cat-right

Cambarot

Cambaròt « socassa d’arbre vièlh copat al pè ; dolor del ponhet o del coide d’unes mestieirals ; braçalet escarlatin per s’aparar d’aquela dolor. » (Diccionari). Dans Wikipedia il y avait  un lexique sétois : Lorsqu’on reste trop longtemps à attendre dans une position donnée, on dira qu’on a ou qu’on va attraper le Cambarot. Le cambarot  « tétanisation des doigts » est aussi connu en français régional à Gignac (Lhubac).

Il s’agit d’un composé de camba + rot le participe passé de rompre, ruptum en latin. Le sens « souche d’un arbre » se comprend facilement. Les sens « douleur dans le poignet ou le coude » et son remède le bracelet écarlat s’expliquent peut-être à partir du sens « cloche-pied » attesté à Lyon : à la chambirotta mais aussi à St-Pierre-de-Chignac en Dordogne : cambo routo, quand on ne peut utliser qu’une seule « patte ».

Il y a un lieu-dit Cambarot  à La-Salvetat-sur-Agout.

Cambaròt, -a « pichon crustacèu de riu o de mar ».(Diccionari) . A La Seyne : Cambaròu, cambarot, gambarot « Crevette de mer. » ( Autran). Il doit s’agir d’une crevette avec de longues pattes.

Cambarut « mena d’escacièr (Charadrius himantopus) » (Diccionari).


cambarut

Calanca

A la cale dans une calanque


Une carte amicale reçue ce matin!

En occitan le mot calanca existe depuis la nuit des temps. De nos jours tout le monde connaît les superbes calanques à Cassis et sur la côte près de Marseille. Cela n’a pas été toujours le cas. En français ce mot n’a été adopté que depuis 1690 avec le  sens  «petite crique à l’abri d’un promontoire ».  En occitan la première attestation écrite date du 13e siècle dans un texte provenant d’Arles, où calanca signifie « ruelle étroite ». Dans les patois modernes, nous le trouvons à Champsaur  (Hautes Alpes) chalancha, « éboulis de terre au flanc d’une montagne » et dans le Var, kalanko ou kananko « crevasse de rocher ». Dans l’Hérault à Béziers calanco est « une aspérité d’un terrain raviné » et à Palavas calanca « un petit abri sur la côte ».

            Calanca est connue comme nom de lieu  dans les Alpes au nord de Milan et de Venise, et dans les Grisons en Suisse il y a même une ville  Calanca. On le retrouve  dans les Apennins et dans l’Italie méridionale (Calabria)  ou comme substantif  en Sardaigne, calanca « crevasse » et en Corse

                    

  « petite crique » (voir photo à droite), pluriel calanche (prononcez:  kalanke). La Tour de la Calanca est bien connue des promeneurs. En corse  le mot colônca désigne un « luogo riparato e basso tra monti e poggi ».

colonco

A  Barcelonnette calanca est une « pente raide dépourvue de végetation qui sert de couloir aux avalanches ». D’après Pierre Larousse  on dit aussi carangue,  carangue  ou caranque, mais je n ‘ai pas retrouvé ces prononciations dans les lexiques patois.

Un visiteur me signale qu’en Forez existe le mot chala (le C occitan devient CH chez nous, prononcé comme en français à Lyon, comme le th anglais en Savoie et ts au Val d’Aoste) pour dire « à l’abri ». Il y a aussi le verbe chalar « mettre à l’abri », se chalar ou s’enchalar « se mettre à l’abris. »

Les étymologistes attribuent le mot  à un substrat préroman et même pré-celtique parce qu’il est inconnu dans toutes les autres langues qui sont à l’origine de l’occitan, le latin, le grec, le celtique, l’arabe. Ils pensent aux Ligures qui habitaient la région avant les Celtes et qui ont été repoussés par ceux-ci dans les montagnes. Les Ligures nous ont laissé surtout des noms de lieu qui se terminent par un suffixe en     -oscu , -ascu  ou –uscu, comme par exemple Flayosc (83) Aubignosc (04)  Venasque (  ),  Greasque (13), Blausasc (06). Voir W. von Wartburg, « Evolution et structure de la langue française« . 6e éd. Berne,  Francke,1962.

Calanca serait un dérivé  avec le suffixe -anca d’une racine *cala  « un endroit abrité ».  De nos jours  on dit  dans le Gard : a la kalo  « à l’abri », en français régional  à la cale (du soleil).

L’étymon *cala  se retrouve sous différentes formes, dérivés et composés, dans tout le bassin ouest-méditerranéen, en italien, espagnol et catalan. Comme nom de lieu il est très répandu dans le nord de l’Espagne et en Gaule. Le point le plus au nord en France semble être la ville de Chelles dans l’Oise, appelé Cala au temps des  Mérovingiens.
En français nous trouvons la cale avec le sens « un petit abri pour les navires » depuis 1606, ce qui nous rappelle la calanque.  Au Vigan (Gard) on parlait d’un collobenco « escarpement », un mot composé de cala + benco, et en provençal le verbe acala  veut dire « abriter, tasser , apaiser ».

Le dérivé  de *cala le plus connu et répandu est certainement le mot chalet, à l’origine un « endroit protégé dans les montagnes», ensuite les « bâtiments pour faire le fromage dans les alpages », et de nos jours plutôt une « maisonnette pittoresque dans le style suisse ». En français nous trouvons la cale avec le sens « un petit abri pour les navires » depuis 1606, ce qui nous rappelle la calanque.  Au Vigan (Gard) on parlait d’un collobenco « escarpement », un mot composé de cala + benco, et en provençal le verbe acala  veut dire  » abriter, tasser , apaiser » 

Calada   » rue descendant en galets du Rhône ». Je ne sais toujours pas s’il faut rattacher le mot calade  aux   « galets »,  aux « abris »  ou aux « descentes ».

A Nîmes  la calade est « une rue à galets en pente », d’où  la Place de la Calade . A Avignon se trouve  la rue Petite Calade  et à St.Laurent de Carnols (Gard) La Calade  descendait  vers le cimetière au sud  et le quartier de la Carriérasse. En français régional une calade désigne toute « rue pavée de galets du Rhône ». Le mot calade pourrait être lié à calanque, vue l’attestation la plus ancienne de calanca à Arles avec le sens « ruelle étroite ». Mais dans plusieurs lexiques je trouve le mot calade avec le sens « galet du Rhône ». ». J’ai trouvé une rue de la Calade à Combas (Gard, loin du Rhône) et à Pertuis dans le Luberon…

La rue de la Calade à Baux de Provence.

 En me promenant dans les villages languedociens, je trouve des  rue de la Calade  un peu partout, mais je ne sais si ce sont des dénominations anciennes. 

Un visiteur m’écrit: De plus, pour revenir sur le mot calada, il y a dans la banlieue lyonnaise une ville nommée Caluire (en arpitan: Calury), et qui
s’appelle ainsi parce qu’elle se trouve sur une colline, et que les flancs de cette colline sont couvertes de petites pierres rondes qui descendent jusqu’aux fleuves quand on marche dessus (d’où la recrudescence des murs de soutien le long de ces pentes). Cal– est donc ici dans le sens de « descendre ».

Un autre lecteur vient de me signaler que les habitants: « de VILLEFRANCHE-SUR-SAÔNE sont dits « les caladois ».

D’après A.L.F Rivet & Colin Smith : The Place-names of Roman Britain  on trouve des toponymes  dérivés de cala  dans toute l’Europe. Voici quelques exemples :

Calacum : nom d’une rivière près de Tarente, en Italie du sud ( pour l’étymologie, voir Rivet & Smith, concernant Calacum)
Calacum : probablement le fort romain de Burrow-in-Lonsdale ( = Overborough), Lancashire (selon Rivet & Smith, Place Names of Roman Britain, p 288.
Cala = forme étymologique du nom de Chelles. ( pour l’étymologie, voir Rivet & Smith, concernant Calacum)
Caladuno : aujourd’hui Montealegre, en Léon, Espagne.
Caladunum : aujourd’hui Châlons, France; département de la Mayenne.
Chalaux / CHASLAUS = Chalaus (X°) ; gaulois : préceltique cala – abri / habitation
et avus (gaulois) à Chambolive en Limousin
Cala Figuera, sur l’île de Majorque
CHALLET : Surnom de l’homme qui était originaire de Chalet, l’abri sous roche, puis la maison du latin cala, abri..

Calada, calade

Calada, « une rue à galets en pente », qui peut aboutir à la Place de la Calade . A Avignon se trouve  la rue Petite Calade  et à St.Laurent de Carnols (Gard) La Calade  descendait  vers le cimetière au sud  et le quartier de la Carriérasse. En français régional une calade désigne toute « rue pavée de galets du Rhône ».  L’origine est peut-être du latin callis+ata « chemin très étroit pour piétons » . Le type calada est limité au provençal et languedocien et a été prêté au Lyonnais où il désigne « le parvis d’une église ».


Une autre possibilité est que calade   est un dérivé du verbe latin calare « descendre » ou « cesser en parlant du vent »
(FEW II/159b ).  Le fait que les dictionnaires indiquent qu’il s’agit d’une « rue  en pente », nous le  suggère.  Le  verbe occitan calar, calá « descendre, abaisser,  cesser en parlant du vent » vient  du latin  calare ( emprunté au grec chalan, FEW II/159b ) qui a donné de nombreux sens en occitan, comme en aoc. « tendre un filet », occitan. cala « s’arrêter pour jeter le filet ; s’établir en bon lieu » ; encalá  « faire échouer (un navire) » et en  français  calade « terrain en pente sur lequel on fait descendre un cheval au petit galop », emprunté à l’occitan.
Il est possible que  trescalan, trascalan «millepertuis»,  fasse aussi partie de cette famille, parce que le  trascalan   diminue l’anxiété . (Vous trouverez quelques renseignements à trascalan).
Occitan  calar, (se)calá « (se) taire »  qu’on retrouve en cat., esp. callar  et  port. calar,  s’explique à partir du sens « diminuer » comme en it. calare « devenir plus doux en parlant de la voix ». C’est l’étymologie que je préfère.

Plusieurs lexiques donnent comme premier sens de calade « galet du Rhône », et tout simplement  « pierre » dans la moyenne vallée de l’Hérault (Lhubac). Si « galet du Rhône » est le sens originel, nous avons une troisième possibilité, à savoir  que calade provient d’une racine gauloise *cal- « pierre », dont une variante caljo-  est l’étymon du fr. caillou.

une calade  à Tavel

D’après le TLF  calade  est rentrée dans la langue française et il suit le FEW en donnat comme ‘étymologie   callis.

Voir aussi la page  A la cale dans une calanque.

Cade

Cade  « genevrier, juniperus oxycedrus ». Dans l’Aveyron, l’Ardèche et la Haute Loire (et ailleurs?) on trouve aussi la forme cadre.


cade ou cadre et cadenelo

Le fruit s’appelle cadenelo > français cadenelle (empruntée depuis 1815). L’huile de cade était principalement produit dans le Midi et en Hongrie. C’est à Claret, en plein coeur du vignoble du Pic Saint-Loup que fonctionne encore la dernière usine fabricant l’huile de cade. Dans son site  j’ai trouvé:

« Le cade: le genevrier de nos garrigues méditerranéennes.
L’huile: il s’agit d’un « goudron » extrait du bois de cette plante par pyrolisation. C’est un liquide sombre, à l’odeur âcre, riche en molécules aromatiques, et aux vertus connues depuis la nuit des temps (ou presque). Cette « huile » jadis utilisée par les bergers pour ses vertus cicatrisantes, trouve aujourd’hui ses débouchés au sein des laboratoires pharmaceutiques qui l’introduisent, en quantités infimes dans des shampooings, pommades, savons, etc.

Dans le département du Tarn-et-Garonne,   une sorte d’ aigarden  s’appelle la cadenelà  le « genièvre » local.  Je ne sais si ce boisson est produit de la même manière que le jenever néerlandais ou le gin  anglais. Par conséquent la traduction est peut-être mauvaise.

Etymologie: Il semble que le mot cade est autochtone dans l’est du domaine occitan où nous le trouvons aussi comme nom de lieu : Cadenet (Vaucluse), Cadenet-Perriers, lieu-dit à Sernhac (Gard), Cadenet lieux dits à Lussan, Le Cailar, Castries etc. (Cf. le site de l’IGN), dont l’origine Catanetum est bien attestée. Pour le Gard (M.E.Germer-Durand) il y a plusieurs toponymes:


Le mot catanus « cade » n’est attesté qu’une seule fois dans un glossaire du VIIe siècle et la première attestation en occitan date du XIIIe s. (Deudes de Prades, cf. le TLF). Il pourrait être d’origine celtique mais jusqu’ici on ne l’a retrouvé dans aucune langue celte, de sorte qu’une origine pré-celtique est probable.
L’espagnol cada et le catalan cadec ont été empruntés à l’occitan. Le mot cade a été introduit tel quel en français au début du XVIe siècle.

Broa, broue. Labro

Broa « bord, orée, talus ». Mot trouvé dans la revue La Clau, Bulletin de l’Oubrador Jonquierenc de Provencau, n° 78, Nîmes, Printèms 2005.  A Jonquières existe depuis quelques années la Z.A. de la Broue, en occitan la broa ou la brova. L’auteur mentionne les dénominations La Broue, La Brouve pour 1758 et La Broue pour 1589. Dans le dictionnaire d’Alibert nous trouvons en plus les formes: bro, abro et l’expression : a broa d’uelh  « à vue d’oeil’, et les dérivés broal  « bord d’un champ, partie inférieured’une vigne, berge de rivière » et broàs, broassa « grand talus gazonné, tertre, hallier ».

Pour le toponyme Labro , contraction de  La Broa   voir le commentaire de Christian   en dessous de l’article

 

avant travaux

après

Les parlers occitans ont donc conservé le sens d’origine « bord, bordure », mais le paysage a changé.

Ce mot fait partie d’une petite famille basée sur un étymon gaulois broga « frontière, limite, bord » . On lit dans le vieux Scholiaste de Juvénal, IVe siècle : brogae Galli agrum dicunt  « de la terre que les Gaulois appellent brogae » et ce sens correspond au mot breton bro « pays, contrée », Gallois, brô, ancien celtique *mrogi-« pays, région », ancien irlandais, mruig, persan, marz « frontière, limite ».

La broue  relie notre région à une grande zone dans les vallées alpines du Nord de l’Italie: par exemple en piemontais broa signifie entre autres « bord d’un précipice ». Mistral donne aussi un mot catalan brua mais je ne l’ai pas retrouvé dans les dictionnaires catalans.  Dans le site de l’IGN vous trouverez de très nombreux toponymes composés avec broue, brova, broga, et broa. Si quelqu’un a envie d’en faire une carte et de ma la passer, n’hésitez surtout pas. Dommage que l’agencement du site ne permet plus de regrouper des toponymes.

Dans le Thesoc vous trouverez que dans la Hte-Vienne 3 informateurs ont donné broal comme nom d’un « talus ». Un talus est souvent la limite d’un champ. Durand fournit pour l’Aveyron les expressions a la broa de l’aiga, a la broa d’un cami, le verbe abroar « approcher du bord » et le dérivé broal « une haie à la limite d’une terre ».

A Barcelonette, vallée de l’Ubaye: abrouàr v.a « Faire approcher les brebis du bord des champs, où se trouvent des touffes d’herbes dites abrouas ». Debroua  » débarasser le bord d’un champ de ses brousailles », ce qui était fait à l’aide d’un debrouaire « une serpe pour couper les broussailles ». Suivant la configuration du terrain le type broga peut désigner une « haie », une « bordure de rivière », un « bord gazonné au pied d’une terre » etc., mais la notion de « limite » est toujours présente.

Il semble que l’évolution sémantique a dû être « limite »> « terrain en bordure » > « terrain ». On trouve une évolution analogue dans le mot germanique marka et un évolution dans le sens contraire serait difficile à comprendre.

Voir aussi l’article  breilh  qui vient d’un dérivé  de broga