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Espatarrar

Espatarrar (s’) « s’étendre de tout son long, écarquiller les jambes, se mettre à l’aise ». s’espatarrer en français régional (Midi Libre juillet 2005).

Alibert donne comme étymologie : Occitan es + pata + ar, mais sans spécifier de quelle pata il s’agit. En occitan il y a pata « patte » mais aussi pata « chiffon » et il n’ont pas la même étymologie. Je pense qu’il s’agit du second : pata « chiffon » qui fait partie d’une famille de mots vivant dans le nord de l’Italie, par exemple piémontais pata « chiffon », en rhétoroman ainsi que dans le sud-est du galloroman et en Lorraine.

Espantar

Espantar « épouvanter, surprendre, impressionner, étonner ». Tu m’espante! en français régional. Espantar a la même étymologie que français épouvanter. latin *expaventare qui n’est pas attesté mais qui a dû être formé très tôt en latin parlé puisqu’on le retrouve en italien spaventare, en catalan, espagnol et portugais espantar. Les formes espand, espantable ont également existé en ancien et moyen français :

Nouveau et important: Voir le Dictionnaire du Moyen Français (DMF) ! avec de nombreux exemples, des liens, bibliographie, les etyma, etc. Vous arriverez sur la page où la recherche se fait à partir d’un étymon. Pour *expaventare cliquez dans la première ligne sur E, dans la deuxième ligne sur X et dans la troisième sur P, ensuite choisissez *expaventare. Vous trouverez les 38 articles.

En occitan moderne et en français régional le sens s’est plus ou moins affaibli par l’ usure comme cela arrive souvent aux mots expressifs. D’autre part espanter devient de plus en plus courant dans des blogs, forums etc.

En occitan moderne on trouve à côté des formes espantar des formes avec –v- : espaventá, espraventá, espabenta, qui sont probablement refaits à partir du substantif espavent « épouvantail ». Voir aussi le Thésoc, s.v. « épouvantail » pour l’ouest-occitan. En provençal comme dans des localités du Gers, Haute-Garonne et des Hautes- Pyrénées on trouve un autre dérivé en ale : espaventau.

Emprunté au français: breton spount et spoñtus « épouvantable ».espaventau

Aligot

Aligot  » préparation culinaire rurale de l’Aubrac ».

Voir la page Aligot, quincarlot, haricot,

Extrait:

A la fin du XIVe siècle apparaît en français le mot hericot ou haricocus du mouton; harigot (DMF article 7 de l’étymon *harion) « ragoût fait avec du mouton coupé et des légumes « . Ce sens est resté vivant dans l’Aubrac, p.ex. olicouót « ragoût fait avec des abatis de volaille », aricot à St-Affrique. Henri Affre , Dictionnaire des institutions, mœrs et coutumes du Rouergue Rodez, 1903, donne une variante pour Laguiole avec la définition suivante: oligot « plat composé de pommes de terre cuites à l’eau et de fromage encore imparfait pris en quantité égale et frits ensemble dans du beurre, qu’on fait à tout festin de noces ». (cité d’après le FEW). L’aligot serait d’abord un ragoût (FEW). Je penche plutôt pour les lambeaux ou les chiffons, notion qui a dû être présente dans l’esprit des noceurs. Nous trouvons la même image dans le mot très à la mode de chiffonnade, anglais chiffonade.

A mon avis la mot aligot (de l’Aubrac) vient directement de ce sens. Vous n’avez qu’à regarder l’image de Wikipedia

Escoubilles

Escoubilles « balayures », vient du latin scopiliae « balayures » mais en fr. rég. de Gignac on fait un « ragoût d’escoubilles ». Ce ragoût est très proche de celui qu’on appelle le quincarlotat. La différence ?? J’ai l’impression que dans le « ragoût d’escoubilles » il y a des restes. Si cette dernière supposition s’avère, on doit admettre que ces restes sont considérés comme des « balayures » qu’on jette normalement. Confirmé dans un blog : « quant au ragoût d’escoubilles, il s’agit d’un plat cuisiné avec des restes (les escoubilles) de viande et de saucisse, accompagnés de légumes et servi en ragoût ou en croustade. »

A Cabrières (Hérault) le mot DAUBE « daube » a été traduit par fricòt* d’escobilhas° (Thesoc)

Ici vous trouverez une recette du ragoût d’escoubilles. Pour la quincarlotte on coupe du mouton en lamelles, ce n’est pas pareil.

L’ Image concerne une autre recette (cliquez ici)

Ailleurs dans d’autres  localités (et d’autres blogs)  les escoubilles sont maintenant les « poubelles » ou même la « décharge ».

Escampar "jeter"

Escampar « répandre, faire couler (du vin), distribuer », intransitif « jaillir »; escampa d’aigo « pisser ».

Ce verbe composé de ex + campus + are est attesté en occitan et en franco-provençal depuis le moyen âge.  En ancien occitan un escapaire est un « dissipateur ». Quand on répand des solides dans des champs, on le jette en général,  de là escampar « jeter, lancer » et s’escampar « s’élancer » verbe fréquemment utilisé dans la course camarguaise. 

En français régional escamper « jeter à la poubelle » vient de l’occitan et non pas de l’italien. (Lhubac)

A ne pas confondre avec l’italien scampare « échapper » provençal escampo « prétexte, échappatoire » d’un *excappare « échapper », influencé par notre escampar. Sur le web en occitan on trouve les deux significations pour s’escampar. Il s’agit d’homonymie.


D’après le TLF le verbe  escamper « s’esquiver » vient du provençal et   escamper  « jeter, faire disparaitre » de l’italien « scampare », mais le verbe italien n’a pas cette signification.