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Farda

Farda « habits, linge, hardes, robes » représente le mot arabe farda «balle de marchandise » ou plus précisément « la moitié de la charge d’une bête de somme ».

una mummia del Perù ancora avvolta nel fardo; circa XII sec.

esp., pg. fardo « paquet de marchandises »,

Italien fardo, cat. farda « ensemble de choses inutiles » et « paquet de nourriture pour un voyage d’une journée », comme à Pézenas fardo  « besace dans laquelle les journaliers portent leurs provisions de bouche ».  Dans le Tarn fardel « paquet  de tripes »  et en Rouergue a la fardoulho « en désordre, à la hâte » (M).

D’après le FEW le mot aoc. fardel « paquet », comme français fardeau 1, ont été empruntés à l’italien ou directement à l’arabe comme terme technique de commerce. Ensuite on a créé une ‘racine’  *farda  avec les mêmes sens. Le mot arabe farda signifie aussi « étoffe, habits »  car, quand on voyage le ballot  ne contient souvent que des habits. De là languedocien fardo « vêtements, hardes », Alès fardos « trousseau de la nouvelle mariée » (S), et des dérivés comme languedocien. fardetos « layette d’enfant », fardá « habiller, équiper, ajuster » Aveyron fardasses « chiffons ».

les anges boutis font partie des  fardos  à Alès.

La répartition géographique du  type farde « étoffe » est limité au gascon et languedocien.

Fargasse s.m. « homme négligé ». Dérivé de farda avec un –g- sous l’influence de quel autre mot ?

Petite excursion :

Au XVIe s. les soldats gascons ont introduit le mot farda dans le français de Paris  avec leur prononciation à eux : h- au lieu de f- : hardes et cette forme s’est répandue de la capitale vers les provinces du nord principalement. Le sens péjoratif  du mot  hardes qui au XVIe s. signifiait «  bagage, vêtements, linge et coffre d’une personne »,  n’est attesté que depuis 1771. Le dictionnaire de l’Académie de 1762 parle encore de « belles hardes » ! De nos jours c’est un terme historique comme dans « les hardes et uniformes de matelots ». Voir TLF.

  1. Les mots farde, fardeau et le verbe farder en français, ont la même origine; voir le TLF

Farandoulo

Farandoulo « farandole » est passée dans  le Dictionnaire de l’Académie depuis 1835 (TLF) . Le nom farandole n’est pas attesté avant le XVIIIe siècle.

L’étymologie d’après le TLF, qui suit le FEW , est  » incertaine; peut-être altération du provençal barandello, brandello « farandole »  un dérivé de branda « remuer, branler », de même origine que brandir*, sous l’influence de dérivés occitans tels que flandina « cajoler », flandrina « lambiner », flandrin « fainéant » 1

Je ne suis pas très convaincu par cette étymologie et ceci  d’autant plus que b(a)randello est définie comme une « farandole languedocienne »! Voir aussi mon article brandado.

Hector Rivoire Statistique du département du Gard, Tome premier, Nîmes, 1842, p.343 cette danse est décrite ainsi:

Dans un très petit nombre de communes des arrondissemens de Nimes et d Uzès et en traversant les cantons de St Quentin d Uzès de Montaren de Blauzac et de Lussan toute la musique se compose d un hautbois et d un très petit tambour qui sert d accompagnement Dans quelques unes de ces localités la danse y est appelée branle ou baran delle C est une sorte de valse russe extrêmement précipitée dans laquelle on tourne continuellement sur un même plan »

 

une  farandoles (en bas de l’image)

Catalan : farandola « Dansa popular que hom practica actualment encara a Provença, però que també havia estat ballada a Catalunya ».

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  1. FEW t. 15, 1, p. 252, note 14 et t. 15, 2, p. 136b; v. aussi Coromines.

Fanga, hagne

Fanga « boue ». L’histoire de ce mot est la même que l’histoire du fr. fange.Cf. TLF fange .

Des formes comme le gascon hagne, le pérgourdin et le limousin fagno reposent directement sur le gotique *fanja « boue ». On les retrouve dans les parlers plus au nord, jusqu’à la Loire. Un deuxième groupe, comme occitan fanga, fango vient d’un germanique fani- + ga. Le plus répandu en occitan est le dérivé expressif fangas « bourbier ».

A partir de ce dernier la créativité lexicale des Occitans ne connaît plus de frein : fangassié « celui qui se plait à marcher dans la boue; râle d’eau », fangassous « bourbeux », s’esfangassar « s’affaisser, s’aplatir comme de la boue » (Barcelonnette), etc.

Fatras

Fatras « haillon » (S). Probablement un dérivé de fato, voir fataire. A cause de l’attestation tardive du mot français fatras  au XIVe siècle seulement et du mot provençal et languedocien au XVIIIe , von Wartburg pense que l’occitan l’ a emprunté au français (FEW).

Vu le fort développement du mot et des  dérivés de fato, en occitan, je pense qu’il s’agit plutôt d’un dérivé de celui-ci. Les mots expressifs en –as  sont très nombreux en occitan  et l’insertion du –r- peut s’expliquer par l’influence de mots comme  pataras « sale ». Il est également possible que le  -r- a été inséré par association avec  des mots comme fatrassou « petite guenille ; petit marmouset ». Fatrassou vient   de *fatelassou   Occitan  fatras  a  ensuite été prêté au français.

Afatrassir 1. v.tr. »rendre mou, lâche » 2.v.r. « s’avachir » (Mathon ; Alibert ) composé de ad + fatras ‘rendre comme un haillon’.

Alibert mentionne  faterassa « chiffon; molène « . Connaissez-vous la molène? Cliquez sur le lien! La description « Ses feuilles sont épaisses et ovales, mais surtout laineuses au toucher » explique le nom. En Angleterre on en faisait des mèches de bougies et la plante s’appelle « candlewick plant »ou « flannel plant ».

Voir fato cremado ci-dessus s.v. fato.

rascàs

cf. rascar

Vano,bano

cf. vanetge

babaire

cf. babahille

babo

babahille

Nieira ‘noir;e; puce’

Nie(i)ra « puce » vient de l’adjectif latin nigra « noire » feminin de niger.

La plus ancienne attestation vient d’un manuscrit conservé à la bibliothèque de Trinity College (GB), dans lequel le grand philologue Paul Meyer a trouvé un recueil de Recettes Médicales en Provençal, qu’il a partiellement publié dans le revue Romania, 32. Le texte date du XIIIe siècle et l’auteur vient probablement de la région des Saintes-Maries-de-la-Mer (13). Voici la recette en question:

(Pour tuer des puces, faites cuire de la semence de concombre sauvauge dans de l’eau et jetez l’eau dans la maison.)

Nous trouvons en occitan  deux formes : nie(i)ra et negra. La première se trouve en provençal et languedocien, la seconde dans les dép. de la Corrèze et du Lot ainsi que dans quelques villages des départements voisins. Voir le Thesoc les cartes puce. ( Injoignable à cause de ?)Voir le FEW  VII,129 ss toujours disponible. Nous constatons une grande différence de la répartition géographique du type negra quand nous le comparons avec les cartes du mot noir, dans lesquelles le type negro est presque omniprésent. Le FEWVII,129 explique que la forme nie(i)ro est celle qui est issue régulièrement du latin negra, et que le –g- dans la forme negra  « noire » est dû à l’influence du latin; mais je ne trouve cette explication pas très convaincante. Qu’est-ce que le mot noir a de spécial qui le lie au latin ?  Il suppose que les méridionaux entendaient plus souvent les mot latin que les franciliens.  Peut-être.

C’est l’occasion de parler eu  nUn peu de littérature occitane. J’ai rencontré le mot niero en parcourant les Nouvé  « Noëls » en provençal de Nicolas Saboly (1614-1675).   Saboly était un grand musicien et un excellent poète. Je le comparerais volontiers à Georges Brassens. Un des Nouvés les plus appréciés était le n°35 : Sant Jóusè m’a di.. chanté sur l’air de Noste paure cat …. (texte et musique) qui  comprenait 7 couplets.

Saboly Nouvé 35 mélodie populmaire

Saboly Nouvé 35 mélodie populmaire     Ce lien vous donne le texte complet et la musique. Soboly était un grand musicien et un vrai poète; Le Brassens de l’époque.

 L’éditeur du texte,  Fr.Seguin ajoute l’explication de texte suivante :

cliquez pour la suite en PDF

Vous constaterez qu’avec l’orthographe étymologisante  de « de » mais det « doigt » (Panoccitan) le jeu de mots se perd.

La Coupo Santo. Un peu plus loin dans le même livre je trouve la mélodie du Nouvé 64, que Mistral a repris pour la Coupo Santo. Melodie + texte Nouvé 64 Saboly
Mélodie + texte Coupo Santo

Afachados

Afachados « châtaignes rôties » est le participe passé du verbe afachar  « préparer, accommoder », transformé en substantif. Du point de vue sémantique il s’agit d’une spécialisation limitée aux  parlers cévenols.

Le verbe *affactare « préparer »1  a abouti à afachar  ou afaitar  en ancien occitan (vers 1200)  avec les sens  » tanner » et « apprivoiser, dresser, en parlant des animaux, surtout des faucons », un terme de chasse donc. (DOM s.v. afachar) Suivant les localités afachar  a le sens général « préparer » ou spécifique comme « égorger un animal »,  « éplucher les châtaignes rôties » (languedocien, S),   « orner, parer » (béarnais) « tanner »,  « vanner » (franco-provençal). Cf. le verbe français  affaiter « préparer » qui a pris les différentes significations suivant le milieu où il est utilisé.

padelo de las afachados (S) voir l’article sartan

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  1. *affactare n’est pas attesté  mais les formes actuelles nous permettent de  supposer que affactare  a été créé à partir du verbe affectare  sous l’influence de factum « fait ».