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Vim

Vim « osier » vient du latin vimen, viminis « osier ». Le mot latin est un dérivé du verbe viére « tresser » et vimen désigne d’abord les brins d’osier qui servent à faire de la vannerie et ensuite aussi l’arbre.

Vimen a dû occuper une grande partie du domaine galloroman, puisqu’on trouve des restes jusqu’à la frontière linguistique en Belgique et des emprunts dans le moyen néerlandais (wime « brin d’osier »). Mais au cours de siècles  vimen a reculé dans le domaine d’oïl jusqu’à une ligne qui va de la Loire aux Vosges. En occitan nous trouvons le type vim, bim, vin (< vimen) dans l’est et vime, bime, qui repose sur un accusatif refait *viminem dans l’ouest. Dans quelques localités (Corrèze, Cantal, Agenais) qui se trouvent à la limite de la zone vige < vitex, nous trouvons des mots « combinés » type vinzo, vyenze qui ont ajouté à vim la terminaison de vige. Voir Thesoc s.v.osier.

L’osier jouait un rôle très important dans la vie de tous les jours. Nous trouvons par conséquence de nombreux dérivés dans les dictionnaires : bimos « treillis d’osier » (Toulouse), binbignè < vimen viminarius « souche d’osier franc qu’on recèpe tous les ans » (Castres), bimade s.f. « récolte de brins d’osier ».

En dehors du galloroman, nous retrouvons le vim en catalan vim « osier; brins d’osier », espagnol mimbre, portugais vime « osier ».

Voir aussi les articles amarinier et vige

Vesenha, besego

Vesenha « gousse d’aïl », le bezegno d’aïl est « le cayeu de la gousse » d’après S1, veregno dans S2. Le mot est ensuite attesté dans le Gard, la Lozère, l’Ardèche et à Prades. Mistral donne besego, vesego pour le languedocien. En fin à Lodève (ALF p.758) bedena et à Agde bereno, à Belmont dans l’Aveyron blezeno.

L’étymologie est inconnue (FEW XXI, 130b), mais j’ai le sentiment qu’il vient du verbe videre « voir », ou d’un dérivé de celui-ci et que l’image qui se trouve derrière est « oeil » , comme les « yeux » des pommes de terre.

Vedigana

Vedigana,  bedigano s.f. »vigne sauvage » (Toulouse, repris par Alibert)  dérivé du latin vitex « sorte de saule, agnus castus ».

Vitex a abouti à veze, vedze, vige « osier » et se trouve partout en occitan  excepté le gascon. Cf. l’article  vige.   L’agnus castus est aussi appelé pèbre. Voir ce mot.

Le transfert   « saule » > »osier  » se comprend parce que les tiges des deux plantes sont très flexibles et servent aux mêmes techniques. La bedigano est souvent utilisée pour lier les vignes, de là le sens « vigne sauvage ». Languedocien bedisso « scion d’osier » appartient à la même famille vitex.  Voir aussi lambrusquiero

La vedigano se trouve dans les segonnaux (morceaux de terre potentiellement exploitable compris entre un fleuve et ses digues)  du Rhône, et elles y atteignent une longeur démésurée.  Dans les temps anciens, spécialement en Camargue la « vedigano de lambrusco » ou lambrusquiero de vedigan  seule était tolérée dans les embarrages pour frapper les taureaux, car elles sont plus souples que les bâtons ordinaires. (Povéda, Le parler camarguais).

Roumanille a écrit un conte : La vedigano – La verge d’osier. Que vous pouvez lire en cliquant sur ce lien.

 

Nous voyons ici l’intérêt de l’ethnobotanique. Les noms des plantes et leur classification réfèrent à d’autres critères que la botanique scientifique.  Saule, agnus castus et vigne sauvage font des bâtons flexibles: vedigano.

Vige

Vige « rameau, pousse, scion d’osier » (Alibert), mais d’après les données du FEW c’est un des noms de l’osier dans tout le domaine occitan, excepté le gascon.

L’étymologie est le latin vitix, viticem « gatillier ». Le gatillier  servait e.a. à lier des vignes, de là le sens  « osier ».

gat(t)illier

Les formes avec –e- se trouvent à l’Est du Rhône, par exemple Champsaur vese « osier blanc »et en piémontais. A l’Ouest du Rhône c’est vidze, vije, s.f., probablement sous l’influence de vitis « cep de vigne ». Dérivé : vigieiro « oseraie ». En Corrèze vige a pris le sens de « lien du fagot » (Thesoc).

Vèze, Le Vèze existe également comme toponyme.

L’abbé de Sauvages nous fournit un composé : entrevîjhë « viorne, plante rampante à larges feuilles ». D’après le Thesoc entrevidze est le nom d’une clématite, la « clematis flammula » à Quissac (Gard) et à Gallargues (Hérault).  Le nom de cette plante varie énormément. Pour le Gard le Thesoc donne 6 noms différents pour le clematis vitalba, dont redorta.  Ce même nom redorta  (du latin  rĕtŏrtus  « tordu ») est  très répandu pour désigner le « lien du fagot ».(FEW X,337) Cf aussi Thesoc s.v. lien du fagot.

Dans le même article il parle de la viorne à feuille étroite, appelée aussi l’herbe aux gueux, qui a un goût piquant et caustique.

Les Cévenols sont dans l’usage de froter avec l’herbe aux gueux les petits fromages appellés peraldons (sic!) qu’on ménage par là beaucoup plus à cause du goût piquant que cette herbe leur donne.

herbe aux gueux

On le nomme péraudou, pélardou ou pélardon. Il a, quand on le déguste, le parfum poivré de la terre du Languedoc-Roussillon. Le maquis méditerranéen donne au pélardon des saveurs de miel, de noisette et de fleurs. Non loin de là, à l’origine des accords gustatifs de ce délicieux fromage, poussent, des Cévennes aux Hautes-Corbières, chênes, genêts, bruyère et herbes aromatiques.

Fabriqué selon des méthodes traditionnelles, ce petit fromage à pâte molle d’environ 60g est exclusivement fabriqué à partir de lait cru de chèvre et de caillé lactique. Il fait partie des 12 fromages français caprins à bénéficier d’une AOC (AOP). Source qui ne dit rien sur l’herbe aux gueux ….

 

Varaire

Varaire s.m. « (h)ellébore ». Attesté en occitan depuis le XIIIe siècle. Varaire  vient directement du  latin veratrum « hellébore ».  Avec une transformation régulière varaire devient boraire en Aveyron.  A Alès est attesté le verbe envarairá « empoisonner avec de l’hellébore.

Il est conservé en occitan et en franco-provençal, comme en italien: veladro. Par contre en catalan baladre désigne le « laurier rose ». L’ellébore le plus connue est l’ellebore fétide, qui s’appelle aussi pied de Griffon, rose de serpent, patte d’ours, mords-cheval, herbe printanière, favalau, ...(Wikipedia).

L’ellébore était considérée comme un remède universel contre la folie,  dès l’Antiquité. Plus ici.

  

ellebore                                                              ellebore fétide

D’autres noms occitans de l’hellébore dans Rolland , Flore populaire…  Vous y trouverez aussi 2 pages avec les « Usages » et « Folklore » comme par exemple celui-ci pour le Gard:

Un ouvrage indispensable pour celui qui s’intéresse à la botanique et aux parlers galloromans et d’ailleurs. Rolland fait partie des géants de la fin du XIXe siècle. Pour le type veratrum il a relevé :

Pour  le Gard il mentionne aussi: