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FEW bandjwan

L’article BANDWJAN « donner un signe »

En consultant les statistiques de mon site, je constate que la page FEW est de plus en plus souvent regardée. Le FEW est

le plus grand DICIONNAIRE ETYMOLOGIQUE qui existe.
Büchi (Eva) / Chambon (Jean-Pierre), 1995.
« « Un des plus beaux monuments des sciences du langage » : le FEW de Walther von Wartburg (1910–1940) », in : Antoine (G.) / Martin (R.) (éd.), Histoire de la langue française 1914-1945, Paris, CNRS-Éditions, 935-963.

Rien de comparable n’a été fait pour aucune autre langue. Voici un deuxième exemple de l’énorme travail qui a été entrepris par Walther von Wartburg et son équipe. Mieux encore sera de suivre ce lien : Une présentation du FEW avec des

  • Aides à la lecture: 1. l’ordre géolinguistique (pour télécharger la carte cliquez! ) 2. bibliographie des sources qui sera publiée en 2008
    3.Un glossaire allemand- français.
  • Projets en cours : 1. la refonte de la lettre B et 2. la possibilité de télécharger 14 articles ! 3. Promesse de publication sur le web d’un index onomasiologique.

Voici ma petite contribution: à gauche l’article du FEW, à droite mes explications. Chaque article du FEW est composé de deux ou trois éléments : après l’étymon 1. les formes et les significations 2. l’histoire de cet étymon du latin jusqu’à nos jours, de ses dérivés et composés, et l’explication de l’agencement des formes et des sens et si besoin 3.des notes à la fin.

Il y a un ordre fixe dans l’ordre des mots donnés, applé le « strich ». L’apprentissage de la consultation du FEW demande quelques efforts, mais cela vaut la peine. La localisation précède la forme et le sens, la date et éventuellement la source la suivent. Les formes du moyen âge en premier, suivi des formes et des sens des temps modernes. Toutes les abréviations, comme Apr., Nice, awaadt. Hérém. sont expliqués dans le Beiheft. Par exemple Béz. = Béziers et la source pour le parlers de cette ville est Jean Laurès, Lou campestre. Montpellier 1878.

 

bandwjan (gotique, burgond) « donner un signe  »

I. Ancien occitan bandir verbe actif …. Nice bandi; ancien occitan bandir …. ancien vaudois, Suisse(avec le même sens), ancien occitan (même forme) « bannir », …(1369  les comptes d’Albi), en Gruyère.  Dans les patois modernes: , Valais bandi ……, Hérémence (Suisse) même forme = bandi …., Vallée d’Aoste même forme, sens « bannir », centre du Dauphiné …..
Dep. des Hautes Alpes même forme, sens « lâcher.. », Nice bandi « bannir; chasser », Béziers, Puisserguier bandi, marseillais bandir « exiler » dans le dictionnaire d’Achard, Aix-en-Provence bandi meme sens, dans le dictionnaire de S.A.Pellas, Alès même forme, sens « chasser… », Puisserguier « meme forme + mêmes sens; bannir », béarnais bandi « bannir ».
Dérivés. Nice ………..Ancien dauphinois (=avant le 16e s.)bandeis ..; Evolène (Valais) …………., Vaudois (= les villages vaudois dans le Piemont) …………………………………..(Source: Roletto; Archivum Romanicum 23, p.414). Ancien béarnais banidor ……………………..Ancien occitan bandimen subst.masc………..
ancien béarnais bandiment « …… », moyen français , même forme « ban » source le dictionnaire de Cotgrave; marseillais bandissament « exil » source Achard.
Latin médiéval (7e-14e s.) ……..(Wallis = Valais); …………………………………………………………Lourties (Valais)
Lallé (un hameau de la commune St.Jacques, Htes Alpes, Gap, St Firmin) Source: D.Martin, Dictionnaire du patois de Lallé. Gap 1907-9. eibandir « ….. ».  ………Ancien occitan ( source : Raynouard M. Lexique....; Levy E. Provenzalisches …; etc.) desbandir « .. ». Ollon (Vaud). …

 

 

 

Composés. Nice, bearnais…………………..Anien occitan forbandir « bannir » (Levy, Petit dictionnaire provençal-français)………………………………….Toulouse ….. ….(G = P.Goudelin Oevres 1887, voir Mistral), Cahors…..Caussade, Agen …….., Aveyron …………Béarn……..
Bayonne ….. L.F = la source, …………..
Rhodanien (= provençal de la vallée du Rhône).
Npr. = ocitan moderne. Source principale : Mistral.

 

II.1. Français moderne bandy subst. masc.. « ………. » ( 1640 d’après Dictionnaire Général; Richelet Dictionnaire de 1759) bandit (depuis le dictionnaire de Miege), le sens « homme…. » depuis le Dictionnaire de l’Académie 1740), Suisse « …. », Vallée d’Aoste « … ». Albertville …
……….Lantigné en Beaujaulais ( J. Descroix Glossaire du patois de L. Paris 1946) ………………….Français moderne… ………………………….(Dictionnaires de l’Académie 1798-…) ……………………………………………………………………………….

…… (depuis le Dictionnaire de l’Académie 1835). Dérivés (en galloroman) Français moderne……..(depuis le dictionnaire français -allemand de Mozin, ed. de 1859). – Metz….
Lorrain (source J.F.Michel Dictionnaire des expressions…)

…2. Nice …………

 

 

 

 

L’étymologie.

Du gotique bandwo  » signe  » est dérivé le verbe BANDWJAN « donner un signe. » Celui-ci vit en occitan et en franco-provençal. (En haut I), en plus en italien bandire, catalan bandir. Espagnol et portugais. bandir, qui sont attestés relativement tard, ont été probablement empruntés au catalan ou à l’ancien occitan. L’extension du mot sur le nord du franco-provençal rend un emprunt au burgond vraisemblable pour cette région.
Le développement sémantique « proclamer » > »exiler » attesté pour la première fois au XIVe siècle , est probablement dû à l’influence du fr. bannir.
En italien, le part. parf. bandito a pris comme substantif la signification « bandits, voleurs ». De là les emprunts II.1. Le subst. fem. bandita signifie « riserva di pascolo ». De là les emprunts 2. – Meyer-Lübke n°930.

Empeutar, enter, ensertar, greffer

Empeutar « greffer ». Je viens de recevoir les Lectures de l’Atlas linguistique de la France de Gilliéron et Edmont. Du temps dans l’espace. Guylaine Brun-Trigaud, Yves Le Berre et Jean Le Dû. CTHS, 2005. 363 p. (voir Abréviations). Gilliéron et Walther von Wartburg en ont rêvé, Guylaine Brun-Trigaud, Yves Le Berre et Jean Le Dû l’ont fait, au moins partiellement. Étant en train d’étudier l’étymologie de empeutar et d’autres verbes avec le sens « greffer », j’étais très content de trouver trois cartes sur ce sujet dans leur livre. Voici une compilation de leurs cartes 377 « enter/greffer » et 192 « empeuter »: (la zone « enter » est un peu amputée).

Enter, entar, enta Le type enter couvrait au Moyen Age tout le Nord du domaine galloroman. Le type greffer a été dérivé du substantif greffe au 15e s. Greffe « pousse d’une plante qu’on insère dans une autre pour que celle-ci porte le fruit de la première » est un emploi au figuré de greffe « stylet pour écrire sur des tablettes de cire » (13e s.) < latin graphium  » stylet ».
Greffer Nous voyons immédiatement que le verbe greffer a gagné beaucoup de terrain et que cette extension vers le Sud suit la grande route le long du Rhône. Il y a aussi des attestations en Aquitaine. Je reviendrai sur ces taches gris-bleu dans les Pyrénées Atlantiques et les Landes..
Empeutar Le type empeutar domine dans l’Ouest de l’occitan. La forme de la zone bleue en particulier les deux îlots à l’ouest et à l’est sur la carte indiquent que le type empeutar a été plus étendue autrefois.
Enserta(r). D’après les données du FEW c’est le type enserta qui domine en provençal et en est-languedocien

Mistral,  Trésor

Issarta, issartar « greffer », isser « ente » d’après l’abbé de Sauvages. Les auteurs des Lectures de l’ALFn’en parlent pas et dans le Thesoc les départements de l’est-occitan sont (encore?) absents.

Dans la carte ci-dessous : gouttes bleues : « empeutar » , gouttes mauves « empeutar » + « greffar » en parlant de la vigne, gouttes vertes « greffar« , gouttes turquoises = « ensertar, ensertir« .


Afficher Thesoc, « greffer » et « greffon » dans le Sud-Ouest sur une carte plus grande

Et je me suis permis d’élargir l’horizon. J’ai consulté le FEW et j’ai fait une carte avec en plus les zones en Europe où nous retrouvons les même types étymologiques. Sur la carte de l’Europe ci-dessous, nous voyons que le type greffer est pratiquement isolé en Europe. L’anglais l’a emprunté à la fin du 15e s. to graft, en remplacement du verbe to imp, parce que ce dernier avait pris une connotation péjorative dans des expressions comme imp of Satan. (Harper). Imp signifie en anglais moderne « espiègle, petit diable ».

Je viens de constater que j’ai vu trop petit et que j’aurais dû inclure les pays scandinaves, danois podede, norvégien podet, suédois impade, et une langue celtique, le gallois. (Les formes sur la carte sont le résultat d’une traduction de la phrase « je veux greffer une rose » avec Google traduction. Je suis sûr qu’il y a des formes qui manquent.

Greffer.
Suédois ympning, Norv. Impoding , Danois podning = imputare
Corse insita, inzeta
Gallois impio = imputare
Portugais enxertia = insertare; Gallician idem
Catalan empelt = impeltare

Entar vient indubitablement du grec εμφυτος emphutos « gréffé sur » respectivement du verbe εμφυτευειν emphuteuein « greffer »( attesté chez Theophraste, 4e s. avant J.-C.), composé de em + phuteuo « planter ». Beaucoup plus tard le mot grec a été latinisé. Nous trouvons le substantif impotus « greffon » pour la première fois dans la Lex Salica (507-511), formé à partir du verbe latin *imputare qui n’est pas attesté. Le vocabulaire du greffage est essentiellement d’origine grecque. Les Grecs ont propagé la technique de la greffe autour de la Méditerranée. » La greffe sur végétaux a été inventée par les Chinois il y a plusieurs milliers d’années. Les Grecs et les Romains ont importé la technique en Europe et nombreux sont les auteurs de l’Antiquité à avoir écrit des manuels destinés à diffuser la technique au plus grand nombre. » (Wikipedia). Sur la carte de l’ Europe vous voyez que le type entar domine dans toutes les langues germaniques voisines. Si les traducteurs anglais de la Bible n’avaient pas adopté l’expression imp of Satan littéralement « greffon du diable » devenu « petit diable, polisson », le verbe to imp serait maintenant courant dans tout le Nord de l’Amérique.

Empeutar vient également d’un mot grec, à savoir de πελτη (peltè) « écusson ». Il y a eu une discussion entre les étymologistes. On a supposé comme étymon un latin *impeltare « greffer », à partir du verbe latin impellere « pousser vers, enfoncer » ou bien à partir de pellis dans le sens « écorce ». Les Romains appelaient un « écusson, bouclier » scutum et Plaute (2e s. av.J.-C) utilise déjà le diminutif scutella « carreau en losange » avec le sens de « greffe en écusson ». Il est donc très improbable qu’ils aient créé un verbe *impellitare , on s’attendrait plutôt à *scutellare,  mais ce verbe n’a pas existé. . Il est beaucoup plus probable que l’origine est le mot grec πελτη  (peltè) « écusson ». Il y a une façon de greffer en écusson. En changeant de milieu d’utilisation le mot a changé de sens. Les Grecs ont connu et propagé les deux façons de greffer, la greffe en fente et la greffe en écusson.
Les auteurs des Lectures de l’ALF écrivent que le verbe empeutar est une création locale qui a remplacé un plus ancien entar. Sur la carte de l’Europe vous voyez que ce n’est pas du tout le cas. Nous le retrouvons non seulement en catalan et aragonais, mais aussi en en ancien alsacien, en Souabe, en Bavière et en Tirol (Autriche). Von Wartburg pense que le type ouest-occitan a pu migrer vers le Sud de l’Allemagne par la région des Burgondes, mais vu la présence du type empelzar dans l’Est de l’Italie du Nord, il est évident que c’est plutôt par là que le mot et la technique se sont propagés. La Grèce n’est pas loin de Venise.

Enserta(r). Enfin un vrai mot latin. Les Romains avaient traduit le verbe grec emphuteuein « greffer » par inserere. Varron (116-27 av. J.-C) ecrit : pirum bonum in pirum silvaticum inserere « greffer un poirier de bonne espèce sur un sauvageon ». Le verbe inserere est irrégulier : insevi, insitum1     Déjà en latin on en a fait insero, inserui, insertum et ce participe passé insertum a donné la naissance à insertare > ensertar en provençal et est-languedocien, injertar en espagnol, enxertar en portugais et chertatu en basque. Il y a aussi quelques attestations en Aquitaine. (cf. la carte Google ci dessus).

Von Wartburg écrit que le type ensertar en Provence est un emprunt à l’Italien et qu’il a remplacé le type entar. J’ai des doutes. Cette répartition me fait penser à la répartition des types pedas / petas « chiffon » du grec pittakion « petit morceau de cuir ou de tissu » qui s’explique par une forte influence grecque à l’Ouest et une influence romaine à l’Est du domaine occitan.

  1.  De cet insitum a été dérivé insitare qui a abouti à innestare « greffer » en toscan.

Embanasté

Embanasté, dans l’expression en fr.rég. se faire embanaster « se faire avoir »(Lhubac). Dérivé de banasto « nigaud »

Embanar

Embana dans des expressions comme bien embané, se faire embaner. cf.le site http://www.info-camargue.com/lexique-9_487.html Un des nombreux dérivés de bano « corne ».

Eiris

Eiris ‘hérisson’.  Un visiteur me demande comment écrire Deleris, son nom de famille, en occitan. Un problème …épineux. Si je lui réponds que cela s’écrit comme cela se prononce, j’attire les foudres des « maîtres de la graphie classique », mais je serai à l’abri du Mistral :

Mistral ;  Alibert a une autre variante graphique : eiriç.

Etymologie : le latin avait deux mots pour nommer l’hérisson : erinacius et ericius. Seul le dernier a survécu dans les langues romanes. En occitan ericius a abouti aux formes données par Mistral. Nous n’avons pas d’attestations d’ericius dans le domaine de la langue d’oïl, mais il a dû exister vu le grand nombre de dérives directs comme ancien français hericier ‘dresser les cheveux’ > français hérisser.

La forme eiris a subi une très forte pression de la langue d’oïl qui avait crée très tôt un dérivé avec le suffix –one : hérisson, qui l’a remplacé presque partout, comme languedocien eirissoun (Mistral). Eiris ne s’est maintenu que loin de Paris comme dans l’Aveyron. Voir la page consacrée à l’histoire des  mots qui désignent le  tablier pour comprendre le progrès du patois de l’Ile de France dans le domaine galloroman.

Le transfert de sens à ‘bogue de châtaigne’ se trouve non seulement en occitan et en franco-provençal, mais aussi en italien et espagnol. Par la suite beaucoup d’outils ont pris le nom de hérisson.

    

Comme sobriquet urisson est attesté depuis le moyen âge en dauphinois. Le passage d’un surnom à nom propre est très courant. D’autre part j’ai trouvé dans un dictionnaire étymologique des noms propres, que le nom Leiris ou Leyritz viendrait d’un nom de lieu identique qu’on trouve dans l’Ardèche, la Haute Loire, l’Hérault et la Lozère, ce qui correpond à peu près de la géographie du mot eiris. S’agit-il de notre eiris ou de Leyris qui signifie ‘friche’ d’après Pégorier? Le problème est que  je n’ai retrouvé leyris avec ce sens dans aucun parrler occitan.
Le nom de famille Leyris est le plus fréquent en Corrèze et dans le Gard. Le nom Deleris dans le Tarn et l’Aveyron.

Egassier

Egassier « conducteur des juments pour le dépiquage des céréales ». En 1926 Vinas Gaston a publié « L’egassier (Le Gardeur de cavales). » Le mot est aussi devenu un nom de famille.

Cf. egassieral dérivé de equa « jument ».

Equa est aussi  conservé dans le nom d’une plante, le « tussilage » ou « pétasite », appelé paouta d’éga ou paouta d’aze au Vigan (Gard), d’après Rouger François-Alexandre, Topographie statistique et médicale de la ville et cantan du Vigan. Montpellier 1819.

Efan

Efan « enfant », voir fan. Alibert donne ne donne que les formes enfant et efant. Orthographe étymologisante?

Ebriago

Ebriago

  • ivraie

ebriago « Ivraie »    

  • redoul (coriaria myrtifolia) » Voir Wikipedia pour redoul. Cette espèce contient de la coriamyrtine, alcaloïde qui frappe les moutons d’intoxication alcoolique lorsqu’ils  consomment les baies. Le nom vulgaire redoul désigne aussi le sumac. Utilisation: Tanins: les grandes quantités de tanins contenues dans cette plante l’ont fait utiliser pour le tannage des cuirs. Les feuilles ont été utilisées pour peindre en noir. Pigments: violet noir dans les fruits.

On cite leur utilisation au siècle dernier pour teinter le vin. Voir Wikipedia.

Étymologie : ebriago vient du latin ebriacus « ivre » un dérivé de ebrius « ivre ». Ancien occitan ebriac, embriac, ubriac. Occitan moderne embria « ivre », embriaï, – aigo (Alès), e(m)bray, b(e)ryac (Ariège), etc.(cf.Thesoc, ivraie). Pour le languedocien est attesté un embriaigo-cabro « lotier cornicule » (Wikipedia), autrefois utilisé comme calmant et somnifère. Je pense que la source du FEW a confondu cette plante avec le coriaria myrtifolia ou redoul qui sert aussi pour le tannage. Dérivés : ancien occitan abriaga « ivraie enivrante « ; occitan embriac, embriaga ; embriaigà « enivrer ».

L’insertion d’un –m- ainsi que la chute complète de la première syllabe et les variantes avec i- (français) s’expliquent par le fait qu’il s’agit d’un e- long dans une syllabe ouverte. Voir Ascoli, dans l’Archivio glottologico 3, p.442. Consultable grâce à l’université de Toronto (globalisation !) qui vous permet de consulter cette revue dans les bibliothèques canadiennes et américaines!

Italien ubriaco « ivre », catalan embriac, espagnol embriago, portugais embriagado, basque iraka, iralka, libraka. A ma demande un visiteur qui connaît bien le basque m’a répondu : Le basque ira(l)ka « ivraie » est semble-t-il en effet un emprunt au gascon irague « id. », lui-même du latin ebriaca. La variante roncalaise libraka avec b suppose un autre intermédiaire roman pyrénéen où le b de la forme latine a été conservé (biraca ou quelque chose comme çà, très probablement de l’aragonais).


ebriago?

             

                                                                           embriaco « doronicum »                          ubriago  « fumeterre »    
Le nom a été transféré à d’autres plantes: provençal embriaco « doronic« , « centranthus ruber », ubriagia « colchique » (Alpes-Mar.), ubriago « fumeterre » (BduR) embrieiguas « sorte d’orchis » (Montpellier). Je ne connais pas les raisons de ces transferts, mais je pense que la plupart est enivrant(???).

Ebria, ebria

Ebri, ebria « ivre » du latin ebrius « ivre ». De nombreuse formes pour la voyelle initiale depuis l’ancien occitan: ibre, iure, ieure. Voir ebriago.

Le TLF en suivant le FEW remarque que : « Les parlers gallo-romans préfèrent, comme le fr. pop. des mots plus expressifs.. » Un coup d’oeil sur l’Atlas linguistique de l’occitan montre que cela vaut aussi pour l’occitan : acotrat, bandat, bombat, briat, choc, conflat, embriac, empegat, fin, fiolat, gris, ibronha, pete, pintat, plen, rede, sadol, tibat, tordos, torsut et je suis sûr que la liste est incomplète.

La preuve : un visiteur qui me signale que le chanteur languedocien Joanda dans la Gazette connaît le mot molan et qu’il explique dans la Gazette de Nîmes qu’on appelle le raisin un sac à mol, expression tiré du mot molan « ivrogne ». Molan se trouve dans l’Alibert avec le sens « pêche molle; personne molle: sorte de raisin » et est dérivé du latin mollis « mou ».

Escoubo

Escoubo « balai » (S), escoba « balai; genêt » ainsi que les dérives comme escobar « balayer », escobadura « balayures », escobaire « balayeur » etc.viennent du latin scopae « balai » du singulier scopa « petite branche d’arbre, brindille », scoparius « balayeur », scopare « balayer ». Le type escouba se trouve partout dans le Gard, excepté Avèze et Camprieux dans les Cévennes qui ont le type boladzo, baladzo, d’origine celtique, probablement gaulois *banatlo « genêt » (FEW I, 232b), que nous retrouvons dans l’Aveyron. En Lozère l’escoubo sert dans la maison, et le type balag un balai grossier à l’extérieur! Pour plus de détails voir l’Atlas linguistique du Languedoc oriental. s.v. balai

                                                                                                                                                                        

Voir aussi  escoubilles