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Platussar

Platussar « bavarder ».    Un verbe très courant en occitan et en français régional.  Platussar « bavarder » est bien attesté dans le Limousin et le Périgord, comme le substantif platussá « femme bavarde » (FEW IX, 50b).  Cf. ce blog . « Quoras auras-tu ‘chabat de platussar ? « .

L’étymologie est le  latin vulgaire plattus « plat », qui a pris le sens « langue » en moyen français dans l’expression jouer du plat et le dérivé platine « Verve, faconde, bagout » (vieilli TLF ) Le Thesoc fournit un seul exemple platinar « bavarder » à Castries(34).  Je pense que le verbe  platussar  a été créé indépendamment du français.

En allemand le mot plat a pris le sens « langue régionale » dans le composé plattdeutsch: « dem norddeutschen flachland angehörend, die volkssprache desselben redend, in ihr geschrieben, den bewohnern desselben eigen » (Source).  La source explique que cette forme de l’allemand est parlé et écrit dans la plaine nord-allemande.  ein plattteutscher, inferioris Saxoniae incola. (Grimm). En néerlandais plat praten signifie « parler avec un accent local prononcé ou parler le parler local ». Les accents et les parlers locaux n’y ont point une image négative comme c’est souvent le cas en France. En allemand existe un  très joli mot pour patois, ou parler local:  Mundart , littéralement « la façon dont est formée la bouche »

Platassejar « jouer du plat de la langue » d’après Alibert. Une expression vieillie en français. Dictionnaire de l’Académie de 1835 et 1878: « Donner du plat de la langue Faire de belles promesses qu’on n a pas dessein d’exécuter,  faire merveille du plat de la langue Chercher à étonner à étourdir par de grandes phrases par des récits extraordinaires » .  La forme platassejar ne se trouve pas dans les dictionnaires occitans consultés par le FEW.

Plantolièr, plantolièra

Plantolièr, plantolièra « pépinière de châtaigners, de mûriers, de choux, d’oignons, de poireaux »(Alibert).

Une première et unique attestation dans le Compoix de Valleraugue (1625) : « et plantholier de castagniers » (tome 2 page 22). Quelques attestations en occitan moderne (voir Google), et plantolou à Agen.

Plantolièr, plantolièra est un dérivé du verbe plantare « mettre une plante en terre ». Le suffixe -ol- avait autrefois la valeur d’un diminutif  d’après Alibert, p.35,  et le suffixe -ariu > -ier, -iera sert à créer des substantifs abstraits.

Planta « plantation », qui vient du verbe latin plantare ,  est un bon exemple de l’intérêt de l’étymologie  » histoire des mots ».     Les Romains n’avaient pas la notion plante au sens « Être vivant appartenant au règne végétal ». La notion « règne végétal » n’apparaît qu’au XIIIe siècle en latin médiéval, et au XVIe siècle en français et en occitan. En latin classique planta, -ae, déverbal de plantare « planter » ne désignait qu’une bouture à planter, puis un jeune plant, à côté de herba qui ne recouvrait que partiellement la notion actuelle de plante puisqu’il excluait les végétaux désignés par arbor « arbre ».

La question qui se pose est de savoir si cela implique une certaine vision du monde que la langue nous impose. Un autre exemple : un avunculus « frère de la mère » n’a pas le même statut qu’un patruus « frère du père ». Est-ce que pour nous la protection des animaux inclut les pucerons  « non », les abeilles  « oui », les papillons  « eh.. »?

Une jolie image d’un plantolier moderne à Genolhac (30) :

          

et une plante de pied de Marilia Fayh (goldebicicleta)

Latin planta signifiait « bouture, etc.» mais aussi « plante du pied ». Ce dernier s’explique par le fait que pour planter on foule la terre avec la plante du pied. Ce sens vit aussi en italien pianta, en catalan planta des peu où s’est développé le sens « habitation du rez-de-chaussée » et en espagnol llanta «jante d’une roue ».

Plan

Plan s.m. « surface plate », adj. « bon, bien; lisse, plat « . Etymologie :  latin planus « plat, uni ».

En langue d’oïl il y a eu confusion entre les représentants de planus  devenu [plain] et  plenus [plein] avec une prononciation identique. (Cf. le mot  néerlandais plein  « place ».)  Cela ne  s’est pas produit en occitan plan<mais > plen.

Les expressions citées par Alibert planponh « une poignée de main pleine » et plan-cant « plein chant » sont donc des emprunts au français. D’autre part l’adjectif plan n’est attesté en français que depuis 1520 et pourrait être un emprunt à l’occitan et non pas au  latin comme prétend le TLF. qui écrit  que l’expression plan-plan « doucement » vient du provençal, où plan « doucement » est attesté depuis la 2e moitié du XIIIe siècle, dans le roman Flamenca.

Dans le  Compoix de Valleraugue est mentionné un  plan cayriel. Je pense que cela veut dire : « un plan  « surface plate » où peut passer une charrette » un  cayriel,   dérivé de carrus « voiture » emprunté par le latin au gaulois. J’ai l’impression que le scribe a voulu franciser le mot (déjà ancien) occitan (camin ou pon) carral « praticable aux voitures ».  Comparez aussi ancien occitan Planil, planayo, planoulet « petit terrain plat ».

Une autre possibilité : cayriel = cairel  « un plat pavé » d’après Alibert. Dans ce cas l’étymon est latin vulgaire *quadrellus « carreau ». Voir Carrel.

Pichon, pitchoun

Pichon, pitchoun et pichouline « petit » viennent d’ une racine pitch- dont nous trouvons des représentants en occitan, en franco-provençal et plus au nord jusqu’en franc-comtois et dans l’Ouest jusqu’au Nord de la Loire. En dehors du galloroman  nous le retrouvons  dans les parlers italiens, par exemple le ligure pchitu, jusqu’en serbo-croate et en albanais.(Z 15, 112;Z 54,488).

Une variante se trouve déjà au Ier siècle chez Martial pisinnus qui s’en sert avec le sens « garçon ». Les formes avec –i-,   pitch , sont beaucoup plus fréquents que les formes avec –e- petch-, pech-.

Le dérivé le plus connu à Manduel est La Pitchouline, le bulletin de communication de la mairie. Ailleurs c’est une « variété d’olive, bonne pour être confite » En marseillais la pichoulino a un bout pointu et on la mange marinée. Elle est mentionnée comme olive picholine dans le dictionnaire de l’Académie de 1835, le  masculin  picholin désigne l’arbre.  A Bayonne un pitchoun est un « gagne-petit, rétameur ».

La picholine : Originaire de Collias, petit village gardois, c’est la principale variété française d’olives vertes mais c’est lorsqu’elle est bien noire et pleine d’huile qu’on la ramasse pour en faire la fameuse huile d’olive Picholine. Huile de si bonne qualité qu’elle est en passe d’obtenir l’appellation d’origine contrôlée.

pati-coufi, patin-coufin

Pati-coufi ou patin-coufin « et patati et patata ». Les deux formes se trouvent dans le Midi. L’abbé de Sauvages donne aussi l’expression patin-patourlo qu’il traduit par « pati-pata ou bredi-breda , mots inventés pour exprimer la trop grande rapidité de quelqu’un à s’exprimer & pour s’en moquer ».

Il s’agit d’une onomatopée comme la forme française.   Voir le TLF s.v. patati

A Marseille est attesté le verbe apatia « repaître, rassasier; rendre commun, vulgariser » et à Puisserguier l’adjectif apatiat « trivial ».

Dans les sites de lexilogos et ABC de la langue française, vous trouverez des discussions à ce propos.

Remarque I. Bredi-breda  fait partie d’une famille de mots  dont l’origine est brittus  « breton ». Voir le TLF s.v. bredouiller.

Remarque II. Une autre onomatopée est blabla. A Pézenas est édité Le journal local des délocalisés. French English magazine. avec le titre Blablablablablah….

No comment.