cat-right

Naut

Naut « auge » est attesté dans la Hte Garonne en 1535.

Dans l’article *nau-to « auge, trou creux dans le terrain », un mot gaulois, le FEW a rassemblé un petit nombre de dérivés, comme náwto « récipient pour les graines; petite vallée » (Lanne-Soubiran), nautolo s.f. « grande auge portative », dispersés en occitan et en franco-provençal.

Le féminin de la racine *nau- : nava existe encore en espagnol nava « cuvette dans un terrain » et dans de nombreux toponymes en Espagne, France et le Nord de l’Italie. Français : Nave « combe, vallée » (Pégorier).

Le cirque de Navacelles

Peut-être y a-t-il un lien avec nau  ou nauc.

Nèci, nèssi

Nèci, nèssi, nècia adj. et subst. « nigaud, imbécile, niais ». Pour l’abbé de Sauvages nèci est  synonyme de baou. Dans le Gard le mot a été traduit à plusieurs endroits par « fou » (Mathon), ailleurs aussi par « paresseux, lent ». Nîmes nessi « fou ». A Alès est attesté le dérivé bien occitan neciardas « homme inepte« .

Nèci vient du latin nescius « qui ne sait pas ». La forme prouve qu’il ne s’agit pas d’un mot indigène, mais d’un emprunt au latin d’église. dans des paraphrases de  Matteüs 19:14, « Sinite parvulos venire ad me  Marcus 10:14  ou Lucas 18:16  « Sinite pueros venire ad me, et nolite vetare eos. talium est enim regnum Dei. » Parvulos  et pueros  ont été traduits dans les sermons par « innocents » ou « qui ne savent pas » . Voir le sens du mot niais « qui sort du nid » dans le TLF.

Ancien français nice « faible, innocent » a vécu jusqu’au XVIIe siècle. Qualifié de vieux ou régional dans le TLF. Anatole France l’a encore utilisé avec une connotation positive: « C’était une jeune paysanne assez jolie, l’air simple, nice et doux « (A. FRANCE, Vol dom., 1904, p.316).

Le mot a été emprunté très tôt par l’anglais où nice a eu une évolution sémantique étonnante : de « timide, peureux » (avant 1300); >  » fastidieux  » (vers 1380) > « delicate » (vers .1405) > « précis, soigneux » (vers 1500, conservé dans des expressions comme « nice distinction« ) > « agreable, delicieux » (1769) > « gentil, bien  » (1830).
Cela me fait penser au mot brave qui en français et dans les autres langues qui l’ont emprunté, a eu une évolution comparable :  de « courageux, sauvage  » > « bon, gentil » > « gentil, dit avec condescendance à qn.> « un peu niais »; ce dernier surtout dans le Midi.

neci et  » It’s nice to see you again. »

Negochin, negafol, neguati

Negochin « petit bateau de pêcheur »  est  un mot plutôt provençal,  même s’il est attesté aussi dans leGard. L’étymologie est le latin necare + cane « chien ».  Le verbe necare   signifie « tuer qn avec violence » en latin classique, mais son sens s’est restreint à « noyer » dans presque toutes les langues romanes.

Ce nom est même passé en français. Dans le Grand Larousse de 1874  est écrit: 

NÈGUE-CHIEN s. m. (nè-ghe-chiain – du provenç. négar, noyer, et de chiain, à cause du danger de se noyer que l’on court en montant un de ces bateaux. Le mot périssoire a une origine toute semblable). Très-petit bateau dont on se sert pour chasser le gibier d’eau. On dit aussi NÈGUE-FOL.  NOIE-CHIEN  synonyme de nègue-chien

Negofol qui vient de necare + follis 1 est le mot courant de la rive droite du Rhône jusqu’à  Toulouse, le Tarn et Agen, mais dans cette dernière ville nègo-fol désigne la « renoncule aquatique ».

nègofol agenois

Mistral connaît beaucoup d’autres composés avec négo-:

        

Dans le Midi Libre du 25 juillet 2011, il y avait un article sur les activités de l’association Siloe. « Le neguati a été sorti de l’eau il y a quelques jours; les travaux de restauration supervisés par Siloe commenceront à la fin du mois. »

neguati article ML

J’ai l’impression que la forme neguati « barque traditionnelle des étangs de  Camargue »  donné par le Midi Libre est une adaptation régressive au français de la prononciation locale négatchi > negati  mais je n’en suis pas sûr.

 Voir aussi l’article ganchou

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  1. en latin classique « soufflet pour le feu; outre gonflée; ballon; bourse de cuir » qui a pris à basse époque en emploi adj. le sens de « idiot, sot » TLF

Neou, neu; nevar

Neou « neige », neu Neu continue le latin nivem l’accusatif de nix. Le mot a également existé en ancien français : neif, noif, mais par l’évolution phonétique, dans ce cas la chute de la consonne finale -f, noi pouvait signifier « neige » ou « noix » et noi est remplacé par neige dérivé du verbe neiger du latin *nivicare à partir du XIVe siècle

Le même mot nivem se retrouve dans toutes les autres langues romanes: italien neve, catalan néu, espagnol nieve, etc.


dunes de neige

Nevar  « neiger ».  La répartition géographique des deux types verbales neva « neiger » qui représente un latin *nivare et le type neiger qui représente le type *nivicare  nous rappelle l’histoire des mots pour désigner le tablier. Le verbe neva se trouve non seulement en occitan et ibéroroman, mais également dans le domaine de la lange oïl dans un demi-cercle autour de l’Ile de France, l’ouest, le nord et l’est. L’influence du parler de Paris a été tellement forte que le type neiger a pu supplanter le type neva dans une partie de l’occitan par exemple à Limoges nejá.

Il y a bien sûr un lien avec les autres langues indo-européennes, par exemple l’anglais snow. Voir entre autres le site etymonline qui donne : O.E. snaw « snow, » from P.Gmc. *snaiwaz (cf. O.S., O.H.G. sneo, O.Fris., M.L.G. sne, M.Du. snee, Du. sneeuw, Ger. Schnee, O.N. snjor, Goth. snaiws « snow »), from PIE *sniegwh-/*snoigwho- (cf. Gk. nipha, L. nix (gen. nivis), O.Ir. snechta, Welsh nyf, Lith. sniegas, O.Prus. snaygis, O.C.S. snegu, Rus. snieg‘, Slovak sneh « snow »). The cognate in Sanscrit, snihyati, came to mean « he gets wet. »

Nerta

Nerta « myrte » est provençal (1331 Maguelonne FEWVI/3,316b). D’après le commentaire du  FEW VI/3, 317b,  cette forme provençale repose sur une forme grecque mürta, latinisée localement en mœrta devenue merta par une évolution régulière et nerta par assimilation du m- initial au -t- de la deuxième syllabe.

Ailleurs c’est la forme latine murta avec un -u- long qui est à l’origine de l’occitan : murta (1300 Béziers) prêtée au français au XVIe siècle, murtro (Sauvages). Au XVe siècle est attesté un murta « sumac des corroyeurs » à Montpellier. D’après Rolland Flore, le nom nerto a traversé le Rhône dans le Gard où il a pris le sens de « sumac », à côté de murtro, multre « myrte » (Nîmes XVIe s.). A partir du XIVe siècle on trouve mirte re-emprunté au latin myrtus, dans des textes botaniques et cette forme française remplace par-ci-par-là la forme occitane.

le fruit du myrte fabrication de la mortadella

En ancien français mirtille est le « fruit du myrte », mais assez rapidement transférée sur l’airelle noire.
En Italie on fabrique certaines saucisses épicées avec des baies de morta mortella, de là la mortadella.
Mistral donne nertas avec le sens « coriaria myrtifolia » appelé  rodo, redoul, et ebriago .

Nieira ‘noir;e; puce’

Nie(i)ra « puce » vient de l’adjectif latin nigra « noire » feminin de niger.

La plus ancienne attestation vient d’un manuscrit conservé à la bibliothèque de Trinity College (GB), dans lequel le grand philologue Paul Meyer a trouvé un recueil de Recettes Médicales en Provençal, qu’il a partiellement publié dans le revue Romania, 32. Le texte date du XIIIe siècle et l’auteur vient probablement de la région des Saintes-Maries-de-la-Mer (13). Voici la recette en question:

(Pour tuer des puces, faites cuire de la semence de concombre sauvauge dans de l’eau et jetez l’eau dans la maison.)

Nous trouvons en occitan  deux formes : nie(i)ra et negra. La première se trouve en provençal et languedocien, la seconde dans les dép. de la Corrèze et du Lot ainsi que dans quelques villages des départements voisins. Voir le Thesoc les cartes puce. ( Injoignable à cause de ?)Voir le FEW  VII,129 ss toujours disponible. Nous constatons une grande différence de la répartition géographique du type negra quand nous le comparons avec les cartes du mot noir, dans lesquelles le type negro est presque omniprésent. Le FEWVII,129 explique que la forme nie(i)ro est celle qui est issue régulièrement du latin negra, et que le –g- dans la forme negra  « noire » est dû à l’influence du latin; mais je ne trouve cette explication pas très convaincante. Qu’est-ce que le mot noir a de spécial qui le lie au latin ?  Il suppose que les méridionaux entendaient plus souvent les mot latin que les franciliens.  Peut-être.

C’est l’occasion de parler eu  nUn peu de littérature occitane. J’ai rencontré le mot niero en parcourant les Nouvé  « Noëls » en provençal de Nicolas Saboly (1614-1675).   Saboly était un grand musicien et un excellent poète. Je le comparerais volontiers à Georges Brassens. Un des Nouvés les plus appréciés était le n°35 : Sant Jóusè m’a di.. chanté sur l’air de Noste paure cat …. (texte et musique) qui  comprenait 7 couplets.

Saboly Nouvé 35 mélodie populmaire

Saboly Nouvé 35 mélodie populmaire     Ce lien vous donne le texte complet et la musique. Soboly était un grand musicien et un vrai poète; Le Brassens de l’époque.

 L’éditeur du texte,  Fr.Seguin ajoute l’explication de texte suivante :

cliquez pour la suite en PDF

Vous constaterez qu’avec l’orthographe étymologisante  de « de » mais det « doigt » (Panoccitan) le jeu de mots se perd.

La Coupo Santo. Un peu plus loin dans le même livre je trouve la mélodie du Nouvé 64, que Mistral a repris pour la Coupo Santo. Melodie + texte Nouvé 64 Saboly
Mélodie + texte Coupo Santo

Nim

Nim « sorte de drap ». De nos jours le denim.

Dans un texte intitulé Etat du commerce en Languedoc, de 1744, je trouve: Les Nims qui sont fabriqués, partie avec des laines d’Espagne et partie avec des laines du pays, et les Londres larges qui sont tous de ces dernières, ne donnent pas à beaucoup prez autant de profit à cause de la rareté et de la cherté des laines.
En bas de la page : Nim largeur : une aune 1/5 Prix 8 livres 10 sols (en couleurs assorties).

Et une remarque intéressante, dont je vous laisse l’interprétation :

Ce profit seroit bien plus considérable si le fabriquant avoit la liberté d’expédier des draps par le port de Cette au lieu de les faire passer par les mains des négociants de Marseille, qui y mettent eux mêmes le prix et qui s’assurent toujours un gain certain, sans partager les hasards de ce commerce. On scait le préjudice que la Province recoit de cette gène, et les démarches que les Etats ont fait jusques à présent pour lui procurer une liberté qu’il est naturel qu’elle désire et qu’il paroit juste de lui accorder. »

En tout cas les Marseillais n’ont pas changé.

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Nonante

Nonante cf. huitante

Nouvè, Nau, Nadau, Nadal

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Nouve(l) « Noël ». Le mot courant pour Noël en provençal et est-languedocien est Calenda. Pourtant il y a pas mal d’attestations de Nouvè,  e.a. dans le Trésor de Mistal :

L’étymologie est l’adjectif latin natalis « relatif à al naissance » qui était également utilisé comme substantif avec le sens « jour de naissance, anniversaire ». Dans la langue de l’Église le sens est devenu « le jour de la naissance de Jésus ». Nous le retrouvons en italien natale, catalan nadal, portugais natal et en galloroman principalement dans le Nord jusqu’à la Loire et dans l’Ouest du domaine occitan. (Cliquez sur  la carte)Il y une belle carte des noms de Noël :  Nau, Nadau, Nadal, Nouvé, Chalendes  dans le livre de  Lectures de l’ALF ((Voir Source, s.v. ALF), qui ne donne pas les mêmes résultats, en particulier pour Calendas,  malgré le fait que la source est identique.  Il faudra vérifier avec l’ALF.

Nous trouvons dans le Gard, à Alès  nadàou, St-Jean du Gard, Valleraugue nadal, etc. Voir aussi le Thesoc, qui atteste nadal dans pas mal de départements 1

Natalis a abouti dans la région parisienne à une forme avec –o- ancien français noé, nouvel, probablement par dissimilation des deux -a-, et dans de nombreux dialectes la forme parisienne a supplanté la forme indigène nadal. Cette invasion est de date relativement récente. Cecii est illustré par une comparaison des données de l’Atlas Linguistique de la France (1908-1910), avec celles des dictionnaires plus anciens. En Provence, la forme Noël est plus ancienne et désigne la « cantique populaire, chanté le jour de Noël; l’air de cette cantique », attesté depuis Cotgrave 1611.

Un nouël était aussi le « cri de réjouissance que poussait le peuple à la naissance d’un prince, etc. ». Cela ne se fait plus de nos jours!

Le mot nouël, nouvelet « refrain ou chorus d’un chant de Noël ». Cliquez ci-dessous:  le  Nouvé 35 de Saboly.

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  1. ARIEGE, CORREZE, CREUSE, DORDOGNE, GERS, GIRONDE, HAUTE-GARONNE, HAUTE-VIENNE, HAUTES-PYRENEES, INDRE, LANDES, LOT-ET-GARONNE, PROV. DE LERIDA (ESPAGNE), PUY-DE-DOME, PYRENEES-ATLANTIQUES, TARN-ET-GARONNE.

Nouvel-an

A l’occasion de voeux de la nouvelle année les occitans  disen,t lors du Réveillon:

 Bon bout d’an

A l’an que ven

Se sion pas mai

Que signan pas

men