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Olaire, oler

Olaire « potier »  en languedocien oler.   Dérivé de  olla  « marmite ».  Voir  ola.

L’abbé de Sauvages indique que le mot oler  est ‘vieux’. La belle phrase  qu’il cite comme exemple  vaut cet article spécial:

No a pozestat l’oler de la mezöissa la mase dë lot far l’aoutre vaissel ën oner, mai l’aoutre ën anta. « Le potier n’a-t-il pas le pouvoir de faire de la même masse d’argile un vase destiné à des usages honorables et l’autre destiné à des usages bas et honteux ».

Nim

Nim « sorte de drap ». De nos jours le denim.

Dans un texte intitulé Etat du commerce en Languedoc, de 1744, je trouve: Les Nims qui sont fabriqués, partie avec des laines d’Espagne et partie avec des laines du pays, et les Londres larges qui sont tous de ces dernières, ne donnent pas à beaucoup prez autant de profit à cause de la rareté et de la cherté des laines.
En bas de la page : Nim largeur : une aune 1/5 Prix 8 livres 10 sols (en couleurs assorties).

Et une remarque intéressante, dont je vous laisse l’interprétation :

Ce profit seroit bien plus considérable si le fabriquant avoit la liberté d’expédier des draps par le port de Cette au lieu de les faire passer par les mains des négociants de Marseille, qui y mettent eux mêmes le prix et qui s’assurent toujours un gain certain, sans partager les hasards de ce commerce. On scait le préjudice que la Province recoit de cette gène, et les démarches que les Etats ont fait jusques à présent pour lui procurer une liberté qu’il est naturel qu’elle désire et qu’il paroit juste de lui accorder. »

En tout cas les Marseillais n’ont pas changé.

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Guinsal, guissal

Guinsal, guissal « hart, corde, lien; corde de pendu »  a un lien étymologique avec guindre. Dans le site Panoccitan, sont mentionnés : guinsa nom f. » mèche de cheveux » loc ; guinsal nom m. « hart » nom f. et guinsalh nom m. guinsal. Il s’agit d’un groupe de mots dont les attestations sont très rares. La première vient de Giraut de Bornelh (c. 1138 – 1215) ginsaill « laisse pour conduire les animaux ». Louis Rouquier de Puisserguier (début XXe s.) utilise le mot guissal avec le sens « hart ou corde de pendu »; à Toulouse c’est le guinsal. D’autres attestations viennent du Béarn guissalh « hart, corde, guenille; petit serpent ».

D’après le FEW c’est un représentant du gotique *windseil « laisse ». Le verbe winden « se tortiller, serpenter; envelopper en tournant une corde, une bande de tissu  » est très répandu dans les langues germaniques. Je ne crois pas qu’il est nécessaire de supposer le composé windan « tortiller » + seil « corde », puisqu’un un dérivé windsel « bande de tissu pour envelopper ou lier » est un dérivé courant en néerlandais en tout cas. En moyen français existaient des emprunts au néerlandais comme windelingue avec une significations très proche. (Voir DMF). Néerlandais windeling a le même sens et est attesté depuis le Moyen Age.

Je suis étonné d’autre part que personne n’a suggéré à ce que je sache, qu’il y a peut-être un lien avec les mots issus de vinculum et *vinciculum qui existent dans la même région avec la même signification « lien ». Voir vencilh.

Je ne sais si guinsa « mèche de cheveux » appartient à la même famille de mots.

Guindre

Guindre « dévidoir pour les cocons » (Cévennes, Alibert), guinde « dévidoir très léger sur lequel on opère le dévidage des cocons » (Mistral, qui donne en plus les formes vindo, vindoul (Nice), vindour). Les formes avec un v- initial, qui se trouvent dans les parlers provençaux en Italie, mais aussi dans le Queyras et à Barcelonnette vindou(r), continuent la zone géolinguistique du Nord de l’Italie, par exemple piémontais vindou.

Le TLF fait la remarque suivante: « Mot du Sud de la France prob. empr. à l’ital. guindola « dévidoir », attesté dep. le XIVe s. (doc. lucquois ds BATT.), prob. dér., à l’aide du suff. -ola, du m. h. all. winde « id. » (cf. piémontais víndu, véndu, vindo; v. FEW t. 17, p. 588b); la finale du mot fr. fait cependant difficulté. »

Pourtant je ne vois pas de problème  accentué comme gondola [gón-do-la] : gùindola >*guindla > guindre. Cette dernière forme est bien attestée à Alès, La Salle et Marseille et renforce l’hypothèse d’un emprunt à l’Italien. L’italien l’a emprunté à l’allemand winde « trueil » du verbe winden « se tortiller, serpenter ».

Voir mon article sarga sur le développement de la sériciculture, et les dessins ci-dessous tiré du site de Georges Mathonpour savoir de quoi nous parlons.

            

Gèrla

Gèrla « cuve, jarre, seau, hotte ». Le latin a créé un adjectif gerulus « portable » en partant du verbe gerere « porter ». Gerulus était le plus souvent utilisé en combinaison avec tina « cuve » : gerula tina.

De la même façon que  de nos jours un ordinateur portable est devenu un portable, et un téléphone mobile un mobile, la gerula tina est devenue une gerula « une cuve ». L’accent étant sur le –e-, gèrula > gèrla. Le sens reste assez flou et le mot s’applique à toutes sortes de récipients. Dans certaines régions gerla désigne un récipient spécial, par exemple à Barcelonnette la géarla est un « seau en bois, avec queue, pour traire les vaches ». D’après le Thesoc, gèrla peut être un « récipient à l’huile » ou « un récipient à porter à boire aux champs ». A Nîmes est attesté en 1300 le dérivé girlon « seau pour traire les vaches ».

                 

gèrla, girlon ancienne                         gerla moderne                        gerulus ordinator

  
           gerulus telephonicus