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Tif taf

Tif taf « mot inventé pour exprimer cette palpitation, ce battement de cœur que nous éprouvons quand la peur nous prend. Son cor et farrié tif taf » . 

J’ai rencontré cette expression dans le manuscrit  de  Joseph Séguier, prieur de Saint Jean de Valériscle (Gard)  en 1747,  SeguierI 35r.

Je ne sais pas si cette expression est encore vivante quelque part en occitan.  Si vous la connaissez, veuillez me le faire savoir. merci d’avance.

Mon  ami du Sidobre, le petit géologgue,   m’écrit:

 « ok, mais, dans les montagnes sidobriennes, on dit: »cette chose là me fait envie »: aquo mé fa tifo tafo » si tu préfères: j’ai bien envie « de », mais effectivement ça correspond à une palpitation, mais ………..pas du tout de peur, plus tôt d’envie, de hâte d’essayer, etc etc!!!! »

Deux attestations en plus de 250 ans pour cette belle expression.  Comment a-t-elle pu échapper  à tous les dictionnaires ??

L’échoppe du petit géologue me fa tifo tafo!

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Tibla, tribla

Tibla, tiblo, tribla « truelle »; tiblado « truellée ». L’abbé de Sauvages (S1) ajoute

« en style bas une tapée, donne-moi une bonne tapée de soupe. »

Tibla   est attestée en truelle Arles St_Blaiseprovençal depuis le XVe siècle seulement. mais comme  il y a encore beaucoup de documents à dépouiller, nous pouvons espérer des datations bien antérieures.

D’après le FEW tibla représente le mot grec tryble, τ ρ υ β λ η « écuelle, plat ». La forme, plus spécialement le -i-,  et l’extension géographique, provençal, languedocien et auvergnat, indiquent qu’il s’agit d’un des mots qui ont rayonné à partir de Marseille.

Beaucoup de mots techniques  nous ont été légués directement par les ancêtres helléniques des Marseillais et non pas par l »entremise des Romains. Les Grecs  ont apporté pas mal de techniques notamment dans le domaine de  la viticulture, cf. empeutar, et de la construction, cf. androune. Voir aussi le l’article petas, pedas une histoire de Grecs et de Romains. Si vous jetez un coup d’œil sur mon Index Etyma, vous verrez qu’il y a toute une série de mots occitans qui viennent directement du grec, sans passer par le latin.

Il n’est pas toujours facile de déterminer l’origine d’un étymon, grec ou latin, parce que les Romains étaient friands de mots grecs, un peu comme nous adoptons  des mots anglais, ou comme faisaient les Anglais qui empruntaient  des mots français depuis la Bataille de Hastings,1066 jusqu’au XXe siècle; cf. l’Index anglais.

Testard, teston

Un Testard n’est pas quelqu’un qui aime subir des épreuves ou tests  mais « têtu » en occitan , adj. ou subst. La première attestation de 1300 vient de Béziers.

Testard est dérivé du latin testa « vase de terre cuite, pot, cruche » qui dans la langue populaire a très probablement servi à désigner la « tête ». Nous avons des attestations à partir du IVe siècle, de  testa avec le sens  « crane », et  le passage sémantique crane > tête est sans problème. (« pars pro toto »). Pourtant il faut attendre le Xe siècle pour trouver une attestation écrite.

En latin testa signifie aussi « coquille » en parlant des fruits de mer, et « coquille de noix, d’œuf « , dont on a trouvé des attestations en ancien occitan depuis le XIVe s.  Il peut s’agir d’un emprunt au latin ou de la survivance, difficile à savoir étant donné que la forme n’a pas changé.

Le latin avait aussi le mot testu, testum « écuelle, couvercle, pot en terre cuite », d’où en français têt « coupelle » et têt « crâne » (voir TLF) .

Teston « petite tête », diminutif de testa « tête ».  Alibert définit ce mot comme le TLF « Monnaie d’argent frappée à l’effigie d’un monarque, d’abord en Italie, puis en France sous le règne de Louis XII, et qui valait à l’origine environ dix sols. »  Je me demande si cette définition est très courante en occitan.

Test.  L’histoire de test> creuset > épreuve en anglais:

Empr. à l’angl.test, issu de l’a. fr. test « pot » (v. têt et test1) et désignant, en m. angl., une coupelle de métallurgiste servant à isoler les métaux précieux,…

est expliquée dans le TLF.

Terraire, terroir

Terraire « terroir » vient du latin territorium « territoire ». Avec ce sens il a abouti en ancien occitan à terridor, en français à terroir. Cette forme sans le changement de suffixe se trouve principalement dans l’ouest-occitan.

Avec un changement du suffixe -itorium > -arium > terrarium est devenu terraire ce qui signifiait pour l’abbé de Sauvages « banlieue d’une ville ». Latin territorium signifiait d’abord « la terre labourable appartenant à une ville » et c’est cette signification qui est plus ou moins maintenue dans le mot terraire. 

Pourquoi ce mot dans ce dictionnaire? Parce que je me suis rendu compte qu’il est pratiquement intraduisible. Notamment dans l’emploi actuel

« Ces terres considérées du point de vue de la nature du sol qui communique un caractère particulier aux productions, notamment au vin. » (TLF)

Cette notion du terroir est à l’origine des notions comme, appellation d’origine contrôlée, etc. En allemand par exemple on parle de Rheinwein, Moselwein, en néerlandais de Goudse kaas, Edammer.  mais la notion « terroir » n’existe pas. A tel point que le fromage appelé Gouda  peut être fabriqué en France.  Depuis 2010 seulement le nom  Gouda Holland  est protégé et le produit doit venir des Pays Bas.  Il ne reste  qu’une seule ferme à Gouda où ce fromage est faite.

A mon avis le terroir fait partie de l’identité française. Nous voyons quand-même que dans d’autres pays, comme l’Allemagne et les Pays Bas, on a commencé à comprendre l’intérêt de cette notion.  Dans le site allemand   Weinwiessner est écrit le Rheinwein n’existe pas.! 

J’ai essayé de traduire en plusieurs langues Sentir le terroir, avoir la saveur, le goût du terroir. Le résultat  est toujours quelque chose comme  « sentir la terre » ou le mot terroir  est maintenu.

Tavanejá

Tavanejá « bourdonner ; au figuré « errer, voltiger à l’aventure ça et là sans desein  » (1750, Sauvages). Français régional tabanéjer « idem ». (ML 8-2004). Dans sa « Faune populaire de la France » vol.13, p.183, (1911) E. Rolland mentionne un emploi figuré pour Tarascon    « papillonner autour des jeunes filles », ou « faire la coquette devant les garçons « .  Dérivé de  tavan.

Tavanejaire « qui fait des va-et-vient » (And). Dérivé du précédent.

Estavani

(s’) estavani  « s’évanouir, se pâmer »voir tavan

Tavan

Tavan « frelon, taon », en  français régional  taban (Lhubac) surtout au figuré : « quelqu’un qui n’arrête pas de bouger » vient du latin tábanus d’origine non-indo-européenne parce que ce mot existe  uniquement dans les langues romanes.

La prononciation a été assez tôt adaptée aux habitudes latines et tábanus est devenue *tabánus.  Une première attestation en ancien occitan  tavan « sorte de grosse mouche qui, durant l’été , tourmente de ses piqûres les bœufs, les chevaux , etc. et qui s’attaque aussi aux hommes, taon » se trouve chez Marcabru un troubadour gascon du XIIe siècle qui était surtout doué pour la satyre (ça pique !).

     

Le mot est commun au franco-provençal et à l’occitan. En occitan moderne il y a de nombreuses expressions comme a ‘n tavan dins lo tèsto « il est toqué »,  ou  d’uno mousquo si fa un tavan « d’une mouche il fait un taon », c’est à dire « il s’inquiète ou se décourage d’un rien ».

La distinction entre les différentes grosses mouches qui piquent n’est pas toujours évidente, de là  tavan « bourdon » ou « hanneton »(St.André de Valborgne). A Alès  un tavan-mérdanciè « fouille-merde » (au fig. ?), à Marseille tavan merdancier: « personne qui agace en revenant sans cesse à la charge », et dans les Bouches-du-Rhône on a même un tavan-banaru( = un taon avec des cornes) « capricorne ».

Le verbe composé *ex- + tabánus :  (s’) estavani  « s’évanouir, se pâmer » limité au frpr. et l’occitan a du suivre l’évolution sémantique suivante : «  s’inquiéter » > « troubler » > « troubler la raison » > « perdre connaissance ». 

Tabar « bourdon » et tabaóu « nigaud » (S) font partie de la même famille. Alibert rattache taban « nigaud » à tabal « tambour », sans explication.

Tavanás « imbécile », est dérivé de tavan.(Taleyrac 2004).

Tauvera, talvera

Tauvera, talvera s.f. « bord de champ qu’on ne peut travailler ». Un visiteur de la Haute-Vienne m’écrit :

Il y a bien longtemps, j’ai guidé les vaches de mon père pour tracer ce premier sillon : « Pitit, vene m’ajudar per far la tauvera! ».

Un mot qui a traversé des siècles. L’origine est une racine gauloise *talu- « front » (de la tête), en irlandais moderne tul, tulach « front », breton tal « front, pièce arrière (de barrique, charrette, & bateau…), & chevet, parement, pignon. ». Aux temps de Celtes a été formée une forme *talwa avec le suffixe -ara > *tálwara qui par métaphore a pris le sens de « bord d’un champ » conservée en Anjou tôvre « talus », dans le centre de la France tauvre « espace de terrain inculte, relevé en forme de butte », à Barcelonette táoubra « bord non cultivé d’un champ ».

*tálwara > tálvera parce que le deuxième –a- était atone. Par la suite d’un déplacement d’acent tálvera est devenu talvéra que nous rencontrons dans le Dauphiné ainsi que dans le centre et l’ouest de l’occitan : tarvéra « espace nécessaire pour tourner la charrue, à chaque extrémité d’un champ labouré ».  Le même sens existe  dans les Hautes-Alpes, Alpes Maritimes, Tarn et Garonne, le Quercy, Aveyron , Lozère, etc.

Les Corréziens sont des joyeux drilles : tóouvéro y a pris en plus le sens « tour de danse ». Un autre suffixe, -enna, qui est probablement d’origine prélatine, est à l’origine de certaines formes.  Notamment en dauphinois et en rouergat le suffixe -era a été remplacé par le suffixe plus courant -aria : à Forcalquier towveyra « bordure qui se laboure en travers », Aveyron toubeyro. Dans le Massif Central a été ajouté le suffiix latin –ella : Allier travellen, Thiers tovelo , Ambert tèuvello « chaintre, lisière d’un champ ».

tauvera et en Corrèze :

Tauvera, talvera ne sont pas les seuls qui ont traversé les siècles. D’autres familles de mots formées avec talu-* : talpena « auvent », talabaltz « bouclier », et des taumon « motte de terre » en franco-provençal (Suisse)