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Cogot-cagot

Cogot « nuque; chignon »du latin cucutium « espèce de capuchon » attesté chez Trebellius Pollio, un historien du IIIe s. dont on ne sait rien sauf qu’il a participé à l’Historia Augusta. Attesté également en ancien languedocien et en béarnais moderne, ainsi que dans le Val d’Aran.

D’après le FEW  le mot latin est un dérivé direct du gaulois *kukka comme nom d’un vêtement très à la mode vers la fin de l’Empire romain. En Sardaigne vit encore kougouttou « capuchon », ailleurs cucuzza avec le sens « nuque », par métonymie. Il semble que basque kukutz « sommet » a la même origine. Le mot occitan a été emprunté par l’espagnol cogote et le portugais cogote, cangote « nuque ». Cucutium serait aussi l’étymologie du nom de la ville Cuoz en Suisse, dans la région rhétoromane, en désignant la colline sur laquelle elle est construite. D’autres toponymes dans la Forêt Noire.

Une forme avec –a-: cagouet « nuque » par dissimilation des deux –ou– est assez répandue dans le Ouest du français (Poitou, Vendée, Berry)

Du Cange s.v. cugus.

D’après Alibert cogot signifie « cagot, cafard » à Toulouse, si je le comprends bien avec le sens « bigot hypocrite ». Aurait-il consulté Du Cange ? qui explique qu’un cougot est un homme cocu consentant qui se tait, que les Lombards (Longobardi) appellent un Arga. L’évolution sémantique  « cocu qui se tait » vers « hypocrite » tout court est une généralisation normale et affaiblit l’étymologie proposée par le TLF:

Étymol. et Hist. 1535 cagot « hypocrite » (Rabelais, Gargantua, chap. 52, éd. R. Calder, Genève-Paris, 1970, p. 289). Empr. au béarnais cagot « lépreux blanc », d’orig. obsc. (dér. de cacare? cf. cagou) (1488 anthropon., d’apr. V. Lespy, P. Raymond, Dict. béarnais anc. et mod., Montpellier, 1887, s.v.; 1551, Fors de Bearn ds Nouv. Coutumier gén., t. 4, 1072 et 1093); le mot qui désignait des populations reculées des vallées pyrénéennes (peut-être à l’orig. affectées de la lèpre ou d’une autre maladie) a été appliqué par dérision aux bigots (pour l’évolution sém. « lépreux » > « hypocrite », v. cafard). (TLF)

Les deux mots cagot et cafard  « cocu » ne sont attestés en français que depuis de XVIe siècle. Je ne dispose pas de documents pour savoir si  le cogot toulousain est un emprunt au français ou l’inverse.

Dans un site catalan, consacré aux us et coutumes médiévaux je trouve:

cugucia, des del segle XI els senyors feudals van imposar un dret públic de justícia a la dona adúltera com a senyor jurisdiccional. A partir del segle XIII, el mal ús del dret privat, consistia en la confiscació de la meitat dels béns de la dona adúltera (quan no hi havia consentiment del marit) o de la totalitat dels béns (quan el marit ho ha consentit), la meitat pel marit i l’altra meitat pel senyor feudal. Etimològicament és un derivat de cuguç, probablement del llatí cucutium, « capulla », « barretina », és a dir cornut, marit enganya per la mulher.

L‘image qui explique cette évolution sémantique est que le mari trompé consentant tire le capuchon, cucutium, devant ses yeux pour ne pas voir.

Du Cange s.v. cugus, explique que cugus signifie « cocu, coucou, cornard » en français et qu’on dit couyoul en occitan. 1.
Couioul « cocu »  se trouve  en limousin (Mistral), et dans le Périgord, à Sarlat,  et à Puisserguier  dans l’Hérault.  Pour le FEW c’est  un dérivé de coleus « bourse »+ -olu2.

A Pézenas  couioul a le sens « folle avoine », Attesté également dans le Tarn, Tarn et Garonne et le Lot kouyoulo, en Lozère kouyogo, dans l’article cuculus « coucou » (FEWII/2,1453b-1454a). Un autre nom de la folle avoine :  coquiole. Couquiol est attesté  avec le sens « cocu » en 1462 d’après le DMF


coquiole

La forme de la balle ou glume de  la coquiole ressemble bien à un « capuchon ».  Ma conclusion provisoire est donc qu’il faudra revoir l’étymologie de couioul; couyoul  et la rattacher à l’histoire du cagot, cogot.  Le sens « mari trompé consentant » peut facilement passer à « mari trompé ».

  1. … et chez nous couz  du latin culpa « faute » FEW II/2,1497b (« Chez nous » veut dire peut-être à Amiens, son lieu de naissance?)
  2. II/2,888a-b

Frago

Frago « fraise ». La fraise est rarement solitaire; c’est la raison pourquoi nous la trouvons généralement au pluriel du latin fraga et non pas au singulier fragum. Par la suite ce pluriel a été pris pour un féminin singulier, qui a été conservé en gascon: frago, arago ( > basque arraga) et en franco-provençal freye. Mistral donne le dérivé flaiousso « fraise » pour le Var.

En languedocien c’est le type pré-roman majofa qui s’est maintenu.

Au Nord de la Loire, les noms de la fraise et de la framboise se sont mutuellement influencés1 Framboise qui vient d’un étymon *brambasi a pris le f- initial de fraga et frey, forme conservée en wallon et en franco-provençal,  a pris le –s final de framboise, ce qui a abouti à freise (depuis XIIe s.). Avec le succès de la culture de la fraise qui commence au XVIIe siècle, la forme de la langue littéraire a supplanté les formes et les mots locaux, de sorte que ceux-ci comme par ex. majofa ne désignent souvent que la « fraise des bois ». FEW III; 478

Emprunté au français : espagnol fresa.

C’est Antoine_Nicolas_Duchesne qui en 1766 donne la première description scientifique de la fraise telle que nous la connaissons. Il semble que c’est l’officier du Génie maritime Amédée-François Frézier revenant d’une mission d’espionnage des ports espagnols au Chili et au Pérou pour le Roi soleil, qui en 1714 a importé en France les fraises chiliennes qui sont à l’origine des fraises actuelles. Un prédestiné?? Le Musée de la Fraise  pense que c’est le cas.

     Frézier

  1. En Corrèze et dans le Puy-de-Dome frezo signifie « framboise »

Fougasso

Fougasso « gateau ».

Etymologie: le mot lat. focacium  un dérivé  de focus « feu », désigne une sorte de pain cuit dans les cendres et non pas dans le four. Le mot est resté en ancien occitan fogasa  1391, en français  fouace, italien focaccia, catalan fogassa, espagnol hogaza, portugais fogaça et dans les patois pour  désigner toutes sortes de gâteaux, tartes, pains  avec ou sans grotillons.

L’expression provençale faire fougasso signifiait « être surpris par la pluie, lorsqu’on  a ses gerbes étendues sur l’aire » et de là « ne pas réussir ». Cette évçolution sémantique peut s’expliquer par le fait  qu’une fougasse  est plate.  En languedocien esfougassa  signifie «aplati » et  le substantif   fougasse « fiasco » (Job) .

          

occitan fougasso, italien focaccia, espagnol hogaza  sont toutes plates!

fourniá, foronisar, denisar

Fourniá, foronisar, denisar « quitter le nid » est composé de foras (dehors) + nidus +are. La forme donné forgnar par Alibert n’est attestée nulle part d’après le FEW 7,122a-b., ce qui est confirmé par les données du Thesoc. Partout c’est foronisà, horoniza dans le Gers, frognar, fo(u)rniá, fourniá. Le verbe existe aussi dans le Bourbonnais, le Centre et le Berry.

Un jeune oiseau qui a quitté le nid s’appelle un fourniau (Marseille), un foronison (Toulouse, Tarn, Castres) ou un froniol (Cahors). Dans la Haute Provence , le Poitou et dans la Sologne le verbe a été renforcé par ex- : s’efforgner « quitter le nid; s’émanciper », qui existe aussi dans le Nord de l’Italie. Voir aussi l’article asirar  « se mettre en colère »  devenu  « abandonner le nid »  > « s’émanciper ».

A partir de nidus ont été formés aussi les verbes  déniar, denizar « dénicher, abandonner son nid » < de + nidare (Creuse, Dordogne) et aniar, anizar « nicher, faire son nid, couver » et s’aniar, s’anizar « se nicher » < ad + nidare.

Dans l’Aveyron le participe passé onià, oniqua, aniat a pris le sens  » affaibli par défaut de nourriture »; ce sens a dû naître sous l’influence d’un dérivé de nihil : (a)nequeriment « faiblesse par manque de nourriture » (FEW 7, 139b).

Toujours dans l’Aveyron on a créé le verbe desonisà « dénicher » < de + ad + nidare , dans la Corrèze désanià (Thesoc) .


prêts à  fournia, déniar, ou denizar.

Foguier, cap foguier

Foguier de l’adjectif latin focarius « ce qui fait partie du foyer ».

En occitan foguier comme adjectif ne se trouve qu’en combinaison avec le mot cap : cap foguier « chenet »(Albi 1200), cafouyé (Aveyron), appelé aussi cafio (S) de latin focus « feu; foyer ».

Comme substantif foguier; fouguier signifie « âtre; foyer » et en occitan moderne « fusil du boucher ». Le mot français fusil  a la même étymologie « pierre à feu » (TLF)

L’utilisation comme adjectif dans le Compoix de Valleraugue :  « et l’étage plus haut d‘autre maison foguiere » (tome 1 179) doit être attribuée à un style cadastral, mais il n’y a pas d’autres attestations à ce que je sache.

cap foguier ou capfio