui a gagné l’argot parisien vers 1900 (vivant en 2009). Le TLF donne les détails que voici  de l’argot raquer:

Raquer v. a. et n. payer − acquitter une dette). Mot d’orig. dial.: pic. raquer « cracher », prov. racá et lyonn. raco « vomir », d’où raquá « être forcé de payer » (Gard), rakọ́ « débourser » (Rhône), raccâ, racar « payer » (arg. des maçons de la Tarentaise ds Pont, Vocab. du terratsu de la Tarentaise, Chambéry, 1869 d’apr. A. Dauzat, Les Arg. de métiers fr.-prov., Paris, 1917, p. 201). Toutes ces formes correspondent à l’a. fr. rachier « cracher »

Il n’est pas surprenant de constater que cette racine a donné de nombreux dérivés : racaduro (Marseille), rakeyro, raquèira (Barcelonette), rakadze, tous en rapport avec « vomir ».
Un glissement de sens au moins curieux a eu lieu en Saintonge où raquer signifie « avoir la diarrhée ».

Y aurait-il un lien avec l’argot anglais racket « chantage »?  Qui viendrait également d’une onomatopée imitant du bruit et dont l’étymologie n’est pas établie.

Voir aussi posaraca 


Rachalan

Inspiré par une visite de la Combe des Bourguignons  à Marguerittes, j’ai cherché l’étymologie de rachalan.

Wikipedia :

La « combe des Bourguignons » : Le 2 août 1989, un violent incendie ravageait les collines dominant Marguerittes au nord, mettant au jour d’anciens enclos agricoles, avec leur cabane et murs en pierre sèche, édifiés par les petites gens de Marguerittes (ou rachalans) au lieu-dit « la combe des Bourguignons ». Les ouvrages, bâtis à l’aide du matériau calcaire extrait du sol, ont été restaurés tandis que certaines parcelles étaient replantées de vignes et d’oliviers comme autrefois. Depuis 2002, un parcours d’interprétation, long de 1,9 kilomètre, fait découvrir ce qu’était la vie dans la garrigue. Un conservatoire variétal permet également de mieux connaître l’olivier3,4.

Un extrait du site http://www.nemausensis.com/

Le Rachalan  (lien vers la page)
A l’époque où, sous l’impulsion particulière des tisserands, la Garrigue se transforma, de nombreux terrains, incultes jusqu’alors se couvrirent de vignes, d’olivettes, d’amandiers et d’une flore toute nouvelle. Pour mettre ces terrains en culture et les entretenir, terrains dont beaucoup aujourd’hui sont retournés à l’état d’inculte, Nîmes eut alors un type local, devenu introuvable de nos jours : le Rachalan.
Le Rachalan, en langage vulgaire lou racho ou travaiadou, était l’ouvrier agricole travaillant dans la Garrigue, cultivant un bout de champ à lui, soignant particulièrement ceux des autres et faisant les travaux de culture et d’entretien que ne pouvait faire le masetier lui-même, taffetassier, artisan ou bourgeois, occupé ailleurs.
A-dessus dou rache proprement dit, il y avait lou baile rachalan ou chef de colle, qui était un petit entrepreneur de travaux agricoles, ayant sous ses ordres trois ou quatre ouvriers, qu’il employait, concurremment avec lui, aux divers travaux de la Garrigue. La plupart des rachalans possédaient un âne, leur inséparable compagnon de travail : .. lou bechar sus l’espalo, la biasso au col, l’ase davan, lou rachalan camino ver la vigno ; … a écrit Bigot.

Cet âne constituait un véritable capital pour le travaiadou ; il portait un bât auquel on suspendait de chaque côté une banaste, servant à transporter dans les champs les outils du rachalan, le fumier et tout ce qui était nécessaire aux cultures, et à descendre en ville les récoltes diverses de la Garrigue : olives, raisins amandes, etc.
Quelquefois, en plus de son âne, le rachalan avait un chien loubet, ce qui était un luxe et lui valait le surnom de rachalan di double.
ait rachalan dé délai vivié dé soun traval et dé quaouqui soou, embé si fiyo, un ase et soun chin gardo-biasso-loubé qu’à l’oucasioun èro un paou chin de casso (Bigot : l’Ase et lou Chin).

Etymologie.

D’aorès E.Serran, Les masets nimois.  (Revue du Midi. Tome XXII, 1898, pp314-334) p.322 cité par Claude Achard :

Le rachalan est le cultivateur nîmois se rendant à son travail monté sur son âne. Dans l’idiome local rache signifie « âne »

Dans le Trésor de Mistral, les mots racho et racahalan sont bien présents, mais pas avec le sens âne:

RachalanMistralIl suggère une racine romane rascalau  et le sens serait alors « racler » , mais normalement le -s- est conservé dans cette famille de mots qui viennent d’une racine rasicare. Voir par exemple l’article rascar.  Voir aussi le verbe racher dans le CNRTL

 D’autres sobriquets pour les Nîmois dans l’article reboussier

 

 

Radasso "vadrouille; fainéant"

Radasso « vadrouille; fainéant ».  Il y a actuellement  une confusion entre le  provençal   radasso,  le verbe radassà, se radassà  et le mot de l’argot parisien radeuse, radasse   « prostituée », dont le sens  n’est pas compatible avec celui du  verbe marseillais :  « fainéanter »  et dont l’étymologie est pour le moment obscure1.

radasso vadrouille      

Radasso  « balai fait avec de vieux cordages, dont on se sert pour nettoyer le pont d’un bateau »  est à l’origine du verbe  radassà  « balayer avec la vadrouille, nettoyer avec le faubert ». Ensuite on a utilisé ce verbe au figuré   se radassà « se traîner, se rouler à terre »comme les bouts de la radasso dans l’image ci-dessus,  mais en parlant de quelqu’un,  en suite on a pu dire que de celui qui se radasse  > qu’il fainéante  et un radasso   est donc un « fainéant, vaurien ».

La vieille corde dont on fait la vadrouille peut aussi servir à la pêche aux oursins quand on y attache de petits filets (Voir la définition de Mistral ci-dessous) Voici ce qu’écrit un amoureux de la Madrague de Gignac:

PPour commencer cette page historique,je voudrais vous poser une question : savez-vous ce qu’est une « radasse » ? J’en vois déjà parmi vous qui sourit mais le sens premier de ce mot est peut-être moins connu. Pour les pêcheurs de la Côte Bleue, une radasse est un vieux filet qu’on utilisait pour arracher les oursins sur les fonds rocheux en le traînant derrière une barque. Cette façon de pêcher les oursins dévastait les fonds marins en ramenant dans les filets non seulement les oursins de toute taille, mais aussi une moisson d’algues et de plancton. C‘est la raison pour laquelle la pêche à la radasse a été interdite,

L’étymologie n’est pas tout à fait  claire.  Une forme *rasitoria « baguette qu’on passe sur une mesure quand elle est trop pleine »  aurait abouti irrégulièrement à *raditioria  qui  a donné en ancien occitan rasdoira, radoyra  et avec ce substantif on a créé le verbe rada(r) « mesurer à ras avec une baguette ». [ 2.  FEW  X, 92a rasitoria ]  Ci-dessous l’article de Mistral:

Le  sens  « rader »  s’est développé en  « frôler, glisser sur, mettre à niveau » et  appliqué à un oiseau devient « planer » en provençal et en limousin.

Ce qui tombe par terre quand on rade, n’a pas beaucoup de valeur, ce sont des restes, des radas « guenilles » (Mortagne)  et le dérivé radasso  une « vadrouille, écouvillon »;  le verbe radassà  « nettoyer avec une radasso ».   Enfin une radasso  peut être tout ce qui n’a plus de valeur « une vieille bête de somme » à Aix  ou un « vieux canapé » à Marseille.

Faire la radasso   ou  se radassa  « se traîner; se rouler par terre » devient « fainéanter » à la plage du Prado, ou sur un vieux canapé à l’Estaque.  Une activité qui n’a rien de répréhensible.

Marseille Radassà (se) fainéanter, paresser, de préférence allongé. « L’été, c’est agréable de se radasser au soleil sur la plage ».

  1.   Radeuse , radasse est probablement un dérivé de rade « trottoir ».  Voir le TLF rade3

Raïous

Raïou, pluriel raïous « sobriquet des cévénols qui, pendant les guerres civiles sous Louis XIII (1601-1643), étaient du parti du roi. Ce mot signifie Royal ou Royaliste » (abbé de Sauvages). Le patois cévénol s’appelle le raïol. F.Mistral dans son Trésor explique que les raïous sont plus spécialement les Cévenols des vallées et versants méridionaux de la Lozère. Ce nom leur fut donné sous les Valois, à cause de leur vigoureuse résistance contre les Anglais qui occupaient la Guyenne.

Ci-dessous  vous trouverez un poème intitulé « Lous Raious » d’ Albert Arnavielle, félibre gardois, surnommé « l’Aràbi« , d’après son origine et son tempérament (un arabi ou alambi est une espèce de moustiques,dont la piqûre est brûlante), décrit par lui-même dans un poème publié dans Las Raiolos p.166-176.

Albert ARNAVIELLE
22.7.1844 (Alès) – 11.11.1927 (Montpellier)

LOUS RAIÒUS
I
Sèn lous Raiòus de las grandos Cevenos,
De raço antico e franco tiran dre.
Raço racejo: aitambé dins lu venos
Avèn de sang ni mousi ni mai fre.
Dau tems passa gardant fièro memòrio
Soun lous felens ço qu’èrou lous aujòus.
Lou vièl cabus i’a pas de pòu que mòrio,
Car lous Raiòus restaran lous Raïòus

II
Aiman aici nosto fresco naturo,  »
Bello toujour, mau despiè das ivèrs:
Coumbos, nauts mounts qu’an per cabeladuro
Boulegadisso à l’auro, lous boscs verds.
Aiman Gardou que sus la gravo rulo,
Boufant, bramant sous fourèges rajòus,
Noste cèl blu, noste sourel que brulo,
Aiman, aiman lou parla das Raiòus!

III
Dau jour glourious que, de vers la Garouno,
Contro l’Anglés luchant d’ounglo e de pèd
D’un rèi de Franço aparèn la courouno,
Lou noble noum de Raious nous toumbè.
Aquel noum soul dis ço que devèn èstre,
De l’aveni nous mostro lous draiòus
,,O pauro Franço, auriés lèu de ben estre,
Se per enfants n’aviés que de Raïous

IV
Per soun fougau lou qu’amour devario
Soun premiè sòu n’oublidara jamai;
Lou qu’aimo pas sa mairalo patrio
Acò’s segu, la Franço aimo pas mai.
Lou premiè sòu aqui l’idèio soulo
Que pot tira d’omes forts das maiòus
Nautres qu’avèn de fiò dins la mesoulo,
Sèn bons Francès, oi, car sèn bons Raiòus

Alès, janviè de 1872. Los Raiòlos 30 32.

Rampa, rampon

Rampa « crampe », rampon « crampon ». La tuerie  dans l’Arizona (USA) de samedi , décrite comme rampage « saccage, tragédie » par les media américains , doit nous avertir. La violence verbale de politiciens et de journalistes peut à tout moment aboutir à la violence physique.

Le mot rampa de l’ancien bas francique  *(h)rampon, est dérivé de *(h)rampa « crochet, griffe ». Le moyen néerlandais ramp « crampe » signifie en néerlandais moderne « catastrophe, tragédie ».

Gabrielle Cliffords hGa Gabe Zimmerman et 5 autres victimes!

Cf aussi  cat. et l’esp. rampa « crampe » , l’ital. rampa « griffe », rampo « crochet » le prov. et le fr.-prov. rampa, rampo « id. » (TLF)(FEW t.16, p. 658)

Rampelar, rampéou

Rampelar ou rampellar, v.tr et intr. « rappeler, battre le rappel, gronder grommeler; battre de l’aile; renchérir (au jeu) ».
rampeller « traîner, lambiner » mais aussi positivement, comme conseil : rampelle ‘vas-y doucement » (Nîmes et Manduel). Rampeller   signifie aussi  « hésiter longuement, ressasser invariablement la même chose; installer des appelants dans la chasse aux oiseaux » et un rampel « qqn qui hésite, ou ressasse; qqn qui répète inlassablement les mêmes remarques ». Souvent utilisé dans la circulation à Nîmes, à propos de « pépés » dans une Axam.(Joblot).

    

Ci-dessus des images du  jeu de rampéou « rampeau » en français, qui se joue encore en Gascogne et en Périgord;  un jeu de 9 quilles. Il y a une « Place du Rampeau à 46700 Puy-l’Evêque (Lot) et des « Pré du Rampeau » ailleurs.
Andriu de Gevaudan m’écrit : A propaus de « rampelar« . Lo dialòg de Las tres nimfas se pòr trobar dins Pierre Bec : Le siècle d’or de la poésie gasconne (anthologie bilingue), Les belles lettres, 1997. p.125 ss. Nimfa gascona:

S’en man mos hilhs avèn lo temps passat tenguda
La pluma com lo hèr jo poirí rampelar,
Mès entr’eths, d1inquio ací Pallàs s’es vista muda
Car eths an mes amat plan hèr que plan parlar.
traduction 1

Dans les dictionnaires nous trouvons différents jeux, par exemple à Voiron dans l’Isère, c’était « un jeu des enfants qui consiste à faire dans un carré tracé sur la terre 9 petits trous qui reçoit chacun un numéro. On lance une boule vers ces trous; le joueur gagne en entrant dans le numéro 9, au milieu ».

A Marseille un rampèou était « l’action de mettre sur une carte une forte somme » et vu la caractère des Marseillais « querelle, habitude de grogner ». Pour les chasseurs marseillais c’était aussi un « sifflet d’oiseleur » ou « un oiseau qui attire les autres dans le piège par son chant ».  Le sens « querelle, bagarre » se retrouve en français régional de la haute vallée de l’Hérault (Lhubac).

L’origine du mot est le latin appellare « adresser la parole à quelqu’un » avec le préfixe re- qui renforce la signification. Le sens « sifflet des oiseleurs; appelant » est très proche du sens du mot latin.

Dans certains jeux de quilles faire rampeau veut dire « faire partie égale », de sorte qu’il faut jouer une deuxième fois. Ce sens se trouve partout en galloroman.
En occitan s’y ajoutent « renchérir au jeu de cartes » et « sifflet d’oiseleur, appelant ». Je pense que l’évolution sémantique de rampeller dans la région nîmoise a dû être : la notion répétitive dans rampelá « manière de battre sur la caisse en roulant ».
Chez l’abbé de Sauvages nous trouvons encore rampôgno « noise , querelle d’Allemand,  » an toujhour câouco rampogno ils ont toujours maille à partir » et rampougna « quereller, gronder ».

Si vous taper rampelaire avec Google, vous trouverez entre autres: Le groupe des Rampelaïre (ceux qui battent le rappel pour rassembler les gens) dans les Alpes de Haute Provence.


Lei Rampelaire d’Ubajio

En français moderne, au poker, rampeau a le sens suivant: « en cas d’égalité, le rampeau est un coup supplémentaire qui sert à départager les joueurs. Le coup nul est généralement suivi d’un rampeau. » Dans un autre jeu de dés: « Le jeu peut être joué en 1 seul coup. En cas de rampeau (égalité), un nouveau coup sec départage les joueurs. »

  1. Si en mains mes fils avaient le temps passé tenue ».
    « La plume comme le fer je pourrais avoir des prétentions »
    « Mais entre eux jusqu’ici Pallas s’est vue muette »
    « Car eux ont mieux aimé bien faire que bien parler »

Ranconner "hésiter, trainasser"

Renconner ou ranconner « hésiter, tourner, trainasser » verbe nîmois qui se trouve dans plusieurs lexiques des éditions Lacour, mais il est absent de l’Alibert. Le verbe est absent du FEW mais je crois pouvoir le rattacher à l’adjectif ranc « boiteux ».

L’occitan connait l’adjectif  ranc, ranco « boiteux, cagneux » et l’expression fa la ranco galino « affecter d’être boiteux, hésiter, faire la sourde oreille ». Nous le retrouvons en italien  ranco « boiteux » = dalle gambe storte, claudicante. (TLIO)

D’après le FEW1  l’étymon de  ranc, ranco  est le gotique *wranks « tordu, tourné ». En ancien occitan le mot  ranc « boiteux » est  attesté depuis le XIIe s. Le verbe ranquejar, ranqueirar « boiter »  arranqueja  en gascon,   également attesté depuis le Moyen Age.

Dans les parlers franco-provençaux  et  occitans modernes ranc  et les dérivés se trouvent  jusqu’à la ligne Loire-Vosges2. En gascon c’est la forme aranc. 

C’est le mot valdôtain   rangot, rangota « qui est lent, bon à rien », qui me suggère de rattacher le verbe nîmois ranconner  à la même famille.    L’évolution sémantique s’explique facilement. Un boiteux ou un cagneux n’est pas un rapide, il traine.

a pè ranquet     

D’autres mots qui viennent du gotique  *wranks:

L’expression a pè-ranquet  « à cloche-pied » qui est courante dans la région de Toulouse.  A Puisserguier c’est le nom du « jeu de la marelle ».

Dans l’article  du FEW  il y a quelques attestations du dérivé  rancou  « (cheval) dont les testicules ne sont pas descendus , qui ne peut pas être châtré », rángou « qui n’a qu’un seul testicule » à Barcelonnette. D’après le Thésoc le « châtreur » s’appelle ranzèr dans plusieurs villages du Puy-de-Dôme.   Han Schook, a noté à Die rancos  « stérile (un testicule seulement); boiteux »
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  1. XVII, 621a-622b
  2. Pas mal d’attestations dans le Thesoc  s.v. « boiteux »