cat-right

fourniá, foronisar, denisar

Fourniá, foronisar, denisar « quitter le nid » est composé de foras (dehors) + nidus +are. La forme donné forgnar par Alibert n’est attestée nulle part d’après le FEW 7,122a-b., ce qui est confirmé par les données du Thesoc. Partout c’est foronisà, horoniza dans le Gers, frognar, fo(u)rniá, fourniá. Le verbe existe aussi dans le Bourbonnais, le Centre et le Berry.

Un jeune oiseau qui a quitté le nid s’appelle un fourniau (Marseille), un foronison (Toulouse, Tarn, Castres) ou un froniol (Cahors). Dans la Haute Provence , le Poitou et dans la Sologne le verbe a été renforcé par ex- : s’efforgner « quitter le nid; s’émanciper », qui existe aussi dans le Nord de l’Italie. Voir aussi l’article asirar  « se mettre en colère »  devenu  « abandonner le nid »  > « s’émanciper ».

A partir de nidus ont été formés aussi les verbes  déniar, denizar « dénicher, abandonner son nid » < de + nidare (Creuse, Dordogne) et aniar, anizar « nicher, faire son nid, couver » et s’aniar, s’anizar « se nicher » < ad + nidare.

Dans l’Aveyron le participe passé onià, oniqua, aniat a pris le sens  » affaibli par défaut de nourriture »; ce sens a dû naître sous l’influence d’un dérivé de nihil : (a)nequeriment « faiblesse par manque de nourriture » (FEW 7, 139b).

Toujours dans l’Aveyron on a créé le verbe desonisà « dénicher » < de + ad + nidare , dans la Corrèze désanià (Thesoc) .


prêts à  fournia, déniar, ou denizar.

Font

Font « fontaine, source », prononcé fong ou fwong (p.ex. à Avèze) dans le Gard d’après le Thésoc.

Latin fons, fontis signifie « source » et est masculin en latin classique, mais devient féminin à partir du IVe siècle. Fons a disparu dans une grande partie de la Romania, notamment dans le Nord de la Gaule, probablement par l’homophonie avec fond provenant de fundus. Fons est conservé en italien fonte, en catalan font et en espagnol fuente, en occitan et en franco-provençal. Des toponymes prouvent qu’il a dû exister dans le domaine d’oïl jusqu’aux départements de l’Aisne (Fontvannes) et de l’Aube (Fontette). Une grande fontaine publique s’appelle grifol

Français fonts, sousentendu baptismaux est un emprunt au latin de l’Eglise. 

Une étymologie peu intéressante! Mais j’en parle parce que pendant un week-end à Barcelone j’ai pu voir le spectacle grandiose de la Font de la plaça d’España. Cliquer sur ce lien pour avoir une idée!

Bien sûr il y a aussi la A la Font de Nîmes…. (Musique et images)! Celui-ci vous mène à You Tube. Texte et musique en même temps.

 

 

Fondron

Fondron  « tablier » cf. fandaou

Foguier, cap foguier

Foguier de l’adjectif latin focarius « ce qui fait partie du foyer ».

En occitan foguier comme adjectif ne se trouve qu’en combinaison avec le mot cap : cap foguier « chenet »(Albi 1200), cafouyé (Aveyron), appelé aussi cafio (S) de latin focus « feu; foyer ».

Comme substantif foguier; fouguier signifie « âtre; foyer » et en occitan moderne « fusil du boucher ». Le mot français fusil  a la même étymologie « pierre à feu » (TLF)

L’utilisation comme adjectif dans le Compoix de Valleraugue :  « et l’étage plus haut d‘autre maison foguiere » (tome 1 179) doit être attribuée à un style cadastral, mais il n’y a pas d’autres attestations à ce que je sache.

cap foguier ou capfio

Foganha

Foganha « foyer, pierre de l’âtre; cuisine » (Alibert). Dans le Compoix de Valleraugue ( t. 2 p.123) : FOGAIGNE : Habitation. « La maison fogaigne du dit thomas Teulon ». Il est encore vivant en français régional : faire fougagne « faire une grand feu » (Lhubac).

Etymologie : le mot foganha, qui est limité au provençal et au languedocien,est un dérivé de focus « foyer, feu », + aneus attesté depuis le moyen âge, de Briançon jusqu’au département du Tarn, presque toujours avec le sens « cuisine », avec quelques exception comme  dans l’Aveyron où c’est la « plaque de cheminée ».

En dauphinois existe le verbe fouganhar « faire la cuisine ». Voir aussi le site La maison au moyen âge. Le mot se retrouve en catalan: fogayna « foyer ».

Dans l’Inventaire du chateau d’Hyeres de 1431 nous trouvons le texte suivant  qui montre que la foganha est bien la cuisine:

Dans la note l’éditeur du texte ecrit qu’il n’a aucune idée du sens du mot mal-net.  Si vous avez une idée faites me le savoir.  Vous pouvez consulter cet inventaire, grâce à Gallica. C’est dans le Tome 37, page 311 de la Revue des Langues Romanes. (lien direct vers la page!)

Un inventaire curieux:  il y aussi une liste des objets qui manquent !

Flourdalisto

Flourdalisto, « royaliste » (Gard, d’après Mistral.); « qui, autrefois, exerçait  la profession de déchiffrer, de traduire les anciens actes » (Lang.), appelé aussi frâoudulisto  Le métier n’existe plus depuis la 2e moitié du 19e s.

Substantif formé sur français fleur de lis « l’emblème des rois de France » depuis le XIIe s. La forme frâoudulisto est contaminée (ou un jeu de mots) par . fraoudo « fraude » emprunt au lat. fraus « tromperie » ; la forme indigène serait *fraou comme cat. frau  «tromperie».

J’ai l’impression que le syndrome du « tous pourris » est très ancien.

Flourat

Flourat, « vermeil, bien portant » (Alès, Béziers), part.passé du verbe  ancien occitan   floura « donner de l’éclat », dérivé de flou « fleur ».

Flour

Flou « fleur » (en parlant des plantes) du latin flos, floris, mot vivant dans toutes les langues romanes.  Le sens « ce qu’il y a de mieux » a existé en ancien languedocien flor « farine », (XIIIe s.) mais ne se retrouve pas dans les patois modernes, pourtant le sens « ce qu’il y a de meilleur » est international.  D’ailleur flourat  « bien portant » en est très proche.

Le sens  « cendres » semble être limité à la région de St. Etienne. Voir flourié

Dans un Sirventès, intitulé De paraulas es grans mercatz , toujours d’actualité, Peire Cardinal, écrit à propos du bon et mauvais utilisateur de la parole:

E-l mals s’en va ab so mot mal,
E si res a bon, non li’n qual;

Que semblanz es a barutèl (tamis)
Que reten lo lach (le laid) e da-l bèl

E laissa en passar la flór.
E qui retenra lo peiór
De so qu’au dire, ieu entén
Qu’el laissara la flor per bren
(le son. )

Vous trouverez le texte complet avec la traduction en francais en suivant ce lien: Peire Cardinal

Par contre existe le mot  flourado, « élite: ce qu’il y a de meilleur ». Dérivé de flos qui avait ce sens déjà en latin. Anglais flour « farine », néerlandais bloem « fleur; farine’. Cf. aussi sanfloura, flourat et flourié ci-dessous.

Flourié

Flourién, florièr « grosse toile dans laquelle on met la cendre  pour la lessive au-dessus du linge à couler » (S),  ancien occitan flourie (1473);  D’après les attestations le mot est limité à l’est de la France, de la Lorraine au franco-provençal, provençal et en languedocien jusqu’à Pézenas.  On le trouve aussi dans le Piémont.

Etymologie : dérivé du latin flos « fleur » dont le sens « cendres » semble être limité à la région de St. Etienne. Le transfert de sens de « fleur » vers « cendres » a dû se faire par le sens intermédiaire «farine » comme dans fleur de farine,  quoique ce sens est absent en languedocien moderne. Cf.   pourtant sanfloura  et flour .

Floron

Floron « furoncle », flouroun, fleuron (Andolfi). vient du latin furunculus « furoncle », avec métathèse du -l-, probablement sous l’influence du mot flour « fleur ».  Floron   est commun à l’occitan, le catalan floronc et le piémontais fioron.

 

flor et floron

D’après le TLFs.v. furoncle il y a eu en ancien français une forme floroncle sous l’influence de l’ancien occitan floronc. L’effet de  l‘étymologie populaire qui veut toujours « motiver » les mots, c’est à dire donner un sens à la forme,  furoncle a changé de famille. Latin ferunculus signifiait « abcès « , sens issu par analogie de celui de « bouton, bosse de la vigne; sarment sauvage (qui dérobe la sève aux tiges principales) », diminutif . du bas latin furo,-onis pris au sens de « voleur ». Voir  furo « furet ». La forme n’etant plus comprise, et par ressemblance à certaines « fleurs » on a  transformé un  voleur en  une petite fleur : florem.