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Bouscarlo ‘fauvette’

Bouscarlo ‘fauvette’ . Etymologie : dérivé de *bosc « bois ».  Mot formé dans le domaine franco-provençal et occitan. Nombreuses formes dans  FEW XV/1, 200   Dans  le  commentaire p.208 l’auteur explique :  Le point de départ est manifestement un type *boscarula. Le suffixe a ensuite été remplacé par –arde.  En occitan quelqques autres suffixes.  Egalement en catalan  boscarla, boscaler, bosquata.   Bolleti de dialectologia catalana 1922, p.62

Bouscarla FEW15_1_208

Caüs ‘hibou, chouette’

Caüs, gaüs « chouette, chat huant; hibou; effraie »  suivant la localisation, est d’après le FEW XX, 181 un mot d’origine basque dérivé de gau « nuit ». Le mot basque pour hibou est gauonts, composé de gau « nuit » et hunts  « hibou ».  Le mot n’est connu que dans les parlers de l’ouest-occitan, à partir de Carcassonne.

Dans un « post » récent intitulé « Un sonnet de Goudouli »  de Christine Belcikowski,  je trouve une très belle aquarelle d’une chouette et d’un hibou, suivi d’un sonnet de Pèire Godolin, dont le nom est le plus souvent francisé en Pierre Goudouli, ou encore Pierre Goudelin, né en 1580 à Toulouse où il est mort le est un des plus grands poètes occitans. Il écrivait en  toulousain. (Wikipedia). Voici le début:

Le Caüs, le Chot é la Cabéco

Hiér tant que le Caüs, le Chot é la Cabéco
Trataon à l’escur de lours menuts afas,
É que la tristo néyt per moustra sous lugeras
Del gran calel del Cél amagabo la méco2

cavec

cavec

 Chouette Chevêche ou Chevêche d’Athéna (Wikipedia).

Pour l’étymologie de Cabéco voir  FEW II,549cavannus

 

  1. Cette attestation de caüs est bien antérieure à celle mentionnée par le FEW
  2. Hier, pendant que le Chat-huant, le Hibou et la Chevêche traitaient, dans l’obscurité de la nuit, de leurs menues affaires, et que la triste nuit, pour montrer ses étoiles, du grand calel du Ciel mouchait la mèche,

calandreto

calandreto      « alouette à doigts courts »  et  calandreta « école bilingue franco-occitane 1 « . Etymologie: diminutif du latin calandra emprunté au grec κ α ́ λ α ν δ ρ ο ς « alouette » . FEW II, 56 .  Mistral  donne trois diminutifs différents, sans les localiser.

. calandrello, calandreto Mistral       calandreto

Avec ce lien vous pouvez écouter le chant de l’ alauda brachydactyla , enregistré en Kazakhstan.  Dans le site il y a d’autres enregistrements. Plus sur les noms de l’oiseau.

Calandreto est le diminutif de calandro « Alouette méditerranéenne à gros bec jaune, à calotte rousse et sourcil beige«  (Burn. 1970) » CNRTL.

Calandra dans Raynouard

Calandra dans Raynouard

Les poésies de Peire Raimon de Tolosa (1180-1220)  ont été publiés et traduits par J.Anglade dans les Annales du Midi 1919-1920 et sont  téléchargeables ici. en PDF  ou avec le projet Gutenberg  en différents formats, html, epub,  avec des commentaires, etc.

PeireRamonde Toolosa

Le mot français calandre  a été emprunté à l’ancien provençal. En français calandre appartient à la langue poétique; c’est ce qui explique que ce nom a été emprunté par l’allemand Kalenderlerche  et le néerlandais Kalanderleeuwerik.

  1. Vous pouvez écouter les petits de Gaillac chanter ici.

Fricaud ‘éveillé’

Fricaud « qui a le teint frais » M vient du germanique friks friks« avare; vif, hardi ».   FEW XV/2, 171b : ( reprise de l’article publié dans le vol.  FEW III, 803 b)

Appartiennent à la même famille:

Barcelonnette : fric « coquet, pimpant »;

languedocien fricaud, fricáu « éveillé, gentil »

languedocien fricaudéto « moineau »,

Castres fricaudèl « amoureux éveillé, intelligent ».

moineau

Lagagno ‘euphorbe’

Lagagno « euphorbe »  est attesté dans les B.d.Rhône, à Puisserguier et à Pézenas et dans 5 autres villages dans l’Hérault ( Thesoc). Le sens le plus répandu et attesté en ancien occitan de laganhalagagna, lagagnes  est  « chassie1« . Le dérivé lagan  signifie « goutte qui découle des yeux  chassieux »,  laganhos, lagagnous  « chassieux »2

   

Il y quelques dérivés dont le lien sémantique avec « chassie » ne m’est pas clair, mais qu’un ornithologue pourra certainement expliquer: dans la Drôme lagagnousa « fauvette », à Marseille lagagnoua « roitelet » et à Teste lagagnoun « sorte de coquillage ».

En provençal existent des dérivés  comme lagagnoro « pluie soudaine et de peu de durée » qui ont un lien sémantique avec la notion « goutte, larme ».  Le  sens « euphorbe » a le même lien sémantique, comme le sens « pissenlit » , par exemple à Toulouse lagaigno,  et lagaino « renoncule » dans le Gard.

L’étymologie d’après le FEW IV,130  est le latin lagănum « gâteau fait de plusieurs couches de pâte, genre de feuilletée3 » emprunté au grec  λαγανων « gateau ». Pour les formes occitanes le FEW écrit qu’il faut supposer un dérivé ancien *laganea, mais il y a en grec déjà un dérivé qui les explique:

λαγανιον « petit gâteau ».  Le lien sémantique serait la comparaison de la chassie à un petit gâteau à l’huile; comme en allemand la chassie s’appellle Augenbutter littéralement « beurre des yeux »; ik y a aussi l’anglais eye booger littéralement « crotte des yeux » ou crusty  qui sont plus proches du sens « petit gâteau ».  En occitan c’est la notion « goutte » qui a été retenue. Voir ci-dessus.

Le Diccionari etimologic  du catalan propose une origine protohispanique, le basque  lakaiña, mais je n’ai pas réussi à en savoir plus.

Dans l’article Lachusclo j’ai déjà parlé de la pêche à l’aide de l’euphorbe la lachusclada  interdite au XVe siècle à Remoulins. La lecture de cette histoire a incité Gérard Jourdan à m’envoyer un extrait des mémoires de son père, Raymond Jourdan, ouvrier agricole à, Montagnac (34), dont je le remercie cordialement! Le voici:

Mon grand-père paternel (Milou del Cougun) m’avait enseigné un moyen facile et peu onéreux de prendre du poisson. C’était la « lagagno facile et peu onéreux de prendre du poisson. C’était la « lagagno(1)  » et un jour, j’avais 9 ou 10 ans, et avais une confiante infinie en mon grand-père, je me décidai à tenter le coup. La  « lagagno » ce n’est pas ce qui manquait à Montagnac. J’en cueillis un « fai » un fagot, que je plaçai sur un sac et avec le battoir de lavandière de ma mère, j’écrasai les plantes, faisant exsuder le latex. Repliant ensuite le sac, je liai le tout et j’allai jeter l’ensemble dans un gourg de Poudérous(2) où j’avais vu pas mal de poissons : sofis (hotus) en majorité. J’étais avec Marcel Dores et Eugène Nozeran, mes amis d’enfance, et le résultat dépassa nos espérances. Je pense que la totalité des poissons se retrouva le ventre en l’air et nous revînmes triomphants et joyeux à la maison. Mais nos mères respectives soupçonneuses (à juste titre, nous n’étions pas de petits saints), demandèrent l’origine et tout fiers, nous expliquâmes notre truc, et suprême affront pour moi, nous nous fîmes engueuler car, paraît-il, les poissons empoisonnés par le latex des euphorbes étaient immangeables et dangereux à consommer. Je fus extrêmement déçu mais n’ai jamais su si vraiment les poissons étaient dangereux à manger. Je pense qu’ils l’étaient et que le latex tuait les sofis (hotus) mais n’était pas nocif pour l’homme(3). Je n’ai jamais plus expérimenté ce procédé, peut-être aussi mon grand-père s’était-il moqué de moi ? Je ne le crois pas, sûrement qu’il avait ainsi péché dans sa jeunesse et mangé sans inconvénient le poisson.

1 Lagagno : occitan, l’euphorbe. Plante secrétant un latex, lait, « lach » en occitan, d’où son nom et ce latex est, paraît-il, toxique et ce fut vrai pour les poissons.
2 Poudérous : rivière affluent de Hérault, née à Sept-Fonts, de 8 ou 15 km de long et qui garde l’été venu de grands gourgs qui ne tarissent jamais. Le poisson remonte en hiver et au printemps de l’Hérault et restaient parfois prisonniers dans les gourgs.
3 Dans certains pays africains, le latex d’euphorbe est utilisé pour la pêche (NdG)

Cette méthode de pêche s’appelait lachusclada  à Remoulins au XVe siècle. Voir mon article  lachusclo.

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  1. voir Thesoc s.v. chassie.
  2. Gérard Jourdan m’écrit à propos de la marrana : « J’ai souvenir que nous traitions cette maladie de l’oïdium avec du soufre qu’il fallait projeter sur le cep de vigne avec une soufrette (tu dois avoir le schéma dans le document de mon père) ce qui projetait du soufre un peu partout (y compris sur le visage (surtout s’il y avait un peu de vent) et nous rentrions à la maison (le traitement se faisait tôt le matin, justement pour éviter le vent) avec des yeux « lagagnous » et gonflés.
  3. voir Zeitschrift 41,690 . Le FEW écrit que lagagno ne vient certainement pas du gaulois láginon « euphorbe » comme propose Bertoldi Zeitschrift 44,112