cat-right

Encalà

Encalá   « faire échouer (un navire) » cf. calada

Empegar

Empegar « poisser », s’empega  cf. pegá. 

Se disait autrefois d’un couple mal assorti

Pelha

Peio (M) pelha (A) « haillons; feu volage; croûte de lait; gribouillette (en cévénol jeu d’enfants consistant à jeter un objet au milieu d’enfants qui cherchent à s’en saisir : Jeter des noix à la gribouillette.); rougeole (en rouergat) ». Ce dernier sens peut-être par allusion à l’aspect de la peau quand on a la rougeole. Alibert donne beaucoup de dérivés qui se rattachent au sens « haillons ».

Un visiteur m’écrit: « Quand j’étais enfant, à Capestang, (fin des années 50 et début des années 60) la peila(chiffons) était le « ballon de rugby » avec lequel nous jouions, ce qui semble indiquer qu’avant l’arrivée des ballons en cuir ils étaient fait de chiffons.

Le mot semble très vivant en français régional, écrit peille, peilhe, pelhe etc. avec le sens de « serpillière ». Et Christan Camps dans son livre « Expressions familières du Languedoc et des Cévennes », donne une expression amusante: avoir une langue de peille « avoir la langue bien pendue ». (Midi Libre Juillet 2005).
Pelha vient du latin pilleum en latin classique pileus « un bonnet de feutre ou de laine qu’on donnait à l’esclave le jour de son affranchissement ».

Le pileus devient ainsi le symbole de la liberté, affranchissement, indépendance ».

     

pileus symbole de la liberté , et la pelha de nos jours?

L’image « pileus » fait comprendre l’évolution sémantique » bonnet » > » bogue de la châtaigne »; d’ailleurs le latin pileus désignait déjà l’enveloppe de l’embryon.

peillotte

Le mot pelha est maintenant limité au sud de la France, mais il a dû exister dans le nord, parce qu’on y trouve des dérivés comme le verbe pillier, espeillier etc. et le dérivé lyonnais : peillotte s. f., français rég. « enveloppe épineuse de la châtaigne ou bogue ». Pour aller chercher des châtaignes, il faut mettre des gants à cause des peillottes. Patois peillotta, latin Pilleum « feutre ».

Il est peut-être intéressant de noter que la prononciation a à peine changé depuis l’époque de l’occupation de la Gaule par Jules César: en latin parlé le -i- court accentué était déjà passé à -é-, et le -a final vient du pluriel pilea. La prononciation était donc pélha, ce qui en français régional donne peille.

Jour de peille à Cournonterral Phot Gazette de Nîmes, fevrier 2007
Clic sur photo pour agrandir

Pour tout savoir sur cette tradition voir le site: http://georges.borg.free.fr/cadrenouv000.htm

Un visiteur m’écrit :

l’article « pehla » me suggère le dérivé « pelharòt » qui me rappelle ma jeunesse. Un pelharòt, c’est, initialement, un chiffonnier, mais dans la langue courante c’est quelqu’un de mal habillé, de négligé « il est habillé comme un pelharòt » « c’est un pelharòt« ; mot qu’on utilisait souvent, il faut bien le reconnaître, pour désigner les « caraques ».

Pelardon

Pelardon s..m.  « un petit fromage au lait de chèvre produit à l’origine dans la garrigue en Cévennes ». Le  pelardon aurait peut-être disparu si sa fabrication n’avait été reprise par les néo-ruraux qui se sont installés dans les années 50-60. D’après l’abbé de Sauvages, le goût poivré des pelardons vient de la viorne à feuilles étroites. Voir l’article vige

Etymologie : dérivé de pilare « presser » ou pilu « pilon ». FEW 8, 487a, note 21 pélardon.

Pel, pelses

Pel, pelses « cheveu(x) + poil(s) » Capilus, pilus, et crinis.
Les Romains voyaient la pilosité de l’homme autrement que les Français d’oïl. Le capili étaient les pili sur le caput, ce que nous appelons « cheveux » ou « poils (de la barbe) ». Quand ils allaient chez le capilliculteur, et voulaient uniquement se faire couper les cheveux ils utilisaient le mot crinis « chevelure ». Le pilus était plutôt l’objet vu à l’unité : « un cheveu, un poil » souvent au figuré.
La distinction entre pili et capili « poils » et « cheveux  » n’existe pas en occitan, ni dans les langues germaniques ( par exemple anglais hair « cheveux + poils » et pas non plus en roumain, ni  en sarde. Je n’ai pas trouvé d’explication de cette répartition géographique, mais il est certain que l’occitan pel n’a pas les même connotations que le « poil » français. Les poils sont à enlever ou à épiler, les pelses doivent être peignés et/ou brossés.

En occitan le crinh est le «crin », un poil dur et épais des animaux.

Pegous

Pegous « gluant, fâcheux »; camparol pégous pour « Suillus granulatus » (champignon collant, Durieu); au figuré « qqn de collant » (Andolfi). Alibert s.v. pega ne mentionne que les sens figurés « fâcheux, geignard » etc. et « poisseux ». Voir l’article pegar

Pego

Pego « poix »voir l’article  pegar

Pégasse

Pégasse fr.rég. « plat de pommes de terre » voir l’article pegar

Pegar, pégasse, pego, pegous

Pegar « coller », du latin picare « enduire de poix, coller, goudronner ». Le sens « marquer sur la toison des brebis le chiffre du propriétaire » (Alès)  est déjà attesté dans les Basses Alpes en 1535. empegar « poisser » (SeguierI), s’empega , se sont empegas toutes dous en parlant par exemple d’un mauvais mariage de part et d’autre (SeguierI).

Pégasse fr.rég. « plat de pommes de terre » (Bernadette Lafont dans ‘La patate en fête. Edition 2004’ Edité par Germicopa , p.72 : « la recette m’a été indiquée par Jean Pellet, un berger cévenol. Je pense que ça vient du point de cuisson qui est atteint quand les patates et les oignons commencent à coller (péguer) au fond du poëlon ». Dérivé de pegar du lat. picare.

Pego « poix » dérivé du verbe pegar du latin picare « enduire de poix, » remplace en occitan et en catalan le mot petz, mot courant en ancien languedocien (13e s.) et qui était le représentant régulier du latin pix, picem. Anglais pitch, néerlandais pek allemand Pech viennent directement du latin.

Français poix a donné le verbe poisser « enduire de poix » d’où le dérivé poisse. L’allemand Pech haben est littéralement « avoir la poisse » une expression qui en français vient de l’argot des coureurs cyclistes et date du début du 20e siècle d’après le TLF. L’expression allemande Pech haben par contre date du 18e siècle. Elle est passée en néerlandais pech hebben. Grimm l’explique à partir du composé Pechvogel « malchanceux » littéralement « oiseau pris avec de la poix ». Je ne serais pas étonné si l’expression « avoir la poisse » n’est pas une création des coureurs cyclistes, mais un emprunt-traduction de l’allemand. En allemand elle a été créée dans le milieu des étudiants.

                          poisse                                                      quelques morceaux de pego naturelle

Pego-souleto « post-it » en bon français! composé de pego + souleto dérivé de latin solus. Néologisme recommandé. Pegassolet repris par Panoccitan.

A Marseille on connaît des Suce-Pègue : individu « pot de colle ». « Oh dis à ton frère qu’il me lache un epu. Que suce-pegue! » Tiré du site: http://www.marseillais-du-monde.org/dictionnaire.php3
Un visiteur de la région biterroise me signale : aquello empego! « c’est un peu fort de café ».

Pégot, le  «cordonnier,  savetier» est celui qui se sert le plus de la pègo.
Pegoumás, pegomas  « emplâtre ou cataplasme de poix; croûte sur la tête; torchon sale ». D’après Alibert pegomàs  signifie à Toulouse « rhume de cerveau; importun ».

Pégoulade « défilé avec des torches enduite de pego » Nîmes et Camargue

    

Pegous « gluant, fâcheux »; camparol pégous pour « Suillus granulatus » (champignon collant, Durieu); au figuré « qqn de collant » (Andolfi). Alibert s.v. pega ne mentionne que les sens figurés « fâcheux, geignard » etc. et « poisseux ».

 

FEW présentation et explications

FEW

Walther von Wartburg  « Französisches Etymologisches Wörterbuch. Eine Darstellung des galloromanischen Sprachschatzes ». Leipzig 1922 en cours de publication.

Sont absents de cette photo ; les 2 vol. Index (2370 pages, 3 colonnes sur chaque page), le Beiheft + Supplément qui contient tous les noms de lieu et de régions  avec les références  cités.  Ci-dessous la Tables des matières du FEW.

   

Le dernier comprend la Table des matières des vol. XXI-XXIII, pour ceux qui cherchent du travail, ainsi que  celle de la refonte du premier vol. , lettre A. La refonte d’une partie de la lettre B se trouve dans le site de l’ATILF.

Ci-dessous la carte de l‘Atlas linguisitique de la France avec inscrption des noms de lieu qui sont mentionnés dans le FEW. Cela veut dire que von Wartburg disposait d’un dictionnaire ou d’un lexique du patois de cette localité. Vous constaterez que pour la Provence, il y a encore du travail à faire!

Ci-dessous la carte aveugle du domaine occitan.
Les chiffres sont  les points de l’ALF, les petits cercles indiquent les lieux dont un dictionnaire, un lexique ou une oeuvre sont représentés dans le FEW.

« Strich »: l’ordre des localités dans un article. Un  Tour de France à faire.

Voici un exemple des fiches de préparation d’un article du FEW. Pour le limousin von Wartburg avait dépouillé entre autres le « Lexique limousin d’après les oeuvres de Joseph Roux » Brive 1895-7. D’où cette fiche:

L’article  insula « île ».

L’ étymon  insula  avec la traduction en allemand.

La structure d’un article qui est indiquée par une numérotation précise, est expliquée et commentée à la fin de l’article. Ici :

 I.1.a. Les représentants de l’étymon latin en ancien et moyen français: isle le genre et la signification, la date de la première attestation avec la source si elle n’est pas dans les grands dictionnaires. Suivent les attestations du moyen âge dans les dialectes de la langue d’oïl et de la langue d’oc dans un ordre déterminé ( le « Strich » voirci-dessus), qui commence avec l’Ile de France pour reprendre avec l’ancien wallon et finir avec l’ancien gascon des Landes. Ici: agn. = ancien anglo-normand, le français parlé en Angleterre entre de XIe et le XVe siècle. Suit la forme en moyen français  hyle avec le même sens, attestée dans un texte de 1485 probablement écrit dans les Flandres et la forme en français moderne île. En ancien dauphinois ila et isla, trouvés dans la traduction de la Summa Codicis Justiniani datée du XIIIe s. en dauphinois de la région de Grenoble.  Suivent les différentes formes de l’ancien occitan avec dates et localisations et les formes dans les patois modernes. Elles sont données dans l’ordre du « Strich« , à commencer par les patois de l’Ile de France, suivi  d’un saut vers le wallon, pour finir avec Lesparre dans la Gironde. Les données rassemblées ici proviennent de Giv. = Givet (Ardennes) et Petit-Noir (Jura) iy, Hérémence (Valais suisse), pr(ovençal) (= occitan) isclo, Mars(-eille)  (trouvé dans le dictionnaire du marseillais d’Achard édité en 1785), suivent les formes de Nice, Alès, Lasalle (30), du languedocien, Castres,du Rouergue, etc. etc. Les définitions données sont celles fournies par les sources.  Les sources de ces données sont indiquées dans les Suppléments au FEW.

Tiret « Übertragen » : les attestations du même mot au figuré.

Ablt. « Ableitungen » = dérivés. Les différentes formes et/ou significations sont séparés par un tiret long.

 

Zuss. « Zusammensetzungen » = composés.  Amyot = Jacques Amyot (1513-1593)

b.  (= I.1.b) Le même étymon est à l’origine  de iscla avec le sens « buissons  »  et les sens qui en proviennent. Suivent les attestations avec les significations données dans les sources. Toujours dans l’ordre du « Strich ».

 

 

Ablt. = les dérivés appartenant à ce groupe sémantique. L’ordre des dérivés est alphabétique suivant les formes des suffixes en latin .


islaie f. « lieu planté d’osier » (Est 1549-Oud1660)  : la forme islaie avec le sens « lieu planté d’osier » se trouve dans les dictionnaires français de Robert Estienne publié en 1549 jusqu’à celui d’Oudin de 1660.

2. (= I.2.) Apr.(=ancien occitan)ila. La première attestation de cette signification se trouve dans un texte de 1408 provenant du Puy en Velay, publié dans la revue Archivum Romanicum, vol.3, page 522. (Grâce à Internet vous pourrez le vérifier!).  Mon ami de Vias (Hérault) m’écrit que dans les archives locales du XIXe et XXe s.  le mot ile est souvent suivi d’un nom de personne.

 

II. Tout ce qui suit est basé sur des emprunts.

II.1.a.α. Emprunt à l’italien qui a crée le verbe isolare, emprunté d’abord en occitan.  Attestation de 1517 dans le livre de P.Pansier Histoire de la langue provençale à Avignon du XIIe au XIXe siècle.

II.1.a.β. ensuite à partir de la forme du participe passé isolato,

 

 

Ablt. (=Dérivés) On a créé l’infinitif isoler  à la fin du XVIIe en français, à partir du participe passé  isolé.

L’évolution sémantique du verbe isoler et des dérivés. Notez que l’argot n’est pas oublié.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Intéressant de noter que l’isoloir n’existe que depuis 1914

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

b. (= II.1.b.) Emprunt à l’italien du 16e s.

c. (=II.1.c.) Un autre emprunt à l’italien du 16e s.

2. (=II.2.) Le français a emprunté le mot directement au latin, ce qui explique le –n-.

Le sens du pluriel « les insulaires » espèce de contredanse » attesté dans les dictionnaires de Trévoux de 1752 à 1771 demande une explication.

3. -7.  (=II.3. – II.7.)  .L’explication des groupements suivants se trouve à la fin de l’article.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Latin INSULA est toujours vivant en italien isola, en ancien logudurien (langue de la Sardaigne) iscla, dans l’Engadin (Suisse) iksla, en ancien catalan yla (1291), en catalan illa, espagnol isla, portugais ilha, galicien insua ainsi qu’en galloroman. (Ci-dessus le groupe I.1.a).  Quelques formes n’ont pas suivi une évolution phonétique régulière comme par ex. italien isola mais aussi Ischia). L’allemand Insel est emprunté au latin, le moyen néerlandais ile  (> Lille) et l’ anglais isle ont été empruntés au français, le mot basque irla est emprunté au béarnais.

Dans le latin parlé dans les pays romanisés entre le Ve et le Xe siècle insula a pris le sens « terrain le long d’une rivière, terrain inondable, buissons et petits arbres sur ce terrain », attesté en moyen latin insula (dans un texte publié par C.Nigra); de là albanais iske « buissons sur les rives » (en Calabtre),  sicilien isula « idem », Montferrato (Piémont) isra « idem », Agnone (dans le Molise, sud de l’Italie) « terrain alluvionnaire », Montella iska « terrain près de l’eau », campidanien (un dialecte sarde) « idem », obwaldisch (parler des Grisons, Suisse) isla, Alghero (îlot avec une parler catalan en Sardaigne) iscra « frutteto ». Ce groupe de mots est réuni sous I.1.b. En latin insula a également le sens de « groupe de bâtiments derrière la maison du maître (domus)« . Ce sens existe toujours en galloroman dans les mots réunis dans I.2. II. Ce groupe comprend les emprunts. L’italien a créé le verbe isolare, dérivé de isola. Le groupe II.1.a contient les emprunts, d’abord en occitan (II.1.a.α ) et ensuite le part.passé isolato en français (II.1.a.β). Ensuite le français a emprunté le verbe isoler ainsi que d’autres dérivés, d’abord dans le domaine de l’architecture, ensuite le sens s’est généralisé pour de nouveau se spécialiser dans le domaine de l’électricité. D’autres dérivés italiens ont été empruntés, pendant une certaine période : isoletta « petite île » (II.1.b) et isolano « habitant d’une île » (II.1.c). Le groupe II.2. est emprunté au latin insularis, II.3.a.au latin insularius terme technique de l’archéologie, II.3.b vient de insularius ou bien de l’adjectif insularis; II.4. vient de insula-nus. La medecine moderne a crée deux dérivés (II.5.a et II.5.b). II.6. est un emprunt au latin paeninsula « presqu’île » qui apparaît en même temps que le mot demie île et prequ’île. II.7 est emprunté à l’anglais isleman comme dénomination des habitants des îles dans La Manche. Il est curieux que ce mot composé de isle et man n’est pas attesté en anglais avant le XIXe s.  – Bibliographie.