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Coulabio ‘traquet motteux’

Coulabio, aubicou « Traquet motteux. »  Dans le lexique établi par GérardJourdan qui accompagne les précieux  cahiers autobiographiques de Raymond. Jourdan de Montagnac (34) se trouve le nom d’oiseau; Coulayo « Queue-blanche »  Oiseau passereau à bec fin et allongé qui nichait dans les talus. Surnom d’une guérisseuse.  « Traquet motteux. » Orthographié « coulàbio » par F. Mistral.

Composé cūlus « cul » avec albus « blanc » ou dans l’ordre inversé.  FEW XXIV, 308

Coulabio_FEW

FEW II,1507 le même oiseau s’appelle e.a. en moyen français « cul blanc ».

Coulabio_Oenanthe_oenanthe_01_II

Voir  traquet motteux de Wikipedia.

bouyé, boier ‘bouvier; escargot’

bouyé « escargot » . Raymond Jourdan utilise ce mot dans  Culture de la Vigne en Languedoc. Voir le lexique1.

Je le retrouvé chez Mistral :
bouieMistral

et avec plus de peine chez Alibert qui a adopté la graphie médiévale boier .

Le premier sens du bouyé, boier est « bouvier » (dérivé du  , latin bos, bovis + -arius), tandis que bouyé, boier vient du latin boarius  un type que nous retrouvons sans toutes les langues romanes. Dans les parlers galloromans remplacé souvent par un dérivé de bœuf.
FEW I,416.[/button apps.atilf.fr/lecteurFEW/lire/10/416

Il y a pas mal de familles Boyer:

Boyer_Famille

J’avais seulement un petit problème avec l’évolution sémantique : « bouvier » > « escargot », mais Mistral l’explique « parce qu’il trace un sillon de bave ».

Le FEW ne mentionne pas ce sens. Qui dit mieux ?

  1. Montagnac dans la page Sources, liens

coussou ‘vermoulure’

Coussou ‘artison, calandre; vermoulure’ (Sauvages), cosson, cusson (Alibert) vient d’un dérivé en –one du latin cossus « ver, larve » qui mange le bois, attesté chez Pline. Le mot est aussi français d’après  le CNRTL , mais est surtout vivant dans les parlers locaux.

L’étymologie est peu intéressante, mais l’utilisation de la vermoulure décrite par l’abbé de Sauvages me semble digne d’intérêt:

« …on les met aux écorchures qui viennent aux plis des membres des jeunes enfans dodus, et qu’on desséche par ce moyen. »

La voici:

CoussouSauvagesL’auteur du blog Saint Yrieix la Perche  un village du Limousin, a publié un  article intitulé Les cussous (cussons)  dans lequel il écrit que de nos jours

Les hôpitaux utilisent les asticots pour nettoyer les plaies très graves. C’est l‘asticothérapie: le soin apporté à une plaie des tissus mous par les asticots ..

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Il mentionne un dictionnaire de l’occitan limousin, que je ne connais pas:

Dictionnaire d’usage occitan-français (Limousin, Marche, Périgord)

Yves Lavalade

Un vaste dictionnaire de quelques 50 000 entrées, pour le locuteur, en herbe ou confirmé, qui veut comprendre les termes et tournures découverts à l’occasion d’une conversation ou d’une lecture.
Avec une introduction riche et fournie : graphie et « orthographe », prononciation et écriture, formation des mots. On y trouvera également du vocabulaire actuel : subreventa (over-booking), malhum (réseau internet)…

Troisième édition revue et augmentée.

Édition Institut d’Études occitanes du Limousin.

FEW II, 1244 cossus

tè ‘thé’ 茶

« thé » vient du chinois  .

Un article intéressant dans le NewYork Times que j’ai traduit pour illustrer et montrer  la globalisation / mondialisation qui ne date pas d’hier. Jetez occasionnellement un coup d’œil sur mes listes de mots en d’autres langues et vous verrez que vous êtes polyglotte

« Thé » si par mer, »cha » si par terre.

carte du New York Times

carte du New York Times

Lien vers cette carte « Tea id by sea ..« en grand

Le mot cha () est « Sinitique », ce qui signifie qu’il est commun à de nombreuses variétés du Chinois. Son histoire a commencé en Chine et il a fait son chemin à travers l’Asie centrale, devenant « chay » (چای) en persan. Il es certain selon une découverte récente, que grâce aux routes commerciales de la Soie, le thé a été échangé depuis  plus de 2 000 ans. La forme cha s’est répandue au-delà de la Perse, devenant chay en ourdou, shay en arabe, et chay en russe, entre autres. Il a même fait son chemin vers l’Afrique subsaharienne, où il est devenu chai en swahili. Les termes japonais et coréens pour le thé sont également basés sur le cha chinois, bien que ces langues aient vraisemblablement adopté le mot avant même qu’il ne s’étende vers l’ouest en persan.

Mais cela n‘explique pas le mot «thé». Le caractère chinois pour thé, , est prononcé différemment par différentes variétés de chinois, bien qu’il soit écrit de la même manière partout. Dans le mandarin moderne on prononce chá. mais dans la variété chinoise min nan , parlée dans la province côtière du Fujian, le caractère se prononce té. Le mot clé ici est « côtier ».

La forme utilisée dans les langues des côtes chinoises a été répandue en Europe par les Hollandais, qui sont devenus les principaux commerçants de thé entre l’Europe et l’Asie au XVIIe siècle1. Les principaux ports hollandais d’Asie de l’Est se trouvaient au Fujian et à Taïwan, les deux endroits où les gens utilisaient la prononciation té . L’importation massive de thé par la VOC en Europe a donné le te en occitan, thé en français, le Tee en allemand et le tea en anglais.
Pourtant, les Hollandais n’étaient pas les premiers en Asie. Cet honneur

revient aux Portugais, qui à l’époque coloniale ont donné le nom Formosa à l’île de Taiwan. Et les Portugais ne négocièrent pas via Fujian mais via Macao, où la forme du mot est chá . C’est pourquoi, sur la carte le Portugale présente un point rose dans une mer de bleu.

Quelques langues ont un mot spécial pour parler du thé. Ces langues se trouvent en général dans des endroits où le thé est indigène, ce qui a conduit les habitants à garder leur propre façon de s’y référer. En Birmanie, par exemple, les feuilles de thé s‘appellent lakphak.

La carte montre deux aires différentes de la mondialisation en action:d’abord,  d’un côté la propagation millénaire des biens et des idées vers l’ouest depuis la Chine ancienne, ensuite de l’autre côté l’influence vieille de 4 siècles de la culture asiatique sur les marins Européens de l’époque des explorations. Un mot de presque toutes les langues de la planète.

  1. Voir à ce propos l’Atlas mondial des structures linguistiques

veirat ‘maquereau’

Vairat (Alibert1 ), Vêira (Sauvages) « maquereau »  est un dérivé du verbe vèira(r) « tourner, changer » qui vient du latin variare « changer, être différent ». Plus précisément il s’agit du participe passé  variatus  qui s’est maintenu avec les sens apparentés comme  » tacheté, bariolé, polychrome; niellé (un erme d’orfèvrerie) » dans le domaine galloroman.

Les attestations  du sens « maquereau » du FEW XIV,177 presque toutes avec -è- viennent surtout du domaine languedocien. En catalan il s’appelle verat.

maquereaux ai marché Wikipedia

maquereaux ai marché Wikipedia

L’étymologie s’explique par les reflets  bleu-vert  et les traits noirs du maquereau.

Des savants de la Renaissance comme Rondelet, Conrad Gesner, Cotgrave, ont introduit le nom veirat en français où il se retrouve jusque dans le Grand Larousse de 1876 aussi comme verrat,  et  virat. Le supplément de Littré mentionne le veyradier « filet utilisé dans le quartier d’Agde pour la pêche des maquereaux ».

En dernière minute ke constate  jusqu’à nos jours (2018) dans leTrésor de la langue française  du CNRTL dans l’article verrat.

  1. La graphie proposée par Alibert et repris par les occitanistes est étymologisante ou celle du Moyen Âge et nécessite donc un apprentissage supplémentaire.