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Debanar

Debanar, dabanar « dévider le fil; mettre en peloton; bavarder; dégringoler (cabana Hérault, d’après M); bâcler, dépêcher, mourir (Alibert). Provençal et languedocien.

Etymologie : *depanare composé de de + panus  « fil de trame enroulé sur le dévidoir ». Dérivé : debanaire « dévidoir »; débanaduro « fil, soie dévidé ». Ce groupe de mots se retrouve en italien dipanare, catalan et espagnol devanar. La forme donnée par Mistal pour l’Hérault s’explique par un changement du préfixe. FEW III,44b.

Plegar, plier

Plega(r) « plier » mais aussi « emballer » vient du latin plicare « plier ».

Plier a gardé en français régional le sens « emballer » (Lhubac), qui était encore admis par l’Académie en 1835. Le TLF donne l’exemple suivant :

« il (= Napoléon) est entré à Vilna, chassant devant lui l’Empereur, qui à peine eut le temps de plier sa vaisselle. J. DE MAISTRE, Corresp., 1812, p.169. »

En occitan nous trouvons des expressions qui n’ont jamais eu cours dans la langue d’oïl. Se plega la testo « se coiffer » (S), plüga « fermer les yeux; dormir; jouer au colin-maillard », plegá las espaulos « hausser les épaules, plier les épaules ». L’abbé fait une distinction entre hausser les épaules : « on les hausse pour marque de mépris, de pitié, d’improbation; on les plie pour marque de soumission de résignation » Le sens actuel de hausser est d’après le TLF : « Manifester son indifférence, sa résignation ou son agacement par un léger soulèvement d’épaules ».
De plugous est « à tâtons » (S), en béarnais plegá est « plier les gerbes » d’ou la pléga « récolte ». L’abbé de Sauvages cite aussi le mot plégos « les antoques (=?) ou lunettes des chevaux qui tournent en rond pour fouler le grain ».
Le -ü- dans certaines formes comme plugous  est dû à l’influence du verbe *cludicare « fermer », (dérivé de claudere « fermer ») qui a abouti en occitan clucar, clugar « fermer (les yeux) ».

 

Clau

Clau « cléf; robinet d’un fut (cf.Thesoc pour la répartition) du latin clavis « clef »

Clau de Sant-Pèire « lézard gris ». Etymologie latin clavis « clef ». Sant-Peire dans le l’Aveyron.  En grec moderne il y a une autre espèce de lézard qui a un nom apparenté : kleidoo tou …(clef de Saint-Jean).  En ce qui concerne  l’origine de cette liaison entre les Saints, leurs clefs et le lézard. Il y a deux suppositions:
1. St.Pierre règne sur la météo, sur le beau temps et quand le lézard  réapparaît il annonce le printemps.  St.Pierre est remplacé par d’autres comme St.Georges, le patron de la Catalogne.
2. Des clefs ou des heurtoirs ont souvent la forme d’un lézard.

Je croix avoir trouvé la solution dans un article d’Albert Dauzat (BDP 3.2.8.4.5.) qui signale qu’ autour du Mont-Dor (Puy de Dôme) le lézard s’appelle « croix al-iva ». A.Dauzat soutient donc ma deuxième hypothèse.

     

 

Clau de Sant-Jordi, Sant Jordi dans l’Aude et le Lot.

Clau tout seul dans l’Aude et l’Hérault.

Claveto diminutif dérivé de clau. Surtout dans l’Aveyron et le Tarn.

Croz al-iva Puy-de-Dôme (Dauzat, voir ci-dessus). Le passage de la clau de Sant Peire à la Croz(de St Peire) ou l’inverse ne pose pas de problème à mon avis. Voir les images ci-dessus.


Cleda

Cleda, cledo « bâtiment pour sécher les châtaignes; claie pour battre la laine; ratelier pour le bétail; herse » du latin cleta .

       Une cledo transformé en gîte

une claie dans la Meuse, c’est pas pareil!

Il n’y a pas d’attestations très anciennes en latin du mot *cleta  la forme qu’on suppose être à l’origine du languedocien cledo et du français claie*cleta  est très probablement d’origine gauloise, la langue des Celtes sur le continent.  Nous trouvons des représentants de *cleta dans tous les patois français,  en catalan, portugais, basque et piémontais. A voir la nouvelle notice dans le TLF-Etym.

La notion « claie » se spécifie selon les besoins des utilisateurs :  près de Namur en Belgique  cloïe  signifie « appareil suspendu au plafond pour faire sécher les sabots », dans la Meuse c’est un « filet »,   un peu partout c’est « une barrière ou une clôture dans les champs  en treillage», dans l’Aveyron clédo  « claie à battre la laine » et dans le département du Lot et Garonne clède  « plusieurs morceaux de bois ajustés qu’on met de chaque côté de la charrette pour transporter de la paille ou du foin ».  A Béziers où il n’y a  pas de châtaignes,  cledo est le « râtelier  pour le bétail » en provençal cledo  désigne aussi la « herse », dans la Creuse et la Corrèze la « cage à fromage » (Thesoc).
Comme dérivés de cledo nous trouvons entre autres en  languedocien cledado « récolte de châtaignes » et à Aix-en-Provence cledá « fermeture ».

Important! Aucune des significations que je viens de donner n’est présente dans le TLF! Notamment le sens « une barrière ou une clôture dans les champs  en treillage». L’expression « prendre la clé des champs » devient compréhensible quand on l’écrit « prendre la claie des champs ». Je vous rappelle qu’un peu partout c’est « une barrière ou une clôture dans les champs  en treillage»!  La francisation des noms a donné de curieux résultats.

Contibutions à une nouvelle approche.

Contibutions à une nouvelle approche pour expliquer certaines étymologies.

Jean-Philippe DALBERA Des dialectes au langage. Une archéologie du sens (Linguistique française, 13). – Paris : Champion, 2006, fournit de nombreux cas où les différents  noms (signifiants) qu’on trouve dans les dialectes occitans pour  le même sens (signifié), s’expliquent par l’ image qui est à l’origine de ces mots.

Un exemple le martinet. Certains noms du martinet  « s’éclairent à partir de faucilh, qui compare l’oiseau à la lame de la faucille, pour la forme de ses ailes déployées et la vivacité tournoyante de son vol. Comparé à un instrument coupant en mouvement, le martinet devient raspalhòu, rasclòu « coupeur, trancheur  » ou « (petit) barbier  » (manieur de rasoir) : barbairòu, barbairon… Ces formes éclairent l’étrange barbajòu, littéralement « barbe de Jupiter »  qu’il faut renoncer à comprendre autrement que comme une variation arbitraire à partir d’une base évoquant le « barbier » (plus l’attraction gratuite de la forme barbajòu désignant la « joubarbe »). (Compte-rendu du livre de J.-Ph. Dalbera, par Patrick Sauzet, Zeitschrift für französische Sprache und Literatur 118.2, 2008, 173-180.).

Cette nouvelle approche de l’étymologie peut nous aider à mieux expliquer certaines évolutions sémantiques et l’apparition de significations inattendues comme barbajou « hirondelle », jusqu’ici mystérieuse.  Le fait que nous avons trouvé des évolutions analogues dans d’autres langues  peut étayer ces hypothèses.

Cascalhar

Cascalhar  « bavarder » et  barjar, barjaquar   « bavarder »  viennent  tous les deux de verbes qui signifient  « faire du bruit en frappant« .

En regardant ce qui se passe ou s’est passé en dehors de nos frontières, nous constatons que non seulement l’espagnol  cascar « casser »a aussi pris le sens « bavarder » dans le language populaire, mais que la même évolution a eu lieu dans les langues germaniques : en néerlandais kletsen  signifie « frapper avec du buit » et « bavarder » et flamand klappen « parler »,  signifie en néerlandais « applaudir », klap « coup; baffe ».   lL’origine  de l’Anglais  to chat  anciennement  to chatter, est une onomatopée , qui imite un bruit. Les Allemands kwatschen « bavardent », et quand un Allemand vous dit  Kwatsch!  , vous avez proféré du « non-sens« , Unsinn.

Espagnol cascar « briser » et « bavarder ».  cháchara « papoter » un emprunt à l’italien chiacchierare  « bavarder, papoter »  une onomatopée basée sur clap clap ;

Barja, barjaqua « bavarder, papoter »   de  brega  » broie » outil pour broyer le chanvre qui fait un bruit rapide.

Ruscle

Un autre cas qui s’explique de cette façon se trouve dans le mot ruscle  « forte pluie » à Nîmes,  et « une faim de loup » ailleurs. L’évolution sémantique n’est pas évidente. Re + ustulare « brûler, roussir, brûler en parlant du froid »  a pu donner > » brûler de faim », > » avoir une faim de loup »,  comme l’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.

Le sens « averse » est expliqué par von Wartburg (FEW14, 81b) par l’image d’un pré après une averse qui ressemble à un pré brûlé , mais je ne trouve cette explication pas très convaincante.

Raspaye

Par hazard je rencontre une évolution similaire qui se trouve dans l’article raspon  » gratter » (FEWXVI,670a + 768b). Dans  plusieurs villages du canton de Vaud le mot rapaye « action de râper, écorchure » signifie aussi  « bruit de forte pluie; grosse averse ». En effet le bruit d’une forte pluie fait penser au bruit quand on met une viande dans la poêle, ou quand on gratte fortement un objet.

A midi ma femme a fait cuire des saucisses au piments d’Espelette. Essayez! Le bruit des petites gouttes de graisse qui sautent et salissent la plaque, imitent bien le bruit d’une forte averse!

    ruscle

C’est également le bruit  que fait l’estomac quand on a faim qui peut expliquer le sens « faim de loup ».   En néerlandais  rammelen van de honger  « avoir une faim de loup »,  littéralement « secouer, cahoter de faim ». (Un rammelaar est un « hoquet »). En familier on dit aussi mijn maag knort « mon estomac grogne ».

Abrasa

L’étymon braso « braise » a donné abrasa « affamé » dans les Hautes Alpes.

Ivraie  Lolium temulentum

Nl. dolik dér. de dol  « enragé, fou ».  CF. dolik. , notamment d’autres  herbes qui en allemand s’appellent  Tollhaver

Collins English Dictionary – Complete & Unabridged 10th Edition :

Anglais darnel any of several grasses of the genus Lolium,  esp L. temulentum,  that grow as weeds in grain fields in Europe and Asia. [C14: probably related to French (Walloon dialect) darnelle,  of obscure origin]

dolik zn. ‘soort raaigras (Lolium temulentum)’
Mnl. dolik, dol(e)ke [1305; MNHWS]; vnnl. dolck ‘dolik’ [1599; Kil.].
Het woord is wrsch. een afleiding van → dol 1, omdat de plant verdovende eigenschappen heeft. Het zaad ervan is giftig. De naam behoort in dat geval tot de in het Nederlandse en Noord-Duitse gebied vaker voorkomende planten- en diernamen die gevormd worden met -k, zoals → ganzerik, → wederik. In het Middelnederlands bestond daarnaast ook een andere afleiding: dolre ‘dolik’ [1350-1400; MNHWS].
De plant heet in het Engels (bearded) darnel, wrsch. afgeleid van Frans (dial.) darnelle, darnette, dat verbonden wordt met woorden die een toestand van verdoving aangeven. De Franse naam is ivraie, dat wordt verbonden met ivre ‘dronken’. De Zweedse naam is dårrepe, letterlijk ‘gekkenraaigras’. De extensie van de wetenschappelijke naam, temulentum, betekent ‘beschonken’. Ook andere planten kunnen dergelijke namen krijgen: Duits Tollhafer, Tollkraut ‘dolle kervel’ (Grimm, DW II,641) enz.
Lit.: W. Meid (1967) Germanische Sprachwissenschaft III. Wortbildung, Berlin, par. 153

Trantanel « bourdaine »

Le lien sémantique entre « balancer, vaciller, trembler » et les deux plantes « bourdaine » et « garou » n’est pas évident. Bien sûr il y a le tremol, « tremble » mais c’est un grand arbre dont les feuilles tremblent au vent et que tout le monde connaît. C’est en surfant sur le net à la recherche d’une description de la bourdaine que j’ai lu dans plusieurs endroits que les chevreuils raffolent de la bourdaine, qui pour eux est une drogue.
Dans Wikipedia : « son fruit, très prisé des chevreuils notamment, contient un alcaloïde aux effets psychotropes. Les chevreuils qui en consomment en fin de printemps errent sans conscience des dangers, particulièrement sur les autoroutes. » Autrement dit les chevreuils sont comme des ivrognes, ils vacillent. Peut-être qu’il y a eu un transfert de nom de l’effet vers la cause « la bourdaine ».

Voir le nom en nl. Source : http://www.meertens.knaw.nl/pland/woordenboekartikel.php?term=Sporkehout,%20vrucht

Les noms des fruits de la bourdaine dans les parlers néerlandais sont :  dolbeer composé de  dol  « fou » + beer  « baie », klotskers  compose de klots  »   »  kers « cerise », klots + bes  et   duivelskral   composé de  duivel  « diable » +  kral (=?) . Le verbe klotsen est une onomatopée qui dans le sens moderne  imite le bruit fait par un liquide en mouvement, comme des ondes contre   une digue. Un sens très proche du  trant-

Dans l’article trant- (onomatopée) « balancer, vaciller » du FEW , je trouve, un peu caché il faut le dire:
« languedocien trantanel m. « passerina tinctoria » (1674, Littré). Marseille tartonraire « passerina tartonraira (1570) d’ou le nom scientifique. » Lors de la rédaction de l’article trant- , un paquet de fiches avec trantanel a dû s’égarer et par la suite le lien avec la racine trant- a été oublié, de sorte que toute la famille trantanel « daphne gnidium » ou « bourdaine » a été réunie dans les « incognita ».

La  passerina tinctoria est la Daphne vermiculata Vahl, Daphne vellaeoides
Rodr.
Nomenclaturaux : Stellera tinctoria (Pourr.) Kuntze, Passerina
tinctoria Pourr., Chlamydanthus tinctorius (Pourr.) C.A.Mey.

Vedèou, vedel; sauma; anglais calf; néerlandais afkalven.

Mots utilisés pour « éboulis de terre »  d’un mur qui « fait du ventre »; en anglais « scission d’un glacier ou d’un grand bloc de glace »; néerlandais « terrain affouillis par une rivière ou la mer ». Voir l’article vedel, vedeou.

et Harper calf . Le mot calf  signifie aussi « mollet », sens attesté depuis 1275-1325 , emrunt à l’ancien norvégien  kalfi.