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Bugada

Bugada « buée; lessive; linge de la lessive » et les dérivés bugada(r) « lessiver », bugadarià « blanchisserie », bugadier « cuvier à lessive », bugadièra « blanchisseuse, buanderie; liseron » bugadon « petit cuvier », bugador « cuvier », bugàs « vent chaud et étouffant ». Mistral donne quelques indications complémentaires:

       bugadiera  

L’étymologie est la même que celle du français buer, buée.  « De l’a. b. frq. *bûkôn « tremper dans la lessive » » (TLF). Suivez ce lien.  Vous verrez que mon travail est de la vulgarisation.

Buc

Buc  » chicot d’une branche d’arbre ; pointe ; écharde ; cime de montagne ; ruche d’abeilles ; tronc d’arbre creusé où l’on plaçait les bébés ; dans l’Aude : conque ou bassin fabriqué avec un morceau d’écorce ; ….  » (Alibert). L’abbé de Sauvages donne en plus  le sens   » chicot d’une dent cariée « .  Le mot a existé en ancien français avec les sens  » tronc du corps  » et  » tronc d’arbre « , comme en ancien occitan. Dans les parlers modernes, buc n’est attesté qu’en wallon, en franco-provençal et en languedocien.

D’après le FEW l’origine est l’ancien franc buk  » ventre « , que l’on retrouve en allemand Bauch,, néerlandais buik et ancien néerlandais buuk avec le sens » ruche  » comme le mot buc occitan ! Le sens primaire de buk semble être  » cavité  » et de là  » tronc  » ou  » ventre  » et ruche,  » chicot  » etc.. Le mot existe également en catalan, espagnol et italien.

des bucs à Thines (Ardèche)

Bugar, bugat ou bugalh « rucher ». Le visiteur/apiculteur Jean Courrènt m’envoie la contribution suivante:

« Comme vous le savez, la ruche est appelé buc, de Toulouse à la mer1. Dans votre présentation, je ne trouve pas le bugar (le rucher). Buc est apparu après l’installation des Wisigoths. L’orthographe de « buga » (rucher) est bugar, bugat ou bugalh (avec des nuances de sens), en Terre d’Aude. Le mot bugar, qui désignait « un gros rucher » (probablement du seigneur civil ou religieux, à l’origine, à l’époque de la féodalité et des droits d’abeillage et d’épaves) n’est plus utilisé depuis que la production de sucre à bon marché a réduit l’importance de l’élevage des abeilles (probablement deuxième moitié du XIXe siècle). Actuellement, les vieux apiculteurs ne disent plus que « ai bucs » (« Vau ai bucs » ou « Vau a las abelhas« ) ce qui rejoint le apiaria [pluriel de apiarium], les lieux où l’on met les ruches des abeilles, constaté dans le langage commun, par Aulu Gelle, au IIe s. (Nuits Attiques, II, 20). Le rusca des Gaulois devait également se maintenir jusqu’alors, pour la ruche familiale (ce qu’il faudrait quand même prouver).
Bien cordialement. J.COURRENT.
PS : En 1704, le compoix de Montredon-des-Corbières signale deux bugars (un gros et un petit). A la même date, il y avait trois bugars à Tuchan, dans les Corbières. Le bugar ne désignait donc plus le rucher du seigneur. »

  1.  Remarque : Le Thesoc donne le type buc « ruche » pour les départements de l’Ariège, le Gers et la Haute-Garonne. Alibert mentionne bugal, bugar « rucher, groupe de ruchers »

Brasucado, brasa

Brasa, braso « charbon ardent », du germanique *bras- qui a le même sens. Cf.fr. braise mot vivant dans toute la Romania, excepté le roumain : it. bragia, cat. et esp. brasa et port. braza. C’est un emprunt aux langues germaniques très ancien.

Le verbe brasá  signifiait en languedocien « mettre des braises dans les sabots pour les chauffer ».

Le nom du pays le Brésil a la même origine : le pays a été nommé ainsi d’après le nom qu’on avait donné au moyen âge  au bois rouge (ancien français  bresil ou brasil) qui est propre à la teinture, et dont on trouvait de grandes quantités dans le nouveau monde.

Brasucado, «rôtie de châtaignes ». « La brasucade (en fr. rég.) consiste à griller des châtaignes dans une poêle à longue queue percée de trous sur un feu permettant de bien les enfumer ; de temps en temps on les fait sauter pour obtenir une cuisson homogène, puis on les décortique. » (source : site internet « La Vallée Borgne ».)

Le mot est pratiquement absent des anciens dictionnaires dialectaux. A l’exception du  dictionnaire de l’abbé de Sauvages,  je n’ai trouvé qu’une seule attestation à Ytrac près d’Aurillac dans le Cantal.

Il a connu un franc succès avec le développement du tourisme et des grillades et s’applique maintenant à tous les mets préparés avec des charbons ardents : brasucade géante « moules grillées » à Valras plage, brasucade – sardinade  à St Genies des Mourgues,  « escargots cuits » à la brasucado  à  Béziers, etc.

Au Vigan le club des séniors s »appelle « La brasucado« . En francitan brasucade est devenu synonyme de  grillade » (Lhubac).

D’autres mots pour « châtaignes grillées » : rabinelo , voir rabinar; castagnade voir castagno; bajanade, voir ce mot. Il semble que dans la région de Lamamou-les-bains cela s’appelle biroulade, mais je n’ai pas de confirmation de ce mot. Si vous le connaissez, contactez-moi! Un visiteur l’a fait! Il m’écrit:

Natif du Bousquet d’Orb, je confirme que faire griller des châtaignes sur un feu de bois se disait faire une biroulade.

Brasucado est dérivé du verbe brasucar « tisonner » qui est limité au  languedocien. Dans l’Aveyron se brasucá « se rôtir, se griller au feu, au soleil ».  Un des nombreux dérivés du germanique *bras- « charbon ardent ».

Brasucá « tisonner » (Lhubac). Voir brasucado ci-dessus.

Bout

Bout « tonneau; outre » est occitan et vient du latin populaire buttis « sorte de vase (contenant des éléments liquides ou  solides », (lui-même sans doute emprunté. au grec bouttis « récipient en forme de cône tronqué »), largement attesté en latin médiéval au sens de « tonneau » ou de « outre ». (TLF s.v. bouteille).  Alibert a mélangé les deux familles buttis et butticula dans son article bota.

La langue d’oïl ne connaît que le dérivé butticula « bouteille ».

Sur l’image de l’outre ci-dessus vous voyez qu’elle se termine par un gros tuyau. Cette partie de l’outre est dominante dans le sens du mot botte « tuyau de cuir » du parler de l’Aunis (Charente) et dans botiero « grosse corde qui entoure la charge d’un mulet ». A partir de la forme de l’outre on est arrivé au sens bouto « vessie » dans le Lauragais et le Tarn et à boutiola « ampoule sur la peau » dans l’Aude et l’Aveyron.  Bot, boute,bouto « outre » est conservé dans de nombreux parlers occitans. Il y a même le verbe bouta « écorcher un bouc pour faire une outre ».

Le sens « tonneau » se retrouve en italien botta, anglais butt « un grand tonneau ».

Je pense que le sens  « outre en peau  » est le plus ancien, parce que tout en faisant des vases en terre cuite, les Grecs par exemple ont gardé la forme de l’outre. La bota de vino espagnole  ressemble beaucoup à l’ askos  grec.

askos bota de vino

L’askos est un vase à verser à fond plat d’une taille de 8 à 20 centimètres de hauteur. Sa forme, qui comporte plusieurs variantes, rappelle généralement celle d’une outre en peau. La plus courante présente un corps gonflé, légèrement écrasé sur les côtés, et une embouchure décentrée. Une autre variété a un corps annulaire sur lequel est implanté un col, parfois figuratif et souvent zoomorphe. . Je pense que le sens « outre en peau  » est le plus ancien, parce que tout en faisant des vases en terre cuite, les Grecs ont gardé la forme de l’outre

Bouto « outre en peau à porter du vin  à dos de mulet » L’abbé de Sauvages note que ce mot est limité à quelques cantons (lesquels?? contactez-moi s.v.p. si vous le savez)  et qu’il s’agit d’une « outre en peau de bouc« .

Composés avec les représentants de inflare « gonfler » : botenfla(t) « vessie, pustules, bulle » etc.

Une recette espagnole La butifarra con judias y el vino de la bota, où les deux mots butifarra « sorte de boudin » et bota « outre » ont la même origine. Catalan bot. On ne sait si boutifarro est une simple variante phonétique de boutiflau ou si -farro a une autre origine.

butifarra

Mistral.

Voir aussi l’article  boudego  « cornemuse ».

Bigour

Bigour, bigornau « murex » (Alibert), « littorine » (Panoccitan). Voir plusieurs sites Wikpedia à partir de Murex. Le sens exact ne m’est pas connu, il doit varier d’un endroit à l’autre.

                    Murex                                                          Bigorneau                                                                            Murex pourpier

C’est à partir d’une glande du murex (Bolinus brandaris) que les anciens ont obtenu la fameuse pourpre de couleur violacée. Utilisée pour teindre le parchemin et en teinture des tissus. C’était un pigment très très cher, connu   dès 1600 av. JC. La pourpre  a été utilisée jusqu’au haut moyen-âge. La recette aurait ensuite été perdue.  Il faut plus de 10 000 individus pour obtenir environ 1 gr. de pigment. Couleur citée par Pline l’Ancien, M. Pastoureau, F. Brunello..Tiré du site http://www.or-pigments.com/animaux.html. Dans la page Tyrian purple , d’un autre site, il y a une traduction en anglais de la recette de Pline l’Ancien. suivie d’un cours de chimie!

L’étymologie de bigour est latin bicornis « qui a deux cornes ou deux branches ». Le sens du mot s’adapte à son environnement. En français un bigorneau  est une espèce de petite enclume , et dans le milieu des corroyeurs une masse en bois qui sert à fouler les peaux mouillées; dans le Morvan on nomme bigour un trépied pour travailler le bois.   Le bigorne est aussi  un animal à deux cornes, par ex. en Suisse « un petit escargot » en Bretagne « un limaçon de mer, comestible », en Poitou c’est « un animal fantastique à deux cornes ». Enfin on s’en sert pour décrire des défauts corporels ou psychiques: dans le Queyras bigorno « personne stupide ».