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Boulechou

Boulechou « filet de pêche utilisé sur l’étang (sc. de Thau), tiré par deux nacelles » (Covès). Alibert boleg, bolieg « boulier (filet de pêche); pêche à la traîne. Dérivé bolejon « filet de pêche à mailles étroites ». Catalan bolitx.  Bouletchou  vient du grec  βολος (bolos) emprunté par les Romains  > latin bolus « coup de filet ». Une vidéo sur la pêche au bouletchou. à Mèze.

Le boulechou [boulétchou] qui s’appelle ailleurs boulié, bouliech (Mistral) et en ancien occitan bolech (Levy) a subi une métamorphose en passant au français pour devenir un »boulier« .

  

Pourtant le boulechou « boulier »  n’a rien à voir avec la pétanque.

L’histoire de ce mot est assez amusante et montre l’ignorance des Français de la langue occitane. En occitan existe le mot bòu « coup de filet; produit d’une pêche par bateau; poste que doit occuper un pêcheur pour ne point endommager les filets des autres ». Mistral donne les formes bòu, vol et bol pour le languedocien. Tira lou bòu « lever le filet ». L’étymologie de ce mot est le latin bolus « coup de filet » ou directement le grec βολος .

Mais il y a un autre bòu ou buou en occitan. Il faut dire que ce bòu venant du latin bovem « boeuf », est plus  connu  et les francophones ont confondu bolus > bòu « coup de filet » et bovem > bòu « boeuf » de sorte que nous trouvons dans le TLF s.v. boeuf « Bateau-bœuf, chalut-bœuf.  Le chalut-bœuf est un filet tiré par deux bateaux opérant comme une paire de bœufs traînant une charrue«  (A. BOYER, Les Pêches mar., 1967, p. 54). »  Cette explication de A.Boyer est erronnée bien sûr. Il s’agit d’une forme d’explication qu’on appelle étymologie populaire, mais l’image est tellement forte qu’on a appelé le même type de filet tiré par un seul bateau une vache.(Je n’ai pas encore retrouvé l’attestation). Voir pour une histoire analogue l’article ser volant.

une vache

D’après le TLF le boulechou s’appelle en français la « dreige », le « gangui », la « drague » ou « chalut » (…) et est constitué par une poche conique ou quadrangulaire fabriquée en filet, qui est traînée sur le fond, l’ouverture béante (BOYER, Pêches mar., 1967, p. 53).


Mon texte et l’image ci-dessus viennent de Henri de la Blanchère, La pêche et les poissons. Paris 1868. Vous voyez qu’en 1830, bien avant les décrets de Bruxelles, il y avait déjà une réglementation très stricte concernant la pêche avec lou boulechou.

Le contrôle n’a pas été assez sévère, puisque de nos jours le Chalut pélagique ou le boulouchou ou boulier ou gangui est un piège à cétacés. Prises accessoires de cétacés, une menace pour la biodiversité.La flotte française de chalutiers pélagiques est, de loin, la plus importante d’Europe. Voir le site de  Greenpeace pour plus d’information.

Le mot français boulier « long filet à poche traîné par bateau le long des côtes ou tendu aux embouchures des étangs salés » est un emprunt à l’occitan. Le dictionnaire de Bescherelle de 1845 hésite entre différentes graphies : boulier, boulièche, boullière, bouillette, bouliche, boulèch. Voir à ce propos le TLFboulier.

Le fils de Raymond Jourdan de Montagnac  m’a envoyé en commentaire :

Bonjour,
dans ses souvenirs, mon père évoque un bateau, au Grau d’Agde, qu’il appelle « mourré dé porc »(bateau à l’étrave camarde) qui servait pour la pêche avec un filet tiré par deux bateaux appelés en français bateaux-boeufs.
Dans Mistral (page 1078), je trouve à l’article VACO, BACO, BAQUE, VACHO la définition suivante :
« faire la vaco » : se dit d’une tartane qui traîne un filet de pêche, par opposition à « faire lou buou », qui se dit de deux tartanes qui traînent un filet de conserve.
On retrouve donc la vache et le boeuf comme vocabulaire de la pêche en Méditerranée.

J’aimerais connaître la source de Mistral.  Dans son article boulier, boulietch  il écrit que le bouliech est une méthode de pêche sétoise.

     

La forme  bòu du latin bovis  « boeuf » est très, très rare en occitan, et même  inconnue en languedocien où on dit biou  (Voir le Thesoc).   Bòu, bol signifie « coup de filet » et vient en effet du grec βολος comme il écrit.  A un moment quelqu’un, un estranger ?, a confondu  le bòu  et le biou,  pour rigoler,   ce qui a abouti au chalut-boeuf, et la vache.   Faire un bòu blanc « ne rien prendre »  (Mistral).  

 

 

 

Boufigue

Boufigue « ampoule dans les mains » . Dér. de *bouf-  En occitan le sens va de « petite enflure » jusqu’à « vessie ».

Boufaire

Boufaire  « jeune lapin »  voir  bouf-

Boufarèou

l’ ange boufarèou voir  bouf-

Boufanados

Boufounados « facéties » voir bouf-

Bouf-

Boufadou, « soufflet rustique en sarbacane », dérivé de l’ancien occitan bufa « soufflet de forge ».  Un bouffadour  à Murat (Cantal) était un « canon de fusil avec lequel on allume le feu en soufflant dedans ». Un des nombreux représentants d’une onomatopée *bouf ou *pouf- qui désignent quelque chose de « gonflé », puis « souffler », aoc. bufar, bofar « souffler ». Bouffer, fr.rég. « souffler » dans l’expression « le vent n’arrête pas de bouffer. » (Mathon,2003).

Boufounados « facéties » dans le titre du livre du nîmois Roustan, Boufounados en vers patois ounté y a dé qué riré é dé qué ploura, Nîmes, Durand-Belle, 1829, fait partie de la même famille de mots, mais le sens a été emprunté à l’italien buffone comme le français bouffon.

En néerlandais existe le mot bof  « oreillons, maladie des enfants ». Le sens le plus ancien de bof est « coup, baffe » (ca.1350). Cf. EWN. Le résultat d’un coup est souvent que la partie du corps frappée *boffe « gonfle », sens attesté en moyen néerlandais. Mais à la fin du XIXe siècle l’évolution du sens a pris une tournure inattendue > « chance », et le verbe boffen « avoir de la chance » a été créé, probablement sous l’influence d’expressions een slag slaan comme français réussir un coup.

Boufarèou  « santon de la crèche, l’ange boufarèou » Ce dérivé de bouf est déjà attesté dans S. avec le sens « joufflu ». Dans la chanson des santons : « L’ange Boufareou qui sonne la trompette ».

Boufaire, « jeune lapin ». Le sens attesté est « grand mangeur », du verbe boufa « manger gloutonnement », dér. de l’onomatopée *bouf  « gonflé ».

Boufigue « ampoule dans les mains » . Dér. de *bouf-  En occitan le sens va de « petite enflure » jusqu’à « vessie ».

Boudéflà, bodiflar

Boudéflá, bodiflar « s’enfler ». L’abbé de Sauvages écrit que boudëfla signifie aussi « tourner = mûrir en parlant des figues uniquement ». Un emploi du verbe tourner qui doit être du français régional de l’époque.
Il connaît toute une série de mots qui font partie de la même famille *bod « gonflé, renflé, lippu »,  (voir boudego « cornemuse ») comme boudëna « crever d’embonpoint », Boudiflo, boudouflo « vessie urinaire d’un animal ».

Au pluriel boudouflos   sont « les cloches ou ampoules qui s’élèves sur l’eau par la chute des grosses gouttes de pluies ».  Avez-vous un nom pour ça? J’ai cherché des images sur internet des boudiflos ,  mais je n’en ai pas trouvé!  Peut-être parce que je n’en connais pas le nom.

Un boudoli « un nabot; un outre ou un bouc à huile »; boudougno « une loupe = une excroissance sur le bois; une bosse, enflure »; boudissou « terme d’injure: grosse et petite femme » ; boudoul « ventru ».

Bourre

Bourre « brun, couleur fauve », en languedocien bouré, bourélo « brun » et l’adjectif de l’Aveyron bourrèl « qui a des taches sur le museau » viennent du latin burrus « roux ». (Il y a peut-être un lien avec burra « laine » > boura « laine » en occitan.) A partir de cet adjectif on a formé des dérivés :

    Borret, bouret « (jeune) taureau » , languedocien bouréta « génisse », bourretaillo « troupe de taureaux », etc. Ensuite le mot a été utlisé pour d’autres animaux, qui avaient des poils roux ou bruns, comme le

    Borrec, borrega « agneau, brebis », prononcé bourek (voir Thesoc agneau) dans l’Ariège; les ¨Pyr.Atl. et les HtesPyr. et dans quelques endroits de l’Ardèche même à des « fourmis » bourola; je pense qu’il s’agit de fourmis rousses. D’après Mistral on appelle une « petite bécassine » une bouriolo, un mot que Littré a repris dans son dictionnaire bouriole.

              

Borio

Boria borio s.f. « métairie »  en fr. rég.borie « francisation du terme provençal bóri (masculin).

Ceci n’est pas un bóri   mais une  capitelle.

 

Christian Lasure écrit à propos de ce mot :

« employé au 19e siècle uniquement dans le sens péjoratif de « masure », de « cahute » (comme l’indique Frederic Mistral dans son Tresor doû Felibrige) après avoir désigné une « ferme » aux 17e et 18e siècles (ainsi que l’attestent la toponymie et les documents d’archives), le mot borie, pris dans l’acception nouvelle de « cabane en pierre sèche », a été popularisé par certains archéomanes provençaux de la 2e moitié du 19e et du début du 20e, pour habiller archéologiquement un objet d’étude purement ethnologique et par trop contemporain; ce contresens, qui réserve aux vestiges de l’habitat rural saisonnier ou temporaire une appellation qui ne s’appliquait qu’à l’habitation permanente, a été repris par Pierre Desaulle dans les années 1960 avec son livre « Les bories de Vaucluse » (3), par Pierre Viala dans les années 1970 avec son musée de plein air « Le village des bories » (4) et enfin par le Parc du Luberon dans les années 1990 avec son livre touristique « Bories » (5); la vogue du terme a même gagné le Périgord dans les années 1970, non sans y entrer en conflit avec l’acception d’ « exploitation rurale », de « ferme isolée » auquel ce mot était cantonné jusque là dans cette région; »

Etymologie : latin bovaria  un mot qui a a été créé au Moyen Age avec le sens « étable pour les bœufs » dans la langue de l’administration et des abbayes. FEW I, 476. Sens adapté et conservé à Valleraugue (Gard), où il n’y a pas de bœufs : borio « bergerie en haut des montagnes » Atger,p.10.
En ancien occitan boaria  signifie « métairie », borio en languedocien. Ni le sens « masure », ni le sens « cabane »  sont  attestés dans les dictionnaires dialectaux.  C’est un sujet à approfondir…

Un visiteur me  confirme: « Dans le carron de Sigean (11130) je trouve pour 1538 2 bories qui sont bien des métairies – et en aucun cas des capitelles !!! »

La dormeuse a consacré un article aux vestiges de  La Bouriette à Pamiers (Ariège).  Une illustration parfaite de ma devise « Parcourir le temps c’est comprendre le présent ».

   

Avenue de la Bouriette  (Pamiers)                     Photos de la Dormeuse.

Pour plus de renseignements sur les différents noms et les histoires des constructions en pierre sèche visitez le site exceptionnel de Christian Lasure

Bòrda

Bòrda « bergerie, bergerie de montagne, chaumière, étable à cochons, remise agricole, ferme, métairien domaine agricole » (Alibert) est un mot d’origine germanique : bord « planche ». Ce sens existait encore en moyen français bort « planche d’une certaine grosseur ». (cf. DMF sous l’étymon bord). Bord est courant en néerlandais bord  « planche pour jouer, échiquier, damier, etc; assiette, panneau; tableau noir ». D’après l’EWN il s’agit d’un mot pré-germanique. Il est neutre dans toutes les langues germaniques et a été romanisé en bordus (> afr. bort) et en bordum pluriel borda.

Un bord aux Pays Bas

C’est surtout cette dernière forme, prise pour un féminin qui a survécu, comme francais borde « petite ferme ».  Voir le TLF qui ajoute cette remarque « Terme usité surtout dans la France du Sud-Ouest… » Depuis Clément Marot borde a pris le sens « maison de campagne ».

En languedocien le sens est plutôt « ferme, métairie », mais quand on va vers l’ouest la bordo devient « une bergerie, un étable à cochons, une grange, un parc à brebis ». Dans la même région c’est le dérivé bourdil, bourdiu qui désigne la métairie et le bourdiley le « métayer ». D’après le Thesoc il y les types: bordalièr, bordassièr, bordier, bordilhièr pour « métayer ».

  

bordas

borda

Le dérivé de bord le plus connu est le mot bordel « maison close », connu en galloroman de Liège jusqu’en Béarn et il a joyeusement passé toutes les frontières : allemand, anglais (par l’intermédiaire de l’italien bordello) espagnol, etc.

D’après Wikipedia  existe une étymologie populaire amusante : « mot venu dit-on du Moyen Âge lorsque Saint Louis cachait des « femmes de petite vertu » (surnommées les bordelières) au bord de la Seine dans des maisons appelées bordeaux (bord d’eau). »

Mais attention à Nancy un bordel est « un lavoir public avec un petit abri », en Lozère un bourdel « un petit tas de fumier sur le champ », et à Ytrac dans le Cantal « un petit tas de foin »;  le verbe debourdelà y signifie  « défaire les tas de foin ».

A Vauvert d’après Google maps, Le Bordel, 30600 Vauvert, Gard, Languedoc-Roussillon,  se trouve en plein champ.

 Bourdic  est un village et  une bonne cave dans le Gard.