cat-right

Deneiròla

Deneiròla « tirelire » est dérivé du latin classique denarius « denier » une pièce en argent des Romains qui valait 10 as. Wikipedia : Le denarius est aussi la monnaie à l’origine du dinar, encore utilisé aujourd’hui en Serbie depuis 1920 et dans de nombreux pays du Maghreb et du Moyen-Orient.

denarius
denarius

Degun

Degun, negun « aucun, personne ». Pour dire « non » ou « ne…pas » les Romains utlisaient le mot non avec un –o- long. Par exemple: bella est? Non! « Est-elle belle? Non!. » Mais aussi dans des phrases comme Non bella est « Elle n’est pas belle. » Dans la vie de tous les jours, ils renforçaient ce non en ajoutant des petits mots, comme vero, minime, mica. etc., ou ils disaient Nec non avec l’accent sur nec. Pour plus d’exemples d’emploi voir Gaffiot en ligne.

Dans une grande partie de la Romania ce nec, neque combiné avec unus « un » a été utilisé comme pronom ou adjectif indéfini négatif : « personne; aucun ». Nous le trouvons en ancien français negun « aucun, personne », catalan negú, degú, dengú, negú, espagnol ninguno et en occitan negun, degun, dengun, etc. En occitan la forme a subi une dissimilation des deux n- et –n : negun > degun. (Ronjat 2, p.376). Ancien français negun « personne » a assez tôt disparu de la langue; il n’y a pas d’attestation dans le DMF. Pourtant nous le retrouvons au sud de la Loire, en Franche-Comté et en Bourgogne. La normand l’a connu aussi et le prêté au breton nikun.

Degun connaît une nouvelle période de gloire dans l’argot parisien et le langage des ados. Une étude sur L’argot dans les chansons de Renaud Séchan donne une liste de mots d’argot utilisés par Renaud d’origine provençale, dont dégun.

L’emploi constant de degun, negun avec un autre mot négatif comme ne, sans a affaibli son sens négatif à tel point que degun l’a carrément perdu dans certains contextes. Par exemple dans un texte de 1366 de Fribourg (Suisse) se nyon porte pesson purrix au marchié ..  » si quelqu’un porte du poisson pourri au marché… ».Un autre exemple se trouve chez Arnaut Vidal de Castelnaudary (1318) qui est l’auteur de Guillaume de la Barre, un roman d’aventures en occitan. Dans sa critique d’une édition par Paul Meyer , A propos du vers Per trabalhar a negun for traduit par « en aucune façon ». C.Chabanau écrit dans son compte-rendu : Je crois que c’est le contraire qu’il faut entendre. On sait que negun n’a pas toujours et nécessairement le sens négatif  » (RLR 40(1897)p.582). Cet emploi de degun, negun avec un sens positif est donc très ancien aussi bien en franco-provençal qu’en occitan. Mais de là à en faire toute une famille de mots comme le fait le dictionnaire Panoccitan me semble une erreur. Aucun des mots suivants n’existe évidemment en dehors de ce dictionnaire et des textes éventuels des pauvres néophytes qui s’y laisseraient prendre : «degun nom m. personne nom f. […] degunal, degunala adj. personnel degunalament adv. individuellement degunalejar verbe / verbe pr. personnaliser degunaletat nom f. personnalité degunament adv. aucunement degunatge nom m.».

(Citation de Jean-Pierre Cavaillé avec qui je suis parfaitement d’accord).

Un visiteur catalan me donne le complément d’information suivant:

je tiens à préciser que en catalan ANCIEN : negú, degú, dengú, negú.
En standard c’;est NINGÚ (et dialectalement negú/nigú/negun, nengú/ningun/nengun, dengú/dengun/DINGÚ(S)(avec S roussillonnais, entre autres)

Visetta

Visetta ou Vizette « escalier tournant extérieur ». Tiré du Compoix de Valleraugue(1625) :

«Maison de Sire Adam CARLE, maison à deux membres en partie crotte 23 cannes 1 pan compris vizette » (tome 1 page 150).(Crotte est une cave voûtée, sur laquelle on trouve à l’étage l’habitation).

L’origine est le latin vitis ‘vigne, sarment, pampre’, plus le suffixe diminutif -itta. Latin vitis est encore vivant dans presque toutes les langues romanes, italien vite, espagnol vid, portugais vide, mais a été remplacé par vinea ‘vigne’ dans une grande partie du galloroman. Vitis a survecu tel quel en rouergat abit ‘cep de vigne’; Millau obise ‘pampre’; au figuré dans l’Aveyron bit ‘cordon ombilical’.

Principalement dans le domaine occitan des dérivés désignent la ‘clématite’, dans le Gard c’est vissano, avissano et rabisano, parce que comme la vigne elle fait deux lianes qui montent en s’enroulant systématiquement à la recherche du moindre support.

sarment                               escalier à vis                          clématite

Partout la vis est la pièce de métal. Limité au galloroman est le sens ‘escalier tournant’, vis en ancien français comme en ancien occitan. Dans les dictionnaires de 1567 jusqu’à Trévoux 1771, la vis saint Gilles est un « escalier qui monte en rampe et dont les marches semblent porter en l’air » d’après le fameux escalier de St Gilles (Gard), appelé ensuite vis  saint Gilles, jusqu’au grand Larousse de 1867 qui écrit : « Escalier à vis dont les marches, soutenues par des voûtes d’une coupe particulière, semblent être suspendues dans les airs. Il en existe un modèle célèbre dans le prieuré de Saint-Gilles, en Languedoc. »


     

« C’est dans l’épaisseur du mur nord de l’ ancien choeur que se trouve la vis. Il s’agit d’un escalier hélicoïdal, datant du XIIème siècle.Il porte une voûte annulaire appareillée à 9 claveaux. Cet assemblage s’appuie sur le noyau central et les murs intérieurement cylindriques, et l’art du tailleur de pierre apparaît dans la double concavité et convexité de chaque voussoir. Elle a été très tôt une oeuvre célèbre, étape des Compagnons Tailleurs de pierre qui vinrent graver leur surnom ou leur devise lors de leur passage. »texte et les 2 photos  tirés du site http://perso.orange.fr/erwan.levourch/stereotomie.htm

Photo que j’ai prise en haut de la  vis  et qui montre bien la structure et le travail des tailleurs de pierre.

Le diminutif viseta, vizeta ‘escalier tournant’ attesté depuis le XVe siècle est limité au provençal et l’est-languedocien. L’attestation du Compoix est intéressante pour la précision de la définition « extérieur » :  la langue s’adapte à l’environnement!


vizette cévenole

Quand j’ai acheté un masà Valleraugue en 1979, il n’y avait pas d’escalier entre le rez-de-chaussée et l’étage et comme estranger ignorant j’ai installé la cuisine/ salle à manger  au rez-de-chaussée, dans la crotte , pour la déménager vers l’étage quelques années plus tard.

      
anglais vise                  neerlandais vijzel d’un moulin

Degra

Degrà « échelon; degré » (Alibert), mais dans le Compoix de Valleraugue, degré signifie « escalier droit » en opposition à lavisette ou vizette qui est un escalier tournant. Dans le site Panoccitan « escalier » est traduit en occitan par escalièr; on dirait un emprunt au français. Eh bien, c’est le contraire! Français escalier qui remplace l’ancien français degré, est attesté depuis 1531 seulement; mais en occitan depuis 1188 (scalerium dans une charte latine de Montpellier) et vient d’un du latin tardif scalarium« escalier », attesté dans des inscriptions.

Ducange

Revenons à notre mouton, degré, degrà en occitan qui est un dérivé du latin gradus qui signifie en latin classique « pas; marche », dérivé du verbe gradior « marcher ». Dans son sens le plus concret gradus a été remplacé par passus dans les langues romanes. Par contre le sens « dégrés d’un temple; d’une église, devant un édifice public » a été conservé en ancien occitan: gra(s) et en occitan moderne graso « degré en pierre, large dalle » (Mistral). Les Romains utilisaient le mot scala pour désigner un « escalier ». Quand à la suite de l’évolution de la construction on sentait le besoin de distinguer le grand escalier en pierre ou en bois de la simple échelle (< scala ), les Français du Centre et de l’Ouest ont choisi le mot degré « marche d’escalier, escalier », tandis que dans l’Est, de la Wallonie jusqu’en franco-provençal nous trouvons gre(s) ou, à partir du pluriel les grés, la forme l’esgré. Le double sens de ces mots prêtait pourtant à confusion. Pour cela on a préféré distinguer la marche de la montée.

Ceci devrait intéresser les architectes parmi mes lecteurs! Le mot escalier a été introduit pendant la première moitié du XVIe siècle. L’architecte Sebastiano Serlio, qui est largement inspiré par Vitruve, un architecte romain qui vécut au Ier siècle av. J.-C, publie I Sette libri dell’architettura de 1537 à 1551; Il est appelé à la cour de France par François Ier, pour la construction du chateau de Fontainebleau. La traduction du Ier livre d’Architecture de Serlio par Jehan Martin apparaît en 1545. (Vous pouvez le consulter sur le web grâce à l’université de Tours, voir aussi Wikipedia).


Je n’ai pas retrouvé le passage mais il semble qu’il utilise le mot escalier pour désigner une grande montée.
D’après le TLF le mot escalier, emprunté à l’occitan où il est toujours bien vivant, apparaît déja en 1531 dans les Comptes des bâtiments du roy pour désigner les escaliers en pierre caractéristiques de la Renaissance et il remplace les mots degré et montée.

Degré dans le Compoix de Valleraugue est donc un gallicisme. Depuis l’introduction de l’escalier, degré prend le sens de « petit escalier derrière la maison », ou comme à Valleraugue « escalier extérieur droit ».  Un degré est moins prestigieux qu’une vis, comme une femme de ménage est moins prestigieuse qu’une technicienne de surface.

Debanar

Debanar, dabanar « dévider le fil; mettre en peloton; bavarder; dégringoler (cabana Hérault, d’après M); bâcler, dépêcher, mourir (Alibert). Provençal et languedocien.

Etymologie : *depanare composé de de + panus  « fil de trame enroulé sur le dévidoir ». Dérivé : debanaire « dévidoir »; débanaduro « fil, soie dévidé ». Ce groupe de mots se retrouve en italien dipanare, catalan et espagnol devanar. La forme donnée par Mistal pour l’Hérault s’explique par un changement du préfixe. FEW III,44b.

Rousiguer, rosegar

Rosegar « ronger » rousiguer. fr.rég. a une étymologie peu intéressante. Le mot latin *rodicare avait le même sens et s’est conservé dans tout le domaine occitan et le sud de la langue d’oïl. Un rousigou (S) est un trognon de pomme ou de poire. Voici un  exemple de rousigou à faire;  l’original est de Roland Topor :

Cuca

Cuca s.f. « lente; chrysalide; vermisseau; chenille; mite; artison; petit insecte » . Dérivés cuquet même sens; cuquetar « vétiller, agir avec avarice ». (Alibert).

Attesté en ancien occitan depuis environ 1350 avec différentes significations, mais toutes dans le même champ sémantique : « chenille; sorte de vermisseau; blatte; ver luisant (Lomagne); ver du fromage, etc. » et un emploi au figuré en béarnais: cuque « blatte; femme qui vit en sauvage ». Dans la même région on a créé escucá « détruire les cafards » et escucatá, acucá  » se blottir, se tapir à la manière des blattes; encucá « s’enfermer comme des blattes qui se terrent ». Cuca « lente » est largement attesté dans l’Ariège et dans 4 villages de l’Aude cf. Thesoc.

 

L’étymologie est inconnue. FEW XXIII, 274a-b. Il s’agit probablement d’un emprunt au catalan, avec u > ü , sous influence de nombreux mots qui ont cette même correspondance.

D’après le Diccionario de la lenga espagnola, l’espagnol cuca s.f. ou cuco subst.masc.(!), qui peut avoir un sens très proche, serait d’origine onomatopeïque: : De or. onomat.; cf. lat. tardío cucus y gr. kokkuts. Il semble que Corominas, que je n’ai pas pu consulter, a une proposition… Dans un dictionnaire catalan je trouve : Cuca f. 1.Nom que hom dona a un gran nombre de bestioles pertanyents principalement al grup dels artropodes. 2. cuca de llum Lampyris nocticula. Attention le –u- catalan se prononce [ou] ! Un visiteur me signale: espagnol cucaracha « blatte, cafard ».

Croto

Croto « voûte » (S), cròta « crypte; grotte; cave; voûte; souterrain voûté » (Alibert). Dans le Compoix de Valleraugue (1625) on trouve le mot crotte : « Cave qui peut servir de rue » : « leur maison d’habitation contenant de maison crotte deux cannes un pan compris le passage qui est sur la crotte et au chef de la maison de Pierre Liron ». D’après l’IGN il y a 57 Crotte et 34 Crottes en France plus les dérivés et composés.  Les Crottes  est un quartier bien connu  de Marseille XVe.

P.Blanchet cite le proverbe bouono croto fa bouon vin.

L’étymon est latin crypta, un emprunt au grec. En latin crypta désigne « une galerie couverte servant de passage » et « cloître fermé, entourant la cour des villas et servant de cellier » et même « passage souterrain, tunnel ». Le sens que crotte a dans le Compoix est celui de mot latin.

    

Labeaume (07). Manduel (30)

Ces passages étaient souvent voûtés. comme celui-ci de Labeaume (07). Le mot crota va donc signifier « voûte » principalement en franco-provençal et en occitan. La cave de la maison est également voûtée. Il est normal qu’elle reçoit le même nom : crota. Pourtant les attestations sont pratiquement limitées à l’occitan. Les Romains se servaient de la crypta comme « cellier », sens qui a été conservé dans de nombreux patois. En montagne ce sont les grottes naturelles que l’on compare à des caves , par ex. à Lasalle (Gard) croto « caverne ». Le même mot a été emprunté au latin :  néerlandais krocht « crypte; grotte » et breton groc’h (Vannes), allemand Gruft, anglais croft .1 :un petit terrain près d’une maison 2. une pette métairie (mot rare).

..

Au XVIe siècle la grotta joue un rôle important dans la poésie italienne de la Renaissance et Ronsard l’a rendu populaire en France dans ses Meslanges. Les paysagistes de l’époque créaient des grottes artificielles dans les jardins. Depuis le mot a été adopté par toutes les langues occidentales : catalan, espagnol, portugais gruta, allemand Grotte, néerlandais grot.
Le dérivé grotesque ‘dessin capricieux’ qui vient également de l’italien a suivi un autre destin. Le point de départ a été le genre de grottes artificiels comme ci-dessous.

ou celle du Linderhof en Bavière : grotte de Vénus

Le webmaster du site qui contient le Compoix de Valleraugue de 1625 me donne les renseignements complémentaires qui voici: Crotte, ce n’est pas une injure, il s’agit de la cave voûtée servant de fondation (pede) ou de sous-sol dans la presque totalité des maisons de Valleraugue en 1625. On disait même maison crottesque (crotte_1.jpg) [compoix de Valleraugue 1625 tome 1 page 29]. Quelques fois, la rue passait et passe toujours sous la maison donc par sa crotte. C’est le cas de la maison de Thomas Serre, qui héberge actuellement la mairie de Valleraugue .(crotte_2.jpg) [compoix de Valleraugue 1625 tome 1 page 110], espace bien conservé.

Sur les crotté (Breil) et les casouns (Saorge) remarquables dans le Mercantour suivez le lien.

Crosets, crozets

Crosets, crozets « sorte pâtes alimentaires ».

Résumé: Les crosets savoyards sont d’origine provençale et/ou italienne.

J’ai l’impression que les Savoyards ont fait main basse sur le nom crozets : « les crozets sont une variété de pâtes savoyardes. » écrit un journaliste du Point, qui continue : « Chaque petit pays savoyard posséderait son crozet. Qui se dit croêze ou croêju à Albertville, croezu à Annecy, croezet à Thônes ou krozè en Oisans. Chaque vallée connaît son crozet, avec des noms, des formes, des saveurs et des recettes différentes… »

François Brachet, écrit dans son Dictionnaire du patois savoyard de 1883,   que croset  est dérivé du latin crux, crucem « croix », parce que les cuisinières faisaient une croix sur la pâte avant de la découper. Il est suivi par Mistral et Mme Germi, malgré les difficultés phonétiques posées par cette étymologie.

Vous verrez que pour rendre à ce mot son histoire probable, nous avons besoin des attestations anciennes. Von Wartburg a classé le mot croset, crozet, crouset en moyen français , dans l’article *krosu « creux » un mot qui est peut-être d’origine gauloise.

Crozets…… savoyards ?

La plus ancienne attestation que von Wartburg connaissait datait de 1528 dans la traduction en français du livre de Battista Platina De honesta voluptate  écrit vers 1470 : Croset s.m. « sorte de potage » : « Potaige à la romaine, appellé lozans ou crosetz.  »  Les recherches faites pour le Dictionnaire du Moyen Français ( DMF) ont permis de trouver une attestation plus ancienne : croset Régional. (Savoie) « Pâte taillée en forme de ruban » (Éd.) : …Qui bien se moulle, bien se baigne ; Qui fait chappelain, il fait prestre ; Qui fait crosetz, il fait lasaigne. vers 1485-14901.

Comme je suis gourmet, j’ai voulu en savoir plus sur le Potage à la romaine. Google m’a guidé vers l’article très intéressant de Jean Louis Flandrin, Les pâtes dans la cuisine provençale. Il écrit qu’autrefois en Provence « Les vivres s’apprêtent à l’italienne avec force épices et sauces extravagantes et de haut gout… ». M. Flandrin a … creusé le sujet et il vient à la conclusion qu’au 14e siècle les crozets ressemblaient sans doute à de petites écailles concaves ou des coquillettes. Autrement dit, les crosets sont creux. Il cite le Liber de coquina écrit en latin en Italie méridionale au début du XIVe siècle. Il a été commandité par la maison capétienne d’Anjou-Sicile, qui régna aussi sur la Provence.

« De la même manière … » veut dire « de la même manière que les lasagnes ». Avant de les servir, il faut les remplir de fromage râpé. L’auteur de l’article Wikipedia sur le Liber de coquina a remarqué que « Le nom des plats évoque souvent la provenance des recettes », comme par ex. De brodio provencialico (sur le bouillon à la provençale).

La conclusion est que les premiers crosets savoyards que nous connaissons viennent du sud de l’Italie comme les lasagnes. Le mot croset peut avoir la même origine.  L’étymologie *krosu « creux » proposée par le FEW reste donc la plus probable.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Liber_de_coquina

  1. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 54). = Proverbes en rimes.- Frank (Grace) & Miner (D.).- Baltimore : The John Hopkins Press, 1937

Couzignieiros

Couzignieiros, las sé couzignieiros  « les Pleiades, un amas dans la constellation du Taureau ».

Dans la 1e édition (1756) l’abbé de Sauvages suppose que le c- inital est dû à l’influence du mot couzine qui remplacerait le mot soeur. (Les Pléiades sont les sept soeurs, filles d’Atlas dans la mythologie grecque). Dans la 2e édition de son dictionnaire il confirme la forme avec un c- en ajoutant qu’il s’agit d’un mot corrompu pour poussinieres, qui est très répandu en galloroman et en Italie. Alibert : polzinieira.  La forme couzignieiros est attestée uniquement dans le Gard. Français poussinière.

Il n’est même pas impossible que les autres dictionnaires languedociens l’ont simplement copiée. Donc si quelqu’un peut me confirmer cette forme, je serai très reconnaissant! Contactez-moi!

L’étymologie est latin pullicenus ‘jeune coq’ + aria et ce dérivé est d’abord un adjectif qui signifie ‘qui a des poussins’, ensuite comme substantif ‘poule couveuse’. La constellation des Pléiades était comparée à une poule avec ses poussins parce qu’elle est composée d’une étoile très brillante (Alkyon) entourée de six étoiles moins visibles. L’abbé remarque même qu’il n’y avait plus que cinq ‘poussins’ à son époque. Dans un site d’astronomie je trouve : ‘Objet type à observer aux jumelles, il constitue également un excellent test de vision.. La plupart des observateurs y distinguent 6 à 7 étoiles à l’œil nu (dans un ciel de qualité)…, ‘ ce qui est rare de nos jours avec la pollution lumineuse la nuit dans les villes comme à la campagne.