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Moustèlo

Moustèlo, mostèl, mostèla

  • 1. »belette ». La belette est le plus petit des mustélidés, famille de l’ordre des carnivores et de la classe des mammifères. C’est également le plus petit carnassier d’Europe (± 20 cm) et elle est légère (± 100 gr). (Source).
  • 2. « gadus mustela, poisson de mer ». La « moustelle » en  fr.rég. (en français : motelle) est un nom bien connu des pêcheurs en Méditerranée puisqu’il désigne une famille de poissons de mer, les blennies ou les gades (Gadus mustela, gade brun, gade blennoïde, phycis méditerranéen, etc.(Source).

Etymologie: latin mustela « belette ».

L’étymologie de moustèlo latin mustela n’est pas surprenante. Mais le nom français belette et le grand nombre de noms que le Thesoc fournit pour l’occitan le sont davantage :

  1. beleta, bèlola, bèlolina, beloteta(< bellus); 
  2. causeta (causa)
  3. comairèla (< commater); 
  4. dònabèla (< domina + bella) ;
  5. martol(a) (< martre français);
  6. mostèl, mostèle (mustela);
  7. polida(-bèla), polideta, polit (politus, -a) ;
  8. rat.  on trouve en plus deux types spéciaux : 
  9. pa(n)kezo, pankero et pa(n)let d’après Rolland  en Gascogne.

Pour l’étymologie des différents types suivez ces liens.

Vous pouvez trouver tous ces noms et bien d’autres à la p.114 du tome VII de la Faune de Rolland. Je n’ai pas vérifié les données suivantes : « en italien elle est donnola (demoiselle), en breton kaerell (mot issu de kaer qui signifie beau), en anglais elle est parfois fair (venant de fairy= fée), en espagnol, elle est comadreja (la commère), en roumain nevastuica (la jeune mariée). Les Turcs, dit Sonnini dans son Voyage en Grèce, l’appellent gallendish, et les Grecs niphista, deux mots qui signifient nouvelle mariée. » (Source)

Nous constatons d’abord que la grande majorité des noms de la belette sont au féminin et peuvent désigner également une femme ou une fille. (Excepté rat mais celui-ci remplace  souris).

Ensuite, tous les noms de la belette témoignent de la superstition selon laquelle nommer l’animal de son vrai nom mustela serait l’attirer, et par conséquence mettre le poulailler en danger.

Les superstitions concernant la belette vont beaucoup plus loin et nous viennent de la nuit des temps. Grâce à Gallica j’ai pu consulter un article de Lessiac, Zeitschrift für deutsches Altertum 53 (1912) pp.101-182 intitulé Gicht (=convulsion, spasme). Il nous  apprend que l’attribution de la propagation des maladies à des animaux est un augure lointain de la connaissance du rôle des bactéries.  On relève des traces de cette ancienne théorie dans les noms modernes de certaines maladies comme cancer, chancre (< latin cancer « crabe »), loup ou lupus, (< lupus « loup »), scrofule (dérivé de scrofa « truie ») et francais teigne qui vient du latin tinea « ver rongeur ». Il semble que dans la médecine populaire ce type de dénominations soit beaucoup plus fréquent. Cela ne veut pas dire qu’on tenait les animaux pour cause de ces maladies. Il s’agit là plutôt de métaphores, d’images, témoins des affects liés à la douleur ou à la considération des symptômes.

Dans la mythologie la belette, le chat, la souris et le rat, le crapaud et le serpent représentent le souffle, l’âme, la vie et par conséquence la femme. Pensez aux nombreux contes de fées dans lesquels ces animaux jouent un rôle en rapport avec l’éternel féminin !

Schuchardt et d’autres considèrent ces noms de la belette comme un echo lointain du mythe de Galanthis:

« Dans la version la plus connue, celle d’Ovide, Galanthis,  » fille du peuple », tente d’aider sa maîtresse Alcmène, qui est sur le point d’accoucher d’Héraklès.  Héra, jalouse, veut empêcher la délivrance imminente. Galanthis se joue de la déesse en lui racontant que l’accouchement est fini. La déesse relâche son attention, et la délivrance d’Alcmène survient. Essuyant les moqueries de Galanthis, la déesse se venge alors en la métamorphosant :

 » Lucine […] transforma ses bras en pattes antérieures.
Son zèle d’antan subsiste et le pelage de son dos n’a rien perdu
de sa couleur ; mais sa forme est différente de ce qu’elle était.
Pour avoir aidé une femme en couches d’une bouche menteuse
elle enfante par la bouche ; et comme avant elle hante nos maisons[3].  » (Ovide)

L’animal, qui n’est pas nommé par Ovide serait précisement une belette. Les Anciens croyaient en effet que la belette « conçoit par l’oreille et enfante par la bouche » et Pline l’Ancien parle de la belette « qui erre dans nos maisons ». (Wikipedia). La belette jouait a l’époque le rôle actuel du chat.

Alcmène accouche

Ci-dessous le détail

Galanthis punie

Ci-dessous deux miniatures : la belette mettant bas .

et la belette ressuscitant ses petits

Concernant l’inquiétante féminité de la belette, il y aussi la fable bien connue d’Ésope, Aphrodite et la belette  qui raconte comment Aphrodite accéde à la prière d’une belette amoureuse d’un jeune homme en la métamorphosant en femme. Mais elle lâche une souris dans la chambre nuptiale et l’épousée bondit hors du lit pour la capturer et la dévorer. Courroucée, la déesse la rend sa forme initiale.

Un autre récit mythique relatif à la belette, l’associe à la sexualité féminine sous le signe de l’excès. Cf. l’article très fouillé de Sylvie Ballestra-Puech dans le site de l’Université de Nice (Rursus), L’araignée, le lézard et la belette : versions grecques du mythe d’Arachné.

La belette joue aussi un rôle dans la mythologie celte. Mère du roi Conchobar, Assa a été dans sa jeunesse une princesse douce et facile . Mais, suite à une agression, elle apprend à se défendre et reçoit alors le nom de Ness, qui signifie « la belette« . Un jour, le druide Cathbad tue son escorte. Comme son père se révèle impuissant à punir l’outrage, elle prend les armes et lève à cet effet une troupe. Mais le druide est rusé. Il s’arrange pour la surprendre nue, au bain, et elle se voit contrainte de l’épouser . Ils auront deux enfants.
Le Loch Ness (connu pour son monstre) est un lac très long et effilé à l’image de la belette.

A propos de l’expression « être une moustelle », Christan Camps dans Expressions familières du Languedoc et des Cévennes. Bonneton, 2003, note qu’ elle désigne « quelqu’un de mince et de santé fragile » par comparaison avec le corps allongé de la belette. Expression confirmé par mon informateur de Manduel :

« Ma mère disait pour une personne (surtout un enfant), fluet, maigre et très vive: « Es uno bravo moustello ».

La relation entre l’homme et la belette est équivoque. D’un côté la belette représente le souffle, l’âme et la vie, la femme qui donne la vie, comme le chat, la souris et le rat, le crapaud et le serpent.  E.Rolland cite le dicton « encore est vive la souris »  pour dire « nous sommes encore en vie », et  l’expression pour dire d’une femme qu’elle est  enceinte : « elle a le rat au ventre ».  C’est pour cette raison que  beaucoup de noms de la belette signifient à l’origine « jeune fille, mariée, jeune femme ».   Nous retrouvons la même idée  en dehors du  galloroman, comme  par exemple en allemand populaire Fraülein, Praitele « mariée », en danois brud « mariée », basque andereder « dame belle », en bavarois Schöntierlein « belle petite bête »etc.

D’autre part la belette souffre d’une mauvaise réputation. Elle est  mortelle dans le poulailler. Il y a d’autres  croyances, qui doivent faire peur.    Si un porc est paralyse des jambes de derrière, on dit que c’est la belette qui lui est passé dessus. Si la belette passe sur le dos d’une personne ou d’un animal, ils ne pourront plus se relever, ou, tout au moins il y aura une déviation de la colonne vertrébrale. (voir Rolland Faune, VII, p.123 p.121).

Le nom mustela se révèle ainsi dépositaire d’un double tabou ! S’agit-il là d’un paradoxe de fait ? Je le crois. La vie n’existe pas sans la mort.

 

Manoli

Manoli, marseillais papo-manoli « grosse bouteille carrée, de verre noir » voir l’article  damojano

Damojano

Damojano « dame-jeanne ». Pour l’élément  dame  voir l’article na.

Français dame-jeanne est probablement forgé par les marins du sud de la France, cf. catalan damajana (TLF qui cite Mistral). Lazare Sainéan a montré dans la Zeitschrift 30(1906) p.308 que l’image qui est à l’origine de ce mot est en effet Dame Jehanne. Il a trouvé que beaucoup de grosses bouteilles avec des anses ont des noms de femmes, parce qu’elles donnent l’image d’une femme qui pose ses bras sur les hanches. Une des premières définitions de dame-jeanne est  » très grosse bouteille munie d’anses,  servant au transport des liquides ».  Thomas Corneille écrit que c’est un mot des matelots. (Dictionnaire des sciences…, par Thomas Corneille, 1694.)

Vous trouverez beaucoup de formes et transformation comme par exemple dame-  remplacé par  marie- , ainsi que les emprunts par d’autres langues ) la fin de cet article et surtout  dans le FEW III, 126

               
amphore                         dame-jeanne
                              Sculpture d’Amy Fischer

Le TLF écrit : Formé de dame et de jane  » bouteille, récipient pour les liquides  » attesté en 1586 et par Cotgrave (1611) , emploi humoristique du prénom féminin Jeanne par allusion à la forme rebondie de cette bouteille (cf. Christine  » grande bouteille de grès pour l’eau-de-vie « , provençal manoli, marseillais papo-manoli « grosse bouteille carrée, de verre noir » < Emanuel). Mistral a proposé une autre étymologie, un dérivé de dimidius « demi » : *demidianus.

Le mot dame-jeanne a eu beaucoup de succès et a été emprunté par l’italien damigiano, l’espagnol damajuana et même le basque damasa, l’anglais demijohn ( cliquez pour la prononciation) et l’arabe damagana.

Nauc, nauca, nauquet "auge"

Nauc,nauca, nauquet, nauqueta « auge des porcs » dans l’ouest de l’occitan (Ariège, Tarn-et-Garonne, Gers, Haute-Garonne) voir Thesoc. Nauc  signifie  « abreuvoir » dans la Gironde, Hte-Garonne, Lot-et-Garonne; nauca dans l’Ariège, Gers, Hte-Garonne. Voir aussi les articles naut, et nais

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Mistraldonne des formes pour tout le domaine occitan, mais il semble que le mot a disparu du vocabulaire courant dans beaucoup d’endroits. Pour des raisons d’évolution phonétique, le FEW suppose que les formes provençales de la région à l’est du Rhône,  type nau sans -c final viennent du latin navis, navem « bateau » et les formes à l’ouest du Rhône de *navica, ou *navicum « petit bateau ». La forme anau est le résultat de l’agglutination de l’article : la nau > l’anau; la forme avec un -c final n’apparaît pas à l’est du Rhône.

*Navica a donné en français noue  « angle rentrant par lequel deux combles se coupent » . Dans les dialectes le sens s’est souvent spécifié et est passé à « gouttière entre deux toits ». Voir le DMF pour le moyen français noc « gouttière, gargouille, conduit ». Dans le Centre et le Midi c’est le sens « auge » qui domine: nauko (Aude, Ariège, Hte Garonne et Tarn). Le maintien du –c final dans beaucoup d’endroits reste inexpliqué, mais il n’y a aucune attestation de nauc à l’est du Rhône et la forme anau au singulier, vient certainement de navis

Je pense que l’anglais nook « coin » a la même étymologie. (Mais cf.Harper: nook c.1300, noke, of unknown origin.)  Néerlandais nok « (poutre de la) faîte du toit; angle supérieur du voile d’un bateau » pourrait également y appartenir.

      
  français noue                                         néerl. nok

Voir aussi l’article  naut « auge, creux dans terrain ».


Naut

Naut « auge » est attesté dans la Hte Garonne en 1535.

Dans l’article *nau-to « auge, trou creux dans le terrain », un mot gaulois, le FEW a rassemblé un petit nombre de dérivés, comme náwto « récipient pour les graines; petite vallée » (Lanne-Soubiran), nautolo s.f. « grande auge portative », dispersés en occitan et en franco-provençal.

Le féminin de la racine *nau- : nava existe encore en espagnol nava « cuvette dans un terrain » et dans de nombreux toponymes en Espagne, France et le Nord de l’Italie. Français : Nave « combe, vallée » (Pégorier).

Le cirque de Navacelles

Peut-être y a-t-il un lien avec nau  ou nauc.

Nai, nais

Nai(s) « abreuvoir » (Thesoc). Mistral définit nais comme « routoir » pour rouir le chanvre, sens attesté depuis le XIVe siècle. Han Schook a recueilli a Die nais ou  naisas  s.m. « routoir de chanvre, bassin pour rouir le chanvre »,   et le verbe naisar, naisir  « rouir le chanvre ». Le sens « auge » se trouve dans un autre texte de la même époque. Le mot s’est maintenu dans les Alpes Maritimes et à Forcalquier avec le sens « abreuvoir » (Thesoc).  Dans les dictionnaires on le trouve dans les parlers provençaux et franco-provençaux ainsi que  en Poitou et les deux Sèvres, mais il y est rare. A Barcelonnette nais signifie « routoir » et « prairie marécageuse », à La Ciotat c’est un « lavoir ».  Cette évolution sémantique s’explique par la disparition de la culture du chanvre.

L’étymologie n’est pas claire. Meyer-Lübke a supposé un germanique natjan « mouiller », W.Gerig propose dans sa thèse de 1913 un gaulois n(e)ax, mais ni l’un ni l’autre étymon  ne rend compte des formes provençales. Le FEW (VII,24a-25b) suit la proposition d’Antoine Thomas : *nasiare « mettre à rouir le chanvre », mais il n’est pas clair si le verbe a été formé à partir du substantif ou l’inverse, et l’origine de ce verbe reste obscure.

    

Neou, neu; nevar

Neou « neige », neu Neu continue le latin nivem l’accusatif de nix. Le mot a également existé en ancien français : neif, noif, mais par l’évolution phonétique, dans ce cas la chute de la consonne finale -f, noi pouvait signifier « neige » ou « noix » et noi est remplacé par neige dérivé du verbe neiger du latin *nivicare à partir du XIVe siècle

Le même mot nivem se retrouve dans toutes les autres langues romanes: italien neve, catalan néu, espagnol nieve, etc.


dunes de neige

Nevar  « neiger ».  La répartition géographique des deux types verbales neva « neiger » qui représente un latin *nivare et le type neiger qui représente le type *nivicare  nous rappelle l’histoire des mots pour désigner le tablier. Le verbe neva se trouve non seulement en occitan et ibéroroman, mais également dans le domaine de la lange oïl dans un demi-cercle autour de l’Ile de France, l’ouest, le nord et l’est. L’influence du parler de Paris a été tellement forte que le type neiger a pu supplanter le type neva dans une partie de l’occitan par exemple à Limoges nejá.

Il y a bien sûr un lien avec les autres langues indo-européennes, par exemple l’anglais snow. Voir entre autres le site etymonline qui donne : O.E. snaw « snow, » from P.Gmc. *snaiwaz (cf. O.S., O.H.G. sneo, O.Fris., M.L.G. sne, M.Du. snee, Du. sneeuw, Ger. Schnee, O.N. snjor, Goth. snaiws « snow »), from PIE *sniegwh-/*snoigwho- (cf. Gk. nipha, L. nix (gen. nivis), O.Ir. snechta, Welsh nyf, Lith. sniegas, O.Prus. snaygis, O.C.S. snegu, Rus. snieg‘, Slovak sneh « snow »). The cognate in Sanscrit, snihyati, came to mean « he gets wet. »

Nèci, nèssi

Nèci, nèssi, nècia adj. et subst. « nigaud, imbécile, niais ». Pour l’abbé de Sauvages nèci est  synonyme de baou. Dans le Gard le mot a été traduit à plusieurs endroits par « fou » (Mathon), ailleurs aussi par « paresseux, lent ». Nîmes nessi « fou ». A Alès est attesté le dérivé bien occitan neciardas « homme inepte« .

Nèci vient du latin nescius « qui ne sait pas ». La forme prouve qu’il ne s’agit pas d’un mot indigène, mais d’un emprunt au latin d’église. dans des paraphrases de  Matteüs 19:14, « Sinite parvulos venire ad me  Marcus 10:14  ou Lucas 18:16  « Sinite pueros venire ad me, et nolite vetare eos. talium est enim regnum Dei. » Parvulos  et pueros  ont été traduits dans les sermons par « innocents » ou « qui ne savent pas » . Voir le sens du mot niais « qui sort du nid » dans le TLF.

Ancien français nice « faible, innocent » a vécu jusqu’au XVIIe siècle. Qualifié de vieux ou régional dans le TLF. Anatole France l’a encore utilisé avec une connotation positive: « C’était une jeune paysanne assez jolie, l’air simple, nice et doux « (A. FRANCE, Vol dom., 1904, p.316).

Le mot a été emprunté très tôt par l’anglais où nice a eu une évolution sémantique étonnante : de « timide, peureux » (avant 1300); >  » fastidieux  » (vers 1380) > « delicate » (vers .1405) > « précis, soigneux » (vers 1500, conservé dans des expressions comme « nice distinction« ) > « agreable, delicieux » (1769) > « gentil, bien  » (1830).
Cela me fait penser au mot brave qui en français et dans les autres langues qui l’ont emprunté, a eu une évolution comparable :  de « courageux, sauvage  » > « bon, gentil » > « gentil, dit avec condescendance à qn.> « un peu niais »; ce dernier surtout dans le Midi.

neci et  » It’s nice to see you again. »