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Robert Geuljans le 24 Oct 2011 dans
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Sarga « serge ». L’étymologie est la même que du mot français serge: serica ou *sarica « tissu en soie » emprunté par les Romains au grec sèrikos [1. Le TLF écrit: Du lat. pop. *sarica (d’où aussi roum. sarica « bure », esp. et a. prov. sarga « serge »), altér. du lat. class. sērica, fém. pris subst. de l’adj. sēricus « de soie », lequel est empr. au gr. συρικός de même sens, dérivé de Ση̃ρες « les Sères », peuple d’Asie qui produisait de la soie. TLF. ] Attesté en Lozère sarga avec un sens généralisé « drap » (Thesoc).
Mais il y a deux questions.
- La première : d’où vient le mot grec συρικός? comment le nom d’un tissu très noble et très cher a-t-il pu dégringoler à ce point pour désigner une « étoffe grossière dont la chaîne est de fil et la trame de laine »; far de sarga veut dire « faire de la mauvaise besogne » d’après Alibert. Tous les représentants de serica dans les parlers galloromans ont subi cette dégradation. On se sert de la sarga pour transporter le foin ou couvrir un cheval.
- La deuxième question concerne l’histoire et l’origine du mot soie. Le TLF écrit: Du lat. pop. sēta, lat. class. saeta « poil (rude) d’un animal; crins » d’où « tout objet fabriqué en soie ». Pourquoi le français a-t-il aussi bien le mot soie « soie » et créé d’autre part à partir de serica le mot « sériciculture »?
Pendant ses conquêtes vers l’Asie, Alexandre le Grand , a exploré les routes que mille six cents ans plus tard, Marco Polo appela « la route de la soie ». Pour les Grecs de l’époque la soie venait d’un peuple lointain, les Sères, qui habitaient la Serica, un pays au delà de la Terra Incognita ! Sur la carte ci-dessous « Scythia et Serica ».
A gauche sur la carte la mer Caspienne.
Ci-dessous : Les « Routes de la soie ». si- lù ( n.) en pidgin
Depuis quelques années les savants savent que les Sères sont les « Tokhariens », c’est-à-dire les authentiques Ars’i-Kuci et que le pays des Sères est l’actuel Sin Kiang Pour en savoir plus! .
Sin-Kiang actuel en pidgin si « soie ».
Il semble que le mot grec sèrikos ou surikos est un dérivé du mot chinois si.
L’anglais silk a peut-être la même origine, mais le mot a fait un autre voyage. Dans le site Etymonline l’ auteur cite les formes Manchourian sirghe, Mongolien sirkek. Les mêmes formes sont données dans dans le Saga book of the Viking Society for Northern Research :
Sagabook of Vikingclub 7
La forme balto-slave shelku ou silkai est passé en anglais par les relations commerciales et peut refléter une forme dialectale chinoise. Cela veut dire que l’importation de la soie dans le Nord de l’Europe est passée par l’ Est de l’Europe. Mais les critères linguistiques ne permettent pas de déterminer le chemin par où le silk est arrivé chez les Vikings Il est également possible que le mot silk est une altération slave de la forme grecque, introduit par les marchands arabes dans l’Est de l’Europe. Pour en savoir plus cliquez sur les miniatures.
Le mot sériciculture a gagné la bataille et ne s’est imposé qu’au XIXe siècle. Voir mon article magnan.